mercredi 5 novembre 2014

Sténopé de Julien Roturier (Editions Luciférines).




Bonjour à vous, mes Livroscopiens!

C'est avec plaisir que je vous retrouve en ce Mercredi sur le blog pour une nouvelle chronique! Après un petit détour par Sunnydale pour chasser avec notre amie Buffy Lundi dernier, j'ai décidé de vous présenter aujourd'hui un type de livres que j'apprécie beaucoup de général: un recueil de nouvelles. Les nouvelles n'ont pas toujours la côte auprès des lecteurs qui les trouvent parfois ou trop courtes ou trop longues, avec parfois des développements bancals, mais en ce qui me concernent c'est un type de récit que j'aime lire, et j'essaie de vous présenter assez régulièrement des recueils de nouvelles, sur le blog ou sur la chaîne. Le recueil dont je vais vous parler aujourd'hui est un recueil paru il y a tout juste quelques semaines aux Editions Luciférines: il s'agir de Sténopé de Julien Roturier. Bonne lecture à tous et à toutes :)


Les autres publications des Editions Luciférines:
Avant d'aller plus loin, je tenais à vous parler brièvement des Editions Lucifériens, où est publié Sténopé. Ce n'est pas la première fois que je parle d'une publication de ces éditeurs, puisque j'ai déjà présenté leurs deux livres précédents: le livre A la rencontre des Gothiques, guide consacré à la culture gothique et bourré de références et de découvertes; et un autre recueil de nouvelles, écrites par divers auteurs (dont Morgane Caussarieu, auteure de Vampires et Bayous dont j'ai parlé le mois dernier), baptisé Nouvelles Peaux et qui contenait des réécritures d'Edgar Allan Poe, célèbre auteur américain.
Si vous souhaitez découvrir ce que j'ai pensé de ces deux livres, ainsi que plus d'informations sur les Editions Luciférines, je vous conseille de suivre les deux liens ci-dessous, qui vous mèneront vers mes précédentes chroniques ainsi que vers leur site internet!




Qui est Julien Roturier?
photo de Enthea Tendoflam
Commençons à présent par une petite présentation de notre auteur du jour, Julien Roturier!
Né en 1978, Julien Roturier est ce qu'on peut qualifier un touche-à-tout: en plus de l'écriture, il travaille également dans d'autres domaines, comme le graphisme ou la musique, différentes casquettes d'artiste. Il fait également partie d'une association portant le nom de Cumul'Arts, à Tournus, qui se charge de l'organisation de différents événements culturels. Sténopé est son premier livre publié aux Editions Luciférines.
A noter également que le recueil est illustré par Dorothée Delgrange, je reparlerai de ses dessins un peu plus loin.
Si vous souhaitez en savoir plus sur Julien Roturier, je vous laisse suivre le lien vers sa présentation sur le site des Editions!


Sténopé:
Quatrième de couverture:
Un homme rêve chaque nuit de sa mort, un groupe d'enfants se lance dans une chasse au trésor dans une forêt où rodent d'inquiétants esprits ancestraux, le patient d'un psychiatre déclare voler la peau des gens, d'étranges créatures viennent des étoiles pour juger l'espèce humaine, une monstre à gousset cassée bat la mesure du temps de plus en plus fort et un adolescent se consume d'amour pour une guerrière virtuelle...

Les onze nouvelles de Sténopé rencontrent des personnages torturés par de curieuses malédictions, victimes de forces surnaturelles ou de leurs désirs les plus sauvages, souvent sanglants. Allant en France ou aux Etats-Unis, Julien Roturier fait voyager son lecteur, explore XXème et XXIème siècles pour varier les ambiances, en gardant une ligne résolument horrifique.

Un recueil fantastique très contemporain qui met en scène la folie, la cruauté et les passions meurtrières avec autant d'humour noir que de violence.


Onze nouvelles, ou plutôt onze cauchemars:
Avec un peu plus de 170 pages au compteur, Sténopé est un recueil comprenant onze nouvelles. Ou plutôt onze cauchemars, comme l'indique le sous-titre du livre. Onze cauchemars, car le fil rouge (sang?) de Sténopé, c'est l'horreur, la peur, l'effroi. Voyons d'un peu plus près ces onze nouvelles!
Le recueil s'ouvre avec "Mon beau miroir", une nouvelle étrange où un homme semble séquestré dans des conditions atroces, et dont les souvenirs sont épars. Pourquoi est-il là? Que va t'il lui arriver?
"La Montre" se penche sur l'histoire d'un homme riche, un businessman plein aux as mais extrêmement dédaigneux de ses proches, et en particulier de son père, très âgé. Un jour, la montre que lui a légué son père se met à faire des bruits bizarres...
La troisième nouvelle, "Double Jeu", nous entraîne à la découverte d'un adolescent que sa mère inquiète en raison de sa passion pour un jeu vidéo dans lequel il incarne une guerrière impitoyable.
"L'Hôte e(s)t invité" est une nouvelle assez étrange, un peu mystérieuse, où les meurtres, et particulièrement les actes extrêmement violents et perturbants sont au coeur de l'histoire.
C'est dans un cadre différent que nous entraîne "On chasse en bord de Seille", puisque nous y suivons un groupe d'adolescents partis faire du camping, et qui se retrouvent à faire une chasse au trésor des plus particulières.
La très courte "Au Numéro 22" donne la parole à une maison où se sont déroulés de sinistres événements.
"Dialogue avec Etoile" flirte avec la science-fiction avec la rencontre entre un extraterrestre et un jeune garçon. L'extraterrestre va faire un don unique au jeune garçon dans le but de juger l'humanité.
Ensuite, nous avons "Memento Mori", où nous découvrons par bribes les pensées d'un homme qui vient de mourir sous forme d'une expérience scientifique.
"Le rêveur" nous plonge dans le monde des cauchemars lorsque le héros de la nouvelle se retrouve à faire sans cesse le même rêve, et qu'il finit par se produire, provoquant des circonstances dramatiques.
L'avant dernière nouvelle s'intitule "l'Amorphe". On y découvre un psy en consultation, dont le patient a un passe-temps plutôt glauque et digne d'Hannibal Lecter!
Enfin, le recueil s'achève avec "Panem et Cirenses": un homme rencontre dans un bar une demoiselle incroyablement belle et charismatique, artiste de cirque. Une rencontre originale aux conséquences qui ne le sont pas moins!

Différentes thématiques abordées:
A travers les différentes nouvelles de son recueil, Julien Roturier raconte des histoires variées, mais dont les thèmes se recoupent parfois. J'ai mentionné plus haut l'horreur comme fil rouge du recueil, avec tous les événements tragiques/glauques/creepy/sanglants qui se déroulent au cours des histoires, mais il y en a d'autres.




Le plus frappant, et que l'on retrouve déjà dans le sous-titre, c'est le rêve. C'est en particulier dans la nouvelle "Le rêveur" que ce thème est abordé, à travers le personnage de Steven: Steven fait en permanence le même rêve, qui le hante, au point que sa femme l'encourage à consulter un spécialiste. Le rêve est un univers à part, dont les sensations peuvent être si puissantes que se pose parfois la question de la limite entre réalité et imagination. Et cette limite est de multiples fois utilisée dans le recueil: dans la première nouvelle, par exemple, le lecteur tout comme le personnage principal est amené à se demander ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas. Dans "La montre", Francis met sur le compte de l'alcool les bruits et sensations désagréables qu'il se met à ressentir. "Double Jeu" joue également sur cette frontière avec la relation particulière que l'adolescent a avec son personnage, Delilah. D'ailleurs, dans cette nouvelle, même le lecteur doit lui aussi faire la part des choses entre entre réalité et jeu lorsqu'elle commence.
Le meurtre et la violence sont également au rendez-vous, à travers plusieurs des nouvelles. La mort est ici violente, l'acte est commis par des personnes à priori bien sous tous rapports et que rien ne prédestinait à devenir aussi violentes. Je vais éviter d'en dire trop pour ne pas vous spoiler!

Les illustrations de Dorothée Delgrange:
Pour terminer la présentation du livre, je tenais à m'attarder sur les illustrations réalisées par Dorothée Delgrange. Il y en a plusieurs, disséminés à travers le livre (le dessin de couverture est également de sa main). J'ai illustré l'article avec certaines d'elles!

Ce que j'en ai pensé:
Jusqu'à présent, les Editions Luciférines ont proposé trois livres assez différents les uns des autres. A la rencontre des gothiques était un essai/guide pour découvrir une culture souvent critiquée et mal comprise, qui mêlait culture, expériences personnelles et références variées. Nouvelles Peaux était un recueil collectif autour d'Edgar Allan Poe. Avec Sténopé, c'est une nouvelle fois un recueil qui est proposé au lecteur, mais cette fois tous les récits sont du même auteur. J'étais assez intriguée par le titre, Sténopé, mot assez peu utilisé et qui fait référence à la photographie, ainsi que par l'idée de découvrir onze nouvelles d'un auteur que je ne connaissais pas encore. Bilan de ma lecture? Et bien Sténopé est un recueil fort sympathique, même si j'ai relevé quelques bémols. Voici un peu plus en détails ce que j'en pense.


Commençons par un point purement esthétique. J'ai l'impression qu'à chaque publication, les Editions Luciférines font un effort supplémentaire pour la présentation et la mise en page. Tout en gardant la sobriété des deux premiers livres, Sténopé a tout de même une couverture plus travaillée, et c'est un élément que j'ai apprécié. Toujours dans le côté visuel, j'ai été charmée par les illustrations de Dorothée Delgrange, qui sont d'un style que j'aime beaucoup. Certaines me plaisent énormément, et j'ai vraiment envie de découvrir davantage son travail! Bon point, donc!

En ce qui concerne les textes en eux-mêmes, Julien Roturier nous propose un recueil varié, avec onze nouvelles de tailles assez différentes (on a du très court, comme "Au numéro 22", à du beaucoup plus long, comme "On chasse en bord de Sielle"). La variété se retrouve aussi au niveau des histoires, comme vous l'aurez constaté avec le détail des nouvelles plus haut: on nous entraîne dans des univers parfois très loin les uns des autres. Il y aussi variété dans la narration, avec parfois des découpages en partie, ou des narrations originales qui changent des classiques première et troisième personnes. Alors d'un côté, j'ai apprécié la variété du recueil, mais de l'autre j'ai quand même un ou deux petits trucs qui m'ont gênée.

Au niveau de la longueur, j'ai par exemple apprécié le fait que les plus longues, comme "On chasse en bord de Sielle" soient découpées en parties: ça permet de faire une pause, et en plus de ça ça délimite bien différents moments de l'intrigue. La plupart du temps, la longueur n'était pas gênante pour moi, ce n'était ni trop cout ni trop long, à une exception près: "Au numéro 22", qui est vraiment très, très courte, je suis restée un peu sur ma faim, ce qui est d'autant plus dommage que je trouvais l'idée de faire parler la maison elle-même originale. L'idée aurait pu être développée et poussée un peu plus loin. Mais dans l'ensemble, les autres nouvelles de Sténopé m'ont satisfaite au niveau de la longueur.

Ensuite, pour ce qui est de la variété des histoires, j'avoue que c'est un choix intéressant. Les thématiques centrales du recueil, ce sont l'horreur, le cauchemar, la violence, donc on peut partir vers des horizons très divers! J'ai de plus trouvé que certaines histoires se faisaient un peu écho en partageant des éléments communs, comme la limite entre réalité et imagination comme je l'ai expliqué plus haut, et j'ai aimé découvrir les différentes histoires de Julien Roturier. Petit bémol, j'ai tout de même trouvé qu'une histoire détonnait vraiment par rapport au reste: il s'agit de "Dialogue avec Etoile", dont le côté extraterrestre m'a un peu perturbée, j'ai trouvé que ça tranchait beaucoup par rapport au reste des histoires.

Au passage, j'en profite pour ajouter que mes nouvelles préférées du recueil sont "Chasse en bord de Sielle", avec sa gradation vers l'horreur et la violence, ainsi que "Double Jeu" qui utilise assez bien la frontière entre jeu et réalité. J'ai aussi apprécié "la Montre", ainsi que "le Rêveur", dont l'histoire est très intéressante! 

Pour terminer, parlons du style de Julien Roturier. J'ai trouvé que le recueil ne manquait pas de bonnes idées. J'ai par exemple trouvé certaines descriptions très réussies, elles transmettaient bien l'horreur et le dégout. Il y a également des idées sympathiques au niveau de la narration comme l'utilisation de la première personne pour la maison ou le compte-rendu scientifique. 

En bref, Sténopé est un recueil qui ne manque pas de bonnes idées. Certaines auraient mérité d'être plus poussées, et j'aurais peut-être appréciée que les nouvelles soient plus proches les unes des autres au niveau des thématiques. En tout cas ça a été pour moi une lecture plutôt agréable, avec des nouvelles qui font froid dans le dos!

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que cet article vous a plu, n'hésitez pas à me le faire savoir en commentaire! On se retrouve d'ici quelques jours pour une nouvelle chronique, en attendant prenez soin de vous et lisez beaucoup :)

AnGee Ersatz*



10 commentaires:

  1. Brrrr, j'ai peur rien que de te lire ^^ Le pire, c'est qu'avant j'adorais ce genre d'histoires, mais depuis ma grossesse, je fais un blocage. En tous les cas, très bel article et très belle analyse! Tu ne cesses de m'impressionner!

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    1. Ah ça peut arriver! J'ai eu un passage à vide pendant deux ans où je n'arrivais plus à en lire! :)

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  2. Hello, comment va ?
    J'avais raison d'être intriguée sur twitter (voui, it's me CrazyPumpking ;)), ton article m'a donné un peu plus envie de découvrir ce recueil. J'aime beaucoup les dessins du peu qu'on en voit ds l'article et d'après ce que tu en dis, les nouvelles m'ont l'air bien sympa, notamment "Double Jeu" avec cette frontière si tenue entre rêve et réalité ou "Le Rêveur" ;)
    Vu les quelques titres que tu présentes, je sens que les Editions Lucifériens va être une maison à suivre :)

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    1. Ah oui, je te reconnais :). Oui, j'aime beaucoup cette maison d'éditions :)

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  3. Bonjour,
    J'ai lu Sténopé..La couverture est trés bien ; en effet. Le titre est accrocheur. Il y a du potentiel avec "la montre", "Double jeu" et "Panem et Cirenses", mais j'ai trouvé que la plupart des nouvelles faisaient trop scolaires ; bref manquaient de maturité et de mordant. Une écriture trop simple à mon goût. L'histoire de "Dialogue avec une étoile" fait franchement culcul la praline! J'en ai donc aimé seulement 3 sur 11... ce qui est hélas faible...

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    1. Je suis d'accord, je n'ai pas apprécié Dialogue avec une étoile qui était un peu étrange par rapport aux autres, je ne la trouvais pas à sa place. J'ai constaté que plusieurs histoires datent d'il y a quelques années, je ne sais pas si elles ont été revues pour la publication.

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    2. Aucun texte n'est validé sans avoir été revu. Pour Sténopé, le style global des nouvelles a été égalisé. Des différences de thèmes sont visibles d'une année à l'autre mais il nous a semblé qu'un recueil avait aussi pour intérêt de montrer l'évolution d'un auteur, d'où le maintient des dates d'écriture.

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  4. Coucou AnGee,

    j'ai lu le week-end dernier Sténopé et je suis contente de voir que dans l'ensemble, nos avis concordent. Ça a été une lecture agréable. Les dessins sont sympathiques.
    Et c'est toujours un plaisir de lire ton avis détaillé ^_^
    Bon, il faudra que je tente les deux derniers des éditions Luciférines :)

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