vendredi 23 août 2013

Les Rougon-Macquart #14: L'Oeuvre, d'Emile Zola.



Bonjour à tous et à toutes!

Je suis ravie de vous retrouver pour un nouveau numéro de notre rendez-vous mensuel consacré à la grande saga des Rougon-Macquart, d'Emile Zola. Aujourd'hui, après l'ambiance ouvrière et dure de Germinal, je vous propose de découvrir le quatorzième roman de la saga, baptisé l'Oeuvre, et qui va nous entraîner dans un tout autre univers: celui de l'art! Comme vous allez pouvoir le constater, l'Oeuvre est un roman très différent de ceux que j'ai lu jusqu'à présent... Bonne lecture à vous :)


Pour vous aider:
Cette fois encore (j'ai l'impression de me répéter tous les mois ^^), pas besoin d'arbre généalogique! En effet, Zola nous propose de découvrir un seul membre de la famille, à savoir Claude Lantier. Lantier est un nom que nous commençons à connaître sur ce blog! Et pour cause: Claude est le frère d'Etienne, le héros de Germinal, et le fils de Gervaise, dont l'histoire tragique est racontée par Zola dans le roman l'Assommoir. L'auteur s'attarde vraiment sur cette partie de la famille!

L'Oeuvre:



Résumé:
Nous voilà à Paris, où nous découvrons Claude Lantier, un peintre qui espère se faire remarquer par son originalité, et révolutionner la peinture. Il est entouré de ses amis d'enfance, Pierre Sandoz, un journaliste qui veut percer, et Dubuche. Ensemble, ils cherchent à faire de leurs rêves une réalité.
Un soir, Claude recueille la jeune Christine, une provinciale qui arrive à Paris et tombe chez lui par hasard. Entre eux nait une belle amitié lorsqu'elle commence à poser pour le peintre en pleine préparation d'un tableau qu'il espère faire accepter au Salon, sans succès. Il y gagne quand même l'amour de Christine, avec laquelle il quitte Paris, sans perdre l'idée d'arriver à peindre son chef d'oeuvre...









L'art au centre du roman:
Jusqu'à présent, Zola a abordé un grand nombre de thèmes dans sa saga, comme l'argent, l'amour, le commerce, la bourgeoisie... Dans l'Oeuvre, il nous propose évidemment de découvrir le monde de l'art. Penchons nous sur l'image qu'il en donne!

Les peintres avant-gardistes:
Zola, à l'époque où il écrit le livre, assiste comme tout le monde à la montée de nouveaux genres artistiques, de nouveaux styles qui entrent en confrontation directe avec ce qui était jusqu'alors considéré comme beau, acceptable. Cézanne, son ami (j'en parlerai plus loin), était l'un de ses peintres avant-gardistes, héritiers de Courbet et de Delacroix (deux noms fréquemment cités dans le roman).

Allez, aujourd'hui, je vous balance du Cézanne!

Dans l'Oeuvre, nous pouvons donc suivre Claude, mais aussi d'autres artistes qui veulent mettre leurs différences en avant. Nous les voyons donc discuter de leurs oeuvres, de leurs idées artistiques, mais on assiste surtout à leurs difficultés à se faire accepter par les autres artistes et en particulier par le Salon. Zola s'inspire de la réalité, avec ses descriptions du Salon, et surtout l'évocation du Salon des Refusés, qui rassemble les oeuvres des artistes rejetés par le Salon.
L'auteur insiste particulièrement sur l'incompréhension mutuelle: celle de Claude, qui a beau tenter tout ce qu'il peut pour faire une grande oeuvre mais qui ne trouve jamais grâce aux yeux des "experts"; et celle du jury du Salon qui ne comprend pas ce que les artistes ont cherché à faire avec leurs oeuvres parfois dérangeantes.

Le jeu cruel du Salon:
Parlons-en du Salon! Claude le voit, comme les autres artistes, comme le lieu d'exposition par excellence. Cette idée ne le quittera jamais, il s'obstine à vouloir se faire exposer par le Salon, à être choisi par le jury, tout en affrontant année après année l'amère déception d'être recalé.

Zola nous propose de découvrir les dessous du Salon dans une scène assez drôle au final (même si en la regardant par rapport au reste du livre, on se sent un peu mal ^^), où les différents membres du jury s'arrachent les cheveux, et se comportent comme des gamins devant les tableaux. On comprend vite que leur jugement est biaisé, chacun ayant une bonne raison de faire accepter tel ou tel tableau (le beau-frère, le fils du copain d'un patron de truc...), ou préférant garder un tableau raté d'un peintre connu plutôt que de prendre le risque de choisir un nouveau venu avec du talent!

L'Oeuvre, Germinal, l'Assommoir:
Comme je vous l'ai dit plus haut, la famille proche de Claude a déjà eu droit à plusieurs romans. Je me suis dit qu'il serait intéressant de comparer Germinal (Etienne), l'Oeuvre (Claude) et l'Assommoir (Gervaise), parce que même si ses livres sont à priori très différents les uns des autres, par leurs sujets (le monde ouvrier, l'art et l'alcool), Zola a comme toile de fond le thème de l'hérédité.

Et effectivement, l'hérédité on la retrouve dans ces trois romans. Tout d'abord par de simples allusions à leur famille: que ce soit dans Germinal ou dans l'Oeuvre, Etienne et Claude pensent au moins une fois à leur mère qu'ils aiment beaucoup et qu'ils semblent voir davantage comme une victime qu'autre chose.



Par la suite, on constate que leur attitude, leur comportement sont assez similaires malgré leurs vies éloignées et là encore différentes: en effet, les trois personnages sont des révoltés, des gens qui veulent se battre. Dans l'Assommoir, Gervaise se bat après le départ de Lantier pour nourrir ses enfants, plutôt que de se laisser à l'abattement. Etienne soulève toute la mine pour lutter contre les difficiles conditions de vie de ses collègues. Et Claude se bat contre le Salon et les dictats de l'art. Chacun a ses armes, son combat, mais tous les trois sont des combattants. Ils connaissent également une fin assez similaire, que je ne vais bien sûr pas vous spoiler, mais j'ai été assez surprise de voir comment se terminait leur combat.

Un roman (presque) autobiographique!
Plus haut, j'ai mentionné le nom de Cézanne, et ce n'était pas par hasard!
Si Zola a su être aussi convaincant et précis dans son roman, si son personnage de peintre est aussi réussi, c'est parce qu'il en connaissait un: Cézanne. Les deux hommes sont en effet des amis d'enfance; avec un troisième compère (que Zola évoque par le personnage de Dubuche), ils ont passé leurs plus jeunes années à faire des rêves de gloire qu'ils cherchèrent à réaliser plus tard en montant à Paris.

Zola, par Cézanne.

Si les deux ont réussi à se faire connaître, le caractère assez colérique de Cézanne a beaucoup fatigué Zola. Il faut le savoir, Cézanne n'était jamais satisfait de ce qu'il faisait, et avait tendance à déchirer ses toiles: Zola a tenté de soutenir son ami, mais rien ne pouvait l'empêcher de se mettre dans des colères noires.
Les deux camarades ont rompu tout lien avec la parution de l'Oeuvre, en 1886: dans ce roman, Zola reprend énormément d'éléments autobiographiques, comme son amitié avec Cézanne, des souvenirs d'enfance, ses moments de doute et de colère... Le peintre se reconnait dans le personnage de Claude, et est très vexé de la façon dont son ami parle de lui, et met fin à leur amitié.
Néanmoins ils resteront très attachés l'un à l'autre, sans toutefois pouvoir se réconcilier: à la mort de Zola en 1902, Cézanne sera très ému de cette perte.

Mon avis sur ce roman:
Après avoir terminé Germinal le mois dernier, j'étais impatiente de découvrir la suite de la saga car, à l'exception du Docteur Pascal (le vingtième et dernier roman), je n'ai encore lu aucun des titres qui me restent à lire. L'Oeuvre m'intriguait fortement, en raison de son sujet, l'art, et de son influence autobiographique. Au final, j'ai un avis assez partagé sur ce roman.

Il y a énormément de choses que j'adore dans l'Oeuvre: le thème, déjà, me parle particulièrement. J'ai toujours beaucoup aimé l'art, même si je ne suis pas une experte dans ce domaine, loin de là! J'ai été passionnée par les scènes où Christine pose, où l'on rencontre d'autres artistes, les discussions... Bref, un gros point fort pour moi! La critique du Salon est ce que j'ai préféré.

Madame Cézanne.
Ensuite les personnages ont su me séduire: ils sont intéressants, touchants, et le couple Christine/Claude me plait énormément. Christine en particulier, par son soutien à son compagnon, son caractère, est un personnage que j'ai apprécié: je ne sais pas si Zola s'est inspiré de la vraie madame Cézanne pour son héroïne, il faudra que je me renseigne!

L'intrigue aussi est passionnante, on suit les péripéties de Claude, on vogue au gré de ses moments de grâce et ses crises existentielles, ses moments de doute intense où il ne sait plus quel est son but, ce qu'il veut faire. Je me suis sentie proche du personnage et j'ai donc suivi avec intérêt son histoire, m'énervant avec lui, m'étonnant devant ses prouesses... Je ne me suis pas ennuyée!

Mais quel est le problème alors? me direz-vous. Et bien la fin. Je me suis juste énervée en lisant la fin. Pourtant, maintenant, je connais un peu Zola, je sais qu'il aime les fins un peu dramatiques ou surprenantes, c'est l'une de ses marques de fabrique. Je ne vais pas vous dire ce qu'il se passe, mais quand je suis arrivée aux dernières pages, j'ai failli lancer le livre par ma fenêtre, j'avais envie de pleurer, bref, j'étais juste dégoutée. Je pense que c'est parce que je me suis vraiment attachée aux personnages, ce qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps, et que du coup j'ai eu du mal à digérer les derniers événements de l'intrigue.


Je suis néanmoins persuadée que l'Oeuvre est un bon roman de Zola, et je le conseille donc fortement! Quand mes émotions se seront un peu apaisées, je saurai si je l'aime définitivement ou non, je vous tiendrai au courant! On se retrouve très vite pour le quinzième numéro de la saga, la Terre, que je vais vous présenter d'ici quelques jours! En attendant n'hésitez pas à me laisser votre avis sur le livre ou vos suggestions de lecture! A très vite, 

AnGee Ersatz*

8 commentaires:

  1. J'ai travaillé sur ce roman tout un semestre et c'était juste génial! Découvrir cet auteur un peu plus en profondeur et surtout les peintres impressionnistes et la vie à Paris à l'époque du Salon fut un super moment! :)

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  2. Super rendez-vous mensuel que je rattrape avec un retard monstrueux mais que je savoure du même coup ! Merci de me faire découvrir Emile Zola ainsi... (moi qui n'ai jamais pu le supporter au lycée, j'ai vraiment envie de m'y plonger).

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    1. :) ça me fait vraiment plaisir! Je sais à quel point les élèves ont pu être traumatisés par Zola et d'autres auteurs... J'espère que si un jour tu en relis ça te plaira!!!

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  3. C'est le Zola qui me tente le plus. J'ai toujours aimé l'art, difficile de résister à l'appel du livre. J'hésite encore à me lancer dans cette lecture ou me montrer plus responsable en abordant la saga avec son tout premier livre... x)

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    1. Franchement c'est l'un de ceux que j'ai préférés. Si ça te tente, tu peux nous rejoindre sur le Challenge Rougon-Macquart, ça serait fantastique :D

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  4. J'ai été très agréablement surprise par L'Oeuvre et je l'ai beaucoup aimé...l'un de mes tomes préférés...depuis ma première lecture, j'ai fait de l'Histoire de l'Art et j'ai notamment étudié l'art du XIXème siècle, donc je suis persuadée que je vais encore plus apprécier cette lecture ! ! ;)

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    1. Oh, c'est sûr qu'avec des connaissances en plus, ça doit être super!

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