samedi 4 janvier 2014

JapanScope #2: Talentueuse Risa Wataya.




Bonjour à tous et à toutes, mes chers lecteurs et lectrices!

J'espère que vous allez bien, et que vous êtes prêts pour un nouvel article! Vous le savez, j'ai décidé de consacrer ce mois de Janvier au Japon, et plus particulièrement à la littérature japonaise, que j'apprécie mais où j'ai des connaissances limitées. Dans le but de préparer ce mois spécial, j'ai donc cherché à découvrir un auteur autre que le célèbre Haruki Murakami qui a beaucoup fait parler de lui avec son 1Q84, et que Ryu Murakami que j'ai déjà présenté ici. Et je suis tombée sur une auteure, encore assez méconnue en France mais connue et reconnue au Japon: il s'agit de Risa Wataya. Je vous souhaite à tous une bonne lecture de cet article!


Mais qui est donc Risa Wataya?
Commençons par nous pencher quelques instants notre auteure du jour. Risa Wataya est née le 1er Février 1984 dans la ville de Kyoto, l'une des villes les plus importantes du Japon, où elle grandit. C'est à l'âge de 17 ans seulement qu'elle publie son premier roman, baptisé Install, qui lui vaut le prix Bungei.

Elle poursuit ses études à Tokyo, tout en continuant d'écrire: son second roman, qui porte le nom Appel du Pied (ou Keritai Senaka en Japonais), paraît en 2003. Une nouvelle fois, son talent est récompensé par un prix, le Akutagawa, qu'elle partage avec Hitomi Kanehara.

Après deux autres livres, Yume wo atearu (pas encore traduit en France, si je ne m'abuse) et Trembler te va si bien, elle publie en 2012 son cinquième roman, Kawaisou da ne? qui est récompensé par le prix Kenzaburo Oe.

Pour l'instant, le public français peut découvrir trois de ses romans, traduits et publiés chez Picquier: il s'agit d'Install, d'Appel du Pied et de Trembler te va si bien.



Ses romans:
Comme je l'ai mentionné un peu plus haut, trois des romans de Risa Wataya sont disponibles en France. Voici une petite présentation de ces derniers.

Install:
Install est le premier roman de Risa Wataya, écrit et publié alors qu'elle n'avait que 17 ans.
On y découvre l'histoire d'Asako, une lycéenne un peu perdue dans la vie: alors que tout ses camarades de classe font des plans pour l'avenir et se préparent pour les examens, elle cherche un sens à sa vie, à ses études. Elle fait alors la rencontre d'un petit garçon, Kazuyoshi qui, malgré son âge, s'adonne à un passe-temps plutôt particulier: la nuit, il se fait passer pour une hôtesse sur un chat coquin. Il lui propose alors un deal: en échange d'argent et d'une cachette pour la journée, elle doit prendre le relai sur le chat...

Appel du Pied:
Risa Wataya continue sur sa lancée, et propose en 2003 son deuxième roman, Appel du Pied.
Hasegawa vient d'entrer au lycée, et franchement, elle est loin de s'y sentir à l'aise. Elle a du mal à s'intégrer et ne veut pas vraiment le faire, car elle ne supporte pas les autres élèves. Cette solitude la rapproche d'un autre outsider de sa classe, Ninagawa. Ce garçon un peu bizarre cultive une passion folle pour une mannequin, dont il collectionne le moindre item, la moindre photo. Une relation entre attirance et répulsion s'installent entre ces deux adolescents un peu perdu.

Trembler te va si bien:
Paru en 2013 en France, Trembler te va si bien est le quatrième roman de Risa Wataya. N'ayant pas réussi à le trouver en bibliothèque avant de rédiger cet article, je vous propose néanmoins de découvrir la fiche du livre via Livraddict:




Jeune et déjà reconnue:
Je l'ai mentionné plusieurs fois plus haut, Risa Wataya a déjà reçu plusieurs prix pour ses oeuvres. 

Le premier fut le prix Bungei, qu'elle reçut en 2001 pour son premier roman, Install. Ce prix a été crée par une maison d'édition, qui porte le nom de Kawade Shinbo Shinsha, en 1962. Risa Wataya fut la plus jeune auteure récompensée par ce prix à l'époque, mais elle a depuis été battue.



Cette première récompense fut suivie, pour son deuxième roman, du prix Akutagawa. Crée en 1935, ce prix est une véritable institution au Japon: il est l'équivalent, en gros, du prix Goncourt en France. Il récompense chaque année deux auteurs qui reçoivent également de l'argent. Parmi les lauréats, on retrouve Ryu Murakami pour son roman Bleu Presque Transparent. Ce prix est réputé pour avoir une certaine influence sur la carrière des auteurs, contribuant notamment à l'augmentation des ventes de livres. Encore une fois, Risa Wataya fut (et est toujours) la plus jeune lauréate de ce prix. 

Enfin, elle a reçu en 2012 le prix Kenzaburo Oe, autre prix sponsorisé par un éditeur, dont le lauréat est choisi par Kenzaburo Oe, célèbre auteur japonais connu pour avoir remporté le prix Nobel de littérature. Il est décerné depuis 2007.

Risa Wataya n'a même pas 30 ans, mais elle est déjà reconnue par la profession pour son travail!


Mon avis:
Il faut le dire, il y a assez peu de romanciers japonais connus en France et ce pour trois raisons majeures: la première, c'est que notre esprit, le Japon est surtout synonyme de mangas (dont le succès ne cesse de croître depuis ces dernières années); la seconde vient des délais de traduction parfois très longs après la publication du livre au Japon (par exemple, le quatrième roman de Risa Wataya, publié en 2003, a été publié en France en 2013) probablement causés par le manque de traducteurs (défendons le métier de traducteur!); enfin, il y a aussi des différences culturelles assez importantes entre nos pays, qui font qu'il n'est pas toujours évident d'apprécier ces romans dont nous n'avons pas l'habitude. La première fois que j'ai lu un roman de Haruki Murakami, par exemple, j'ai été assez déroutée!

En ce qui concerne Risa Wataya, j'ai décidé de m'intéresser à elle tout d'abord parce que je n'avais pas encore lu de plume japonaise féminine, et aussi parce que les thèmes abordés (l'adolescence, la solitude...) me parlent tout particulièrement. J'ai commencé par Install, et je dois dire que j'ai franchement été surprise: le roman est court, même pas une centaine de pages je crois, mais très intense. Il se passe beaucoup de choses, en particulier au niveau psychologique, puisque l'histoire suit vraiment le développement intérieur de l'héroïne, Asako. L'intrigue est assez particulière, traitant en partie du sexe: il est intéressant de voir comment les deux personnages, très différents l'un de l'autre (Asako est une adolescente, Kazuyoshi un écolier), se comportent par rapport au sexe, quelle vision ils en ont. 

Appel du Pied me semble être le prolongement de cette première histoire, tout d'abord parce que l'héroïne est similaire (une lycéenne un peu perdue face au monde, face à l'adolescence), le récit est aussi à la première personne, et nous découvrons une relation naissante entre deux personnages. Ici, Ninagawa m'a particulièrement plu, tout comme la relation complexe qu'il entretient avec l'héroïne.

Dans ces deux romans, j'ai aimé découvrir le ressentiment d'une adolescente face au monde qui l'entoure: que ce soit Asako ou Hasegawa, elles se sentent toutes les deux perdues, et incomprises. Elles doivent grandir mais refusent de le faire, d'où l'attachement de la première à un petit garçon, seul être avec lequel elle parvient à avoir un dialogue; d'où la colère que la seconde ressent envers sa meilleure amie d'enfance dont le look et les manières évoluent alors qu'elle cherche à tout prix à rester la même. Les adultes semblent exclus des romans. L'école est une source d'angoisse pour elles: Asako refuse de s'y rendre, et Hasegawa s'y sent mal à l'aise puisqu'elle y est confrontée à tout ce qu'elle ne veut pas voir. En Europe, nous avons souvent l'image de ces enfants et adolescents japonais soumis à une discipline stricte et suivant une multitude de cours du soir pour obtenir les meilleurs résultats possibles: dans ces romans, Risa Wataya nous montre une autre facette de l'adolescence. Je ne peux pas vous affirmer avec certitude qu'elle utilise sa propre expérience ni qu'il s'agit d'autobiographies déguisées étant donné que je ne la connais pas personnellement, mais comme elle a écrit ces romans entre ses 17 et 19 ans, il se peut qu'elle se soit servie de son ressenti personnel.



En bref, j'ai été séduite par le style de Risa Wataya et par les histoires qu'elle choisit de nous raconter: je me suis reconnue dans ses héroïnes qui m'ont curieusement rappelée mon adolescence, et j'ai très envie de découvrir ses autres livres, en particulier Trembler te va si bien, dont le personnage principal est cette fois une adulte. C'est pour moi une belle découverte, même si son univers est assez particulier: j'espère que ses autres romans seront un jour traduits en français!

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que l'article vous a plu, et qu'il vous donne envie de découvrir Risa Wataya. On se retrouve la semaine prochaine avec de nouveaux articles, en attendant n'hésitez pas à me laisser un petit commentaire avec vos suggestions, avis, questions... Je réponds toujours! Prenez soin de vous et à très vite,

AnGee Ersatz*


4 commentaires:

  1. Et bien voilà un auteur que je vais m'empresser de découvrir! J'aime bien la littérature asiatique, mais j'ai plutôt lu des auteurs chinois. Murakami est le seul auteur japonais que j'ai déjà lu. Je l'adore et en même temps il faut reconnaître que c'est très spécial, un peu comme s'il fumait la moquette quand même (et en ce sens 1Q84 est encore le plu "normal" de tous ses livres je trouve). Merci pour la découverte!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et bien vois-tu, de mon côté, je n'ai jamais lu d'auteurs chinois! Pourtant ça m'intéresse, mais j'ai de grosses lacunes... J'espère que ça te plaira!

      Supprimer
  2. Je ne connaissais pas cette auteure et j'ai bien envie de la découvrir suite à ton article - même si je trouve les couvertures d'"Install" et de "Trembler te va si bien" absolument atroce... C'est qu'un détail mais qui me tient à cœur :p

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Alors là, je suis d'accord, mais je crois que c'est typique de la maison d'éditions! J'ai lu beaucoup de livres de chez eux, et c'est rare que je trouve les couvertures jolies ou sympas!

      Supprimer

Si vous avez aimé...

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...