jeudi 25 juillet 2013

Les Rougon-Macquart #13: Germinal, de Zola.



Bonjour à tous et à toutes!

Et voilà, Juillet touche à sa fin! C'est donc le tout dernier article du mois, et j'ai décidé de le consacrer à une nouvelle lecture pour le Challenge Rougon-Macquart. Après la Joie de Vivre la semaine dernière, c'est un roman très célèbre, un grand classique de Zola, que je vais vous présenter: il s'agit de Germinal!  En attaquant ce Challenge, j'appréhendais un peu ce roman, que j'avais déjà tenté de lire il y a quelques années (un échec: j'avais rien compris et trouvé ça horriblement lourd): de nombreuses fois, dans les commentaires, d'autres lecteurs m'ont dit des choses du genre "Germinal m'a dégouté de Zola", "j'ai lu Germinal pour les cours, j'ai détesté"... Bref, j'étais loin d'être rassurée! Je vous souhaite donc une bonne lecture ;)

Pour vous aider:
Cette fois encore, nul besoin d'arbre généalogique. En effet, Zola nous présente dans Germinal un seul personnage de la famille, à savoir Etienne Lantier. Lantier? Ce nom vous dit quelque chose? Et oui, Lantier, c'est l'amant de Gervaise dans l'Assommoir. Etienne Lantier est tout simplement l'un de leurs deux enfants (le deuxième étant Claude). Faîtes attention à ne pas confondre ces trois Lantier ;).

Germinal:

Publié en 1885, Germinal est le 13ème tome de la saga.


Résumé:
Depuis plusieurs jours, Etienne Lantier sillonne le nord de la France: il a perdu son emploi après avoir frappé son supérieur. Il arrive aux mines de Montsou où il trouve un travail d'herscheur. Il se lit d'amitié avec la famille Maheu, une famille de mineurs depuis plusieurs générations, et il découvre la vie des corons: l'entraide des mineurs, mais aussi et surtout la misère, la précarité, la dureté du travail, la faim...
Face à cette souffrance du monde minier, Lantier sent monter en lui des idées de rébellion, portées par le socialisme en plein essor. C'est le début d'une grève sans précédent...

L'explication du titre:
Germinal est un titre qui interpelle, un titre que l'on n'oublie pas en raison de sa singularité. En préparant cet article, j'ai fait quelques recherches afin d'en savoir plus sur sa signification.
A la base, Germinal est tout simplement l'un des mois du calendrier républicain instauré en 1792. Ce calendrier fonctionne avec les saisons, et la découpe des mois a été choisie par rapport à la nature: Vendémiaire, par exemple, correspond au mois des vendanges; Messidor celui des moissons. Et Germinal? Il s'étale sur une période allant de Mars à Avril, et est le mois de la germination, du début de la pousse et des graines qui se développent.
Zola a choisi ce titre pour deux raisons: la première est purement temporelle, puisque l'intrigue du roman se déroule en partie au début du printemps. Ensuite, Germinal est bien évidemment une métaphore de la révolte ouvrière qui germe et finir par éclore, en parallèle de la nature.

Les personnages:



Etienne Lantier:
Etienne est le héros du roman, et dès les premières pages, Zola nous le présente comme un rebelle: il a été renvoyé de son ancien travail pour avoir giflé son supérieur. Même si il met la faute sur l'alcool, ce geste reste néanmoins assez impressionnant!
Et ce côté rebelle devient de plus en plus important à travers les pages: si au départ il est content de retrouver un emploi, un toit, et de manger, la situation lui pèse très vite. Ce qui est intéressant, c'est que Zola nous montre la révolte de Lantier comme un bouillonnement (cette image est utilisée plusieurs fois), comme si en lui ces idées étaient ancrées depuis longtemps et attendaient désespérément de sortir.

Les Maheu:
Notre héros se lit d'amitié avec la famille Maheu, qu'il rencontre dès son arrivée à la mine de Montsou. C'est une famille de mineurs de génération en génération, comme le montre le personnage de Bonnemort, le grand-père.
La famille est composée de Maheu, le père, de sa femme surnommée la Maheude, et de leur sept enfants (Zacharie, Catherine, Jeanlin, Alzire, Léonore, Henri et Estelle). C'est une famille soudée, travailleuse. La Maheude est un personnage frappant: si elle ne travaille plus à la mine, elle veille au bon fonctionnement du ménage, une tâche on ne peut plus difficile lorsque l'on découvre que la famille gagne une misère. Zola a étoffé au maximum chacun des personnages (à l'exception des plus petits) pour décrire au mieux l'univers d'une famille ouvrière.

Catherine:
Catherine est la fille des Maheu. Elle est décrite comme une jeune fille, âgée d'une quinzaine d'années, mais qui semble être beaucoup plus jeune en raison de sa maigreur, conséquence directe de la mauvaise alimentation et de la vie difficile dans les corons, dont nous parlerons un peu plus loin. Au départ, Etienne la prend même pour un garçon! C'est une jeune fille motivée, courageuse et déterminée: on la voit par exemple réveiller ses frères le matin, préparer le petit déjeuner... Au travail, elle partage volontiers avec Etienne son repas, et se montre très bonne équipière.
Dans le roman, Catherine devient la maîtresse de Chaval, un homme possessif, colérique, jaloux, qui nous montre ce personnage sous un autre jour, celui d'une compagne soumise, qui obéit à ses exigences. Elle dit même que maintenant qu'elle a trouvé un amoureux, ce n'est pas la peine d'en changer, même si le comportement de Chaval est parfois très effrayant.

Les grands thèmes du roman:
Penchons nous un instant sur quelques-uns des thèmes majeurs du roman. Ils sont assez nombreux, donc j'ai fait une petite sélection.

La misère du peuple:
Bien évidemment, ce point est plus que capital, et saute presque aux yeux dès les premières pages. Les personnages de ce roman sont des gens de la classe populaire, des travailleurs. Jusqu'à présent, dans la saga, Zola a surtout présenté des personnages qui appartenaient soit au monde commerçant (Octave Mouret, Lisa Macquart, ou même Gervaise dans ses meilleurs moments) ou alors à la moyenne et même haute bourgeoisie.
Dans Germinal, on découvre le monde ouvrier, les mineurs, leur mode de vie, mais surtout leur misère. Zola insiste beaucoup sur ce point en présentant plusieurs moments mettant en scène cette misère: par exemple, la Maheude qui négocie son pain à Maigrat, l'épicier; le moment des comptes où chaque plus petite pièce est importante.
En opposition à cette misère, Zola nous présente les propriétaires terriens, à l'abri du besoin, comme les Grégoire ou les Hennebeau. Le contraste entre ces gens qui échangent des recettes à base d'ananas et les autres personnages qui manquent de pain est particulièrement frappant! D'autant plus que ceux-ci ont presque l'impression d'être généreux avec les pauvres. On découvre par exemple le repas des mineurs, "la brique", ou encore les privations engendrées par le manque d'argent. 

La rébellion:

Parler de Germinal sans parler de la révolte des mineurs, c'est comme parler de Harry Potter sans parler de magie (oui, cette comparaison est bizarre).
Lantier incarne bien évidemment la rébellion, qui prend la forme d'une grève sans précédent. Les mineurs arrêtent tous de travailler, ne cédant pas face à la misère, et la grève devient de plus en plus longue mais aussi de plus en plus violente: certains passages sont assez forts, et même choquants (je pense par exemple aux femmes qui s'en prennent à Maigrat), on a l'impression de découvrir une sorte de remake de 1789. D'ailleurs, à un moment, Zola fait ce parallèle, en expliquant que les nobles avaient causé par leur comportement la révolution de 1789, et que les bourgeois, incarnés par les Grégoire et Hennebeau, faisaient la même chose. 
Le socialisme a un rôle à jouer dans cette rébellion, avec notamment le personnage de Pluchart, représentant de l'Internationale, qui se lance dans de grands discours sur le patronat et les ouvriers. 

Les relations hommes/femmes:
Terminons par un sujet un peu plus léger, à savoir les relations hommes/femmes, un sujet que Zola aborde dans nombre de ses romans.
Dans Germinal, on est loin de Pauline et Lazare qui, dans la Joie de Vivre, sont fiancés pendant des années et des années et se touchent à peine la main. Dans Germinal, c'est assez tôt qu'on choisit le compagnon de sa vie. Zacharie, le fils des Maheu, a par exemple deux enfants avec une jeune fille, 
qu'il finit par épouser. Zola nous montre aussi le dépucelage de Catherine par Chaval, une scène bien loin du romantisme de passages similaires dans d'autres livres! Le sexe est un sujet abordé de façon directe sans être non plus crue (oh, c'est Zola, hein, pas 50 Shades Of Grey!), même si ça peut en choquer certains. 

Mon avis sur ce roman:
Comme je l'ai dit plus haut, j'ai tenté une première fois de lire ce roman lorsque j'étais plus jeune, en seconde ou en première, et j'avais eu énormément de mal à entrer dans l'intrigue: je trouvais le style de Zola très lourd, et je n'avais pas réussi à le finir. Mais cette fois, après avoir lu douze Zola, j'y suis parvenue! Voici ce que j'en ai pensé.

-Tout d'abord, je suis entrée sans problème dans l'histoire. L'auteur ne perd pas de temps en description qui dure dix ans, non, on découvre tout de suite Lantier et ses problèmes, l'univers de la mine. J'ai particulièrement aimé cet aspect: dans certains livres, les débuts descriptifs ne me dérangent pas, mais dans Germinal, dont le sujet est déjà lourd, je ne pense pas que j'aurais apprécié. 

-J'ai aussi beaucoup aimé l'intrigue en elle-même: les rebondissements sont nombreux, on ne s'ennuie pas. L'histoire devient de plus en plus forte, va de plus en plus loin, jusqu'à attendre un climax que j'ai trouvé très réussi. On sent que Zola a passé beaucoup de temps à sa rédaction!

-Les personnages aussi sont très réussis: ils sont certes un peu nombreux (il faut rester concentré!), mais ils sont hauts en couleur, et attachants. La Maheude est un personnage que j'ai adoré, elle est très humaine, dévouée à sa famille. J'ai aussi beaucoup aimé leurs différences, on a de tout: des vieux, des jeunes, des rebelles, des calmes, des penseurs, des suiveurs, des jaloux, des courageux... C'est une vraie fresque humaine, et je trouve que Zola est tout simplement un maître dans la conception de personnages.



-Cependant, j'ai quelques petits bémols à soulever. Par exemple, les sous-intrigues un peu trop nombreuses: on a plusieurs passages pour découvrir les "patrons", comme Mr. Hennebeau, et j'ai trouvé ces passages un peu lourds. Honnêtement, que sa femme le trompe, je ne vois pas vraiment ce que ça apporte à l'intrigue! 

Au final, j'ai bien aimé ce roman, même s'il est loin d'être mon préféré de la saga. Je pense qu'il plaira à ceux qui s'intéressent à la révolte, au monde des mineurs. Par contre je pense que ceux qui cherchent le bon Zola pour commencer risque d'avoir du mal à accrocher, car c'est tout de même un roman assez particulier! En revanche, je conseille à tous le film de Claude Berry, de 1993, avec Renaud, Gérard Depardieu et Judith Henry, une bonne adaptation du livre.



Voilà donc pour Juillet! On se retrouve très vite pour de nouveaux articles, j'espère que le programme d'Août vous plaira! En attendant, n'hésitez pas à me laisser votre avis sur Germinal: l'avez-vous lu? Etudié? Avez-vous vu le film? Bref, qu'en pensez-vous? Sachez en tout cas que je présenterai deux nouveaux Rougon-Macquart d'ici quelques semaines. 

Portez-vous bien!

AnGee Ersatz*




12 commentaires:

  1. Ce roman est plein d'humanité!
    Un de mes préférés de Zola!
    Il nous décrit si bien la misère qu'on a l'impression d'y être!

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  2. C'est un livre qui me fait un peu peur, je l'avoue, autant par sa taille que par le thème abordé. Je l'ai emprunté une fois de la bibliothèque et je ne l'ai même pas ouvert. xD Mais bon, ta chronique est très intéressante et m'a convaincu que mon préjugé est un peu... idiot. Je compte lire ce livre un jour... quand je serai prête. :P

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  3. J'ai aimé Germinal surtout pour le contexte historique, et sentir le naturisme de Zola qui c'est vraiment renseigné sur le sujet.

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    1. En effet, le contexte historique est très présent... Par contre, je pense que vous voulez dire "naturalisme", plutôt que "naturisme"...

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  4. Décidément, plus je te lis, et plus je me dis qu'il faudrait que je me remette à mes classiques Français... Mais pas le temps ^^ !
    Si j'arrive à avoir des vacances, il le faudra ;) !

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    1. Je suis contente si je te motive ^^ moi aussi j'ai eu une période où je ne pouvais pas supporter les classiques, mais maintenant, ça va mieux!

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    2. Comme quoi, je ne suis pas un cas désespéré ! J'essaierai de m'y mettre sérieusement, c'est important ;)

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  5. J'aime beaucoup le film de Germinal que j'avais vu avec les cours.
    J'aime l'histoire (même si je n'ai pas encore lu le livre) pour son côté humain, ce qui n'est pas toujours mis en avant chez Zola qui s'intéresse avant tout à des caractères.
    Je pense que ce sera l'un des prochains Zola que je lirai même s'il est un peu épais ;)

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    1. Je te le conseille! C'est vrai qu'il est épais, mais je trouve qu'il se lit assez vite!

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  6. Définitivement, mon préféré de la série, que je ne me lasserais jamais de lire, je crois. C'est avec Germinal que j'ai découvert Zola qui reste, depuis ce temps, mon auteur favori entre tous les styles et toutes les époques. ^^ Dans mon top 5, Germinal serait ex-aequo avec Les Misérables de Hugo, je crois. ;)

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    1. Beaucoup découvrent Zola avec ce livre, très étudié à l'école. J'aime aussi beaucoup les Misérables! :)

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