mardi 10 juillet 2012

Bible et Littérature: petite plongée dans la religion.




Aujourd'hui, j'ai décidé de vous présenter dans cet article un sujet, ou plutôt un ouvrage, particulièrement intéressant: la Bible.
En effet, notre culture européenne est en partie modelée par la religion, en particulier la chrétienté, et elle a été, au Moyen-Âge notamment, une composante importante de l'identité et du quotidien: la religion tenait beaucoup de place dans la vie de tous les jours, et son influence était visible dans les affaires politiques, créant des alliances ou des oppositions entre les différents royaumes. Si aujourd'hui, le poids de la religion a fortement baissé face aux nombreuses réponses apportées par la science (même si on assiste toutefois à une montée de certains mouvements religieux parfois proches des sectes), la religion reste quand même présente dans de beaucoup de domaines, dont la littérature. En effet, les symboles et les histoires (parfois appelées aussi mythes, même si ce terme est peu utilisé dans la Bible en elle-même) bibliques sont présents dans beaucoup d'ouvrages, tout d'abord dans les nombreux traités qui paraissent chaque année, mais aussi même si parfois on ne s'en aperçoit pas forcément, en poésie, dans les romans ou les pièces de théâtre. Je vous propose donc aujourd'hui de nous intéresser à cet ouvrage religieux intéressant qu'est la Bible, ainsi et surtout à son utilisation en littérature.

Qu'est ce que la Bible, et pourquoi la lire?
Tout d'abord, rappelons brièvement ce qu'est la Bible: il s'agit de l'un des trois grands ouvrages des religions monothéistes les plus répandues (avec la Torah et le Coran). Elle est composée de deux éléments, l'Ancient Testament qui va de la Création du Monde jusqu'à la naissance de Jésus en passant par l'Exode des Juifs dans le désert, naissance qui démarre le Nouveau Testament, dans lequel on trouve également les quatre Evangiles et l'Apocalypse.


(la naissance de Jésus, dans le Nouveau Testament)

La Bible est l'un des ouvrages les plus diffusés dans le monde, tout d'abord par le nombre de croyants, mais aussi pour d'autres raisons: on peut citer en exemple certaines chaînes d'hôtel américaines placent dans les chambres de leurs clients des bibles dans les tables de chevet. De plus, la Bible fut le premier livre imprimé par Gutenberg, signe de son importance.

(la Bible de Gutenberg)

La Bible, tout comme les autres livres religieux, présente un intérêt particulier: je vous conseille donc de les lire, ou du moins d'en lire certains extraits, même si comme moi, vous n'êtes pas croyants. Pourquoi? Tout d'abord afin d'en connaître les nombreux symboles: vos lectures en seront plus appréciables! L'intérêt est aussi qu'il s'agit d'un moyen de mieux connaître les autres cultures. J'espère pouvoir lire le Coran et la Torah un jour!
Si vous avez des enfants, sachez qu'il existe aussi des éditions adaptés aux enfants! Et si vous même êtes intéressés, la Bible est disponible en ligne sur ce lien:

La Bible en ligne.

La Bible: un objet littéraire en lui-même!
Commençons par parler de la Bible en elle-même. Si la Bible a en premier lieu une vocation religieuse, pour enseigner aux croyants les principes de la religion, on peut également dire d'elle qu'elle est aussi un objet littéraire. En effet, on parle de "narration" biblique: la Bible regorge de passages narratifs, face à d'autres passages en forme de listes (servant à récapituler tous les membres des différentes familles par exemple(, dans lesquels on trouve les "aventures" de nombreux personnages, comme David, qui devient roi, ou de familles, comme celle de Noé. Deux théories s'opposent face à ces histoires. La première: les histoires racontées dans la Bible sont des histoires réelles, ou du moins rendues réelles grâce à la présence de personnages historiques ou d'événements qui se sont réellement produits: on pense par exemple à l'expansion romaine, présentée dans le Nouveau Testament. La seconde: ces histoires ont été inventées pour intéresser davantage les croyants, pour mieux faire passer les préceptes de la religion, et les protagonistes de ces histoires sont des incarnations de divers défauts ou qualités (la bonté, la naïveté, la méchanceté...) que le croyant se doit de devenir ou non. On peut citer en exemple la Tour de Babel, un épisode qui correspond plutôt bien à cette seconde thèse, pour expliquer les différentes langues et cultures existant dans le monde. Ainsi, la petite histoire marche bien mieux que la longue leçon de morale. Quoiqu'il en soit, je vous laisse choisir celle qui vous convient le mieux!



"Mythes" et symboles: la Bible en littérature.
Lorsque vous lisez un livre, il est parfois très clair que des références bibliques y sont placées. Mais parfois, l'utilisation est bien plus subtile. Je vous propose donc un petit tour d'horizon des utilisations de la Bible en littérature, même si, bien entendu, vous n'y trouverez pas l'intégralité des ouvrages parlant de la Bible!

La Création: un sujet qui fascine!
Commençons par le commencement: la création de la terre et de l'homme par Dieu. Le "mythe" de la Création, qu'on trouvait déjà sous une forme différente dans la mythologie grecque ou romaine, par exemple avec Prométhée et Epiméthée, et captive complètement les auteurs. En effet, on trouve énormément d'ouvrages dans lesquels ce sujet est utilisé.
En poésie, notamment, la création biblique est souvent utilisée comme une métaphore de la création poétique, artistique: chez Apollinaire, dans le recueil Alcools, la religion est un thème récurrent, et cette métaphore est fréquemment employée par le poète. Dans le poème Le Cortège, par exemple, "la naissance" du poète s'apparente à cette création biblique:

Puis sur cette terre il venait mille peuplades blanches
Dont chaque homme tenait une rose à la main
Et le langage qu'ils inventaient en chemin
Je l'appris de leur bouche et je le parle encore
Le cortège passait et j'y cherchais mon corps
Tous ceux qui survenaient et n'étaient pas moi-même
Amenaient un à un les morceaux de moi-même
On me bâtit peu à peu comme on élève une tour
Les peuples s'entassaient et je parus moi-même
Qu'ont formé tous les corps et les choses humaines

Chez Rabelais aussi, la Création est abordée, dans le chapitre 6 de Gargantua notamment, lorsque celui-ci vient au monde. Bien entendu, comme toujours dans l'écriture de Rabelais, le ton est humoristique, sarcastique: il s'agit donc d'une vision plutôt décalée de la Création.


Enfin, on peut citer une dernière oeuvre: Frankenstein de Mary Shelley. Le sous-titre est certes "Le Prométhée Moderne", et s'apparente par cette référence donc bien plus à la mythologie grecque. Mais cette création d'un homme à l'image de l'homme rappelle tout de même la Bible: tout comme Adam, la créature de Frankenstein a besoin d'une femme pour combler sa solitude, et c'est la raison pour laquelle il poursuit son créateur. En plus des nombreux films adaptés du livre (souvent dans le registre de l'horreur, avec par exemple les réalisations de Terence Fisher, qui ont marqué des générations de cinéphiles!), la série Buffy contre les vampires propose une version de cette histoire, avec le personnage d'Adam, (comme le premier homme!) dans la saison 4, un personnage crée de toutes pièces, qui se pose des questions sur son identité et son origine.


(Frankenstein et Adam, métaphore du premier homme?)

La Chute du Paradis: Abel et Caïn, deux personnages toujours vivants en littérature.
L'un des passages les plus célèbres de la Bible est sans nul doute celui du Péché Originel, dans lequel Adam et Eve sont chassés du Paradis par Dieu pour avoir mordu le fruit interdit, celui de la Connaissance:







 L'Éternel Dieu dit au serpent: Puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre tous les animaux des champs, tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie.
 Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité: celle-ci t'écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon.
 Il dit à la femme: J'augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi.
 Il dit à l'homme: Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l'arbre au sujet duquel je t'avais donné cet ordre: Tu n'en mangeras point! le sol sera maudit à cause de toi. C'est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie,
 il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l'herbe des champs.
 C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière.


(Le Péché Originel)







Arrivés sur la terre, ceux-ci donnent naissance à deux garçons: Caïn, l'aîné, et Abel. Caïn tue son frère, dont l'offrande a été préférée par Dieu: ce meurtre est le premier de l'humanité, et a inspiré de nombreux auteurs à travers les siècles.
Mais revenons d'abord sur la Chute du Paradis: on trouve une allusion à ce passage dans Candide, de Voltaire. En effet, le premier chapitre nous présente Candide, un garçon qui a tout pour être heureux, mais qui, en commettant le Péché "Originel" en embrassant Cunégonde, sa bien-aimée, est chassé du lieu paradisiaque où il vivait pour connaître une vie semée d'embuches.

(Candide chassé de son "Paradis")


Cependant, c'est le mythe d'Abel et Caïn qui suscite le plus d'adaptations de la part des auteurs. Ces deux frères sont en quelque sorte le symbole de la malédiction sur les hommes qui se poursuit de génération en génération...
Déjà, en poésie, avec Baudelaire, qui évoque très souvent la Bible dans ses poèmes (notamment par des métaphores sur la création poétique, comme Apollinaire), qui a écrit un poème qui porte le nom des deux frères, dans la partie Révolte des Fleurs du Mal:

I

Race d'Abel, dors, bois et mange;
Dieu te sourit complaisamment.

Race de Caïn, dans la fange
Rampe et meurs misérablement.

Race d'Abel, ton sacrifice
Flatte le nez du Séraphin!

Race de Caïn, ton supplice
Aura-t-il jamais une fin?

Race d'Abel, vois tes semailles
Et ton bétail venir à bien;

Race de Caïn, tes entrailles
Hurlent la faim comme un vieux chien.

Race d'Abel, chauffe ton ventre
A ton foyer patriarcal;

Race de Caïn, dans ton antre
Tremble de froid, pauvre chacal!

Race d'Abel, aime et pullule!
Ton or fait aussi des petits.

Race de Caïn, coeur qui brûle,
Prends garde à ces grands appétits.

Race d'Abel, tu croîs et broutes
Comme les punaises des bois!

Race de Caïn, sur les routes
Traîne ta famille aux abois.

II

Ah! Race d'Abel, ta charogne
Engraissera le sol fumant!

Race de Caïn, ta besogne
N'est pas faite suffisamment;

Race d'Abel, voici ta honte:
Le fer est vaincu par l'épieu!

Race de Caïn, au ciel monte,
Et sur la terre jette Dieu!



Encore en poésie, Victor Hugo évoque le personnage de Caïn dans quelques vers de La Légende des Siècle. Mais si le mythe vous intéresse, je vous conseille deux livres: Caïn, de Lord Byron, et A l'Est d'Eden de John Steinbeck.

Caïn est une pièce assez courte mais dense de Lord Byron, un auteur que je vous conseille en général tant son oeuvre est fascinante. Dans cette pièce, Caïn, déjà en proie à un malaise intérieur car il ne comprend pas pourquoi il subit les conséquences de l'acte de ses parents, rencontre un être, Lucifer, qui sème le trouble en lui et le pousse à commettre le meurtre de son frère... Une véritable réflexion sur le monde et sur Dieu dans cet ouvrage!

(une récente édition de Caïn)


A l'Est d'Eden, quant à lui, est un roman parmi les plus célèbres de John Steinbeck. Déjà le titre est un appel à la Bible: Dieu, en chassant Adam et Eve d'Eden (le Paradis), décide de les faire vivre à l'est d'Eden... Ce livre est une véritable saga, qui raconte toute l'histoire d'une famille, jusqu'à la naissance de deux frères, Cal et Aaron, abandonnés par leur mère qu'ils croient morte, qui occupent la majeure partie du livre, et dont l'histoire est une métaphore de l'histoire de Caïn et Abel. Cal, en effet, est le vilain petit canard de la famille, et n'arrive pas à attirer l'attention de son père, qui semble préférer son frère Aaron, qui en plus a pour fiancée la fille parfaite, Abra. La vie de Cal est un enfer, car même s'il adore son frère, il ne peut s'empêcher de l'envier... Si vous n'avez pas envie de lire le livre, assez long mais magnifique, je vous conseille, comme souvent déjà, le film d'Elia Kazan, A l'Est d'Eden, centré sur ces deux personnages, avec James Dean et Julie Harris. Une nouvelle version du film serait d'ailleurs en préparation...



(A l'est d'Eden, une interprétation moderne du premier meurtre de l'histoire...)


Les Dix Commandements:
Les Dix Commandements sont un point central de la Bible: dix règles, dix préceptes, que les fidèles se doivent de suivre. Les Dix Commandements sont à la base d'une comédie musicale (je ne m'étendrai pas sur le sujet...) et d'un film avec Charlton Heston (un classique du cinéma américain), mais on les retrouve aussi en littérature, notamment dans Dom Juan de Molière: en effet, dans cette pièce où la religion tient une place importante (on pense par exemple à la scène du pauvre qui refuse de jurer pour de l'argent) le personnage central se vante d'avoir transgressé chacun des Dix Commandements. Bien entendu, Dom Juan finit par être puni, Dieu se vengeant de toutes les injures commises par Dom Juan...

(Dom Juan puni par le Commandeur)


Jésus: un personnage plutôt absent...
La vie de Jésus prend une large partie du Nouveau Testament, et il est l'un des personnages les plus emblématiques de la chrétienté; cependant, on le retrouve très peu en littérature, et bien plus au cinéma (dans la Passion du Christ, par exemple), peut-être en raison de son caractère sacré, auquel on ne saurait s'attaquer. Cependant, l'un des objets liés à Jésus suscite un grand intérêt: il s'agit du Saint Graal, c'est à dire la coupe qui a servi à recueillir le sang du Christ. On retrouve la quête du Graal dans de nombreux romans du Moyen-Âge qui racontent les aventures des chevaliers de la Table Ronde et du Roi Arthur, notamment dans les romans de Chrétien de Troyes (Perceval ou le Conte du Graal par exemple). La série française Kaamelott reprend les personnages de ces histoires.

(les chevaliers de la Table Ronde à la recherche du Graal)

On retrouve également Jésus dans un manga, dont je vous parlerai un peu plus loin. Les apôtres quand à eux, inspirent aussi, mais c'est surtout Judas qui tire la couverture à lui, surtout dans le domaine de la musique: Lady Gaga chante son amour pour Judas, William Control vient de sortir un titre baptisé Kiss Me Judas, et un groupe porte même le nom de l'apôtre traître, à savoir Judas Priest...

(Jésus et les Apôtres inspirent les peintres et les musiciens, mais pas la littérature...)


L'Apocalypse: A quand la fin?
L'Apocalypse n'est pas qu'une question biblique: depuis toujours et dans toutes les cultures, l'homme craint la fin du monde, d'où la création du Paradis et de l'Enfer, comme moyen de rassurer les hommes afin de les inciter à adopter une bonne conduite. Si vous ne devez lire qu'un passage de la Bible, je vous conseille l'Apocalypse, dont la charge symbolique est très intéressante, même si ça fait assez peur. Tout d'abord, en raison de tous les nombres qu'on y trouve: les nombres, lorsqu'utilisés en littérature, ont souvent une très forte charge symbolique. On trouve dans l'Apocalypse le 4, avec les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse, utilisés chez Agatha Christie dans Le Cheval Pâle, (ou encore comme surnom de Metallica); le 7, le chiffre de la perfection, qui se réfère aux sept jours de la Création, mais aussi aux sept péchés capitaux, avec beaucoup d'éléments au nombre de sept (les Eglises); le 666, le nombre de la Bête (le 7 est le chiffre parfait, donc le 6, juste avant, est le chiffre "imparfait"), un chiffre qui fait toujours peur, chanté par Iron Maiden, par exemple; ou encore le 12, qui représente les premiers peuples Juifs, et donc les élus de Dieu... Pensez-y pendant vos lectures!

(les Cavaliers de l'Apocalypse)

L'Apocalypse fascine particulièrement les croyances populaires, et particulièrement le monde du cinéma, qui propose fréquemment des films sur cette thématique: 2012, par exemple. La série Buffy contre les vampires (qui devient décidément une référence fréquente dans ce blog!) propose même plusieurs apocalypses au cours de la série, dont une pour laquelle l'héroïne de sacrifie...

(Buffy se sacrifie pour sauver le monde de l'Apocalypse...)


La Bible... en dessin!
Pour finir cet article, je vous propose de passer quelques mangas ou bds en revue, dans lesquels la Bible  est représentée:

-D-Gray Man: pour commencer, les personnages de D-Gray Man sont des exorcistes chargés de détruire les Akuma, des créatures maléfiques. Leurs principaux opposants sont directement inspirés de la Bible: ils se nomment en effet les Descendants de Noé, et on retrouve même dans l'un des volumes une métaphore de l'Arche... Un manga certes axé sur la bastion, mais où la Bible occupe une place assez importante, avec des interprétations intéressantes...

(les exorcistes de D-Gray Man)


-Les Vacances de Jésus et Bouddha: un manga humoristique dans lequel Jésus et Bouddha découvrent notre monde après tous ces siècles passés dans le leur. L'intérêt est la mixité des cultures, et aussi les histoires, drôles et bien trouvées. Un manga très drôle, idéal pour vos vacances, qui vous apprend des choses!

(Jésus et Bouddha découvrent notre monde!)


-Passe moi l'ciel: une bande-dessinée française qui se passe après la mort, avec en personnage principal Saint Pierre. C'est une bd drôle, pour passer un bon moment.


Pour conclure, j'espère vous avoir montré, ne serait-ce qu'un peu, l'importance de la Bible en littérature. Bien entendu, beaucoup d'autres livres abordent des thèmes bibliques, ou mettent la religion en premier plan: on peut citer en exemple le Da Vinci Code de Dan Brown, dont le succès est en grande partie expliqué par son interprétation de la religion! Je vous propose de laisser vos suggestions en commentaire, de livres, films, ou bandes-dessinées!

AnGee Ersatz*





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