Challenge Johnny Depp #1: Cry-Baby de John Waters.

Bonjour à tous et à toutes!

C'est un vrai plaisir pour moi de vous retrouver pour un nouvel article, et surtout pour vous présenter un nouveau rendez-vous mensuel, un Challenge Johnny Depp! Et oui, pour une fois, je vais me lancer dans un Challenge cinéma, tout simplement parce que j'ai remarqué que, depuis que je fais des études et que j'ai le blog, j'ai beaucoup moins de temps pour regarder des films. Du coup, je vais essayer de faire régulièrement ce genre de Challenges ^^. Mais commençons par Johnny Depp: pour ce "depprathon", nous allons découvrir ensemble sept films (et oui, septième art oblige!). C'est parti pour Cry-Baby, l'un de ses premiers films! Bonne lecture à tous!

La carrière de Johnny Depp à l'époque: le contexte:

Commençons par nous pencher sur notre héros du jour (oui, héros, soyons-fous!), Johnny Depp! J'ai décidé de ne pas rédiger une biographie complète de l'acteur, mais plutôt de vous présenter pour chaque film l'état de sa carrière, quelques points importants...

Lorsque Cry-Baby sort en 1990, Johnny Depp a déjà 27 ans, mais en paraît à peine 20. Il démarre sa carrière par quelques seconds rôles au cinéma (par exemple dans les Griffes de la nuit de Wes Craven, ou encore Platoon), mais se fait connaître du grand public avec la série 21 Jump Street, en 1987. Il y incarne Thomas Hanson, et très vite, il devient une superstar pour adolescents, sa gueule d'ange se retrouvant à la une de magazines destinés à ce public. On est bien loin des personnages sombres de Tim Burton!

21 Jump Street

Mais être une icône pour adolescents, c'est bien, mais c'est une position assez incertaine, on est victime des effets de mode. En plus, Johnny Depp se sent vite à l'étroit, à la fois dans ce rôle, mais aussi au sein de 21 Jump Street. Lorsque John Waters le choisit pour le rôle de Cry-Baby, un bad boy, loin de son image assez lisse, il saisit cette opportunité, opportunité qui a donné à sa carrière un nouveau tournant.

Quelques mots sur John Waters:

Né en 1946 à Baltimore (une ville qui servira de cadres à ses films), John Waters se passionne très jeune pour le cinéma, commençant même des études de cinéma à l'université. Il délaisse vite les études pour se consacrer à la pratique avec des films qui se font remarquer et choquent, comme Pink Flamingos, tout comme ses choix de casting (il est l'un des premiers à laisser leur place aux travestis, avec Divine, son acteur fétiche), et sa tendance à faire des films musicaux. Il se fait réellement connaître avec le film Hairspray en 1988, film qui fut adapté en comédie musicale, et qui eut droit à son remake en 2007 avec John Travolta.

Il est aussi passé plusieurs fois de l'autre côté de la caméra, pour devenir acteur, que ce soit au cinéma ou à la télévision.

Cry-Baby:

Quelques informations:

Cry-Baby est un film sorti en 1990, et beaucoup le considère comme un tournant dans la carrière de John Waters, puisqu'il s'adresse à un public plus large que précédemment: en effet, le film est distribué par l'un des grands noms du cinéma, Universal, et le choix de l'acteur principal se porte sur une "starlette" très populaire à l'époque, Johnny Depp. John Waters raconte l'avoir choisi après avoir été frappé par son charisme et son physique sur des unes de magazines. Sur certains sites internet, certains pensent que  le choix aurait davantage été poussé par Universal qui voulait une tête d'affiche pour le film.

Cry-Baby compte onze numéros musicaux (on reviendra plus loin là-dessus) et dure 1h21. La distribution est la suivante:

-"Cry-Baby" Wade Walker: Johnny Depp.

-Allison Vernon-Williams: Amy Locane.

-Ricki Lake: Piment Walker.

-Traci Lords: Wanda Woodward.

-Susan Tyrell: Ramona Rickettes.

-Polly Bergen: la grand-mère d'Allison.

-Iggy Pop: Tonton Belvédère.

Bien entendu, il y a encore beaucoup d'autres acteurs (Kim McGuire, Darren E. Burrows...).

Résumé:

Nous voilà en 1954, en plein coeur des Etats-Unis d'Eisenhower. Dans un lycée de Baltimore se côtoient deux gangs très différents: les Frocs Moulants (oui, oui, les Frocs Moulants; en Anglais "Drapes"), fans de rock'n'roll, tout en perfecto et bananes, et les Coincés ("Squares"), en jolis costumes tout propres et bien disciplinés.

Deux mondes opposés qui vont entrer en collision lorsque le regard d'Allison, une Coincée, croise celui de Wade Walker, alias Cry-Baby, le chef des Frocs Moulants, lors d'une séance de vaccination collective. Le coup de foudre est immédiat et réciproque. Cry-Baby emmène donc sa dulcinée à la Rade aux Dindons, le lieu de rassemblement des Frocs Moulants, pour un concert de rock endiablé. Mais Baldwin, l'ex fiancé d'Allison, est bien déterminé à se venger, et vient gâcher la soirée, ce qui conduit à une bagarre de dingue , et à l'arrestation de Cry-Baby...

Johnny Depp dans le film:

Le sujet du Challenge, c'est bien sûr Johnny Depp! Penchons donc sur son rôle.

Evidemment, il tient ici l'un des rôles principaux, un rôle qui, je l'ai dit, cassait un peu son image de beau gosse gentil de 21 Jump Street.

Cry-Baby, un ouf qui sait allumer des allumettes!

Cry-Baby, c'est un rebelle, un vrai, un "délinquant juvénile" qui sait aussi faire craquer les filles. Dans le film, le physique de Johnny Depp est évidemment un atout pour son personnage, mais il ne se limite pas à ça: Allison est certes attirée par Cry-Baby parce qu'il est beau, mais aussi parce qu'il est la promesse d'une vie plus festive, plus décalée que celle promise par Baldwin (mariage, maison en banlieue, enfants...). 

L'acteur est surtout mis en avant par les différents numéros musicaux, même si il a été vocalement doublé pour le film. C'est l'occasion pour lui de balancer toutes ses mimiques les plus bad boys mais aussi les plus sexy lorsqu'il est avec Allison.

C'est avec ce film, mais nous en parlerons dans un prochain article, que Johnny Depp rencontre Tim Burton, qui en fera son acteur fétiche.

Quelques points importants:

Lorsque l'on voit le résumé, ou même lorsque l'on voit le film pour la première fois, on a l'impression d'avoir juste affaire à une amourette adolescente. Cependant, après l'avoir vu une deuxième fois et après avoir fait des recherches de fond, je me suis aperçue que le film était un peu plus profond que ce qu'on peut croire à première vue. Voici donc quelques points qui me semblent intéressants!

Les inspirations et l'aspect parodique:

Comme énormément de réalisateurs, John Waters s'est inspiré de beaucoup d'éléments pour préparer Cry-Baby. L'une des inspirations les plus évidentes, c'est bien entendu Grease, le film sorti en 1978: comme dans ce film les héros de Cry-Baby viennent de deux mondes différents, un monde rock'n'roll/blouson noir et un monde coincé et sage. Au niveau de l'intrigue, on pense bien sûr à Roméo et Juliette (pour le côté amour maudit parce qu'on appartient à des clans différents), et à sa réécriture théâtrale puis cinématographique West Side Story. Comme les deux films (Grease et West Side Story), Cry-Baby est un film musical, John Waters ayant déjà expérimenté le genre auparavant. La fin du film ressemble aussi beaucoup à des passages de Grease ou encore la Fureur de Vivre, un classique avec James Dean.

Grease

Cependant, ces inspirations sont traitées en partie de façon parodique: on trouve dans le film beaucoup d'humour, tout d'abord dans les exagérations apportées aux personnages (dont on parlera plus loin), mais aussi dans certains passages. Par exemple, le gang des coincés fait clairement penser à Sandy dans Grease. Sandy est une fille assez coincée, de bonne famille, et ce modèle semble avoir été repris pour incarner l'esprit des Coincés. Ce qui est parodique, c'est que contrairement aux habituels gangs composés de bad boys, c'est que les Coincés sont des minets bien coiffés en costume blanc impeccable qui chantent des chansons pour midinettes! Pour finir, lorsque Cry-Baby va en prison, on est loin de l'univers carcéral tel qu'on le connaît d'habitude, puisque la pire chose qui puisse arriver à notre héros, c'est de se faire couper les cheveux.

Autre exemple: dans la Fureur de Vivre, Jim (le héros incarné par James Dean) tombe sous le charme de Judy (Natalie Wood), l'ex petite amie de son pire ennemi de Buzz, et celui-ci va donc en prendre ombrage et on a droit à un duel tragique et violent que John Waters représente de façon cocasse, drôle.

Le côté parodique est évidemment très présent, mais il y a aussi de belles références (selon moi bien sûr) aux films/livres de base: nous connaissons tous la classique scène du balcon dans Roméo et Juliette, et nous avons un passage similaire lorsque Cry-Baby vient chercher Allison au club de bonnes manières. Autre chose: dans les films de gangs, les personnages ont souvent des surnoms qui servent de  descriptifs et de signe d'appartenance: on découvre l'origine du surnom de Cry-Baby et la signification de son unique larme dans une scène qui peut prêter à sourire, mais en même temps j'ai trouvé l'idée assez poétique et bien trouvée :).

Les personnages et le jeu des apparences:

Wanda, des Cry-Baby girls.

Dans Cry-Baby, le spectateur peut découvrir un grand nombre de personnages (il y en a vraiment beaucoup!), mais ce qui est intéressant, c'est que John Waters ne s'est pas contenté de travailler ses héros principaux: il a aussi cherché à rendre les personnages secondaires uniques, ce qui donne beaucoup de vie, selon moi, au film.

Les traits des personnages sont très exagérés, et l'exagération, qui parfois peut être inappropriée, correspond totalement à l'univers dépeint par le réalisateur et ses choix d'intrigue. Par exemple, cette exagération se voit dans la scène où nous découvrons Ramona et Tonton Belvédère et la maison du gang Cry-Baby: ces deux personnages, au style vestimentaire fou, offrent à Piment un berceau très spécial et à Cry-Baby une moto, dans une scène délirante qui fait penser à un manège de Disneyland!

Des personnages exagérés, mais à double visage aussi. D'où l'idée du "jeu des apparences": dans Cry-Baby, les choses ne sont pas forcément ce qu'elles semblent être. A première vue, on imagine que le gang de Cry-Baby est un gang de durs à cuir, mais au final, quand on voit Piment avec ses enfants, le fort sentiment de famille et de solidarité, nous montrent que leur différence se situe davantage dans la musique qu'ils écoutent (j'expliquerai un peu plus loin ce point); à l'inverse, le comportement de Baldwin et des Coincés s'avère être loin de l'impeccable et de la courtoisie, ce sont eux qui lancent les premiers coups, et qui sont les vrais délinquants...

Mona, alias Délit-de-Faciès.

Mais le personnage qui représente le mieux ce côté "double visage", c'est Mona, alias Délit-de-Faciès. Lorsqu'on la découvre la première fois, c'est de dos: on s'imagine, comme les garçons derrière elle, une jolie blonde pulpeuse... Mais quand elle se retourne, on découvre son visage, un visage déformé. Cependant, son visage n'enlève rien à sa sensualité: le jeune Milton est complètement fou d'elle, et elle est persuadée d'avoir un "physique accrocheur"; Cry-Baby lui dit même qu'elle est "belle comme un coeur": sa beauté dépasse son visage, et montre vraiment que ce n'est pas la première image renvoyée qui compte.

La musique:

Qui dit film musical dit bien évidemment musique. Et celle-ci est effectivement très présente dans le film, avec plus d'une dizaine de "numéros musicaux", dont la plupart mettent en scène les acteurs. Le film s'ouvre d'ailleurs sur une sur une musique des Honey Sisters, intitulée Cry-Baby (évidement le titre!) qui colle avec les premières images des adolescents qui pleurnichent en se faisant vacciner.

Ensuite, les numéros rythmes l'intrigue, en voici quelques-uns.

Mais la musique est aussi et surtout un moteur du film: l'opposition entre les deux clans passent par la musique qu'ils écoutent. Baldwin fait remarquer à Allison que Cry-Baby n'est qu'un moins que rien parce que sa musique n'est même pas classée au Top 50. Lorsqu'il se fait arrêter, sa grand-mère Ramona dit, dans le brouhaha, une phrase qui résume bien l'importance de la musique dans l'histoire: "vous pouvez l'arrêter mais vous n'arrêterez pas sa musique". Ce qui gêne, ce n'est pas les mauvaises actions de Cry-Baby, mais bel et bien sa voix et ses chansons. 

Pour plus d'informations sur le film:

Il est possible de trouver de nombreux articles ou avis sur ce film sur internet, mais voici une petite sélection des sites visités pour écrire cet article:

-Critikat.com (un article passionnant!)

-IMDB.

Mon avis:

Depuis longtemps, j'avais envie de voir Cry-Baby, mais soit je manquais de temps, soit je n'y pensais pas. C'est le mois dernier, alors que je cherchais une nouvelle idée pour le blog, que j'ai vu des extraits du film lors d'une soirée organisée au camping où je passais mes vacances: le déclic, j'allais parler de Johnny Depp, et enfin voir Cry-Baby.

En tout, pour préparer cet article, j'ai vu le film trois fois pour être sûre de ne rien oublier et de bien l'analyser. Et franchement, quelle découverte! La première fois, je suis restée juste médusée devant mon écran face à cet OVNI visuel: je suis assez fan du type d'humour exploité par John Waters dans Cry-Baby, et j'ai passé la soirée à pleurer de rire en entendant certaines répliques ("Et ta soeur, elle se fait tondre?", "voici trois dollars cinquante et des sous-vêtements propres"...) et en voyant certaines scènes assez drôles par l'exagération qui s'en dégageaient. A la fin, je ne savais pas si j'avais aimé le film ou si je trouvais que c'était un navet sympathique.

Au final, après des recherches et l'avoir regardé encore, mon avis penche définitivement du bon côté. Certes, Cry-Baby est un film assez particulier, je ne pense pas avoir vu un seul film qui lui ressemble. L'intrigue est un peu simplette et plutôt prévisible, les personnages et le jeu des acteurs très exagérés, mais j'ai été séduite: j'ai beaucoup aimé tous les autres aspects du film qui nous montrent que ce n'est un film creux, mais qu'il y a plein d'idées derrière. Par exemple, il y a une scène dans un orphelinat où les enfants sont exposés en vitrine, en train de faire des tâches ménagères: ce passage montre bien ce que je pense du film. Ce qui est assez drôle à première vue a un arrière-goût parfois désagréable. 

J'ai aussi beaucoup aimé la musique du film, j'écoute la BO depuis plusieurs semaines en boucle. J'ai découvert certains acteurs, comme Ricki Lake ou encore Susan Tyrell, mais plus encore j'ai découvert John Waters: je pense regarder certains de ses premiers films, qui sont apparemment les meilleurs, afin d'en savoir plus sur son univers. 

Au final, Cry-Baby est un film que je re-regarderai sûrement, les soirs de coups de blues, les soirs de fatigue, où j'ai besoin d'avoir la pêche. Je ne pense pas qu'il plaise à tout le monde, mais je conseille de le regarder au moins une fois, pour voir! 

Premier film du Challenge et première bonne découverte, qui me pousse à le continuer! Vous pourrez retrouver Johnny le mois prochain avec un autre de ses premiers films, là aussi très connu, Edward aux Mains d'Argent, et en attendant prenez soin de vous!

AnGee Ersatz*

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