vendredi 30 août 2013

Challenge Lesen Sie Deutsch? #7/ Lecture Commune: Marie Stuart de Stefan Zweig.




Guten Tag, tout le monde!

Je suis ravie de vous retrouver aujourd'hui pour le dernier article du mois d'Août! J'espère que vous allez bien, et que vous êtes prêts à faire un petit voyage dans le temps! Et oui, aujourd'hui nous allons revenir en arrière pour découvrir un personnage historique assez controversé, Marie Stuart, dans une biographie de Stefan Zweig. Il y a quelques mois, j'avais lu sa biographie de Marie-Antoinette, que j'avais beaucoup aimée, et du coup j'ai décidé d'en lire une autre, et de la proposer en Lecture Commune sur Livraddict! Je fais donc d'une pierre deux coups, puisque je présente aussi ce livre dans le cadre du Challenge Lesen Sie Deutsch?. Bonne lecture à tous!

Bilan du Challenge: 
Et oui, après plusieurs mois, j'ai décidé d'arrêter ce Challenge. Je m'étais inscrite en espérant lire une dizaine de livres, mais je manque vraiment de temps, mais aussi d'inspiration pour trouver de nouveaux auteurs... Du coup je préfère stopper maintenant, avec un score honorable de sept livres! 
Vous pouvez retrouver le bilan du Challenge ICI.

Bilan de la LC:
Au fur et à mesure, je posterai les liens vers les différentes chroniques des autres participants à la LC!

Marie Stuart:

Résumé du livre:
Dès sa naissance en 1542, Marie Stuart, fille de Jacques V, roi d'Ecosse, doit faire face à son destin: en effet, elle n'est âgée que de quelques jours lorsque son père meurt, faisant d'elle une reine plutôt précoce! 
L'Ecosse est à l'époque un pays qui souffre, appauvri par des conflits incessants avec l'Angleterre voisine et entre les lords indisciplinés. Voyant le danger qui guette une si jeune héritière, sa mère décide de l'envoyer en France où elle passera son enfance et son adolescence, avant d'épouser François II, et de devenir Reine de France pendant un an, jusqu'à la mort de son mari. 
C'est une jeune femme d'à peine 20 ans qui rentre en Ecosse et qui doit apprivoiser et gouverner ce pays. Mais Marie Stuart, c'est aussi une bagarre qui durera des années avec Elisabeth Ière, reine d'Angleterre, entre lettres polies et menaces à peine dissimulées; et surtout une passion dévorante pour Bothwell, qui ira jusqu'à tuer le second époux de Marie, Darnley, pour avoir le trône...









Les grands thèmes abordés:
Stefan Zweig traite, dans cette biographie, de toute la vie de Marie Stuart, en s'attardant avec beaucoup de précisions sur certains moments importants de sa vie, sur certains thèmes et leur évolution. Voici ceux qui m'ont le plus frappée au cours de ma lecture.

La relation Ecosse/Angleterre - Marie Stuart/Elisabeth:
Bien évidemment, dans ce livre, on ne peut pas passer à côté de l'imposant background historique, qui explique en grande partie l'attitude de Marie lorsqu'elle doit prendre des décisions.

Pourtant, c'est chouette l'Ecosse?

Stefan Zweig insiste beaucoup sur les conflits déjà existants entre l'Ecosse et l'Angleterre. Depuis longtemps, l'Angleterre cherche à annexer l'Ecosse, attaque la frontière, laissant les villages détruits à chacun de leur passage. Au sein de l'Ecosse même, la paix est loin d'être acquise: certains lords seraient prêts à tout pour unir leur pays avec l'Angleterre, alors que d'autres voient d'un oeil mauvais tout rapprochement avec l'ennemi. Ces conflits vont prendre une ampleur nouvelle avec le revirement religieux de l'Angleterre: Henry VIII, des Tudor, décide de rompre avec Rome lorsque le pape s'oppose à son divorce avec Catherine, et il instaure l'anglicanisme, religion proche du protestantisme qui gagne du terrain de jour en jour à l'époque. Henry, qui n'aime pas faire les choses à moitié, demande à ce que les Ecossais se soumettent à cette nouvelle religion, mais beaucoup, comme les Stuart, décident de rester catholiques, entraînant alors des querelles religieuses au coeur de l'Ecosse. L'Ecosse devient vite un point de pression de la part des différents pays européens catholiques, qui espèrent conclure une alliance avec elle pour déstabiliser l'Angleterre, alors que d'autres espèrent trouver un moyen de stopper les conflits entre les deux voisins.

Bref, on comprend bien vite que la situation est loin d'être évidente lorsque Marie vient au monde! Et toute sa vie durant, elle doit affronter ces conflits. Car en face d'elle se dresse Elisabeth Ière. Entre les deux femmes s'installe une relation un peu étrange: elles ne cessent de s'envoyer des lettres d'affection enflammées, s'appelant mutuellement "très chère soeur", et par derrière elles préparent des magouilles et des attaques qu'elles s'empressent par la suite de démentir ("KEWA! Mais non, c'est pas moi!"). La raison de leur bagarre: le trône d'Angleterre. En effet, la position d'Elisabeth, même si elle est globalement reconnue, est malgré tout en instable: son père, en reniant Anne Boleyn, l'avait déshéritée du trône.  Par exemple: Marie arbore fièrement, lorsqu'elle est en France, les armoiries de l'Angleterre sur son blason. Une façon subtile comme un troupeau de vikings enfonçant une porte de faire comprendre à "sa chère soeur" qu'elle trouve sa position limite. Mais quand Elisabeth s'en offusque, Marie rejette la faute sur son mari défunt (sympa!). 
Cette relation en dents de scie durera toute la vie de Marie, et la jettera même dans les affres de l'emprisonnement. 



La passion amoureuse:
Autre thème important, l'amour. Marie est mariée une première fois, assez jeune, au tout aussi jeune prince François (qui deviendra ensuite François II): dans ce mariage politique, les deux époux ont du respect l'un pour l'autre, s'apprécient, mais on est loin de la passion. 
La passion amoureuse, Marie la connaîtra deux fois, mais de façons différentes. D'abord, elle tombe sous le charme de Darnley, un jeune homme qui lui rappelle la France et ses bonnes manières dans une région d'hommes bourrus et bourrés (désolée, je n'ai pas pu résister). 

Darnley et Marie Stuart. Soit Darnley avait de grosses cuisses, soit la mode de l'époque était originale!

Qu'à cela ne tienne, ils se marient et Marie tombe vite enceinte. Problème: la passion n'est déjà plus au rendez-vous... Et oui, Marie se lasse vite, d'autant plus que Darnley lui fait un sale coup en faisant assassiner l'un de ses meilleurs amis, Riccio, sous ses yeux. Elle s'éprend donc d'un autre homme, Bothwell, plus âgé qu'elle, qui ne l'aime pas tant que ça, mais qui est prêt à tout pour la couronne. Et Marie est prête à tout pour l'amour de Bothwell: assassinat de Darnley, faux enlèvement, faux procès (on dirait les sujets des émissions de Direct 8), rien n'arrête les deux amants... 

L'emprisonnement: 
Pour finir, je ne pouvais pas oublier le thème de l'emprisonnement, puisque Marie Stuart a passé presque la moitié de sa vie en condition de prisonnière. Lorsqu'elle sent que le vent tourne pour elle en Ecosse après la mort de Darnley, tué par Bothwell, elle s'exile en Angleterre. Mauvaise idée. Pire idée de l'univers et de tous les temps. Pourquoi? Parce qu'enfin Elisabeth et son gouvernement peuvent mettre la main sur elle et la mettre hors d'état de nuire. Pendant presque 20 ans, elle doit vivre en recluse dans divers châteaux, et elle voit ses privilèges diminuer d'années en années, pendant que dans son dos se trame un curieux jeu pour la piéger... 

Mon avis sur ce livre:
Lorsque je cherchais une nouvelle biographie à lire, on m'a beaucoup conseillé celle sur Marie Stuart. Personnellement, je suis captivée par l'Histoire de la Grande-Bretagne, mais j'ai quand même de grosses lacunes en ce qui concerne l'Ecosse. De plus, ce personnage m'intrigue depuis longtemps, j'ai donc sauté le pas.

Je trouve qu'il est assez difficile de juger une biographie, étant donné que l'auteur n'invente rien (du moins, il n'est pas censé inventer quoi que ce soit) et qu'il doit faire avant tout un travail d'Historien. Néanmoins, je ne suis encore pas déçue de ma lecture. Ce que j'apprécie avec Stefan Zweig (et ce qu'il a fait aussi avec Marie-Antoinette), c'est qu'il ne cherche ni à accabler ni à l'excuser. Marie Stuart est en effet considéré par certains comme une victime du pouvoir d'Elisabeth qui veut asservir l'Ecosse, comme une victime catholique écrasée par le protestantisme; ou comme une criminelle prête à tout. Stefan Zweig ne tombe pas dans ces clichés: il cherche au contraire à être le plus juste possible, ce que j'ai particulièrement apprécié: il s'appuie sur de nombreux documents (lettres, poèmes écrits par la Reine, documents officieux et officiels...), et donne une foule de détails pour étayer ce qu'il raconte. J'ai appris énormément de choses en lisant cette biographie, ce que j'ai plus qu'apprécié. 

Autre point fort: le style de Stefan Zweig. Il sait raconter l'Histoire (oui, ce privilège n'est pas réservé à Stéphane Bern), et on ne s'ennuie pas: il questionne le lecteur, sait mettre en scène ce qu'il raconte, tant et si bien qu'on finit par avoir l'impression non pas de lire un livre, mais d'être en plein coeur d'une conférence avec lui. J'ai été captivée du début à la fin, sans m'ennuyer, et j'ai lu le livre quasiment d'une traite! Je me suis tout simplement régalée. 

Je n'ai rien de négatif à relever sur ce livre: je pense qu'il plaira aux passionnés d'Histoire, bien sûr, et il m'a donné envie d'en lire d'autres, que ce soit de Stefan Zweig ou d'autres auteurs (j'ai une biographie de Sissi dans ma PAL...), et surtout de me tourner cette fois vers un roman de Stefan Zweig pour découvrir ce qu'il a fait. 

En bref, je conseille vivement cette belle biographie, qui m'a fait passé un excellent moment! On se retrouve très vite avec un premier article spécial cinéma, puisque j'ai décidé de me lancer dans un petit Challenge Septième Art! Prenez-soin de vous, et à très vite!

AnGee Ersatz*

mardi 27 août 2013

Challenge Rougon-Macquart #15: La Terre, de Zola.




Bonjour à vous, les Livroscopiens!

J'espère que vous êtes en forme aujourd'hui! On se retrouve pour un nouvel article, une nouvelle fois dans le cadre du Challenge Rougon-Macquart (oui, j'essaie de m'avancer au maximum pour le finir en Décembre). Après l'Oeuvre et son univers artistique la semaine dernière, je vous propose de découvrir le quinzième tome de la saga, baptisé la Terre, et qui nous entraîne dans un tout autre monde, celui de la campagne et des paysans. N'oubliez pas, pour ceux que ça intéresse, que j'ai lancé un Challenge illimité autour de la saga pour ceux qui souhaitent la découvrir! Je vous souhaite une bonne lecture!


Pour vous aider:
Une nouvelle fois (et oui, encore ^^), pas besoin d'arbre généalogique! Zola ne s'intéresse qu'à un seul membre de la famille, dans la branche Macquart, à savoir Jean Macquart, le frère de Gervaise. Il est d'ailleurs assez peu présent dans le roman.

La Terre:

Résumé:
Nous voilà dans la Beauce, en pleine campagne. Jean Macquart rencontre la jeune Françoise, une adolescente, dont la soeur, Lise, est enceinte et espère se marier. Mais le père de son enfant, Buteau, fait traîner les choses en longueur, que ce soit avec Lise ou avec sa famille: en effet, son père, Fouan, a décidé de partager ses biens de son vivant entre ses enfants, mais le partage ne convient pas à Buteau. Jean devient donc ami avec Lise et Françoise, auxquelles il rend quelques services. Il tombe vite sous le charme de la jeune Françoise, et lorsque Lise se marie enfin avec Buteau, il est bien décidé à épouser le jeune femme (malgré leur écart d'âge). Mais Buteau, fortement attiré par sa belle-soeur, est loin d'être d'accord...

Quelques grands thèmes:
La Terre est un roman assez éloigné du reste de la saga, de par son sujet et son environnement. Je vous propose donc de découvrir quelques-uns des thèmes majeurs du livre.

La campagne:
Pour la première fois depuis le début de la saga, Zola nous entraîne à la campagne. Certes, on la découvrait déjà un peu dans la Faute de l'Abbé Mouret, mais elle disparaissait vite au profit du Paradou. Dans la Terre, la campagne est clairement au centre, et l'auteur nous propose de découvrir cet univers: les personnages sont donc, en grande partie, des paysans, on les voit cultiver la terre, et le roman s'ouvre sur Jean en train de semer. Ils sont grandement occupés par leur travail, même si ils ont toujours du temps pour parler politique (on a droit à quelques disputes de comptoir à ce sujet, autour de l'empereur, de la République...).
La campagne, c'est aussi l'entraide: Jean, par exemple, prête souvent main forte à Lise et Françoise lorsqu'elles en ont besoin. Mais on constate vite que ce qui prime, c'est surtout la jalousie.

La jalousie: 
Et oui, la jalousie est au coeur du roman, et sous deux formes: tout d'abord, la jalousie terrestre. On comprend très vite que les personnages ont une vraie passion de la terre: ils la veulent, elle est comme un membre à part entière de leur famille, et passe même avant elle (la grêle qui menace leurs cultures les détourne de toute autre activité). La religion passe après, la maladie, la vieillesse aussi. Dès les premières pages, on ressent l'attrait de la terre sur les personnages: on peut voir la famille Fouan se déchirer chez le notaire, et encore après pendant plusieurs semaines et même années autour du découpage du terrain. Cette même jalousie est l'un des moteurs des actes de Buteau à la fin du roman.

La jalousie amoureuse est elle aussi très présente dans la Terre, autour du personnage de Françoise: elle attise, sans le vouloir, les convoitises. Jean tombe amoureux d'elle, et Buteau, même si il est marié à sa soeur, rêve de "la posséder". Et il est prêt à tout pour ça. Cette jalousie est surtout montrée au niveau sexuelle: Buteau ne comprend pas pourquoi Françoise se refuse à lui et non pas à Jean. Une incompréhension qui le pousse à recourir à la force. 


Mon avis sur ce livre:
Je l'avais dit dans l'article précédent, j'avais vraiment hâte d'attaquer cette dernière partie de la saga, ne la connaissant absolument pas. J'étais curieuse de découvrir la Terre, son intrigue, ses thèmes, et surtout de me remettre un peu de mes émotions après la lecture de l'Oeuvre. Mais je vous préviens tout de suite,  la Terre est loin d'être mon roman préféré de la saga, et je suis même plutôt déçue.

Commençons par le thème central, la campagne. A la base, j'aime plutôt bien ce thème, et j'avais très envie de voir ce que Zola allait en faire. Je suis une grande fan de la campagne de Pagnol par exemple, que l'on trouve dans Jean de Florette ou Manon des Sources. Et j'ai apprécié certaines choses: la dureté du travail, la passion de la terre, le côté un peu buté des paysans... Mais Zola a aussi énormément accentué l'aspect "sexuel" de la campagne, et ça m'a gênée. Il y a des moments, j'ai trouvé ça assez drôle, par exemple lorsque le curé en peut plus de faire des processions avec des jeunes filles en robe blanche de vierge alors qu'elles sont enceintes. Mais globalement, on a vite l'impression que pour Zola, les paysans passent leur temps à se grimper dessus dès qu'ils ont cinq minutes. Et attention: ce qui me dérange, ce n'est pas que ce soit du sexe, ni l'image renvoyée (il n'épargne pas non plus la ville côté moeurs dans Pot-Bouille ou la Curée). Le problème, c'est que ça devient vite lassant, répétitif (oui, au bout de cinquante pages, on a bien compris que Buteau a envie de Françoise). Du coup, je trouve que l'intrigue en prend en coup: je me suis beaucoup ennuyée entre deux passages intéressants, et j'ai trouvé que l'histoire prenait son envol que trop tard.



En ce qui concerne les personnages, là aussi, j'ai eu du mal. J'ai détesté Lise et Buteau, ces personnages-là sont très réussis: on s'enflamme devant leurs actes, la montée de leurs violences, bref, ils ne nous laissent pas insensibles. Mais à l'inverse, je n'ai pas apprécié plus que ça Jean et Françoise. Forcément, je les ai soutenus, en opposition à leurs détracteurs, mais si Buteau et Lise n'étaient pas là, je les aurais trouvés beaucoup plus fades. Je trouve que Zola a tout misé sur son couple démoniaque!

Néanmoins, il y a quand même des points que j'ai aimé: le dénouement est vraiment terrible, j'en avais presque la nausée devant la cruauté des personnages. J'ai lu sur plusieurs sites que Zola avait voulu mettre en avant le côté bestial de Lise et Buteau, et j'ai trouvé ça particulièrement réussi. Je pense que la grande force de ce roman et ce qui m'a tenue accrochée, c'est ce couple.

En bref, je suis assez déçue par la Terre, qui ne m'a pas captivée plus que ça. Je pense cependant qu'il plaira à certains lecteurs, surtout si vous aimez les personnages forts, et si la cruauté ne vous fait pas peur; par contre, je le déconseille aux lecteurs les plus jeunes et à ceux qui n'ont encore jamais lu de Zola.

On se retrouve très vite pour un nouvel article, qui combinera une Lecture Commune et un Challenge! Le prochain numéro du Rougon-Macquart, ce sera en Septembre avec le Rêve! N'hésitez pas à me laisser votre avis en attendant, et prenez soin de vous :)

AnGee Ersatz*

vendredi 23 août 2013

Les Rougon-Macquart #14: L'Oeuvre, d'Emile Zola.



Bonjour à tous et à toutes!

Je suis ravie de vous retrouver pour un nouveau numéro de notre rendez-vous mensuel consacré à la grande saga des Rougon-Macquart, d'Emile Zola. Aujourd'hui, après l'ambiance ouvrière et dure de Germinal, je vous propose de découvrir le quatorzième roman de la saga, baptisé l'Oeuvre, et qui va nous entraîner dans un tout autre univers: celui de l'art! Comme vous allez pouvoir le constater, l'Oeuvre est un roman très différent de ceux que j'ai lu jusqu'à présent... Bonne lecture à vous :)


Pour vous aider:
Cette fois encore (j'ai l'impression de me répéter tous les mois ^^), pas besoin d'arbre généalogique! En effet, Zola nous propose de découvrir un seul membre de la famille, à savoir Claude Lantier. Lantier est un nom que nous commençons à connaître sur ce blog! Et pour cause: Claude est le frère d'Etienne, le héros de Germinal, et le fils de Gervaise, dont l'histoire tragique est racontée par Zola dans le roman l'Assommoir. L'auteur s'attarde vraiment sur cette partie de la famille!

L'Oeuvre:



Résumé:
Nous voilà à Paris, où nous découvrons Claude Lantier, un peintre qui espère se faire remarquer par son originalité, et révolutionner la peinture. Il est entouré de ses amis d'enfance, Pierre Sandoz, un journaliste qui veut percer, et Dubuche. Ensemble, ils cherchent à faire de leurs rêves une réalité.
Un soir, Claude recueille la jeune Christine, une provinciale qui arrive à Paris et tombe chez lui par hasard. Entre eux nait une belle amitié lorsqu'elle commence à poser pour le peintre en pleine préparation d'un tableau qu'il espère faire accepter au Salon, sans succès. Il y gagne quand même l'amour de Christine, avec laquelle il quitte Paris, sans perdre l'idée d'arriver à peindre son chef d'oeuvre...









L'art au centre du roman:
Jusqu'à présent, Zola a abordé un grand nombre de thèmes dans sa saga, comme l'argent, l'amour, le commerce, la bourgeoisie... Dans l'Oeuvre, il nous propose évidemment de découvrir le monde de l'art. Penchons nous sur l'image qu'il en donne!

Les peintres avant-gardistes:
Zola, à l'époque où il écrit le livre, assiste comme tout le monde à la montée de nouveaux genres artistiques, de nouveaux styles qui entrent en confrontation directe avec ce qui était jusqu'alors considéré comme beau, acceptable. Cézanne, son ami (j'en parlerai plus loin), était l'un de ses peintres avant-gardistes, héritiers de Courbet et de Delacroix (deux noms fréquemment cités dans le roman).

Allez, aujourd'hui, je vous balance du Cézanne!

Dans l'Oeuvre, nous pouvons donc suivre Claude, mais aussi d'autres artistes qui veulent mettre leurs différences en avant. Nous les voyons donc discuter de leurs oeuvres, de leurs idées artistiques, mais on assiste surtout à leurs difficultés à se faire accepter par les autres artistes et en particulier par le Salon. Zola s'inspire de la réalité, avec ses descriptions du Salon, et surtout l'évocation du Salon des Refusés, qui rassemble les oeuvres des artistes rejetés par le Salon.
L'auteur insiste particulièrement sur l'incompréhension mutuelle: celle de Claude, qui a beau tenter tout ce qu'il peut pour faire une grande oeuvre mais qui ne trouve jamais grâce aux yeux des "experts"; et celle du jury du Salon qui ne comprend pas ce que les artistes ont cherché à faire avec leurs oeuvres parfois dérangeantes.

Le jeu cruel du Salon:
Parlons-en du Salon! Claude le voit, comme les autres artistes, comme le lieu d'exposition par excellence. Cette idée ne le quittera jamais, il s'obstine à vouloir se faire exposer par le Salon, à être choisi par le jury, tout en affrontant année après année l'amère déception d'être recalé.

Zola nous propose de découvrir les dessous du Salon dans une scène assez drôle au final (même si en la regardant par rapport au reste du livre, on se sent un peu mal ^^), où les différents membres du jury s'arrachent les cheveux, et se comportent comme des gamins devant les tableaux. On comprend vite que leur jugement est biaisé, chacun ayant une bonne raison de faire accepter tel ou tel tableau (le beau-frère, le fils du copain d'un patron de truc...), ou préférant garder un tableau raté d'un peintre connu plutôt que de prendre le risque de choisir un nouveau venu avec du talent!

L'Oeuvre, Germinal, l'Assommoir:
Comme je vous l'ai dit plus haut, la famille proche de Claude a déjà eu droit à plusieurs romans. Je me suis dit qu'il serait intéressant de comparer Germinal (Etienne), l'Oeuvre (Claude) et l'Assommoir (Gervaise), parce que même si ses livres sont à priori très différents les uns des autres, par leurs sujets (le monde ouvrier, l'art et l'alcool), Zola a comme toile de fond le thème de l'hérédité.

Et effectivement, l'hérédité on la retrouve dans ces trois romans. Tout d'abord par de simples allusions à leur famille: que ce soit dans Germinal ou dans l'Oeuvre, Etienne et Claude pensent au moins une fois à leur mère qu'ils aiment beaucoup et qu'ils semblent voir davantage comme une victime qu'autre chose.



Par la suite, on constate que leur attitude, leur comportement sont assez similaires malgré leurs vies éloignées et là encore différentes: en effet, les trois personnages sont des révoltés, des gens qui veulent se battre. Dans l'Assommoir, Gervaise se bat après le départ de Lantier pour nourrir ses enfants, plutôt que de se laisser à l'abattement. Etienne soulève toute la mine pour lutter contre les difficiles conditions de vie de ses collègues. Et Claude se bat contre le Salon et les dictats de l'art. Chacun a ses armes, son combat, mais tous les trois sont des combattants. Ils connaissent également une fin assez similaire, que je ne vais bien sûr pas vous spoiler, mais j'ai été assez surprise de voir comment se terminait leur combat.

Un roman (presque) autobiographique!
Plus haut, j'ai mentionné le nom de Cézanne, et ce n'était pas par hasard!
Si Zola a su être aussi convaincant et précis dans son roman, si son personnage de peintre est aussi réussi, c'est parce qu'il en connaissait un: Cézanne. Les deux hommes sont en effet des amis d'enfance; avec un troisième compère (que Zola évoque par le personnage de Dubuche), ils ont passé leurs plus jeunes années à faire des rêves de gloire qu'ils cherchèrent à réaliser plus tard en montant à Paris.

Zola, par Cézanne.

Si les deux ont réussi à se faire connaître, le caractère assez colérique de Cézanne a beaucoup fatigué Zola. Il faut le savoir, Cézanne n'était jamais satisfait de ce qu'il faisait, et avait tendance à déchirer ses toiles: Zola a tenté de soutenir son ami, mais rien ne pouvait l'empêcher de se mettre dans des colères noires.
Les deux camarades ont rompu tout lien avec la parution de l'Oeuvre, en 1886: dans ce roman, Zola reprend énormément d'éléments autobiographiques, comme son amitié avec Cézanne, des souvenirs d'enfance, ses moments de doute et de colère... Le peintre se reconnait dans le personnage de Claude, et est très vexé de la façon dont son ami parle de lui, et met fin à leur amitié.
Néanmoins ils resteront très attachés l'un à l'autre, sans toutefois pouvoir se réconcilier: à la mort de Zola en 1902, Cézanne sera très ému de cette perte.

Mon avis sur ce roman:
Après avoir terminé Germinal le mois dernier, j'étais impatiente de découvrir la suite de la saga car, à l'exception du Docteur Pascal (le vingtième et dernier roman), je n'ai encore lu aucun des titres qui me restent à lire. L'Oeuvre m'intriguait fortement, en raison de son sujet, l'art, et de son influence autobiographique. Au final, j'ai un avis assez partagé sur ce roman.

Il y a énormément de choses que j'adore dans l'Oeuvre: le thème, déjà, me parle particulièrement. J'ai toujours beaucoup aimé l'art, même si je ne suis pas une experte dans ce domaine, loin de là! J'ai été passionnée par les scènes où Christine pose, où l'on rencontre d'autres artistes, les discussions... Bref, un gros point fort pour moi! La critique du Salon est ce que j'ai préféré.

Madame Cézanne.
Ensuite les personnages ont su me séduire: ils sont intéressants, touchants, et le couple Christine/Claude me plait énormément. Christine en particulier, par son soutien à son compagnon, son caractère, est un personnage que j'ai apprécié: je ne sais pas si Zola s'est inspiré de la vraie madame Cézanne pour son héroïne, il faudra que je me renseigne!

L'intrigue aussi est passionnante, on suit les péripéties de Claude, on vogue au gré de ses moments de grâce et ses crises existentielles, ses moments de doute intense où il ne sait plus quel est son but, ce qu'il veut faire. Je me suis sentie proche du personnage et j'ai donc suivi avec intérêt son histoire, m'énervant avec lui, m'étonnant devant ses prouesses... Je ne me suis pas ennuyée!

Mais quel est le problème alors? me direz-vous. Et bien la fin. Je me suis juste énervée en lisant la fin. Pourtant, maintenant, je connais un peu Zola, je sais qu'il aime les fins un peu dramatiques ou surprenantes, c'est l'une de ses marques de fabrique. Je ne vais pas vous dire ce qu'il se passe, mais quand je suis arrivée aux dernières pages, j'ai failli lancer le livre par ma fenêtre, j'avais envie de pleurer, bref, j'étais juste dégoutée. Je pense que c'est parce que je me suis vraiment attachée aux personnages, ce qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps, et que du coup j'ai eu du mal à digérer les derniers événements de l'intrigue.


Je suis néanmoins persuadée que l'Oeuvre est un bon roman de Zola, et je le conseille donc fortement! Quand mes émotions se seront un peu apaisées, je saurai si je l'aime définitivement ou non, je vous tiendrai au courant! On se retrouve très vite pour le quinzième numéro de la saga, la Terre, que je vais vous présenter d'ici quelques jours! En attendant n'hésitez pas à me laisser votre avis sur le livre ou vos suggestions de lecture! A très vite, 

AnGee Ersatz*

mardi 20 août 2013

Challenge Pretty Little Liars #4: Unbelievable de Sara Shepard.



Bonjour à tous et à toutes!

Le soleil brille, la rentrée approche, et le Livroscope est toujours au rendez-vous avec, aujourd'hui, un nouveau numéro de mon Challenge personnel sur la saga Pretty Little Liars, qui a inspiré la série du même nom, série qui connait un grand succès (la saison 4 réalise de belles audiences, et le cast a été récompensé plusieurs fois à la cérémonie des Teen Choice Awards il y a quelques semaines). Après le roman Perfect, nous allons nous attaquer au quatrième tome, baptisé Unbelievable (Révélations en français). On s'installe confortablement dans son hamac, on prend une petite boisson... Et bonne lecture!


Unbelievable:
Ce qu'il s'est passé au tome précédent:

Commençons par un petit récapitulatif des événements de Perfect.
L'homosexualité d'Emily est un vrai problème pour sa famille qui ne l'accepte pas. Réalisant qu'elle ne changera pas, et qu'elle est toujours attirée par Maya, sa mère prend une décision radicale et décide de l'envoyer chez son oncle et sa tante dans l'Iowa.
La mère d'Aria ne lui pardonne pas d'avoir caché l'adultère de son père et la met dehors. Elle se retrouve à la rue, et Sean rompt avec elle lorsqu'il découvre sa relation avec Ezra grâce à l'intervention de A.
Pour Spencer, tout vire au cauchemar: elle est persuadée d'avoir tué Alison, et A finit par dévoiler à Melissa que sa petite soeur a plagié son devoir...
Hanna noue une solide amitié avec Lucas, qui se transforme vite en relation amoureuse. Son amitié avec Mona, par contre, vire au cauchemar lorsque celle-ci décide de lui pourrir la vie. Mais alors qu'Hanna découvre l'identité de A, elle se fait renverser par une voiture...





Résumé:

Le roman commence, comme souvent, par un flashback, où nous découvrons nos quatre héroïnes, en compagnie de leur amie Alison, en pleine préparation de la soirée qui va être fatale à cette dernière. 
Nous revoilà dans le présent où Hanna est à l'hôpital suite à son accident.
Dans le coma elle a plusieurs fois des hallucinations où elle voit Alison lui parler. Lorsqu'elle se réveille, elle a perdu la mémoire et ne se rappelle plus de sa relation avec Lucas. Elle ne se s'étonne pas de retrouver Mona à ses côtés malgré toutes les crasses que celle-ci lui a fait. Mais le vrai problème c'est qu'elle a oublié l'identité de A.
Mise dehors par sa mère et par Sean, Aria fait face au départ d'Ezra et se résout à aller vivre avec son père et Meredith. Elle décide pour se changer les idées de prendre des cours à Hollis où elle va rencontrer Jenna, l'occasion pour elle dans savoir plus sur sa relation avec Alison.
Spencer, quant à elle, essaie de renouer des liens avec sa sœur Melissa mais la suspecte de plus en plus d'avoir tué Alison en raison de la relation amoureuse de celle-ci avec Ian, le petit ami de Melissa à l'époque. Elle se rapproche aussi de Mona pendant la convalescence d'Hanna lorsqu'elles décident de lui organiser une petite fête.
Le séjour d'Emily dans l'Iowa est une catastrophe: elle décide de fuguer, avant de retourner chez elle, où ses parents décident d'accepter tant bien que mal son homosexualité. Sa relation avec Maya est néanmoins compromise par sa rencontre avec Trista.
Mais la grande révélation de ce tome, c'est l'identité de A que nous connaîtront à la fin du roman...

Le lien avec la série:
Vous le savez si vous suivez ce blog et ce Challenge, j'aime beaucoup comparer la série et les livres. 
Cette fois, j'ai trouvé que la série s'éloignait davantage des livres, avec de grosses différences. Je ne vais pas toutes les citer (parce qu'on y est encore demain!), mais en voilà quelques unes:

-le départ d'Emily: dans la série, Maya et Emily sont séparées lorsque Maya est envoyée dans un camp de jeunes. Dans le roman, c'est Emily qui est envoyée dans sa famille, dans l'Iowa, une famille plutôt psychorigide, extrêmement croyante, tandis que Maya reste à Rosewood. 
-le départ d'Ezra: le couple Ezria connait beaucoup de hauts et de bas dans la série, comme dans les romans, même si c'est différent! Dans les romans, Ezra est arrêté par la police et décide donc de quitter Rosewood, au grand dam d'Aria...
-Le couple Meredith/Byron: Byron est le père d'Aria. Il a trompé sa femme avec une de ses étudiantes, Meredith, et les conséquences pour le couple sont dévastatrices. Dans Unbelievable, Byron reste avec Meredith, une Meredith assez différente de la série là aussi.



Bien entendu, la série reste quand même proche des romans: le comportement de Mona, les soupçons de Spencer envers Melissa, l'amnésie d'Hanna, et le dénouement final sont les mêmes!

Le cas "A":
Après avoir vu la série, je me suis renseignée sur les romans avant de les commencer. Plusieurs fois j'ai vu des avis des lecteurs qui soulignaient les grandes différences entre les deux versions de l'histoire. Effectivement il y a de nombreuses différences, mais celle que j'attendais le plus de découvrir c'était celle qui concernait l'identité du premier A. J'ai en effet beaucoup vu d'avis qui disaient que l'identité de A dans les romans n'était pas la même que dans la série.



Je vous rassure, pour ceux qui n'ont pas lu les livres ou non pas encore vu la saison deux, je ne vais pas vous spoiler cette découverte, néanmoins je suis surprise puisque l'identité de A est en fait la même dans les deux versions. Les conditions de sa découverte sont d'ailleurs grosso modo les mêmes, même si la fin est légèrement différente entre le roman et la série. 

La fin du premier cycle:
Avec ce quatrième roman Sarah Shepard achève le premier cycle de sa saga. Les quatre premiers romans correspondent deux premières saisons de la série, se terminant elle aussi à la découverte du premier A. Je suis curieuse de découvrir si le second cycle de la saga correspondra aussi à la suite de la série même si j'ai déjà des échos selon lesquels les différences s'accentuent énormément par la suite.

Mon avis sur ce livre:
Voilà un quatrième tome que j'avais hâte de découvrir: je savais que nous allions trouver la réponse à nos questions, et surtout connaître l'identité de A. Ayant énormément aimé le dénouement de la saison 2, j'étais curieuse de voir comment était celui de la version "papier" de Sara Shepard.

Et j'ai passé un bon moment avec Unbelievable: je sais que certains sont assez surpris, même déçus en découvrant les différences avec la série, qui sont particulièrement présentes dans ce tome, mais dans mon cas, j'ai justement apprécié ces "changements". Par exemple, toute la partie où Emily est dans l'Iowa: techniquement, il était plus simple de faire partir Maya dans la série et de laisser Emily à Rosewood. Mais j'ai beaucoup aimé cette partie différente, qui montre à quel point Emily se sent incomprise et souffre de cette incompréhension: sa famille est particulièrement angoissante et flippante, et je me suis sentie plus proche de ce personnage!

J'ai donc bien aimé l'intrigue de ce roman, il se passe beaucoup de choses et on ne s'ennuie pas! J'ai aimé suivre Emily, Hanna et Spencer; par contre, Aria est plus effacée et un peu plus énervante (c'est bizarre, j'adore ce personnage à la base, mais là, non, pas possible! ^^). J'ai trouvé la fin plutôt palpitante, et je me demande vraiment ce qu'il va se passer après.

En bref, je crois que ce tome est celui que je préfère pour l'instant, je n'ai pas de gros points négatifs à relever car j'ai passé un bon moment avec ce livre, même si bien sûr ce n'est pas de la grande littérature :)

Pour conclure je suis toujours aussi contente d'avoir commencé la lecture de cette saga qui me fait beaucoup de bien entre deux gros pavés et les classiques comme les Rougon-Macquart. Je suis impatiente de découvrir le deuxième cycle, mais en attendant je vais déjà lire un livre hors-série baptisé Pretty Little Secrets qui met en scène le personnage d'Alison et qui sert de charnière entre le premier et le deuxième cycle. On se retrouve très vite pour de nouveaux articles! En attendant n'hésitez pas à me laisser vos avis où vos suggestions de lecture, c'est toujours un plaisir pour moi de lire vos commentaires! Prenez soin de vous!

AnGee Ersatz*

dimanche 18 août 2013

Nord et Sud, Elizabeth Gaskell


Bonjour tout le monde !

C’est dimanche, et comme chaque dimanche…

Euh, en fait non.

Bon, je pense que vous l’aurez compris, ce n’est pas Angee qui vous parle, actuellement, chers lecteurs du Livroscope. Pas d’affolement cependant, je suis là en toute légalité : Angee m’a donnée carte blanche pour occuper un article de son blog.

Qui suis-je ? Mon prénom est Clélia, mais on m’appelle aussi Brody, sûrement à cause de ma chaîne Youtube, consacrée à la lecture, intitulée Brody Books. Accessoirement, je suis la correspondante et amie d’Angee, ce qui est une très grande fierté pour moi.

Bref, si je suis là, ce n’est pas pour vous dévoiler le plan diabolique visant à faire d’Angee et moi-même les représentantes du Grand Gnougnou sur terre, mais plutôt pour vous parler de lectures (eh oui, cachez votre déception).

Avec Angee, nous avons décidé de nous lancer dans la lecture d’un roman bien connu sur la blogosphère (et sur les autres sphères aussi d’ailleurs) : Nord et Sud, d’Elizabeth Gaskell.

Ne vous fiez pas à son air innocent, ce bouquin fait plus de 600 pages


Pour faire court, Elizabeth Gaskell est une romancière britannique du XIXe siècle, auteur notamment de Cranford et Wives and Daughters. Fille d’un pasteur, Elizabeth Gaskell est également orpheline de mère : ces éléments, d’apparence anecdotiques, sont en réalité importants à la lecture de Nord et Sud.

Nord et Sud, le roman qui nous intéresse ici, a été publié en 1855.  Je vous propose un petit résumé concocté par notre ami Wikipedia : "L’héroïne est Margaret Hale, fille d’un pasteur du Sud rural qui quitte l’Eglise d’Angleterre pour des raisons de conscience et emmène sa femme et sa fille dans la ville industrielle de Milton (dans le Nord) où on lui propose un travail de professeur privé. Belle, intelligente et cultivée, mais aussi fière et réservée, Margaret découvre avec horreur l'univers âpre et brutal de la révolution industrielle où patrons et ouvriers s'affrontent dans les premières grèves organisées."

Autant vous dire que ce livre m’a énormément surprise. A la lecture de son résumé, je m’attendais à un roman où la question industrielle, la grève, la lutte, seraient omniprésentes. J’imaginais que l’intrigue tournerait essentiellement autour de cela, un peu à l’image de Germinal, d’Emile Zola, qui est un de mes romans préférés.

Du coup, je dois bien l’avouer, j’ai été déçue. J’irais même jusque dire avoir légèrement souffert à la lecture de la première partie du roman. Il faut le savoir, Nord et Sud est un gros pavé, qui est assez long à lire. J’ai trouvé les 200 premières pages très lentes, avec peu d’événements, et le personnage de Margaret assez agaçante en raison de son caractère trop « gentil ». Il n’y a quasiment aucune ellipse, ce qui donne un rythme particulier au roman. Moi qui m’attendais à être plongée dans les grèves et autres mouvements ouvriers, j’étais un peu perplexe.

Heureusement, les choses commencent à bouger en deuxième partie de roman. Enfin, la grève promise par le résumé éclate. Mais là encore, j’ai été extrêmement surprise de voir que celle-ci n’occupe finalement que quelques chapitres. Je pense avoir fait une terrible erreur en lisant la quatrième de couverture de Nord et Sud, je m’attendais à des choses différentes et ai fatalement été déçue.

La deuxième moitié du roman m’a bien plus tenue en haleine que la première.  Le personnage de Margaret s’affirme peu à peu, ce qui est assez plaisant. Elle se révèle forte là où on l’aurait pensé faible en début de roman. Cette évolution du personnage est plutôt bien menée, je suis passée de l’agacement à l’admiration, en passant par la compassion.

La question sociale et de la lutte entre patrons et ouvriers est en arrière-plan. Bien que j’aurais adoré que Elizabeth Gaskell soit allée encore plus loin, j’ai beaucoup apprécié certains dialogues entre les personnages. Le point de vue des patrons et celui des ouvriers sont exposés, de même que les différentes opinions au sein même de ces « classes ». C’est en fin de roman que l’avis personnel de l’auteur sur la question est dévoilé, de manière concise et délicate.

Des USINES ! Ahah !


Comme son nom l'indique, je pense que vous aurez compris que Nord et Sud se veut également le roman illustrant le contraste entre le Sud et le Nord de l'Angleterre du XIXe siècle. Au nord ouvrier, parfois rustre et austère, s'oppose un sud plus paysan et oisif. On peut en débattre, mais je trouve personnellement que l'auteur a pris soin de ne pas faire pencher la balance en faveur de l'un ou de l'autre, montrant les beautés et cruautés de chacun. 

Nord et Sud est également une histoire d’amour, qui m’a fortement fait penser à un roman de Jane Austen. La relation entre les deux personnages n’est pas s’en rappeler celle de Darcy et Elizabeth Bennet (Orgueil et Préjugés), aussi bien en raison de leurs caractères, mais aussi du pouvoir fort des préjugés et des malentendus. Je pense que les adeptes de Jane Austen devraient apprécier Nord et Sud.

L’écriture d’Elizabeth Gaskell est une merveille, très fine, précise et limpide. Une certaine ironie rappelle une fois de plus l’écriture de Jane Austen. Certains dialogues sont franchement drôles, notamment par les répliques de quelques personnages. Une touche d’humour qui vient donner du piment à une histoire finalement assez sombre.

On sent que l’auteur a souhaité dresser un portrait psychologique très recherché de ses personnages, elle ne fait pas l’économie de détails, et les états d’âme sont décrits avec minutie. En conséquence, les personnages du roman sont très aboutis, à tel point que l’on peut s’attacher à certains d’entre eux, au risque d’être légèrement attristé de les quitter.

Voici à quoi ressemblait Elizabeth Gaskell avant son mariage. Passionnant, n'est-ce-pas ?


Difficile de parler de la fin du livre sans spoiler, et pourtant je dois en faire mention, puisque je l’ai trouvée particulièrement réussie, et étrangement rapide. Alors que les éléments mettent un temps fou à se mettre en place, les cent dernières pages ont un rythme bien plus soutenu, les événements s’enchaînent. J’ai refermé le livre assez confuse de cette soudaine et imprévue accélération.

Pour conclure, je pense que Nord et Sud est un grand roman, très finement écrit et touchant du doigt des thématiques sociales passionnantes. Néanmoins, je dois avouer que la romance et la lenteur de la première partie du roman ne m’ont pas spécialement emballée, même si je reconnais qu’elles font parties intégrantes du roman et se justifient pleinement. Je n’ai aucun regret d’avoir lu Nord et Sud, ce roman m’a amenée à réfléchir à certaines thématiques assez marxistes, finalement. Le petit côté légèrement féministe du roman est également intéressant, bien que, je pense, sûrement un peu exagéré par les commentaires ici et là (je ne suis pas convaincue que le roman soit un avant goût des suffragettes, comme cela est indiqué dans la préface de mon édition).

L'adaptation du livre par la BBC, qui, paraît-il, est plutôt réussie 


Voilà, j’espère ne pas vous avoir trop endormi. Pour vous réveiller, je vous conseille d’aller voir cette petite vidéo d’Angee, qui a pris les commandes de ma chaîne Youtube. Je ne sais pas encore ce qu’elle a pensé du livre, je découvrirai cela en même temps que vous !

Je vous souhaite à tous une très belle journée, et vous dis à très bientôt !
Et avant de partir, je vous rappelle quand même la recette d’une super nana : du sucre, des épices, des tas de bonnes choses et bien sûr l’agent chimique X, que nous avons tous dans nos placards. 

Les Supers Nanas


Clélia 

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