vendredi 28 février 2014

Challenge Boris Vian #7: L'Automne à Pékin.




Bonjour à tous et à toutes !

Je suis ravie de vous retrouver sur le blog du Livroscope pour le tout dernier article du mois de Février ! Aujourd’hui, je vous propose de continuer notre découverte de l’un des auteurs français que je préfère, à savoir Boris Vian, grâce à une nouvelle lecture pour le Challenge consacré à cet énergumène, lancé par l’Oeil Qui Fume sur son blog. Mais avant tout, je tenais à vous remercier d’avoir été encore une fois si nombreux à visiter le blog ce mois-ci, votre enthousiasme me touche énormément, et j’espère que le mois de Mars vous plaira tout autant ! Bref, revenons-en à notre sujet du jour, à savoir l’Automne à Pékin de Boris Vian : bonne lecture à tous !

Pour découvrir Boris Vian...
Comme Boris Vian est (on peut le dire) un habitué du blog depuis plusieurs mois, je ne vais pas vous ennuyer en répétant l’histoire de sa vie. A la place, je vous propose de suivre le lien ci-dessous pour découvrir tous les articles consacrés à l’auteur J :



L'Automne à Pékin:
Résumé:
Dans ce roman, nous rencontrons plusieurs personnages qu'à priori rien ne relie les uns aux autres. Tout d'abord, Amadis Dudu, qui ne cesse de rater son bus, le 975, pour se rendre au travail. Ensuite, Angel, qui est amoureux de la petite copine de son ami Anne (contrairement à ce qu'on pourrait croire, Anne n'est pas une fille mais bien un garçon), Rochelle. Claude Léon, un employé soucieux de rendre service à son patron, ou encore Mangemanche, un médecin. Tout ces personnages se retrouvent par coïncidence en Exopotamie pour vivre des aventures absurdes et hors du commun!

L'absurde:
Parmi les thèmes importants de l'histoire, celui qui m'a le plus marqué, c'est celui de l'absurdité et du surprenant. Boris Vian est un auteur qui aime surprendre avec ses histoires et ses personnages, et l'Automne à Pékin en est un excellent exemple!

Penchons-nous d'abord quelques instants sur le titre: chez Boris Vian, les titres ne sont jamais anodins. Ils servent parfois de métaphores à l'histoire que l'auteur raconte, et prêtent aussi à des interprétations aussi diverses qu'insolites. Alors pourquoi avoir choisi comme titre pour son roman l'Automne à Pékin? Vous l'aurez peut-être remarqué dans le résumé, rien ne laisse penser que l'intrigue se passe en Automne ou à Pékin. Et pour cause: ça ne se passe ni en Automne, ni à Pékin... Typique de Boris Vian! En effet, dans le roman, comme vous pourrez le constater dans quelques lignes, l'histoire est basée sur l'absurdité des événements et sur la surprise, tel que Boris Vian sait si bien le faire: quoi de mieux, donc qu'un titre lui aussi absurde et improbable?

Revenons-en à l'histoire: elle n'est pas divisée en chapitres, comme dans la plupart des romans, mais en mouvements, en parties A, B, C... Elle commence par nous présenter un par un les personnages et surtout les raisons surprenantes et absurdes de leur départ pour l'Exopotamie. Amadis Dudu, par exemple, rate sans cesse son bus pour des raisons de plus en plus folles (il se fait notamment tirer dessus par des religieux armés de lances-hosties (et ceci n'est pas une blague), pour finir par en attraper un, mais conduit par un conducteur lui aussi fou qui ne s'arrêtera pas avant l'Exopotamie. Anne doit lui s'y rendre parce qu'il a écrasé un homme, et Charles parce qu'il choisit l'ermitage à la prison. Il y a aussi des chaises qui tombent malades, et Boris Vian ne cesse de nous surprendre avec des éléments un peu dingues: tous les personnages, par exemple, ont des noms relativement simples à retenir, et puis him! Au détour d'une page nous voilà face à Athanagore Porphryrogénète. Surprenant, non?



Dernier point que je tiens à souligner dans cette catégorie: la disparition du second degré. Boris Vian joue avec les mots et les expressions de la langue française: prenez une expression comme "jeter un oeil"; et bien chez Vian, le personnage jette VRAIMENT un oeil. Mon exemple préféré est tiré d'une conversation entre Atha (je vais pas encore écrire Athanagore. Oh. Wait...) et Amadis Dudu (par contre, je ne me lasse pas d'écrire Amadis Dudu). Grosso modo, ça donne:

Atha: "Je vous donne 28 ans."
Amadis: "Merci mais je ne sais pas quoi en faire."

Voilà. Tout est dit.


Mon avis sur ce livre:
Le mois dernier, lorsque j'ai présenté l'Arrache-Coeur, j'ai reçu un commentaire me parlant de l'Automne à Pékin: comme je possède l'intégrale de Boris Vian, je pensais le lire un jour, sans avoir spécialement prévu de le présenter pour le Challenge (je tire mes lectures au sort le moment venu). Mais ma curiosité a été aiguisée, et j'ai décidé de m'y mettre! 

Au final, je ne suis pas déçue d'avoir lu l'Automne à Pékin. Une nouvelle fois, Boris Vian a su m'embarquer dans son univers unique et prenant, où la logique est réinventée. Son humour et sa fraîcheur m'ont fait beaucoup de bien, et j'ai pris plaisir à lire ce roman. Certains passages sont vraiment savoureux en ce qui concerne les manipulations de la langue française, et il faut parfois les relire deux ou trois fois pour mieux les apprécier.

J'ai également aimé le fait de ne pas savoir où j'allais. Il est assez difficile avec ce genre de romans (et avec Boris Vian, plus simplement) de prédire à l'avance ce qui va se passer à la page suivante: l'imprévu est au rendez-vous, et c'est agréable de tout simplement se laisser porter d'un événement à l'autre, au gré des pages. Les personnages y sont pour beaucoup, avec leur caractère et leurs petites manies. Ils sont assez nombreux mais je suis parvenue assez rapidement à tous les identifier! 

Néanmoins je dois souligner le fait que plus j'avance dans mes lectures de Boris Vian, plus je commence à ressentir un sentiment de lassitude à certains moments. Il me reste encore trois livres à lire pour atteindre mon objectif de dix, et j'espère que ce sentiment ne va pas prendre trop d'ampleur!

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que l'article vous a plu, n'hésitez pas à me laisser vos commentaires, je me fais un plaisir d'y répondre. Merci encore à tous pour vos visites et mots pendant le mois de Février, et je vous dis à très vite pour une nouvelle chronique, qui sera consacrée au manga xxxHOLiC, par les CLAMP! En attendant, prenez soin de vous :)

AnGee Ersatz*


jeudi 27 février 2014

Challenge Johnny Depp #6: Sweeney Todd, The Demon Barber of Fleet Street, de Tim Burton.



Bonjour à tous et à toutes!

Aaah nous y voilà, Février touche à sa fin! Certains s'apprêtent à reprendre le chemin de l'école, tandis que d'autres (comme moi) commencent à penser à ce qu'ils vont faire de leurs jours de détente... Dans mon cas, les possibilités sont assez restreintes, car entre le blog et mes devoirs, j'ai de quoi être occupée! Mais cessons de bavarder, et penchons-nous plutôt sur notre sujet du jour. Pour achever Février en beauté, je vous propose (avant un article sur Boris Vian qui sera publié demain) de poursuivre le Challenge cinématographique autour de l'acteur Johnny Depp, dans lequel je me suis lancée il y a quelques mois: après avoir traité d'un gros morceau de le mois dernier avec la saga Pirates des Caraïbes, j'ai décidé de m'attaquer aujourd'hui à un film un peu particulier puisqu'il s'agit d'une comédie musicale, Sweeney Todd. Ce film, réalisé par Tim Burton, est l'une des nombreuses collaborations entre les deux hommes, et je tenais à faire un article à son sujet. Bonne lecture à tous! :)

La carrière de Johnny en 2008:
Commençons par un petit point sur la carrière de Johnny au moment de la sortie du film. Le premier volet de la saga Pirates of the Caribbean a apporté une popularité plus "mainstream" à Johnny Depp déjà très apprécié, faisant de lui la coqueluche du public et notamment des enfants. Ses projets cinématographiques prennent une nouvelle dimension grâce à leur variété: il tourne dans des films plus familiaux, comme les suites de PotC sorties en 2006 et 2007, Finding Neverland, un film autour de l'auteur de Peter Pan, ou encore dans l'adaptation du roman de Roald Dahl Charlie and the Chocolate Factory (nouvelle collaboration avec Tim Burton). Néanmoins, il continue de tourner dans des films moins grand public, le meilleur étant le film The Libertine. Les projets se multiplient pour l'acteur, qui ne connait pas la crise!

Tim Burton, c'est qui?
Habituellement, lorsque je prépare mes articles cinéma, j'aime faire une petite biographie (aussi succincte soit-elle) des réalisateurs sur lesquels je travaille. Cependant, dans le cas de Tim Burton, je vais faire une exception. Si vous suivez le blog, vous savez que Tim Burton est un habitué de mes articles, et j'ai déjà consacré pas mal de chroniques à ses films ou à son univers. Je vous conseille donc de suivre le lien ci-dessous qui vous mènera directement à la rubrique Tim Burton (car oui, il y a une rubrique Tim Burton ^^)!



Sweeney Todd:
Résumé:
Londres. 1848. Après avoir été banni pendant quinze longues années de la capitale, l'ex-barbier Benjamin Barker, qui se fait désormais appeler Sweeney Todd, est de retour, accompagné du jeune Anthony Hope. Il avait été accusé et condamné à tort par un juge fourbe du nom de Turpin qui, en réalité, convoitait sa femme. Sweeney apprend par Mrs Lovett, qui a récupéré l'échoppe du barbier et l'a transformée en "meat pie shop" (comprenez "magasin de tourtes à la viande") peu prospère, que sa femme est morte et que sa fille, Johanna, est séquestrée par le juge Turpin. Il fait donc le voeu de se venger de ceux qui ont causé la perte de sa famille, en créant avec Mrs Lovett une alliance démoniaque: lui taille, et elle cuisine...

De son côté, Anthony est tombé sous le charme de la belle Johanna, mais Turpin est bien décidé à tout faire pour les empêcher d'être ensemble.

Informations pratiques:
Réalisé par Tim Burton, avec lequel Johnny Depp a déjà collaboré de multiples fois par le passé pour des films comme Edward Scissorhands ou Sleepy Hollow, Sweeney Todd sort dans les salles obscures en 2007 aux Etats-Unis, et en Janvier 2008 en France. Avec un budget avoisinant les 60 millions (selon les sites, il varie de 50 à 65 millions), le film fut un joli succès, engrangeant plus de 150 000 millions de dollars. En France, plus d'un million de spectateurs sont allés voir le film au cinéma. Le film fut également nominé plusieurs fois lors de diverses cérémonies, comme les Oscars, les Saturn Awards, ou encore les Golden Globes, lors de laquelle le film fut consacré Meilleure comédie ou comédie musicale, Johnny Depp recevant également le prix du Meilleur acteur dans une comédie ou comédie musicale.



En ce qui concerne le casting, on a du très, très lourd. Johnny Depp et Helena Bonham Carter, deux des acteurs fétiches du réalisateur chevelu, incarnent le couple diabolique Sweeney Todd/Mrs Lovett. Alan Rickman (que beaucoup d'entre vous connaissent pour son rôle de Severus Rogue dans la saga Harry Potter, mais qui a également joué dans une quantité de films, comme le Parfum, Die Hard, ou encore Robin des Bois) interprète le Juge Turpin; Timothy Spall (lui aussi, on l'a vu dans Harry Potter en tant que Peter Pettigrew, ou en tant que Winston Churchill dans le super film The King's Speech) joue son bras droit, Bamford. Le jeune Jamie Campbell Bower, qui a depuis incarné Caius Volturi dans Twilight, Gellert Grindewald dans Harry Potter (oui, encore), ou encore Arthur dans la série Camelot, faisait sa première grosse apparition au cinéma dans le rôle de Anthony Hope tombant sous le charme de Johanna jouée par Jayne Wisener. Enfin, Sacha Baron Cohen, que l'on connait principalement pour ses personnages déjantés (Borat, Brüno...), se métamorphose en barbier prétentieux du nom d'Adolfo Pirelli.

Pour finir, voici le trailer du film:



Quelques points importants:
Sweeney Todd, un personnage mythique:
Le film contient beaucoup de points très intéressant, mais commençons par nous intéresser à ce qui en fait la sève, son personnage principal. Bien qu'il soit extrêmement imaginatif lorsqu'il s'agit de créer des personnages et des univers, Tim Burton n'a cependant pas inventé l'ami Sweeney.


En effet, Sweeney Todd est un personnage avec une looongue histoire, puisqu'il s'agit d'un "héros" du folklore britannique, un peu dans le même esprit que Jack Frost ou le Père Noël (sauf que le Père Noël ne tranche pas la gorge des gens qu'il rencontre, mais vous avez compris l'idée). Il apparut pour la première fois dans un périodique en 1846, à l'époque où la publication en épisodes dans les journaux était encore fréquente. Par la suite, il fut réutilisé dans de nombreux média, que ce soit la littérature ou la télévision, mais il est surtout très présent au cinéma et au théâtre, que ce soit en comédie musicale ou en pièce plus classique. Burton fut d'ailleurs inspiré par l'une de ses versions musicales de l'histoire de Sweeney Todd. Paradoxalement, il a fallu attendre l'arrivée du film en 2008 pour ce personnage se fasse vraiment connaitre en France.

En ce qui concerne l'origine précise de l'histoire de Sweeney Todd, certains racontent qu'elle est basée sur de vrais meurtres qui se seraient produits à Londres. A savoir que les barbiers sanguinaires ne sont pas une spécialité britannique: en France, nous avons aussi notre légende d'un barbier qui tuait ses clients, au XIVème siècle à Paris, les cadavres étant ensuite utilisés par son voisin pâtissier...

L'image de Londres:
L'histoire se déroule au début du loooong règne de la reine Victoria, règne qui marqua la suprématie du Royaume-Uni et du Commonwealth, mais qui fut aussi marquée par une hausse de la pauvreté et des affaires sordides, comme celle de Jack l'Eventreur (dont je vous ai brièvement parlé dans un autre article du Challenge Johnny Depp consacré au film From Hell).

Un soin tout particulier a été donné à la réalisation des costumes et des décors pour représenter Londres. Ici, on nous emmène dans un Londres crasseux, dans les bas-fonds: les maisons sont sales, défraichies, abimées, toutes teintées de noir et de gris typique de la pollution due au début de l'ère industrielle. Les personnages sont à leur image, pas lavés, vêtus de guenilles, mourant de faim, à l'exception de Johanna, qui vit dans une prison dorée, et d'Adolfo Pirelli qui prend grand soin de sa personne.




Cependant, n'oublions pas que nous sommes dans une fiction, et qui plus est chez Tim Burton, dont l'univers est souvent très exagéré: si on ne peut nier que Londres n'était une cité ultra-saine et hygiénique à l'époque, nous restons dans un film. Le choix des décors, des costumes, participent grandement à la création d'une ambiance particulière: ici, ils servent à augmenter le côté creepy/glauque de l'histoire, qui perdrait de sa force avec des personnages tout propres, par exemple!

Ajoutons pour finir que malgré son côté repoussant, Londres apparait comme une attraction, un fantasme aux yeux du jeune Anthony Hope (dont le nom en lui-même est très évocateur), comme le montre la chanson d'ouverture du film, que voici:





Plus qu'un film... une comédie musicale!
Comme je l’ai mentionné plus haut, Tim Burton s’est principalement inspiré des comédies musicales autour de Sweeney Todd pour réaliser son film. Il a donc décidé de faire de ce dernier une comédie musicale.

Alors oui, dit comme ça, ça peut paraître un peu étrange : les comédies musicales font davantage penser, à première vue, aux spectacles de Broadway type West Side Story ou, en France, à des trucs comme le Roi Soleil, Mozart l’Opéra Rock (eurk, ça me fait mal de citer ça), Robin des Bois et compagnie. Mais la comédie musicale est un genre assez fréquent au cinéma, même si il est un tout de même en déclin. On peut citer des films comme West Side Story (encore), Grease, les Misérables, ou pour les plus jeunes, High School Musical. En France, le réalisateur Jacques Demy s’est également essayé au film musical avec les Parapluies de Cherbourg, par exemple.

Burton et la comédie musicale n’est pas non plus une alliance saugrenue : si l’on se penche sur sa filmographie, on peut constater l’importance de la musique dans ses films, notamment grâce à ses multiples collaborations avec Danny Elfman, donnant naissance à des films comme The Nightmare Before Christmas ou The Bride Corpse, où la musique est très importante !
Sweeney Todd contient donc beaucoup de passages musicaux, sollicitant les divers personnages. Ma préférence va à la chanson d’ouverture sur Londres que vous pouvez trouver plus haut, mais aussi et surtout à la chanson Johanna (qui pourtant m’a énervée pendant des années), interprétée par l’acteur jouant Anthony Hope, Jamie Cambell. Voici quelques-unes des chansons du film :







La performance de Johnny Depp:
Le Challenge, comme vous le savez, porte sur Johnny Depp et ses rôles (même si je me rends compte que Burton est également très présent dans mes choix de films), donc attardons-nous un instant sur sa performance.


Johnny Depp est aujourd’hui reconnu pour sa capacité à changer de peau, à créer des personnages, à leur donner une identité, si bien qu’il est difficile de dissocier Depp de ceux-ci (sérieusement, vous voyez quelqu’un d’autre jouer Jack Sparrow ? Sérieusement ?). Accent, look, maquillage, démarche, port de prothèse, il a un peu tout essayé. Mais avec Sweeney Todd, l’acteur s’est lancé un défi assez inédit dans sa carrière, celui de chanter. Alors certes, dans Cry-Baby, le tout premier film dont je vous ai parlé pour ce Challenge, la musique est également très importante avec de nombreux numéros musicaux, mais je ne suis pas parvenue à savoir si c’était réellement sa voix qui était utilisée. De plus, la musique faisait clairement partie du personnage de Cry-Baby puisqu’il était musicien, ce qui n’est pas le cas de Sweeney Todd. Un défi de taille donc, mais il ne faut cependant pas oublier que l’acteur n’était quand même un novice en matière musicale, puisqu’il a fait partie d’un groupe.




Pour en revenir à sa performance, Johnny Depp incarne un personnage plein de rage, de haine et de tristesse, dont la seule raison de vivre est la vengeance. Lorsqu’on connaît sa filmographie, il est possible de faire un parallèle entre le personnage de Sweeney Todd et un autre personnage mythique de Johnny Depp, là encore né d’une collaboration avec Tim Burton. Si je vous dis cheveux en bataille, allure maladive, et objets tranchants au bout des mains, vous me répondez… Edward Scissorhands ! Dans l’un des nombreux livres consacrés à Tim Burton que j’ai lus (je ne sais plus lequel exactement, il me semble que c’est celui écrit par Antoine de Baecque, mais je dis peut-être une bêtise), on nous explique que l’on peut considérer Sweeney Todd comme une sorte de suite métaphorique d’Edward Scissorhands… Je vous laisse méditer là-dessus !

Mon avis sur ce film:
A l’époque de la sortie de Sweeney Todd, malgré tout mon amour pour Tim Burton, je n’ai pas osé aller voir le film en salles, et j’ai attendu quasiment deux ans pour le regarder chez moi, en DVD. Pourquoi ? Parce que j’ai une peur maladive du sang. Mais vraiment. Ce qui est paradoxal, étant donné que j’adore des trucs comme Buffy contre les Vampires ou American Horror Story, mais le sang, c’est un truc que je ne supporte que difficilement, et donc je préfère me cacher sous une couette quand de l’hémoglobine apparaît à l’écran. Autant vous dire que je ne me sentais pas de regarder un film comme Sweeney Todd où le héros tranche des gorges à tout va. Mais il a bien fallu que je dépasse ma peur pour le regarder. Bilan des courses ? Et bien j’adore ce film !



Commençons par le commencement, l’histoire. Elle est assez basique, évoluant autour de la notion de vengeance qui est l’un des leitmotiv les plus vieux de l’univers (Shakespeare TMTC). Mais elle est bien ficelée, avec des rebondissements intéressants, on ne se perd pas dans des intrigues secondaires qui viendraient la noyer, et le dénouement me plait énormément : la première fois, je ne m’y attendais pas du tout, et depuis j’ai des frissons dans le dos à chaque fois que je sens la fin arriver.

Ce qui contribue grandement à l’intérêt de l’histoire, ce sont les personnages, que je trouve géniaux. Helena Bonham Carter est jouissive en cuisinière folle amoureuse et folle tout court, Alan Rickman me fait franchement peur, et j’ai envie de serrer Jamie Cambell dans mes bras. La performance est d’autant plus réussie que les numéros chantés sont, selon moi, bien menés, apportant une tension supplémentaire à l’intrigue. J’aime l’idée qu’on puisse identifier chaque personnage par une mélodie particulière ! Maintenant, je connais les chansons par cœur et je les chante devant le film ou lorsque je les écoute dans le train (parce que oui, ça m’arrive de les écouter dans le train).




Par contre, malgré mon enthousiasme, je ne conseille pas ce film à tout le monde : si vous êtes jeunes ou impressionnables, mieux vaut passer votre chemin (le film est interdit au moins de 12 ans. Personnellement je trouve que les limites d’âges sont un peu bizarres, mais à vous d’évaluer). Même chose si vous détestez les comédies musicales ou les chansons à répétitions dans les films, vous allez être dégoutés. Mais si tout ça ne vous dérange pas, n’hésitez pas à y jeter un œil !

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ! J’espère que l’article vous a plu ! On se retrouve dès demain pour le tout dernier article de Février, qui sera consacré à Boris Vian. En attendant, n’hésitez pas à me laisser vos impressions sur l’article ou sur le film, et prenez soin de vous !

AnGee Ersatz*



mardi 25 février 2014

Lecture Commune: East Of Eden de John Steinbeck.



Bonjour à tous et à toutes!

Je suis ravie de vous retrouver en ce début de semaine pour une toute nouvelle chronique! Je ne suis pas encore, contrairement à certains d'entre vous, en vacances, mais ça ne va pas m'empêcher de vous proposer trois articles cette semaine. Et pour commencer, nous allons nous pencher sur un auteur culte de la littérature américaine, John Steinbeck. En effet, j'ai décidé de participer a une lecture commune portant sur l'un des romans les plus connus du romancier, East of Eden (en français A l'Est d'Eden), organisée par Nelcie via Livraddict. J'avais envie depuis longtemps de vous parler de ce livre, l'occasion était donc parfaite! Bonne lecture à tous!

(Cette lecture compte dans le cadre du Challenge Read In English de mon amie Avalon!).



Quelques mots sur John Steinbeck:
Commençons, si vous le voulez bien, par quelques mots sur notre auteur du jour, John Steinbeck!

Né en 1902 à Salinas en Californie (ville qui lui servira de cadre plus tard pour certains de ses romans), il démarre l'écriture assez tôt, publiant son premier livre à la fin des années 20. Il ne cesse plus d'écrire, et s'inspire surtout de sa Californie natale ainsi que des problèmes sociaux de son époque (il a connu la Grande Dépression). Il reçut en 1962 le Prix Nobel de la Littérature, et meurt en 1968.

Il est aujourd'hui considéré comme l'un des auteurs les plus importants du 20ème siècle, grâce à des livres comme The Grapes of Wrath, Of Mice and Men, ou encore East of Eden, dont nous allons parler aujourd'hui.




East of Eden:
Résumé:
Nous voilà aux Etats-Unis, plus précisément à Salinas Valley, dans ce moment charnière qu'est l'entrée dans le 20ème siècle. Adam Trask, riche suite à un héritage, est venu s'installer dans cette vallée sèche avec sa femme enceinte, la mystérieuse Cathy. Il fait la connaissance de Samuel Hamilton, un homme cultivé mais pauvre, avec le quel il noue une forte amitié. Mais Samuel trouve Cathy étrange, il se méfie d'elle: et son impression se confirme lorsque celle-ci quitte violemment Adam et leurs jumeaux nouveaux-nés pour aller travailler dans un bordel. Adam se retrouve seul pour élever Aron et Caleb, dont l'histoire n'est pas sans rappeler celle d'Abel et Caïn...


La Californie en expansion:



John Steinbeck fait partie de ces auteurs profondément inspirés par leur milieu, leur environnement. Dans son cas, c'est la Californie, et plus particulièrement la Californie encore rurale de la fin du 19ème et du début du 20ème, qu'il met en scène dans ses romans: que ce soit dans To A God Unknown (Au dieu inconnu), dans Of Mice and Men (Des souris est des hommes), Tortilla Flat ou encore The Grapes of Wrath (les Raisins de la Colère), la Californie et la terre sont des thématiques très importantes. Et c'est également le cas dans East of Eden.

Commençons par le côté "Californie": une très grande partie de l'histoire se déroule en Californie, et plus particulièrement à Salinas, où l'auteur est né et a vécu. Le roman devait d'ailleurs à la base avoir pour titre "Salinas Valley", mais Steinbeck a au final changé d'avis. Mais revenons-en à la Californie: à l'époque où se déroule l'histoire, elle était encore loin d'être l'état flamboyant que nous connaissons aujourd'hui. La Californie est plutôt une région encore rurale, l'ouest des Etats-Unis étant moins développée que l'est (rapport à la colonisation, démarrée à l'est par les Européens). Néanmoins, elle exerce une certaine fascination sur les habitants de l'est, comme on peut le constater dans l'oeuvre de Steinbeck: il n'est pas rare, en effet, qu'il choisisse pour héros des migrants qui quittent tout pour venir s'installer en Californie, vue comme une région prometteuse grâce à son soleil et ses immenses étendues  de terre. Beaucoup d'Américains fantasmaient à l'époque sur l'idée d'avoir sa terre, sa propriété.

C'est également le cas dans East of Eden: les Hamiltons, même s'ils sont pauvres et que leur terre est impossible à cultiver, ne peuvent se résoudre à la quitter. Quant à Adam Trask, même si il a déjà une maison avec son frère, il préfère partir en Californie pour installer sa famille, pour avoir sa propre maison: on nous montre clairement sa fascination pour cet état qui lui semble être le paradis sur Terre.


Une épopée familiale... Et biblique!
East of Eden est un roman assez long (plus de 600 pages dans mon édition), mais cette longueur peut s'expliquer très simplement. Si l'intrigue se focalise principalement sur Adam Trask et ses deux garçons, le narrateur (un descendant de Samuel Hamilton) nous décrit aussi les générations précédentes, les histoires des familles Hamilton et Trask, en présentant les différents membres de chacune d'elles. Ces présentations peuvent paraître un peu lourdes ou superflues mais ont leur cohérence dans ce roman si on la voit comme une épopée familiale: on constate par exemple que certains schémas se reproduisent d'une génération à l'autre, et de vrais enjeu se jouent aux différentes échelles de la famille.

Mais East of Eden a également une forte connotation biblique, comme en témoignent le titre (référence au jardin d'Eden, où vivaient Adam et Eve) ainsi que les noms de certains personnages: Adam, par exemple, est un écho au personnage biblique qui "tombe" de son paradis à cause d'une femme. Aron et Caleb, tout comme Adam et Charles, frères, font penser de par leurs noms et leur histoire à des frères très célèbres issus de la Bible, Caïn et Abel. Il y a pas mal de passages en lien avec la Bible, donc si cet aspect vous intéresse, je vous conseille fortement la lecture de la Bible: certes, ça peut paraître une tâche ardue, mais la littérature s'inspire énormément (mais vraiment ENORMEMENT) des religions...

L'adaptation cinématographique de 1955:
En 1955, soit trois ans seulement après la publication du roman, Elia Kazan (1909-2003), réalisateur et producteur très important qui se cache notamment derrière Viva Zapata!, A Streetcar Named Desire ou encore The Last Tycoon, propose une adaptation de East of Eden. Il avait déjà travaillé par le passé avec John Steinbeck, qui contribua également au film tiré de son livre.


Etant donné la densité du matériau de base, Elia Kazan a décidé de se concentrer sur la deuxième moitié du livre, qui traite de la relation entre Aron et Cal.

Au niveau du casting, on a du lourd, avec James Dean dans son premier grand rôle (il interprète le fougueux Cal), Julie Harris dans le rôle d'Abra et Richard Davalos, qui incarne Aron. Le film fut un joli succès à sa sortie, recevant plusieurs nominations aux Oscars et est aujourd'hui considéré comme un classique du cinéma. Grande fan de James Dean, je ne peux que vous conseiller ce film, que j'aime énormément et qui est très intéressant en terme d'adaptation.

A savoir: une nouvelle adaptation serait en cours de préparation, avec la supertropcool Jennifer Lawrence au casting!




Mon avis sur ce livre:
Comme je vous l'ai dit plus haut (tout en haut même), j'avais envie depuis longtemps de vous parler de ce roman, et je suis donc vraiment ravie de pouvoir enfin le faire, car East of Eden est l'un de mes incontournables littéraires: j'ai découvert ce roman à l'âge de 18 ans, l'été avant d'entrer en première année de prépa: j'avais envie de lire autre chose que des romans jeunesse/contemporains en VO, et j'avais donc acheté East of Eden, pour pouvoir le lire et visionner son adaptation (j'étais dans ma phase James Dean, ce qui s'est traduit par un nombre incalculable de soirées à re-re-regarder ses films et à lire tout un tas de biographies). Je n'avais encore jamais lu de John Steinbeck, c'était l'occasion de m'y mettre!

Ce qui me plait le plus dans ce roman, c'est d'abord son histoire: personnellement, je suis assez fan des sagas familiales, du type Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez (que je vous conseille aussi). John Steinbeck prend le temps d'installer son intrigue, et une fois plongée dedans je ne pouvais plus en sortir: j'étais passionnée par les Hamilton et les Trask, par les machinations de Cathy, le départ pour la Californie, la présentation de Salinas... J'ai également beaucoup aimé l'inspiration biblique du roman: on sent clairement que l'auteur a beaucoup travaillé cet aspect pour proposer une réécriture de l'histoire d'Abel et Caïn, explicitement citée. Le tout est raconté avec sobriété et efficacité, l'utilisation de la première personne apportant de la crédibilité. 

Les personnages sont très intéressants: encore une fois on les découvre page après page, le narrateur s'attarde sur chacun d'entre eux pour en dresser un portrait aussi complet que possible, aussi bien physiquement que psychologiquement. Leur complexité les rends d'autant plus passionnants! Personnellement, je me suis beaucoup attachée à Samuel, Abra, Adam et Cal, même si ce que j'ai trouvé le plus sympathique, c'est la façon dont les différents personnages agissent les uns envers les autres, et leurs motivations: la volonté d'Adam de partir absolument pour la Californie, en opposition à son frère qui tient à rester là où il est; la relation Abra/Cal, ou encore celle entre Samuel et Adam me plaisent particulièrement. 

En ce qui concerne les thématiques, là encore il y a de quoi se régaler: le développement de la vallée de Salinas, la prostitution, les oppositions, les rapports avec la Bible, la guerre, la relation enfant-parent,... J'aurais aimé avoir beaucoup plus de temps pour vous faire une présentation plus détaillée de tous ces aspects, mais l'organisation n'est pas mon fort ^^.

Ce que je peux vous conseiller, c'est tout simplement de vous plonger dans la lecture de East of Eden: si vous aimez les longs romans, les sagas, la psychologie, et toutes les choses dont je vous ai parlées dans cet article, ce livre est fait pour vous! En revanche, si vous avez tendance à vous lasser assez vite, passez votre chemin. N'hésitez pas non plus à regarder le film, encore une fois!

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que cet article vous a plu, et qu'il vous a donné envie de découvrir ce livre de Steinbeck. Vous pouvez, comme toujours, me laisser vos commentaires, je me fais un plaisir de les lire et d'y répondre! On se retrouve très vite pour deux nouveaux articles, consacrés à Sweeney Todd de Tim Burton pour le Challenge Johnny Depp, et à Un Automne à Pékin de Boris Vian. En attendant, prenez soin de vous!

AnGee Ersatz*

Si vous avez aimé...

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