dimanche 29 septembre 2013

Hello Halloween #1: American Horror Story.



























Bonjour à tous et à toutes!

Et nous y voilà, voici le dixième et dernier article de Septembre! Et pour fêter ça, j'ai décidé de lancer dès maintenant le nouveau mois à thème, consacré pour la deuxième année consécutive à Halloween, intitulé Hello Halloween! Vous le savez peut-être, Halloween est ma fête préférée (à égalité avec Noël), et pour l'occasion je vous prépare plusieurs articles sur ce thème, qui je l'espère, vous plairont. On commence avec un premier article, non pas sur un livre, mais sur un série bien angoissante et très originale que j'ai découvert il y a quelques mois... American Horror Story! Bonne lecture et bonne frayeur à tous!

(Attention: si vous êtes un peu sensibles, passez votre chemin: cette série est à réserver aux gens qui ont un peu le coeur accroché...)


American Horror Story, c'est quoi?



Qui se cache derrière la série?
American Horror Story a été créée par deux célèbres scénaristes et producteurs, Ryan Murphy et Brad Falchuk. Ils sont connus pour avoir eu l'idée de plusieurs séries à succès, comme Nip/Tuck ou plus récemment Glee. En 2011 ils se lancent dans un nouveau projet, très différent de leurs précédents travaux, celui d'une série d'horreur (genre plutôt minoritaire), au public restreint. C'est American Horror Story, dont la diffusion commença le 5 Octobre. Suite au succès public mais aussi critique de la série, elle fut reconduite pour une deuxième, puis une troisième saison qui va bientôt commencer (le 9 Octobre, apparemment). 

Le principe:
American Horror Story a un concept assez original qui la distingue des séries actuelles: à chaque saison, une nouvelle intrigue, de nouveaux personnages, un nouveau thème sont installés, bref, American Horror Story, c'est plusieurs séries en une! Ainsi, elle s'offre une large palette de possibilités, le public peut la prendre en cours de route, ou au contraire l'arrêter le temps d'une saison.
Pour l'instant trois thèmes ont été abordés: la maison hantée, l'asile psychiatrique, et cette année la sorcellerie!

Quelques-uns des acteurs principaux:
Même si le thème et l'histoire changent à chaque saison, la série garde une constante, à savoir certains de ces acteurs principaux. En voici donc quelques-uns:



-Jessica Lange: née en 1949, Jessica Lange est une actrice américaine de grand talent, récompensée à de multiples reprises (Oscars, Golden Globes) pour ses rôles, notamment à la télévision. Elle est rapidement devenue l'une des actrices emblématiques d'American Horror Story, grâce à ses rôles de femmes aux caractères bien trempés: dans la saison 1, elle interprète Constance Langdon, rôle pour lequel elle a reçu plusieurs prix; elle s'illustre ensuite dans le rôle impressionnant de Soeur Jude, qui dirige l'asile de Briarcliff. On pourra la retrouver une nouvelle fois dans la saison 3, où elle devient Fiona Goode, la gérante du "Coven".







-Sarah Paulson: la belle Sarah est une habituée du petit écran. Elle apparaît pour la première fois dans AHS au cours de la première saison: elle y joue Billie Dean Howard, une sorte de médium capable de communiquer avec les morts. Mais c'est dans le rôle de Lana Winters, l'une des héroïnes de Asylum, qu'elle se fait vraiment remarquer (pour tout dire, je n'avais pas remarqué que c'était elle qui jouait la médium au départ ^^). Elle a d'ailleurs été plusieurs fois nominée et récompensée pour sa prestation! Elle revient une nouvelle fois au casting de la série pour la saison 3, en tant que Cordelia Foxx.





-Evan Peters: ce jeune acteur, né en 1987, que l'on a pu entre autres voir dans Kick-Ass, a crevé l'écran avec le personnage de Tate Langdon, en 2011, dans la première saison d'AHS. Ce personnage très particulier et très apprécié le fait connaitre au grand public, public qui le retrouve dans un rôle complètement différent dans la saison 2, celui de Kit Walker, jeune homme accusé d'avoir massacré plusieurs jeunes femmes. Les fans du jeune homme pourront le retrouver en Octobre dans Coven, où il sera Kyle Spencer.









D'autres acteurs sont aussi présents depuis le début: c'est le cas de Lily Rabe (que j'ai trouvée incroyable en Nora dans la saison 1), ou encore Frances Conroy. D'autres reviennent après une absence pour la saison 2, comme Taissa Farmiga, qui sera l'héroïne de Coven; Denis O'Hare; Jamie Brewer (formidable en Adélaïde dans Murder House)... Je regrette juste l'absence de Zachary Quinto (connu pour avoir repris le rôle de Spock dans les récents films Star Trek) qui est un acteur fantastique!


Les saisons d'American Horror Story:



Murder House:

Résumé:
Après avoir traversé plusieurs épreuves très douloureuses, la famille Harmon (composée du père Ben, psy, de la mère Vivien, et de l'adolescente Violet) décide d'emménager dans une belle et ancienne demeure pour repartir à zéro. Certes, un meurtre assez sanglant a été commis quelques années auparavant, mais la famille est pleine d'espoir. Mais très vite, ils vont faire la connaissance de personnages on ne peut plus étranges: Moira, la femme de ménage nymphomane; Constance, la voisine, et sa fille trisomique; Tate, un adolescent tourmenté qui tombe sous le charme de Violet... Et la maison renferme plus d'un secret, et surtout plus d'un cadavre... 



Mon avis sur cette saison:
J'ai longtemps hésité avant de me mettre à American Horror Story, et ce pour une raison toute simple: je suis une vraie trouillarde! J'ai tendance à me cacher sous une couette dès qu'un peu d'hémoglobine apparaît sur l'écran, donc je ne pensais pas que cette série me conviendrait... Au final, j'ai fini par craquer! Et au début, je ne vous le cache pas, j'étais terrorisée! Le générique, les personnages, la musique, bref, le but des scénaristes était atteint sans problème avec moi. J'ai même pensé à arrêter la série à plusieurs reprises tellement j'étais terrifiée. J'en profite pour le dire une première fois, mais si vous êtes plutôt du genre âme sensible, passez votre chemin...

Néanmoins, si je suis restée jusqu'au bout, c'est parce que tout, mais alors tout, est extrêmement bien pensé et réalisé. Les scénaristes ne se contentent pas de balancer des tripes à tout bout de champ, bien au contraire: chaque épisode contient son lot de rebondissements, l'intrigue devient de plus en plus intéressante. J'ai particulièrement aimé découvrir le secret de la maison, le passé des personnages... On peut être un peu surmené par le nombre de personnages, mais on comprend vite que chacun à son rôle à jouer.

Les personnages sont pour moi l'un des gros points forts de cette saison: Tate fait partie de mes favoris (c'est le cas de beaucoup de fans de la série), j'ai aussi adoré Constance, ou encore Violet. On est obligé de les aimer ou de les détester, aucun ne laisse indifférent!

Bref, cette saison est l'une de mes préférées, toutes séries confondues. J'ai apprécié ressentir autre chose que de la peur, j'ai vraiment été captivée dès les premiers épisodes! Mention spéciale à Jessica Lange et Evan Peters ainsi qu'au générique, qui me fait froid dans le dos...


Asylum:
Résumé:
Changement de décor pour cette seconde saison. Nous voilà plongés dans les années 1960 aux Etats-Unis. A Briarcliff se dresse un asile psychiatrique dirigé par la terrible Soeur Jude, et où un événement de taille va se produire: Kit Walker, serial killer présumé qui aurait perpétré  des crimes monstrueux sur des femmes, est placé à Briarcliff, avant d'être suivi par un psy, Oliver Thredson. La journaliste Lana Winters, qui est venu couvrir l'affaire, se retrouve plongée dans l'enfer de l'asile, où un médecin fait des expériences étranges sur les patients, où les conditions sont plus que déplorables, et où le diable se cache dans l'ombre.

Mon avis sur cette saison:
Une fois lancée dans mon marathon American Horror Story cet été (idéal pour décompresser après le travail ^^), j'ai décidé de ne pas perdre de temps et de regarder la saison 2 dans la foulée. Comme pour la première saison, j'étais très inspirée par le titre et le thème (l'asile psychiatrique, personnellement, ça m'angoisse). Néanmoins, je suis un peu plus partagée sur Asylum.

Dans la partie "points positifs", j'ai retrouvé ce que j'aimais dans la saison 1. Tout d'abord, les personnages, qui sont pour moi une nouvelle fois très, très réussis: j'ai adoré Soeur Jude (Jessica Lange est vraiment fantastique!), Oliver Thredson, et surtout Lana et Kit. J'ai suivi leur évolution avec intérêt, bref, à ce niveau-là, rien à redire! L'intrigue aussi est folle, il y a beaucoup de rebondissements, beaucoup de thèmes abordés (l'homosexualité, les conditions de vie et traitements dans les asiles, les expérimentations médicales...), on ne s'ennuie pas!

Ce qui est intéressant, ce que la peur prend dans cette saison un forme assez différente: si dans la première saison les scénaristes jouaient beaucoup sur le sang, sur des morts plutôt passionnelles, ici on passe dans un monde plus médical, plus expérimental. On reste dans un monde fermé (la maison -> l'asile), mais j'ai été contente de voir que les auteurs ne s'étaient pas contentés de reprendre les éléments phares de Murder House.

Cependant, j'ai un peu moins accroché à cette saison, pour deux raisons: la première, c'est l'action qui se déroule à notre époque. La majorité de l'intrigue se passe dans les années 1960, mais nous pouvons malgré tout suivre les mésaventures d'un couple qui visite l'asile en 2012. L'argument Adam Levine n'a pas marché sur moi, au contraire, j'ai trouvé ces passages plutôt ennuyeux et superflus. Mon autre problème: les aliens. Je sais que ça a plu à certains, mais de mon côté... J'ai pas accroché!

Malgré ces petits points négatifs, Asylum est une excellente saison, qui montre que la série est capable de se renouveler! La prestation des acteurs est vraiment formidable, l'ambiance très réussie... Bref, à voir!!



Coven:
Résumé:



Cette nouvelle saison débarque sur les écrans américains à partir du 9 Octobre. Néanmoins, les scénaristes et producteurs ont déjà donné quelques informations la concernant.
Le thème sera celui de la sorcellerie. Nous découvrirons l'histoire de Zoe, une jeune fille qui apprend du jour au lendemain qu'elle est une sorcière. Elle est donc envoyée dans une école de la Nouvelle-Orléans où vont toutes les demoiselles qui partagent ce don (ou ce fardeau), et dirigée par une certaine Fiona. Les différents trailers distillés au cours des mois nous donnent quelques indices sur ce que nous allons voir: la chasse aux sorcières de Salem, du vaudou, des cours de sorcellerie...

Ce que j'attends de cette saison...
Depuis cet été, les fans ont pu découvrir un bon nombre de trailers énigmatiques, d'à peine quelques secondes, pour promouvoir la nouvelle saison. Au début, on a vu assez peu de choses, même si les thèmes sont clairs: la magie, le vaudou, l'appartenance à un même univers, à une congrégation de sorcières,... Les trailers se font de plus en plus fournis, mais on peut le dire, l'équipe est douée pour teaser le public!



Je suis donc très impatiente de voir ce que cette nouvelle saison nous réserve. Les personnages m'intriguent, en particulier celui joué par Evan Peters, dont on sait au final peu de choses, et la fameuse Cordelia Foxx. J'ai aussi hâte de voir comment les scénaristes vont se renouveler, ce qui cette saison nous fera peur... L'esthétique me plait vraiment, verdict dans les semaines à venir!

Pour en savoir plus...
Si vous êtes fan d'American Horror Story ou que vous avez tout simplement envie d'en découvrir un peu plus sur la série, je vous conseille d'aller faire un tour sur sa chaîne YouTube: vous y trouverez un bon nombre de vidéos dédiées aux coulisses (comment telle scène a t'elle été tournée? Comment ce maquillage a été réalisé?), ainsi que les trailers des différentes saisons!

En bref, je vous conseille vraiment cette série si vous aimez avoir peur et les univers un peu originaux. Je tiens cependant à préciser qu'elle n'est pas adaptée à tous les publics: si vous un peu jeunes ou tout simplement sensibles, American Horror Story n'est pas fait pour vous! Et vous, que regardez-vous pour Halloween? 

AnGee Ersatz*

vendredi 27 septembre 2013

Les Rougon-Macquart #16: Le Rêve, d'Emile Zola.





Bonjour à tous et à toutes!

Nous voilà de nouveau ensemble pour un nouvel article, le seizième article d'un rendez-vous bien connu du blog, à savoir le Challenge Rougon-Macquart! Après l'Oeuvre et la Terre le mois dernier, nous allons aujourd'hui nous attaquer au Rêve, un roman assez peu connu de Zola, un livre assez différent des deux précédents. On se rapproche de plus en plus de la fin du Challenge, mais rassurez-vous, d'autres lecteurs se sont lancés dans la lecture de la saga (comme vous pouvez le voir dans l'onglet "Rougon-Macquart"). Je vous souhaite une bonne lecture!

Pour vous aider:
Cette fois encore, nous allons nous passer d'un arbre généalogique! En effet, Zola ne parle, comme dans ses derniers romans, que d'un seul personnage de la famille, à savoir Angélique Rougon. Elle est la fille de Sidonie Rougon, et a été abandonnée dès sa naissance par sa mère, qu'elle ne connaîtra et ne reverra jamais. En faisant ce choix de présenter une héroïne abandonnée, Zola expérimente une autre facette de l'hérédité à travers la question suivante: est-ce que coupés de notre famille, nous gardons néanmoins certaines caractéristiques? 

Le Rêve:
Publié en 1888, le Rêve est le 16ème roman de la saga. Il suit la Terre, et précède la Bête Humaine, dont nous parlerons le mois prochain.

Résumé:
Abandonnée par sa mère à sa naissance, Angélique est une enfant de l'Assistance Publique. En plein hiver, elle se sauve de sa famille d'accueil, qui la maltraite, et se réfugie au pied d'une cathédrale d'un village du Val-d'Oise. C'est là que la découvre le couple Hubert, des brodeurs sans enfants qui décident de la recueillir et de l'éduquer. La petite fille apprend donc le métier de brodeuse (ils brodent des vêtements religieux), mais surtout, elle se plonge dans la religion, devenant fascinée par la vie de vierges qu'elle découvre dans un livre, la Légende Dorée. Cette fascination est-elle qu'elle se met à rêver d'avoir leur vie. Et ce rêve prend la forme d'une apparition, celle d'une jeune, nommé Félicien, dont elle tombe folle amoureuse...








Le conte de fées:
Passons à présent aux points importants du roman. Tout d'abord, ce qui est intéressant, c'est que Zola, que l'on connait habituellement pour ses histoires tragiques autour du monde ouvrier, de l'alcool et du sexe, décide ici de nous présenter une histoire qui a un côté plus "conte de fées". La destinée d'Angélique se rapproche de celle de Blanche-Neige ou de Cendrillon. 
Le roman s'ouvre sur l'image d'une petite fille, congelée et seule, qui est recueillie par un couple de gentilles personnes qui n'arrivent pas à avoir d'enfants (dans beaucoup de contes, on a des couples sans enfants qui soudainement en ont un, ou alors recueillent un orphelin). Alors qu'elle était condamnée à une triste vie, de nouvelles opportunités s'offrent à elle: d'abord celle d'avoir une famille, les Hubert s'occupant d'elle malgré son caractère parfois difficile; celle d'apprendre un travail, un travail honnête (par rapport à d'autres héroïnes de Zola qui se retrouvent à vendre leur corps)... Elle découvre la religion et elle découvre l'amour. Alors que son histoire était mal partie!

La religion et l'amour:

Ste Agnès
Deux thèmes importants du roman: l'amour et la religion, qui sont les deux moteurs de l'intrigue.
Dès le début, on comprend que la religion va jouer un rôle important dans la vie de notre héroïne: elle s'abrite sous une cathédrale, admirant les statuts et vitraux des vierges. Par la suite, la religion la guide: si les études ne la passionnent pas vraiment, elle est complètement absorbée par la lecture de Légende Dorée, un livre qui raconte avec beaucoup de détails l'histoire de personnages féminins religieux. C'est le seul livre qui l'intéresse, elle le relit dans les moments de doute et s'inspire de la vie de ses héroïnes pour vivre sa propre vie. On la voit aussi travailler avec beaucoup d'assiduité et de ferveur sur ses broderies religieuses, s'exciter lors de processions... 
L'amour aussi a un rôle important dans le roman, et il est en plus lié à la religion: Félicien, l'amour d'Angélique, arrive dans l'histoire comme une apparition, comme un miracle, petit à petit. 

Mon avis sur ce livre:

Lorsque j'ai commencé ma lecture de la saga, j'étais vraiment impatiente de lire ce roman, en raison de son titre plutôt alléchant. Je me demandais ce que Zola entendait par "rêve", comment il allait l'aborder, quelle serait l'intrigue... Et après ma petite déception du mois dernier (j'avais eu beaucoup, beaucoup de mal à lire la Terre), je dois dire que j'ai adoré le Rêve!

Premier point que j'ai aimé: le choix d'une orpheline pour héroïne. Comme je l'ai mentionné plus haut, ce choix a sûrement été fait par Zola pour tenter quelque chose d'autre sur le thème de l'hérédité, fil rouge de la saga et dont nous avons déjà parlé à plusieurs reprises sur le blog. Ce thème majeur m'intéresse fortement, et j'ai trouvé ce choix plutôt judicieux. J'ai donc beaucoup aimé le début du livre, où les Hubert découvre Angélique sous la cathédrale, et où son chemin (autour de la religion et des vierges) commence à se tracer; la scène est plutôt jolie, bref, j'ai été séduite par le début de l'histoire.

Et par la suite aussi: l'intrigue se suit sans problème, il y a quelques rebondissements intéressants (même si certains sont un peu prévisibles), et j'ai trouvé la fin tout simplement surprenante! Je ne m'y attendais pas, et j'ai dû relire le passage plusieurs fois pour bien réaliser ce qui se passait. Dans un monde où les fins sont de plus en plus prévisibles (à mon humble avis), j'ai été surprise par celle-ci!

Ensuite, j'ai beaucoup, mais alors beaucoup aimé les personnages. Angélique est une héroïne assez particulière, je pense qu'on peut où l'aimer ou la détester. Personnellement (et ce n'est pas parce que je porte le même prénom!), j'ai eu un petit coup de coeur pour cette héroïne un peu naïve, pleine d'espoir et de contradictions. Elle va toujours au bout de ce qu'elle dit, de ce qu'elle commence, et c'est ce qui m'a plu dans ce personnage. J'ai aussi bien aimé Félicien, même si il a un peu un côté "stalker flippant", et j'ai été très touchée par le couple Hubert, à l'histoire plutôt tragique. C'est rare que j'apprécie autant de personnages différents dans un seul roman, donc quand c'est le cas, je le dis!

Les thèmes abordés sont aussi intéressants: Zola s'attaque à des sujets déjà utilisés précédemment dans sa saga, mais d'une façon différente. On avait pu voir la religion dans la Faute de l'Abbé Mouret, où Mouret rejette l'amour pour rester fidèle à la religion; ou dans la Conquête de Plassans, où un religieux devenait la star de tout un village par le pouvoir de la religion. Ici, on se penche sur l'influence de la religion sur une jeune fille un peu fragile, et les passages où Angélique s'absorbe dans la religion, et surtout dans la vie des vierges, m'ont plus. Le thème de l'amour, que Zola utilise souvent dans ses romans aussi, prend ici une forme un peu plus pure et douce que dans la Terre (où tout le monde se grimpait dessus, rappelons-le!). Un peu de douceur ne fait pas de mal!

En bref, je pense que ce roman de Zola m'a permis de me remettre de mes émotions suscitées par le tome précédent, ce qui n'est pas négligeable (même si j'ai peur pour la suite!). Tout comme Au Bonheur des Dames, il fait partie des Zola qui sont les plus accessibles: le Rêve est assez court par rapport aux autres livres de la série, et il est moins dur à lire que Germinal ou l'Assommoir. Donc si vous cherchez un Zola à lire, vous pouvez vous jeter (façon de parler) sur celui-ci!

C'est tout pour aujourd'hui, on se retrouve très vite pour de nouveaux articles et de nouveaux avis! Le mois prochain, nous parlerons de la Bête Humaine, le 17ème roman de la saga (on arrive au bout!!!). Si vous êtes en manque de Zola, n'hésitez pas à consulter l'onglet du Challenge, où plusieurs articles des participants ont déjà été ajoutés! A très vite, et prenez soin de vous!

AnGee Ersatz*


mardi 24 septembre 2013

Challenge Boris Vian #3: J'irai cracher sur vos tombes.




Bonjour à tous et à toutes!

Comme vous pouvez le constater avec ce changement d'habillage, le blog se prépare tout doucement pour un mois spécial Halloween! Mais Septembre n'est pas encore fini, et je vous propose de découvrir une nouvelle lecture dans le cadre du Challenge Boris Vian, lancé par l'Oeil qui fume via son blog il y a quelques mois. En Août, je vous présentais Conte de fées à l'usage des moyennes personnes, l'une de ses premières oeuvres. Pour vous aujourd'hui, j'ai (re)lu J'irai cracher sur vos tombes, l'un de ses romans les plus connus... Bonne lecture à tous! :)


J'irai cracher sur vos tombes, par Vernon Sullivan.
Lorsqu'il sort en 1946, J'irai cracher sur vos tombes est d'abord publié avec pour auteur non pas Boris Vian, mais Vernon Sullivan, le nom de plume qu'il utilisait pour certains de ses romans dont l'intrigue se passait aux Etats-Unis, aux thèmes et à l'intrigue assez violents. Boris Vian se présentait alors comme le simple traducteur de ce fameux Vernon Sullivan. Il se servit de cette identité pour la première fois pour J'irai cracher. Et il fit bien, car le roman eut une réception critique particulièrement violente: les thèmes abordés et le style choquèrent grandement, tant et si bien que le livre fut même interdit en 1949 pour cause d'outrage aux bonnes moeurs. Ce scandale en fit néanmoins son succès populaire et explique en partie pourquoi il est devenu l'une des oeuvres majeures de Boris Vian. 
En 1959, le film fut adapté au cinéma. Si le film a plutôt été oublié depuis, il garde en revanche une aura plutôt néfaste: Boris Vian, qui était fermement contre l'idée d'une adaptation cinématographique (à noter qu'il y a également eu une version théâtrale), mourut dans la salle lors de sa toute première projection...



Un livre controversé:
Comme je l'ai dit plus haut, J'irai cracher est un livre que l'on peut qualifier de controversé. Lors de sa sortie, il choqua la critique en raison de ses nombreux passages sexuels (Fifty Shades Of Grey n'a rien inventé!) plutôt crus pour l'époque. Certains considèrent aussi que Boris Vian joue sur la facilité (du sexe et de la violence, il ne nous manque plus que Jason Statham, un building en feu et on peut faire un film!), ou se moquent du côté très caricatural de sa vision de la vie aux Etats-Unis, proche d'un épisode d'Happy Days, mais avec du sexe. 

Fonzy approves!


Néanmoins, l'auteur nous propose surtout une critique sur la condition de la population noire: on le sait, le racisme fait partie de l'Histoire américaine, comme en témoigne la guerre de Sécession, le combat de Malcolm X et le Civil Right Movement (j'en profite pour remercier mes profs de civilisation américaine: merci. Voilà), ou encore aujourd'hui l'élection de Barack Obama. Le racisme est clairement au coeur du roman à travers cette histoire de vengeance.


Résumé du livre:
Le héros, c'est Lee, Lee Anderson. Le roman commence lorsqu'il emménage dans une petite ville des Etats-Unis, où il devient libraire, et où il rencontre une bande de jeunes à laquelle il s'intègre très vite, grâce à ses talents de musiciens, mais aussi ses prouesses sexuelles. Mais Lee n'est pas là pour batifoler. Non. Il est là pour se venger d'un drame qui a couté la vie de son frère, tué parce qu'il était Noir. Blanc dehors mais Noir dedans, notre héros cherche à tout prix un moyen de venger son frère… 

Les grands thèmes:
Penchons-nous à présent sur les grands thèmes du roman! 
Tout d'abord, l'un des éléments les plus importants, utilisé dans de nombreux passages, c'est évidemment le sexe. Boris Vian aborde ce sujet dans beaucoup de romans (Elles se rendent pas compte, notamment), et J'irai cracher sur vos tombes en fait l'un de ses moteurs. Lee couche avec un bon nombre de demoiselles, déploie largement ses armes de séduction, et les passages sexuels sont assez nombreux (si vous n'êtes pas friands de ce genre de choses, passez votre chemin!). Cependant, même si c'est évidement un moyen de choquer le public de l'époque, le sexe n'est pas là uniquement pour vendre et pour faire parler du roman. Au contraire, Lee voit le sexe comme une façon de pouvoir se venger de ce qui est arrivé à son frère: les autres personnages sont assez racistes, même carrément racistes pour certains, ils ne se doutent pas que Lee est en fait Noir... 
Cependant, il faut quand même le préciser, certains chapitres sont assez dérangeants: il y a par exemple un passage autour de la pédophilie, assez cru, qui explique en partie la réaction choquée du public lors de la publication du roman (et même aujourd'hui, ce passage met mal à l'aise). 

Ensuite, ce qui est intéressant, c'est la façon dont Boris Vian perçoit les Etats-Unis. Sa connaissance ce ce pays se limitait principalement à la musique, surtout au Jazz, dont il est un grand amateur. L'intrigue se passe donc dans un univers assez caricatural, avec des personnages aux caractéristiques assez poussées... On pourrait faire un article entier sur la façon dont Boris Vian utilise les Etats-Unis.

Mais le thème le plus important du roman, c'est bien évidemment le racisme. Nous avons des personnages racistes, forcément, et surtout une intrigue qui évolue autour de ce sujet. Lee est guidé par la vengeance de son frère, victime du racisme et de la ségrégation. Son choix de héros, un Blanc qui est Noir "de sang", sert à montrer que les préjugés et la haine sont au final inexpliqués. Mais que l'on soit Noir ou Blanc, peut-on faire justice soi-même?

Petit parallèle avec Elles se rendent pas compte:



Il y a quelques mois, je vous avais présenté Elles se rendent pas compte, un autre roman de Boris Vian originellement publié sous le pseudonyme de Vernon Sullivan. Je me suis dit qu'il serait intéressant de comparer ces deux romans!
Tout d'abord, on retrouve dans les deux certains éléments: une narration à la première personne, une intrigue qui se passe aux Etats-Unis, des thèmes communs (le sexe, entre autres), un univers assez violent et assez sexiste. Boris Vian a vraiment cherché à donner l'impression que les différents livres du type "Vernon Sullivan" était bien écrit par le même auteur, et utilise donc des éléments semblables dans ceux-ci. Je pense vous présenter encore l'un des deux autres romans de Vernon Sullivan (Les morts ont tous la même peau ou Et on tuera tous les affreux), je ferais donc un parallèle avec ce 3ème livre à ce moment-là!
Néanmoins, là où Elles se rendent pas compte cultive beaucoup l'humour, les situations cocasses, qui allégeaient un peu l'ensemble, J'irai cracher privilégie l'humour noir, un ton un peu plus sérieux qui va aussi avec les thèmes abordés qui sont plus sombres. On sent que Boris Vian voulait faire passer son message d'une façon légèrement différente...

Mon avis:
J'irai cracher sur vos tombes est l'un des tous premiers romans de Boris Vian que j'ai lus, lorsque j'ai découvert cet auteur. Il m'avait profondément frappée par sa violence, sa crudité (au niveau des thèmes abordés, par les carottes râpées)… J'avais donc très envie de le relire pour ce Challenge, quatre ans après ma première lecture… Voici donc ce que j'en ai pensé:

-Commençons par l'histoire. L'une des choses que j'aime énormément dans ce roman, c'est le mystère autour du personnage principal: certes, on comprend très vite que des drames se sont produits dans sa vie, et qu'il cherche à se venger de ce qui est arrivé au "gosse" (fréquemment mentionné au cours des chapitres). Mais ce n'est que petit à petit que l'on perce le mystère de ce héros: son nom, par exemple, n'apparaît qu'au bout de plusieurs pages, et il se dévoile au fur et à mesure. Personnellement, j'ai beaucoup apprécié cet aspect qui nous tient en alerte du début à la fin: on apprend qui est le gosse, on apprend le secret de Lee, mais c'est une découverte qui se fait de page en page.

-En parlant de Lee, j'ai énormément apprécié ce héros. Il n'est pas rare que Boris Vian utilise la première personne pour ses romans (c'était déjà le cas dans Elles se rendent pas compte, par exemple), et je trouve que c'est un bon moyen de créer du contact avec son lecteur. Je sais que la première personne dérange certains lecteurs, mais dans mon cas, ça a fonctionné! La personnalité de Lee m'a captivée, j'avais vraiment de savoir ce qu'il voulait, si il allait y arriver... J'ai aussi beaucoup aimé les soeurs Asquith, Lou et Jean, même si Boris Vian a surtout mis sur l'accent sur Lee.


-Je l'ai déjà dit, mais je suis très sensible au style de Boris Vian. Je ne m'ennuie jamais en lisant ses textes, il manie à la fois humour, suspens, scandale, le tout dans un même roman. Dans J'irai cracher, une violence supplémentaire s'ajoute à ce mélange, et même si certains passages mettent clairement mal à l'aise, j'ai néanmoins apprécié son travail et sa façon d'écrire! 



Néanmoins, j'ai moins aimé cette relecture que ma première découverte du roman. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j'ai été un peu moins emportée par l'histoire, par le style, même si je pense qu'il s'agit de l'un des Boris Vian à lire si on s'intéresse à cet auteur. Cependant je ne le conseille pas à tout le monde: si vous êtes un peu jeune, ou un peu sensible, passez votre chemin, vous risquez d'être profondément déstabilisé!




J'en arrive donc à à peu près un tiers du Challenge (10 livres!). Je vais le mettre entre parenthèses le mois prochain, histoire de ne pas faire une overdose de Boris Vian ^^. Je n'ai pas encore choisi le prochain titre à chroniquer, donc si vous avez envie de voir un roman en particulier sur le blog, n'hésitez pas à me laisser vos suggestions! On se retrouve très vite pour de nouveaux articles, en attendant prenez soin de vous!

AnGee Ersatz*

vendredi 20 septembre 2013

La Lecture en VO: quelques conseils.




Bonjour à tous et à toutes!

Je suis ravie de vous retrouver aujourd'hui avec un tout nouvel article, très différent de ce que je fais d'habitude. Ceux qui connaissent bien le blog le savent, généralement je vous propose des chroniques, des avis, des points cinéma, bref des choses assez variées. Mais pendant les vacances, j'ai eu, en regardant la vidéo de Clélia sur la lecture de classiques (très bonne vidéo que je vous conseille et que vous pouvez voir ICI), l'envie de vous présenter aussi un article du type "conseil de lecture" sur un thème qui me tient particulièrement à coeur: la lecture en version originale. En effet, je suis une grande amatrice de lecture en VO (surtout en langue anglaise), et on me pose fréquemment des questions à ce sujet (comment tu fais pour lire en VO? Est-ce que Jane Austen/Fitzgerald/autreauteurdevotrechoix, c'est dur à lire? Par quels livres commencer?). J'ai donc décidé de préparer cet article conseil, où je vous donne quelques trucs personnels pour appréhender la lecture en VO. J'ai essayé de prendre un maximum d'aspects en compte, mais si j'avais vous avez des questions, vous pouvez me les poser en commentaire!

(Petite précision: je vais surtout parler ici de la lecture en langue anglaise/américaine, mais les conseils sont assez larges et marchent pour quasiment toutes les langues!).


Pourquoi lire en VO: les avantages.
On me demande souvent pourquoi je lis en VO, et je constate que cette question est aussi fréquemment posée aux autres lecteurs de VO. Voici donc quelques raisons pour lesquelles la version originale, c'est bien.

-Pour vous aider en cours ou à pratiquer votre anglais/allemand/autre langue: Personnellement, je suis étudiante en anglais depuis 3 ans, donc la VO, c'est obligatoire pour moi. Mais même au lycée, c'est important de pratiquer les langues en dehors des cours. Aujourd'hui, c'est très important, quelque soit  la langue que vous appreniez à l'école, de la maîtriser un minimum, que ce soit pour vos études, pour votre vie personnelle, ou surtout pour trouver un travail. Et en tant qu'adulte, c'est un peu la même chose!

-Pour le plaisir de découvrir le vrai style de l'auteur: Alors attention. Je n'ai rien, absolument rien contre les traductions: si c'était le cas, je n'étudierais pas la traduction depuis trois ans, et je ne me serais pas inscrite en Master Traduction. Cependant, lire un auteur ou lire une traduction, ce n'est pas la même chose: même si le traducteur est très bon, toutes les langues ont leurs subtilités et leurs particularités qu'il est parfois difficile de retranscrire. 

-Pour lire les livres avant leur publication française: là, c'est l'argument de la meuf pas patiente que je suis. Je déteste, mais alors vraiment, je déteste attendre des mois pour avoir un livre qui me tente beaucoup, surtout qu'en général, je peux les trouver en poche VO assez rapidement. Du coup, je préfère trouver mes livres le plus vite possible!

Bien sûr, je le précise parce que je vois déjà les grincheux arriver: lire en VO, ce n'est pas une obligation. Si je fais cet article, c'est surtout pour les personnes qui m'ont demandé des conseils et en aucun cas pour forcer qui que ce soit à lire en VO. Le principal, c'est que chacun se fasse plaisir!




Quelques conseils:
-Être conscient de son niveau:
La première chose à faire avant même de penser aux titres à acheter ou à autre chose, c'est évaluer son niveau. C'est très important: combien de fois j'ai vu des personnes qui alignent à peine trois mots en anglais se lancer dans la lecture de pavés, et qui abandonnent en larmes au bout de quelques pages parce qu'ils ne comprennent rien? La lecture en VO doit être un plaisir, et non pas un moment de torture, et si vous voulez lire sereinement, il faut déjà être conscient de votre niveau.
Faites des petits tests simples: si vous allez encore à l'école, feuilletez votre bouquin de langue; sinon, allez lire quelques articles sur internet. Posez vous les bonnes questions: est-ce que je comprends ce qui est écrit? Un peu? Pas du tout? Est-ce que je suis capable de dire en gros de quoi parle ce que je viens de lire?. Le but est d'arriver à se situer pour ensuite bien choisir les titres qui vous correspondent. Et il vaut mieux sous-estimer vos capacités et commencer un peu en dessous, plutôt que de vous surestimer et finir par jeter votre livre par la fenêtre!

-Par quels livres commencer?
Pour cette question, que l'on me pose souvent, il y a plusieurs réponses. En effet, le choix d'un livre dépend de plusieurs critères.
-Tout d'abord, de votre niveau. Si vous estimez avoir un faible niveau d'anglais, je ne vous conseille pas  d'attaquer tout de suite des romans. Tournez vous vers d'abord vers des bande-dessinées, des comics ou des romans pour enfants: par exemple, les romans de Roald Dahl, qui sont assez accessibles. N'hésitez pas à lire des magazines du type Vocable ou I love English, qui sont très biens et que je conseille à ceux qui veulent travailler leur anglais, mais aussi consolider leurs bases. Si vous avez un bon niveau d'anglais, vous pouvez vous orienter directement vers des romans, en commençant par de petits romans ou des romans "faciles" (que vous avez déjà lu en Français, ou d'un auteur dont le style est plutôt simple).
-Ensuite, faites vous plaisir! Pensez à ce que vous aimez comme style de livres: vous aimez les romances? Les classiques? La Young Adult? Choisissez un livre dans un genre que vous aimez, d'un auteur que vous appréciez, cela rendra la lecture plus agréable!

Voici cependant quelques titres que je conseille (en anglais):
-Dans la lecture jeunesse: les romans de Roald Dahl en général; les Harry Potter si vous les connaissez déjà; mais aussi les contes (Snow White, Red Riding Hood...)...



-Catégorie Young Adult: la série Pretty Little Liars, dont les romans sont assez courts et accessibles; Born Wicked (ou Soeurs Sorcières, en français)...
-Les romans: les Nikki Heat (pour les fans de Castle); les romans de Paul Auster...
-Pour les fans de classiques (à réserver quand même à un bon niveau): Jane Austen; Conan Doyle; Salinger...
-Catégorie BD/comics: les Scott Pilgrim; les Catwoman; Adventure Time...

Vous pouvez aussi vous diriger vers des nouvelles ou d'autres titres, il ne s'agit que d'une petite sélection.

-Les éditions bilingues, à prendre ou à laisser?
Dans les rayons des librairies, ou même maintenant de certains supermarchés, il est possible de trouver des éditions bilingues: dans ces livres, vous avez face à face la version originale et la version traduite. On me demande souvent si les éditions bilingues sont un bon moyen de démarrer la lecture en VO. Personnellement, je suis assez mitigée sur la question.


D'un côté, il y a des avantages: avoir un livre au lieu de deux, pouvoir vérifier directement la traduction si on ne comprend pas... Mais j'y vois aussi beaucoup d'inconvénients: tout d'abord, la forte tentation de laisser tomber la VO pour lire la traduction, ce qui arrive souvent, surtout lorsqu'on commence à lire dans une langue étrangère. Ensuite, la traduction. Je l'ai déjà dit plus haut, je n'ai rien contre la traduction (sinon, ça ne ferait pas 3ans que je me casse les pieds à travailler comme une folle pour devenir traductrice, hein), mais elle peut être un piège: si la traduction est mauvaise (et ça arrive, même encore aujourd'hui), vous allez être un peu perdu. Si elle est bonne, il faut faire attention au piège du mot à mot: la traduction, ce n'est pas traduire mot pour mot le texte original, il y a des remaniements à faire, et l'ordre des mots ou la structure de la phrase peuvent être très différents d'une langue à l'autre.

En bref, je ne suis pas persuadée que les éditions bilingues soient idéales. Tout dépend en fait de votre façon de lire! Si vous constatez que ces livres vous aident vraiment, n'hésitez pas et foncez! Mais si en revanche vous avez du mal à vous y faire, vous pouvez vous tourner vers autre chose.

-Comment faire si je ne comprends pas certains mots?
Abordons maintenant un problème qui angoisse nombre de lecteurs. L'incompréhension: ça arrive à tout le monde, moi y compris, de lire un roman et de tomber sur un mot qu'on ne comprend pas. Que faire? Vous pouvez réagir de deux façons:
-La première: paniquer, relire 100 fois le mot, vous mettre à courir pour finir par pleurer de désespoir.
-La deuxième: réagir un peu plus sereinement. Avant de brandir un dictionnaire, lisez la phrase en entier: peut-être qu'avec le reste des mots, vous allez comprendre le sens de ce mot mystère! Si vous ne le trouvez pas, ce n'est pas grave: là, le dictionnaire peut faire son entrée pour vous aider. Utiliser un dictionnaire, ce n'est pas une honte! En revanche, si le mot n'est pas dedans (ce qui peut arriver), utilisez Google pour trouver la définition, ou mieux, allez dans les images, ce que je vous conseille de faire aussi en cas de définition floue (combien de fois je suis tombée sur un truc du genre "type d'arbre qu'on trouve dans la forêt"). Si vraiment vous ne trouvez pas ce que veut dire ce mot, laissez tomber et poursuivez votre lecture! Un mot ne doit pas vous empêcher de profiter du livre!

On m'a aussi demandé ce qu'il fallait faire lorsqu'on tombe sur un mot inventé dans le texte. En fait, j'ai l'impression que c'est la même chose en français: dans Harry Potter, par exemple, J.K Rowling nous en donne de très bons exemples. Lorsqu'en français vous tombez sur "moldu", le sens est donné un peu plus loin dans le texte. Et bien c'est la même chose en anglais.

Voilà un bel exemple de moldus. Le moldu en liberté. 


-Je n'arrive pas à finir un livre, c'est grave?
Autre grand problème des lecteurs: que faire quand on ne parvient pas à finir un livre?
Il faut d'abord vous demander pourquoi vous n'arrivez pas à finir ce livre: est-ce que ce livre est trop compliqué pour vous? Est-ce que vous n'avez pas accroché à l'histoire? Manque de temps? Autre souci? En fonction des raisons, trouvez une solution: un autre livre, un autre genre...
Quoi qu'il en soit, ne culpabilisez pas parce que vous n'arrivez pas à finir un livre. C'est la même chose lorsque vous n'arrivez pas à finir un livre dans votre langue maternelle: personne ne va vous blâmer pour cela, et il y a des trucs plus graves dans la vie. Orientez-vous vers quelque chose d'autre, un autre style, un autre livre, et tout ira bien.

-Où trouver des livres en VO pas chers?
Et oui, pensons un peu au porte-monnaie. De plus en plus de librairies et magasins proposent des rayons consacrés à la lecture en VO, et il est donc de plus en plus simple de trouver des livres en VO (même si, malheureusement, les langues comme l'anglais ou l'allemand sont majoritaires, et que les lecteurs de russe, japonais ou autres sont moins bien lotis). Néanmoins, faites attention! Les différences de prix peuvent être assez impressionnantes d'un magasin à l'autre.
Lorsque j'étais au lycée et en prépa, j'allais toujours dans le même magasin, où les livres VO étaient moins chers que la version traduite, que ce soit en grand format ou en poche: ça valait donc vraiment le coup! Malheureusement, ce magasin a fermé suite à des problèmes de gestion. J'ai cherché à me rabattre sur d'autres magasins, et c'est là que j'ai constaté que les prix varient d'une enseigne à l'autre: chez Cultura, par exemple, j'ai trouvé World War Z à presque 10 euros en poche, alors qu'il tourne autour de 7-8 euros en version traduite, et de 6-8 euros dans d'autres magasins. Je vous conseille donc de faire plusieurs librairies pour trouver la plus avantageuse. Vous pouvez aussi commander sur Amazon où les livres en VO sont plus accessibles et aussi plus variés, mais je vous recommande définitivement The Book Depository, qui est un site formidable!

-Quelques trucs qui peuvent vous aider:
Pour finir, voici quelques trucs et astuces supplémentaires pour vous aider à passer du côté VO de la lecture.

Tcccch Rejoignez-nous tchhhh.

-Allégez votre lecture: généralement, la première fois que vous allez lire en VO, vous allez mettre beaucoup de temps à venir au bout du livre. N'hésitez pas à avoir un deuxième livre, en français cette fois, pour éviter l'overdose, en arrêtant de temps en temps votre lecture VO pour la rendre plus digeste.
-Notez les définitions des mots: lire la définition d'un mot, ça ne veut pas dire que vous allez le retenir. Trouvez-vous un petit carnet ou répertoire dans lequel noter les mots et leurs significations: vous les retiendrez mieux, et il vous sera plus facile de le chercher au besoin.
-Fixez vous un objectif: pour vous motiver, n'hésitez pas à vous fixer un objectif! Par exemple, de lire un livre en VO tous les mois, tous les deux mois, tous les trois mois, bref, à votre rythme. Sachez qu'il existe un Challenge de lecture en VO sur Livraddict, le Read In English Challenge, qui démarre en Octobre et lancé par Avalon!

Et voilà, j'espère que cet article vous aidera (dans la mesure du possible!). Personnellement j'ai commencé à lire en VO il y a cinq ans, ma bibliothèque est aujourd'hui composée à presque 50% de livres en VO, et j'essaie de lire le plus possible mes romans étrangers en anglais. Si vous avez des questions, ou d'autres conseils, n'hésitez pas à les laisser en commentaire! 

A très vite!

AnGee Ersatz*





mardi 17 septembre 2013

Challenge United Kingdom #11: Matilda de Roald Dahl.




Hello Livroscopians!

Quel bonheur de vous retrouver aujourd'hui! J'ai enfin repris les cours (hier, après quatre mois de vacances... heureusement que les jobs d'été existent), mais ce n'est pas une raison pour vous oublier, loin de là! Aujourd'hui, j'ai décidé de vous présenter ma nouvelle lecture pour le Challenge United Kingdom auquel je participe depuis plusieurs mois et qui est devenu un rendez-vous mensuel sur le blog. Vous le savez peut-être, en plus de paliers chiffrés, Vashta Nerada nous a proposé de mentions supplémentaires correspondant aux différentes parties du Royaume-Uni. Pour l'instant, il me manquait encore un gallois, et c'est pour cela que j'ai choisi de parler de Roald Dahl, un auteur culte. Et pour fêter la rentrée, penchons-nous sur Matilda! Bonne lecture à tous!


Qui est donc ce Roald Dahl?
Commençons par quelques mots sur notre auteur du jour, Roald Dahl! 
Roald Dahl est né en 1916 à Llandaff, au Pays de Galles. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le début de sa vie fut loin d'être idyllique: il perd son père et sa soeur alors qu'il n'est encore qu'un enfant, puis manque de mourir au cours de la Seconde Guerre Mondiale. C'est au cours de cette même guerre qu'il se décidera cependant à se lancer dans l'écriture. 
Roald Dahl est un vrai touche à tout: si on le connait majoritairement pour ses livres jeunesse (Charlie et la Chocolaterie, Matilda, le Bon Gros Géant et bien d'autres), il a aussi écrit un grand nombre de nouvelles (aussi pour les adultes!), des autobiographies, ainsi que le scénario d'un James Bond, On ne vit que deux fois (il était très proche de Ian Fleming, le papa du célèbre espion).
Il a été marié deux fois: tout d'abord avec Patricia Neal, pendant près de 30 ans, avec laquelle il a cinq enfants, puis il se marie avec Felicity Crosland. Il meurt en 1990, laissant derrière lui un héritage littéraire qui séduit toujours un grand nombre de jeunes lecteurs.


Matilda:




Résumé:
Matilda est une toute petite fille aux capacités extraordinaires: avant même d'aller à l'école, elle apprend à lire, et dévore tout ce qui lui tombe sous la main, des livres de cuisine aux romans d'Hemingway. Elle sait faire des calculs extrêmement compliqués, bref, elle est très intelligente. Un rêve pour tous les parents, non?
Et bien sauf pour ceux de Matilda: sa mère passe ses après-midi à jouer au loto, et son père est un vendeur de voitures qui escroque ses clients. La petite fille n'a qu'un soutien: Mlle Candy, sa maîtresse, prête à tout pour l'aider. Mais sur le chemin se dresse une silhouette terrifiante, celle de Mlle Legourdin, la directrice, qui déteste les enfants, et surtout Matilda...

L'adaptation cinématographique:




Les livres de Roald Dahl ont très souvent été adaptés en films ou téléfilms, et Matilda n'y a pas échappé: en 1996, un film Matilda sort donc au cinéma. Il a été réalisé par l'acteur Danny DeVito, connu pour avoir joué le Pingouin dans Batman: le défi, dans Vol au dessus d'un nid de coucou et bien d'autres films. Le rôle-titre est tenu par Mara Wilson, Mlle Candy est interprétée par Embeth Davidtz (le Journal de Bridget Jones, The Amazing Spider-Man...), et Mlle Legourdin par Pam Ferris (que l'on a aussi pu voir dans le rôle de Tante Marge dans la saga Harry Potter). Voici la bande-annonce du film.




Le film a eu un joli succès à sa sortie, surtout à l'étranger, et a remporté plusieurs prix. Il est depuis considéré comme un film culte. Je vous propose aussi une vidéo très intéressante de Nostalgia Chick (feat Mara Wilson) sur le statut du film:




Quelques points importants:
L'intelligence ou l'apparence? That is the question.

Dans le roman, deux mondes différents s'opposent: le monde des apparences, et le monde de l'intelligence.
On le comprend très vite, Matilda est une petite fille formidablement douée, à l'intelligence sans pareille, curieuse de tout et surtout passionnée par les livres. Comme le dit Roald Dahl au début de l'histoire, n'importe quel parent un tant soit peu malin serait extrêmement fier d'avoir une fille pareille! N'importe quel parent, sauf ceux de Matilda.
Car pour les parents de Matilda, ce qui compte, c'est l'apparence: sa mère explique à Mlle Candy que ce n'est pas avec son QI que sa fille trouvera un mari et une bonne situation financière. La femme est donc mise en avant comme une sorte d'objet d'art, d'apparat pour le mari. Et le père tient le même discours, mais à un autre sujet: les voitures. En effet, M.Verdebois vend des voitures, en les truquant: si en apparence elles sont presque comme neuves, en réalité, elles sont plus proches de la fin que du début. Comme pour les femmes, tant pi si l'intérieur est défaillant, ce qui compte, c'est l'extérieur.
Bien évidement, la fin du roman nous montre quel monde est en réalité supérieur pour l'auteur...

Roald Dahl et la télévision:
Autre point intéressant, la télévision. Aujourd'hui, quasiment tout le monde a la télévision, c'est un objet qui est devenu très banal et qui fait partie de notre quotidien.




Dans Matilda, Roald Dahl évoque la télévision et nous donne son point de vue sur celle-ci: on sent bien que la télévision, ce n'est pas son truc, loin de là. Tous les soirs, la famille Verdebois se retrouve pour manger devant des feuilletons télévisés plutôt insipides. A première vue, on pourrait penser qu'ils veulent juste se vider la tête ou se divertir, ce qui en soit n'est pas une mauvaise chose. Mais on comprend que la télévision devient pour eux plus importante que le reste: la communication familiale avoisine le néant (seul le père parle, pour raconter ses exploits d'escroc), et les parents n'aiment pas être interrompus lorsqu'ils la regarde (cf la scène où Mlle Candy vient les voir, et où la mère de Matilda montre qu'elle pense que la fiction télévisée, c'est la réalité).
La télévision, pour Roald Dahl, peut donc devenir un objet de corruption de l'esprit: autre exemple, le fameux Mike Teevee de Charlie et la Chocolaterie, qui ne jure que par la télévision, et qui va finir dans de sales draps!
Ce que montre l'auteur, c'est que la télévision, lorsqu'elle prend la place de la communication et de la lecture/culture, nuit à ceux qui la regardent. Une façon d'inciter les enfants à lire davantage, en somme!

Les héros de Roald Dahl:
Les enfants:
En tant qu'auteur de romans jeunesse, Roald Dahl apporte un grand soin à ses héros, les enfants: Matilda, James, Georges, Charlie... Ces noms nous sont familiers!
Les héros-enfants de Roald Dahl peuvent être décrits comme des enfants qui grandissent dans une situation plutôt délicate: la pauvreté (Danny, Champion du monde, ou Charlie et la Chocolaterie), une famille compliquée (Georges Bouillon, James et la Grosse Pêche)... Bref, au départ, on est loin d'un univers féérique qui fait rêver! Mais surtout, ce sont des enfants plutôt normaux: ils sont gentils, serviables envers les personnes qu'ils aiment (Charlie avec sa famille, Matilda avec Mlle Candy), et si ils ont des capacités particulières, comme Matilda, ils sont incroyablement dignes, loin d'être prétentieux, et Roald Dahl insiste vraiment sur ce point. Tout est fait pour que ces enfants soient à la fois un maximum proche du public visé (les enfants, forcément), tout en diffusant des valeurs et des qualités (la gentillesse, le respect,...). Les personnages de Roald Dahl sont universels!



Bien évidemment, ces enfants sont aussi à confronter à d'autres enfants qui sont plutôt des terreurs: on se souvient tous des affreux enfants dans Charlie et la chocolaterie, des enfants capricieux, mal élevés, qui incarnent tout ce qu'il ne faut pas faire, et ne pas être.

Les adultes:
Parlons aussi des adultes. Les adultes ont une place particulière dans l'oeuvre jeunesse de Roald Dahl, et là aussi on a deux types d'adultes.
Les premiers sont les adultes qui, comme les héros mentionnés précédemment, sont gentils, aimables, travailleurs, de bons parents ou de bons professeurs/amis: les meilleurs exemples sont bien sûrs les grands-parents de Charlie, ou Mlle Candy. Ils soutiennent souvent nos héros.



Mais bien sûr, ceux dont on se souvient le plus, ce sont les méchants adultes. La famille de James dans James et la Grosse Pêche, et bien sûr les parents de Matilda. Les caractéristiques de ces personnages, comme celles des enfants d'ailleurs, sont très poussées, au point de ressembler à de la caricature: ils sont très imposants, font peur, sont méchants. Ils semblent d'abord impressionnants, mais finissent toujours par être ridiculisés par ceux qu'ils maltraitent. Les parents de Matilda, et surtout son père, en feront les frais à plusieurs reprises.




Mon avis sur ce livre:
Enfant, j'étais tout simplement accro aux romans de Roald Dahl: j'apprenais tout juste à lire, et j'ai passé des mois, et même des années, à éplucher ses livres. Mon petit frère et moi adorions son univers, et lorsque ma soeur a commencé à lire, je lui ai conseillé Roald Dahl. Bref, vous l'aurez compris, Roald Dahl est l'un de mes auteurs jeunesse préférés. Je ne pouvais pas passer à côté de lui pour ce Challenge, et je me demandais ce que j'allais penser de Matilda, maintenant que je suis une lectrice plus âgée.

Et bien j'ai ADORE! Je connaissais déjà l'histoire, mais j'ai replongé dedans avec un vrai plaisir, et je lui ai même découvert une autre dimension: en tant qu'enfant, je trouvais Matilda très forte, et très courageuse. Cette impression se renforce aujourd'hui: ce qu'elle fait à ses parents, son comportement très digne et sympathique... Bref, chacune de ses actions me parait encore plus folle!



Ensuite, j'ai vraiment adoré les personnages: c'est l'un des points que je préfère dans les romans de Roald Dahl, et je me suis régalée avec les personnages hauts en couleur de Matilda. M.Verdebois m'a fait beaucoup rire, j'ai fondu devant Mlle Candy, et j'étais terrifiée devant Mlle Legourdin, même en tant qu'adulte. Les dessins qui agrémentent l'histoire sont vraiment un plus pour moi, c'était un vrai retour en enfance. Dernier point que j'ai particulièrement apprécié: le style de Roald Dahl, terriblement drôle, sarcastique, avec beaucoup d'éléments que l'on peut lire à plusieurs niveaux. 

En bref, je ne regrette pas d'avoir relu ce roman de Roald Dahl, bien au contraire! Je pense en relire d'autres de temps en temps. Pour moi, cet auteur est vraiment à faire découvrir aux enfants mais aussi aux lecteurs un peu plus expérimentés, pour son univers bien particulier. Je tiens d'ailleurs à souligner le joli travail des éditions Folio Jeunesse, qui proposent à la fin des romans de Roald Dahl un petit carnet de jeux, d'extraits de romans et de quizz qui permettent d'aller un peu plus loin! On se retrouve très vite pour de nouveaux articles, et le mois prochain pour une nouvelle lecture United Kingdom, avec cette fois un auteur encore plus culte, incontournable même: Shakespeare! Prenez soin de vous!

AnGee Ersatz*

Si vous avez aimé...

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