("l'Abbé Mouret? Bouarf...")
Bonjour à tous et à toutes!
Après un mois de Septembre très réussi (plus de 3 000 visites, un record! Merci à vous!), je vous propose de commencer Octobre en douceur, en poursuivant notre parcours des Rougon-Macquart. Octobre va être un mois très chargé, puisque je vous réserve plein d'articles à l'occasion d'Halloween!
Si vous souhaitez en savoir plus sur le blog, n'hésitez pas à nous rejoindre sur la page facebook!
Aujourd'hui, c'est au cinquième tome de la saga que je m'attaque, la Faute de l'Abbé Mouret. Nous en sommes donc à un quart de la saga! Ce cinquième tome, qui est celui que j'ai le moins aimé pour l'instant, n'en reste pas moins intéressant, car il diverge par de nombreux points de ses prédécesseurs.
Contrairement à d'habitude, vous ne retrouverez pas d'arbre généalogique pour ce livre, puisqu'il n'y a que trois représentants de la famille: le docteur Pascal, Désirée, et son frère Serge, le héros du roman... C'est d'ailleurs la première fois que l'action se focalise à ce point sur un seul personnage...
(l'une des couvertures, plutôt jolie je trouve, du roman)
Petit résumé:
Serge, que l'on connaît sous le nom de l'abbé Mouret, est le curé des Artaux, un petit village où la religion n'est pas vraiment la priorité des habitants, qui préfèrent à la fraîcheur de l'église la rudesse des champs qu'ils cultivent. L'abbé doit faire face aux comportements peu chrétiens de ces "croyants": grossesse hors du mariage, chenapans qui battent la campagne... Cependant, l'abbé Mouret garde foi en l'humanité, et surtout en la Vierge, qu'il aime plus que tout... Une croyance d'ailleurs moquée par le Frère Archangias, un frère qui déteste les femmes sous toutes leurs formes.
(la Vierge fascine le jeune abbé)
Un jour, l'oncle de l'abbé, le docteur Pascal, l'emmène au Paradou, une propriété située en dehors des Artaux, où vit Jeanbernat, un athée, et sa nièce de 16 ans, la blonde Albine. De retour aux Artaux, l'abbé, qui ne parvient pas à enlever l'image de cette jeune fille de son esprit, fait ce qui ressemble à une crise de foi, et s'évanouit.
C'est loin de son village que l'abbé se réveille: son oncle, pour maximiser sa guérison, l'a envoyé au Paradou où Albine s'occupe de lui comme d'un enfant, le nourrissant, le rassurant. Serge a comme oublié sa vie d'avant, et, avec Albine, il parcourt le jardin du Paradou, un jardin immense, semblable à une forêt vierge. C'est dans ce jardin que leur amour va naître, se cultivant au jour le jour, entre peur, rejet et passion, jusqu'au jour où Serge et Albine vont commettre l'irréparable, l'acte suprême de leur amour. Tout aurait pu bien se passer, si le Frère Archangias n'avait pas retrouvé l'abbé, le faisant quitter Albine et le Paradou...
La continuité:
Pour ce cinquième tome, Zola a clairement choisi de rester dans la continuité du tome précédent, la Conquête de Plassans.
En effet, le thème majeur abordé reste la religion. Dans la Conquête de Plassans, l'abbé Faujas parvient à séduire la communauté de Plassans, et ce en détruisant la famille Mouret. Cependant, cette "crise" familiale n'a pas empêché le deuxième fils des Mouret, Serge, de devenir abbé lui aussi et de tenter, à sa façon, de séduire le peuple des Artaux, mais dans une autre mesure. En effet, il ne cherche pas à séduire et à manipuler les habitants, mais seulement à les faire plier sous la gloire de Dieu. On en a l'exemple avec la grossesse de Rosalie, une jeune du village, que l'abbé cherche à transformer en mariage.
La branche de la famille choisie par Zola est toujours la même: en effet, le tome se focalise à nouveau sur les Mouret qui, comme je vous l'avais dit dans l'article précédent, sont l'alliance des Rougon et des Macquart. On peut même dire que le livre est la suite même de la Conquête de Plassans: Marthe, la mère de Serge, rendait l'âme à la vue de son fils devenu religieux; et c'est dès sa mise en place dans un village que l'on retrouve notre jeune abbé. Si Désirée, sa soeur simple d'esprit, est avec lui, son grand frère n'est pas présent.
La question de l'hérédité, très souvent abordée dans les articles, est là aussi présente: l'oncle Pascal qui, comme vous le verrez plus tard, est l'expert de l'hérédité de la famille, dira en effet que Serge est "bien un Rougon, bien un Macquart!''. Une citation qui veut bien dire ce qu'elle veut dire, puisque la crise de foi de Serge est un témoignage du mal-être héréditaire...
(Francis Huster dans l'adaptation française du roman)
Un tome particulier dans la saga.
Comme je vous le disais dans l'introduction, la Faute de l'Abbé Mouret a une place assez intéressante dans la saga, par rapport à ses prédécesseurs:
-Tout d'abord, c'est le premier livre qui traite d'un seul personnage. En effet, dans les autres, on retrouvait plusieurs protagonistes, dont beaucoup (comme dans la Fortune des Rougon et la Conquête de Plassans) viennent de la famille des Rougon-Macquart. Ici, Serge est vraiment le personnage le plus important, et les autres passent au second plan. Désirée ou l'oncle Pascal, les autres membres de la famille, jouent vraiment un rôle mineur, la première se contentant de s'occuper de ses multiples animaux, et l'oncle étant le plus souvent de passage.
-Ensuite, et j'en suis heureuse, la politique est absente de ce roman. Si déjà dans le dernier, elle jouait déjà un rôle mineur, elle a complètement disparu de la Faute de l'Abbé Mouret. La religion, qui s'élevait dans la Conquête de Plassans, prend aussi tout son éclat. Elle est au centre de tout, au centre de la vie de Serge, au centre de la société des Artaux qui s'évertue à la fuir. Ce changement de sujet est plutôt appréciable, puisqu'après quatre romans "politiques", je commençais à me lasser de ce thème.
-L'amour a ici un rôle plus important que dans les autres romans. On a toujours eu des histoires d'amour, notamment dans la Curée, avec la relation entre Maxime et Renée; mais ici, l'histoire d'Albine et de Serge prend des centaines de pages, et concerne une énorme partie du roman.
La figure de la femme:
(l'une des gravures du livre)
Pour finir ma petite analyse de ce roman, je souhaite vous parler d'un thème très important, celui de la femme. Dans la Faute de l'Abbé Mouret, la femme est omniprésente: tout d'abord, autour de Serge, les femmes sont partout. Il y a d'abord sa soeur, une femme-fille, Désirée; la Teuse, la bonne qui le harcèle de question; les filles du village, même si elles apparaissent moins, jouent aussi un rôle dans l'histoire (notamment Rosalie). La femme est aussi très importante sur un plan religieux: pendant de longues pages, Zola nous raconte l'amour de Serge pour la Vierge Marie, un amour que le Frère Archangias, un frère qui déteste les femmes (il parle sans cesse de les battre ou de leur tordre le cou), qualifie de dangereux, et qui prend forme dans le corps d'Albine, dont le physique est proche de celui de la Vierge.
Dans ce roman, Albine est l'incarnation la plus parfaite de la femme: une femme-mère, lorsqu'elle s'occupe de Serge comme d'un enfant lors de sa maladie; mais aussi une femme-enfant, qui ne cesse d'inventer les jeux les plus fous pour elle et son Serge (comme la scène dans le jardin, lorsqu'ils se comportent comme un ménage). Albine est l'incarnation physique de la Vierge, mais dans ce jardin, un jardin qui semble être celui d'Eden, elle devient Eve, et Serge devient Adam. D'ailleurs, lorsqu'ils commettent le "péché de chair", ils se retrouvent nus et se vêtissent de feuilles... Une métaphore intéressante!
(Adam et Eve, version Lucas Cranach)
La Faute de l'Abbé Mouret est un roman sur lequel je suis assez mitigée: j'ai beaucoup aimé les passages avec Albine et les métaphores religieuses, plutôt bien utilisées par Zola. Cependant, je ne me suis pas du tout attachée à Serge, un personnage contre lequel je suis plutôt énervée, je dois dire. Je n'ai pas compris son attitude envers Albine, que je n'ai pas trouvé pas vraiment logique... Mais je vous conseille néanmoins la lecture de ce roman, ne serait-ce que pour la beauté des descriptions du jardin.
J'espère que cet article vous aura plu! Très prochainement, je vous proposerai un nouvel article sur deux auteurs japonais, Murakami et Murakami; mais aussi un programme spécial avec Halloween (un article jeunesse, un sur la littérature d'horreur, présentation de quelques films...), la suite du Challenge Destins de Femmes, et le 6ème tome de la saga: Son excellence Eugène Rougon...
A très vite!
le tableau de adam et eve il est de quel année
RépondreSupprimerBonjour.
SupprimerIl date de 1526, mais moi je m'occupe d'un blog littéraire, je ne suis pas Google. N'oubliez pas que la politesse, c'est toujours agréable!
Bonne journée.