vendredi 2 octobre 2015

Hello Halloween #1: On a marché sur le crâne de Will Black Mind, Sonia Ligorred et Jean Blasco.



Bonjour à tous et à toutes!

Bienvenue sur le Livroscope! J'espère que vous allez bien et que vous êtes prêts pour une nouvelle chronique! Aujourd'hui, c'est avec un bonheur tout particulier que je vous retrouve: en effet, en ce mois d'Octobre va avoir lieu l'un des rendez-vous annuels du blog, à savoir le mois Hello Halloween! Pour la quatrième année consécutive, je vous ai concocté un petit planning 100% Halloween, à base de crânes, créatures effrayantes et autres monstres. Pour commencer, j'ai l'honneur de vous présenter un livre très particulier, qui allie photographies et textes poétiques. Ce livre, c'est On a marché sur le crâne de Will Black Mind. En espérant que cette chronique vous plaise, je vous souhaite une bonne lecture! :)

Hello Halloween sur le Livroscope:
Pour commencer cette chronique, je tenais à vous expliquer un peu en quoi consiste ce rendez-vous Hello Halloween. Depuis la création du blog, j'ai décidé de de consacrer chaque mois d'Octobre à une petite sélection de livres, films, séries ou événements autour de ce qui fait peur, des créatures de la nuit, des ambiances glauques et sombres. Cette année, je vous ai concocté un petit planning à base de vampires, de Luciférines, et de zombies. J'espère que ça vous plaira! Si vous voulez voir mes précédentes chroniques autour d'Halloween, je vous laisse suivre le lien ci-dessous!


Will Black Mind, vous le connaissez déjà:
Si vous connaissez déjà un peu le blog, le nom de notre auteur du jour, Will Black Mind, ne vous est peut-être pas inconnu. En effet, nous avons déjà eu l'occasion de le croiser lorsque je vous avais présenté la première publication des Luciférines, à savoir l'essai A la rencontre des gothiques. Ce livre, coécrit avec Chris Vilhelm, présentait de façon très accessible l'univers des gothiques, avec de très nombreuses références notamment pour ce qui du monde musical. 
Pour cet ouvrage, il s'est entouré de Sonia Ligorred et de Jean Blasco, dont les photos accompagnent ses textes. 
Si vous avez envie d'en savoir plus sur Will Black Mind, je vous conseille de faire un petit tour sur ma chronique d'A la rencontre des gothiques, en lien ci-dessous.


On a marché sur le crâne:
Quatrième de couverture:
"On a marché sur le crâne" est le résultat croisé d'un reportage photo réalisé au Musée Testut Latarjet d'anatomie et d'histoire naturelle médicale de Lyon par Jean Blasco et Sonia Ligorred associé aux textes de Will Black Mind, poète et auteur originaire d'Epinal, venu illustrer les images, joli paradoxe pour un spinalien, avec ses textes sombres et profonds, à la fois frappés du sceau de l'imaginaire, de l'observation clinique et concrète des situations, de l'exaltation des sentiments humains, de la mort et du monde d'aujourd'hui.
Le noir et blanc interpelle par sa sobriété, creuse les ombres et invite au recueillement, à l'observation silencieuse, et à une certaine forme de gravité. Loin de toute fascination morbide, c'est avec l'esprit naturaliste du XIXème siècle, que l'ouvrage a été conçu, autour de cette boîte de Pandore, ouverte à tous les vents, qui fascinera tant les poètes, artistes et autres philosophes au cours des âges. De Shakespeare à Holbein, en passant par Andy Warhol, des Jivaros à la phrénologie, notre architecture primitive a toujours été source de fascination, d'études, de superstitions diverses, et de créations artistiques.
L'hommage qui lui est rendu ici, se veut un regard contemporain et une porte ouverte sur l'introspection et la réflexion métaphysique, mais aussi sur l'esthétisme de l'objet en tant que tel, ainsi qu'à la symbolique qui lui est associé. 


Le crâne, un objet scientifique, criminel et artistique:
Comme vous l'aurez compris au titre, On a marché sur le crâne est un recueil de textes et de photographies tournant autour d'un objet très particulier: le crâne. Le crâne a une place assez particulière dans notre environnement: c'est à la fois quelque chose qui fait peur, qui a un aspect effrayant voire démoniaque (par exemple, dans Ghost Rider, le héros fait un pacte avec un démon et se retrouve avec un crâne à la place de la tête), mais c'est aussi un élément qu'on retrouve dans le monde de l'art et de la science.
Commençons par l'art. Il me serait compliqué de vous recenser toutes les utilisations du crâne en peinture, sculpture, cinéma, littérature et autres formes d'art, car la liste serait infinie, cependant voici quelques références importantes. En littérature, le crâne le plus célèbre est sans doute celui que tient Hamlet dans son célèbre monologue "To be or not to be", immortalisé par de nombreux acteurs, comme Laurence Olivier. En peinture, le crâne a une symbolique particulière dans les tableaux qu'on appelle les vanités, rappelant la vacuité de l'existence. Au cinéma, les squelettes sont souvent associés avec l'idée de la mort, ou de l'immortalité, avec des squelettes qui reviennent à la vie oui qui hantent les films d'horreur.
En science, le crâne a aussi son rôle à jouer. Aujourd'hui, comme on le voit dans des séries du type Bones, le squelette humain et notamment le crâne sont particulièrement pour ce qui est de découvrir la ou les causes d'un décès, mais aussi pour apprendre des tas de choses sur la personne à qui ce crâne appartient: son origine, sa qualité de vie, la période à laquelle il vivait... Ces éléments ont par exemple servi à identifier le squelette de Richard III récemment. Mais le crâne était aussi l'outil majeur d'une théorie scientifique du 19ème siècle, la phrénologie (j'étais contente de voir que le livre en parlait, car j'ai travaillé dessus pour mon mémoire), qui consistait à découper le crâne en différentes parties, chacune correspondant à une aptitude ou à un trait de caractère. Le livre contient plusieurs photographies de crânes phrénologiques.
Ces crânes phrénologiques ont notamment eu une résonance particulière au 19ème siècle (et là encore j'ai travaillé là-dessus pour mon mémoire) sur les théories concernant le "criminal man" ou criminel type, des théories qui cherchaient à démontrer l'existence d'un profil reconnaissable de criminel.
Dans On a marché sur le crâne, les mondes de l'art, de la science mais aussi du crime se rejoignent un un seul recueil. 

Une alliance de photographie et de poésie:
On a marché sur le crâne est donc un recueil mêlant photographies et textes poétiques. Les photographies, en noir et blanc, ont été réalisées au musée Testut-Latarjet, situé dans le huitième arrondissement de Lyon. Ce musée est spécialisé en anatomie et contient une collection de crânes et squelettes. Cette collection a servi à de sujet pour les photographies, où les détails apparaissent dans des teintes de blanc, gris, noir. On retrouve des photos de crânes phrénologiques, ou accompagnés de détails expliquant les causes de la mort ou l'identité de son propriétaire. 
A côté de ces photographies réalisées par Sonia Ligorred et Jean Blasco, Will Black Mind nous propose des textes poétiques inspirés par l'univers du crâne, avec des références à certains crânes exposés. On peut noter la richesse des thèmes et des variations poétiques: certains textes sont plus tragiques, d'autres tendent vers l'humour. Il s'inspire notamment de l'histoire et de la science (j'ai mentionné les crânes phrénologiques à plusieurs reprises, mais on peut aussi mentionner la peste noire), ou de la société, par exemple dans un texte sur la violence conjugale. Les textes montrent la richesse de ce que peut inspirer le crâne comme sujets!

Ce que j'ai pensé du livre:
Lorsque j'avais présenté A la rencontre des gothiques, j'avais eu la chance de téléphoner à Chris Vilhelm pour lui poser quelques questions sur le livre, un entretien passionnant. Aussi lorsque Will Black Mind m'a fait la proposition de découvrir un peu plus son univers, j'ai été très intriguée. Le crâne est un objet que je trouve assez fascinant: je me souviens avoir par exemple étudié les crânes de Salvador Dali ou les vanités en cours, et j'ai aussi été marquée par le monologue du crâne dans Hamlet, ma pièce de Shakespeare préférée. 

On a marché sur le crâne est un recueil que j'ai trouvé très original et qui dépoussière la représentation du crâne. Le premier élément que j'ai aimé est l'alliance entre les textes et les photographies. Je ne suis pas du tout une experte en photographie (je m'y connais un poil plus en peinture, et encore) mais j'ai beaucoup aimé l'utilisation du noir et blanc qui donne des photos nuancées, faites d'ombres et de lumières. Ce noir et blanc me rappelle un peu les contrastes qu'on retrouve sur certaines vanités. Je les ai trouvées très belles, même si je dois tout de même soulever le fait que certaines peuvent surprendre voire "choquer" en raison du sujet assez particulier. 

Les textes de Will Black Mind m'ont permis de le découvrir dans un registre différent de celui d'A la rencontre des gothiques, qui était un essai. J'ai beaucoup aimé le fait qu'il arrive à parler d'une grande variété de thèmes différents et à jongler avec différents styles d'écriture. C'est encore une fois une démarche originale et qui me plait beaucoup. On sent qu'il a été inspiré par l'histoire culturelle du crâne pour ses textes. J'ai particulièrement apprécié Mortelle Equité, un texte sur la guillotine, Des ruines de mon corps, mais surtout L'homme à la tête de corbeau, qui fait référence au curieux masque porté par les médecins pendant la période de la peste noire. 

Le gros point fort du recueil est de partir du crâne et d'arriver à montrer une large étendue de ce que cet élément peut représenter. Nous avons non seulement la collision de deux arts, la photographie et l'écriture, mais aussi des rappels à d'autres domaines où le crâne est important: la science, qu'elle soit médicale ou sociale, la société et notre rapport à la mort, l'Histoire avec un grand H... Le crâne est un objet qui fascine, et cette fascination ne s'arrête à aucune frontière, à aucun domaine, et est universelle.



Cette universalité du thème du crâne est d'ailleurs bien représentée dans le cadavre exquis qui clôture le livre: le texte est coécrit par Will Black Mind et Sonia Ligorred, l'auteur et la photographe, en deux langues, et montre bien toute la créativité que le crâne peut inspirer.

En bref, si le crâne vous fascine, si vous aimez l'alliance entre photographie et écriture et que vous cherchez un livre qui combine ces deux points, On a marché sur le crâne est fait pour vous!

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que cette première chronique du mois Halloween vous a plu! N'hésitez pas à me laisser un petit commentaire, j'y réponds toujours avec plaisir. On se retrouve très vite pour une prochaine chronique, en attendant prenez soin de vous et lisez beaucoup! :)

AnGee.

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