Bannière par Psychic TV <3 |
Bonjour à tous!
Aujourd'hui c'est Lundi, et en ce début de semaine (et du mois de Mars), il est temps de lancer une nouvelle fournée de chroniques! Comme je l'ai annoncé récemment, le mois de Mars sera un mois à thème, consacré à William Shakespeare! Etant une grande amoureuse de l'oeuvre de Shakespeare, j'avais envie depuis longtemps de m'y attaquer un peu plus sérieusement et de vous proposer plusieurs chroniques autour de cet auteur culte et de ses pièces célèbres. Pour démarrer ce mois à thème en beauté, nous allons nous pencher sur une pièce très connue de l'auteur, The Merchant of Venice (le Marchand de Venise en français) ainsi que sur son adaptation cinématographique sortie en 2004. Je vous souhaite une bonne lecture de cet article, en espérant qu'il vous plaise!
Le mois Shakespeare sur le Livroscope:
Pour commencer, il me semble important de vous donner un peu plus de détails sur ce fameux mois à thème Shakespeare. Il aura lieu tout au long du mois de Mars, et pour la première fois depuis la création du blog, le mois à thème se déroulera non seulement sur le blog, mais aussi sur la chaîne YouTube, chose que je tente pour la première fois. J'ai donc prévu plusieurs choses:
Pour le blog, cinq chroniques sont prévues: trois porteront sur des pièces de Shakespeare (The Merchant of Venice, The Tempest, et As You Like It), et je parlerai également de certaines de leurs adaptations. La quatrième chronique portera sur la biographie de William Shakespeare par Stephen Greenblatt, Will In The World, et la dernière nous mènera à la découverte d'un documentaire autour de l'auteur, In Search of Shakespeare.
En ce qui concerne la chaîne, j'ai prévu deux vidéos: un 10 Choses à Savoir Sur Shakespeare, et une chronique de l'une de ses pièces! J'aimerais aussi organiser un petit live sur Youtube, mais j'attends de voir comment m'organiser :).
Si vous souhaitez voir les articles précédents sur Shakespeare, je vous laisse suivre le lien ci-dessous!
The Merchant of Venice:
Résumé:
Venise, au 16ème siècle. Antonio est un marchant prospère de Venise, qui coulent des jours plutôt paisibles, jusqu'à ce que son ami Bassanio vienne lui demander de l'aide. En effet, ce jeune homme veut aller épouser une jeune héritière richissime du nom de Portia, mais pour cela il a besoin de 3000 ducats pour ses frais de voyage. N'ayant pas la somme sur lui, Antonio, qui veut aider son camarade, se rend chez Shylock, un usurier juif, afin de lui demander un prêt. Mais Shylock est réticent à l'idée de prêter de l'argent à Antonio, qui insulte sa religion depuis toujours. Finalement, il accepte, mais à une condition: si Antonio ne rembourse pas sa dette à temps, Shylock pourra lui prélever une livre de chair...
Une histoire d'amour, d'argent, et de religion:
Comme souvent chez Shakespeare, The Merchant of Venice aborde plusieurs sujets. Tentons d'en analyser quelques-uns.
L'un des sujets majeurs (pour ne pas dire LE sujet majeur) de la pièce, c'est la religion. Deux religions se confrontent dans The Merchant of Venice: le catholicisme, d'un côté, et de l'autre le judaïsme. Antonio, Bassanio et leurs amis sont des catholiques, tandis que Shylock et sa fille Jessica sont des juifs. Dès le début de la pièce, on sent un certain mépris du judaïsme chez Antonio, mépris qui se transforme en lourde tension lorsqu'il décide de recourir aux services de Shylock. La pièce aborde souvent les différences entre les deux religions, différences non seulement de culte mais aussi de modes de vie, ce qui est montré dans le film dont je parlerai ensuite: dans le film, la communauté juive est représentée comme vivant à l'écart, simplement, tandis que le catholicisme est présentée dans l'opulence et les mascarades de Venise. La question de la religion dans The Merchant of Venice a été abordée dans de nombreuses études, et on peut dire que c'est une question délicate (certains voient Shakespeare comme un défenseur de la cause juive, d'autres le pensent antisémite). Dans tous les cas, on retrouve dans cette pièce l'une des tirades les plus célèbres de Shakespeare, que je vous laisse ici jouée par Al Pacino:
Ensuite, nous avons la question de l'argent, une fois de plus liée aux personnages d'Antonio et Shylock, mais pas seulement. Antonio est présenté comme un marchand, riche, parfois créancier de ses amis. Shylock, lui, est usurier: il prête de l'argent, et c'est le prêt effectué au début de la pièce qui lance l'intrigue. L'argent est mis en opposition à la chair, que Shylock réclamera s'il n'est pas remboursé à temps: peut-on comparer l'argent et le corps? Que vaut une livre de chair? C'est la grande question de la pièce. En plus de ça, l'argent est présent pour d'autres personnages: déjà pour Bassanio et Portia, l'un des couples de la pièce. Portia est présentée comme une riche héritière, dont le père, pour éviter qu'elle se marie avec quelqu'un qui n'en veut qu'à sa fortune, a décidé de donner sa main contre une habile énigme à résoudre. Bassanio a lui même besoin d'argent pour pouvoir se rendre là où elle vit et l'épouser. L'autre couple du livre, Jessica et Lorenzo, est également concerné: Jessica est la fille de Shylock et elle s'enfuit avec de nombreux bijoux d'une grande valeur, vol qui causera bien des problèmes à son père.
Puisque nous parlons de couple, il est temps de nous pencher sur un autre grand sujet de la pièce: l'amour. Chez Shakespeare, c'est un thème exploité dans tous les sens! Ici, nous avons deux couples phares: Portia et Bassanio, et Jessica et Lorenzo. Le premier est intéressant si l'on s'intéresse à Portia, dont l'avenir se joue sur une énigme: ses prétendants doivent choisir entre trois caisses en suivant des instructions. Celui qui trouvera le portrait de la belle gagnera sa main. Autant dire que c'est un procédé qui ne l'enchante que très moyennement... Mais le couple le plus intéressant, selon moi, c'est lui formé par Lorenzo et Jessica: alors certes, il n'est pas non plus ultra développé dans le livre, mais il s'agit d'un couple aux religions différentes. Lorenzo est catholique, et Jessica est juive. Ils s'aiment en secret, et Jessica sait pertinemment que son père sera contre cet amour. Elle fait donc le choix de fuir avec son amant...
Comédie ou tragédie?
Pour conclure cette petite analyse de la pièce, je vous propose de nous pencher sur une question assez intéressante concernant le statut de cette pièce. Au théâtre, on oppose généralement la comédie et la tragédie. En gros (je force le trait), d'un côté on a le comique de situations, du rocambolesque et du drôle, du cocasse, et de l'autre de la trahison, des meurtres, du sang, bref, l'ambiance.
Shakespeare est connu pour avoir écrit des comédies et des tragédies. Mais parfois, il est plus difficile de situer précisément de quel côté se situe la pièce. C'est le cas pour The Merchant of Venice. Lorsque la pièce a été écrite, elle fut d'abord classée dans les registres comme comédie. Et c'est vrai que la pièce contient des passages plutôt comiques: on peut mentionner par exemple les passages avec les prétendants de Portia, qui débordent de ridicule. Néanmoins, elle reste marquée par une profonde influence dramatique qui se marque avec le prêt et la livre de chair. La pièce oscille toujours entre ces deux tons, ce qui lui donne une identité très particulière.
Ce que je pense de la pièce:
Shakespeare. Voilà un nom qui en évoque, des choses! En ce qui me concerne, je suis amoureuse de cet auteur depuis l'adolescence, j'aime sa langue, j'aime ses histoires. Du coup, j'ai bien peur que mes chroniques du mois ne seront que des coups de coeur et que je me retrouve à répéter plusieurs fois les mêmes choses ^^. The Merchant of Venice est une pièce très intéressante, et ce pour plusieurs raisons.
Commençons par l'intrigue. Comme souvent chez Shakespeare, nous avons une intrigue principale, avec des intrigues secondaires liées à la première. Je ne me suis pas ennuyée du tout en lisant cette pièce, il se passe énormément de choses, et il n'y a pas de temps morts. J'ai trouvé l'intrigue principale passionnante, dramatique, captivante, et j'ai beaucoup aimé les intrigues secondaires, notamment tout ce qui se déroule dans la demeure de Portia. Shakespeare arrive à nous tenir en haleine et jongle habilement entre les moments d'actions et les fascinants monologues.
Les personnages sont également très réussis: Shakespeare nous propose des personnages passionnants, avec chacun des traits intéressants. La figure la plus marquante est probablement celle de Shylock. En ce qui me concerne, j'ai adoré Portia et sa servante: les deux ont un caractère que j'aime beaucoup et une fraîcheur qui fait du bien dans la lourdeur parfois pesante de la pièce. Il y a des interactions intéressantes entre les différents personnages.
Les thématiques abordées sont riches et passionnantes. Je n'ai même pas pu tout mentionné car il y a énormément de choses à dire et à redire. Chaque lecture offre une perspective nouvelle et chacun y voit sa propre lecture, donc je ne peux que vous encourager à y mettre le nez! :)
The Merchant of Venice (2004):
Quelques informations sur le film:
Passons à présent à notre adaptation du jour, à savoir celle réalisée par Michael Radford, qui a notamment réalisé Elsa & Fred en 2014. Avec un budget de 30 millions, le film a un casting assez prestigieux: on retrouve le célèbre Al Pacino dans le rôle de Shylock, Jeremy Irons dans celui de Antonio. Bassanio est joué par Joseph Fiennes (qui décidément est abonné aux films autour de Shakespeare), Lorenzo par Charlie Cox. Portia est jouée par Lynn Collins. Malheureusement le film ne réalisa qu'un petit score au box-office avec un peu plus de 20 millions de recettes. Je vous laisse ci-dessous la bande-annonce du film.
Ce que j'ai pensé de cette adaptation:
Lorsque l'on pense à Shakespeare, l'un des premiers mots qui vient en tête est évidemment "théâtre", et on me fait souvent la remarque qu'adapter une pièce de théâtre est loin d'être facile. Et pourtant, Shakespeare est probablement l'un des auteurs dont l'oeuvre a été le plus adaptée au cinéma ou à la télévision. Il existe des adaptations de toutes sortes, des plus fidèles (j'avais mentionné le film Hamlet de Kenneth Branagh lors d'un précédent article, qui suit vers pour vers le texte original) aux plus audacieuses ou modernes. The Merchant of Venice compte plusieurs adaptations, mais la plus récente étant la plus accessible, c'est celle-ci que j'ai décidé de regarder.
A priori, le film avait pas mal d'arguments en sa faveur: un casting composé d'acteurs que j'aime beaucoup (Al Pacino, Jeremy Irons, ou juste Joseph Fiennes et Charlie Cox, pour ne citer qu'eux), une pièce d'un auteur que j'admire à la folie, bref, je partais plutôt confiante. Et au final je suis un peu mitigée par ce film qui n'était pas à la hauteur de mes espérances, il est ni bon, ni mauvais.
Commençons par l'intrigue. Sur ce point, je n'ai rien de négatif à dire: dans l'ensemble, la pièce est selon moi bien reprise, avec une grande partie des dialogues. Il y a eu quelques aménagements (des scènes coupées ou écourtées), mais je trouve que l'on retrouve bien l'esprit de la pièce et que le film offre un bon compromis entre cinéma et théâtre. Cela permet d'avoir un film de deux heures, proche du format cinématographique "classique", alors que, par exemple, le Hamlet de Kenneth Branagh dure près de quatre heures. Un bon compromis, donc.
Par contre, j'ai trouvé que le film avait un gros problème de rythme. Parfois, il y a des scènes où on ne voit pas le temps passer, où l'action est juste extrêmement intense et on se retrouve happé par le film: j'ai par exemple été captivée par toute la scène au tribunal, ou le gros monologue de Shylock, des moments clés de l'intrigue. Cependant, je me suis souvent ennuyée entre deux scènes trépidantes: j'ai eu l'impression que tout ce qui concernait les intrigues "secondaires" (la fuite de Jessica avec Lorenzo, par exemple) était traité avec moins d'intensité, comique ou dramatique, et du coup je me suis pas mal ennuyée, à mon grand désarroi.
En parlant de comique et de dramatique, penchons-nous sur le ton du film. La pièce a pour particularité d'osciller entre les deux, avec des passages extrêmement dramatiques dignes de Hamlet, et d'autres tournés vers la comédie, qui allègent un peu l'ambiance bien sombre. Alors on peut le dire, le film rend bien le côté dramatique, à grand renfort de musique triste, de décors très sobres. Les acteurs rendent bien cette impression (mais je reparlerai des acteurs après). En revanche, j'aurais aimé que les passages comiques soient plus travaillés, parce que là ils font un peu ridicules, et c'est dommage, un peu de fraîcheur aurait été la bienvenue. En ce qui concerne les acteurs, je n'ai pas grand chose à redire. Je trouve qu'ils s'en sortent dans la grande majorité plutôt bien, sans en faire trop ou pas assez. Al Pacino et Jeremy Irons sont en particulier convaincants en Shylock et Antonio.
Plusieurs thématiques intéressantes sont abordées dans le film: on y retrouve les éléments centraux de la pièce, comme l'argent, la religion, l'amour... Il met aussi en lumière des aspects que je n'avais pas forcément repérés lors de ma lecture. Je pense par exemple à la question de l'homosexualité entre Antonio et Bassanio, que personnellement je n'avais pas spécialement ressentie en lisant la pièce.
En bref, cette adaptation du Marchand de Venise est plutôt sympathique, même si je suis loin d'avoir eu un énorme coup de coeur. A savoir qu'elle est disponible sur Netflix, pour ceux que ça intéresse!
Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que cette première chronique du mois Shakespeare vous a plu! N'hésitez pas à me le faire savoir en commentaire, je me ferai un plaisir de vous répondre! La prochaine chronique arrivera prochainement, et sera hors mois à thème. En attendant prenez soin de vous et lisez beaucoup :)
AnGee Ersatz*
Vu la nouvelle version, je me doutais bien que le mois allait être très "Shakespearien" ! ;) Je suis curieuse de découvrir tes différents avis au fil du mois. The Merchant of Venice ne sera pas pour moi, mais bon...Curieuse aussi de voir les vidéos ! ;)
RépondreSupprimerJ'espère que ça te plaira! :)
SupprimerJ'aime beaucoup cette pièce. Et c'est vrai qu'elle fait débat parmi les spécialistes de Shakespeare. Au final, j'ai lu qu'on l'a classé maintenant dans les tragi-comédies comme ça tout le monde est content XD Je n'ai pas vu l'adaptation mais elle a l'air très sympa quand même !
RépondreSupprimerJ'avais adoré l'article que tu avais fait! Et oui, maintenant c'est plus pratique!! :)
Supprimer