dimanche 17 novembre 2013

Challenge Boris Vian #4: Les morts ont tous la même peau, de Boris Vian.




Bonjour à tous et à toutes!

J'espère que vous allez bien et que vous êtes tous prêts pour un nouvel article. Alors oui, cet article arrive un peu plus tard que prévu, et j'espère que vous ne m'en voudrez pas: j'ai un peu du mal à m'organiser en ce moment, entre les cours, le blog et tout le reste. Mais passons, le voici, le voilà, le tout nouvel article! Aujourd'hui, je vous propose de poursuivre notre petit parcours à la découverte de ce grand auteur qu'est Boris Vian, découverte initiée par le Challenge de l'Oeil qui fume, sur son blog. Pour ma quatrième lecture, j'ai décidé de lire un roman qui me faisait de l'oeil depuis longtemps, et dont le titre m'intriguait, à savoir Les morts ont tous la même peau. Trêve de bavardages, je vous souhaite une bonne lecture de cet article!

Liens vers les autres chroniques:
Contrairement à d'habitude, je ne vais pas vous présenter Boris Vian, étant donné que je lui ai déjà consacré trois articles. Si vous voulez en savoir plus sur son oeuvre, voici les liens de mes précédentes chroniques:


Les morts ont tous la même peau:


Résumé:
Dans ce récit qui mixe première et troisième personnes du singulier, nous découvrons Dan, videur dans un bar. Alors qu'il mène une vie bien rangée entre travail, famille (monsieur est marié et a un enfant)... Seul problème: son frère Richard surgit sans crier gare et chamboule tout son univers. Pourquoi? Parce que Richard est noir, et Dan est lui métisse, même si personne ne s'en est aperçu autour du lui. Dans une société divisée par le racisme, Dan voit son monde s'écrouler. Va t'il s'en sortir? Va t'il s'effondrer?

Un autre Vernon Sullivan:
Des thèmes similaires...
Parmi les quatre livres de Boris Vian déjà présentés sur ce blog j'ai, plus ou moins consciemment choisi trois des quatre romans qu'il a écrit sous le nom de plume de Vernon Sullivan. Pour rappel, il utilisait ce nom afin de publier des romans assez sulfureux, tout en se faisant passer pour le traducteur dudit Sullivan. Déjà, il y a des similarités au niveau de la construction: nos héros sont tous des hommes, parlant à la première personne. Ils vivent dans les Etats-Unis fantasmés de Boris Vian. Et avec le recul de ces trois lectures, j'ai pu constater que certains thèmes étaient récurrents chez "Vernon".


Le premier, et qui alimenta très probablement la controverse autour de l'auteur, c'est le sexe. Que ce soit dans Elles se rendent pas compte, J'irai cracher ou Les Morts, nous avons plusieurs passages autour de ce thème: notre héros s'en donne souvent à coeur joie, l'excitation sexuelle joue un rôle très important dans l'intrigue. Et dans les Morts, on y a droit: une bonne partie du roman y est consacré, puisque Dan a des relations sexuelles avec plusieurs demoiselles, et il se pose aussi beaucoup de questions concernant sa vie sexuelle.

Autre thème, que l'on trouvait déjà dans J'irai cracher sur vos tombes: le racisme. Boris Vian choisit une nouvelle fois un héros "noir à l'intérieur mais blanc à l'extérieur" qui parvient à se fondre dans un monde de blanc sans que personne ne se doute de rien. On a également un regard très clair sur la façon dont les noirs sont perçus par cette société: du mépris, de la haine, un sentiment de supériorité.

On peut le dire, les Vernon Sullivan, c'est musclé!

Et pour finir, troisième thème récurrent: la violence. Dans J'irai cracher sur vos tombes, notre héros veut se venger de la mort de son frère, et il est prêt à utiliser la violence pour ça. Dans Elles se rendent pas compte, nos héros, deux frères, se bagarrent, sont séquestrés, renversent des tables dans des bars... Bref,   ils jouent des poings! Et donc, dans notre roman du jour, on retrouve également ce moteur: Dan est, tout d'abord, videur, métier qui exige d'être un peu ferme, ou même violent lorsqu'il le faut. En plus de ça, il va vite choisir la violence comme moyen de se sortir des griffes de son frère.

Mais un traitement différent:
Vous l'aurez compris, Boris Vian utilise des thèmes similaires dans ses différents romans. Néanmoins, on peut noter qu'il choisit de les traiter de façon un peu différente dans les Morts ont tous la même peau. Voyons comment.

Commençons par le sexe: je vous l'ai dit, on a droit à plusieurs reprises à des passages décrivant (sans non plus moult détails) des actes sexuels, comme dans les autres romans de l'auteur déjà mentionnés plus haut. Mais ici, il introduit un élément assez nouveau: pour Dan, la sexualité est en fait un moyen de s'affirmer comme membre à part entière de la société dans laquelle il vit. Sa femme s'inquiète uniquement lorsqu'il n'est pas "en forme" pour une séance de galipettes nocturnes. Le sexe prouve à sa femme qu'il est bien celui qu'il prétend être.

En ce qui concerne la séparation noirs/blancs, que l'on retrouvait déjà dans J'irai cracher sur vos tombes, là encore il y a une différence de traitement. Nos deux héros sont des métisses, et leur couleur de peau est trompeuse pour la société raciste dépeinte dans les romans: mais là où Lee utilise cet aspect pour mettre sa vengeance à exécution, Dan lui n'a pour intention que de rester inaperçu. Son combat est celui d'un homme qui a peur de tout perdre si l'on apprend qu'il n'est pas ce qu'on attend de lui. On a une autre vue du problème: si Dan avait vécu dans un univers où la couleur de peau n'avait eu aucune importance, il n'aurait pas traversé toutes ses épreuves.

De la même façon, la violence utilisée est portée sur autre chose: il ne cherche pas à sauver quelqu'un ou à venger quelqu'un, non, il cherche à se sauver lui, à se préserver, et à éviter que son monde vole en éclats. Il existe moult exemples en littérature, au cinéma ou ailleurs de personnages qui, dos au mur, ne voient comme solution que la violence pour se tirer de cette galère.





Mon avis sur ce livre:
Depuis ma découverte de Boris Vian au lycée, j'ai lu énormément de livres de l'auteur. Cependant, les Morts ont toujours la même peau faisait partie de ceux que je n'avais pas encore ouverts, mais il fallait bien que je m'y mette un jour! Le livre m'intriguait vraiment, à cause de son titre plutôt particulier et qui fait écho à l'intrigue qui tourne autour de la couleur de peau. Qu'en ai-je donc pensé?



Globalement, j'ai plutôt bien aimé ce livre, qui cumule de nombreux points positifs. Le premier, c'est qu'on ne perd pas de temps: en quelques lignes, nous voilà déjà la tête dans l'intrigue, à la découverte de Dan et de son histoire. Je suis entrée facilement dans l'histoire, et j'ai été tenue en haleine jusqu'au bout. Il se passe beaucoup de choses dans ce court roman, il se lit vite, et je ne me suis pas ennuyée une seconde: j'étais curieuse de voir ce qu'il allait arriver à Dan, si il allait s'en sortir, ce qu'il allait lui arriver... Un bon point pour le livre: je ne me suis jamais ennuyée avec Boris Vian, et encore une fois, ce fut le cas! En plus de ça, le roman est plutôt court (environ 80 pages dans mon édition), donc si vous appréciez les histoires rapides, rythmées, vous risquez d'être séduits! A noter aussi, la fin, très réussie à mon goût!

Au niveau des autres points positifs, on retrouve les éléments importants qui faisaient l'originalité des autres livres de Vernon Sullivan, comme le sexe, la violence, le racisme, le passage de la première à la troisième personne... Tout en proposant un traitement légèrement différent! Ayant beaucoup aimé ces points dans les autres romans de Boris Vian/Vernon Sullivan, j'étais contente de les retrouver ici. Je pense que les Morts plaira aux lecteurs qui apprécient Boris Vian en général!

Je n'ai pas forcément de points négatifs à relever pour ce livre, même si je dois admettre, en toute honnêteté, que je me lasse un petit peu de retrouver ces histoires assez similaires. Je pense que c'est dû en grande partie au fait que j'ai lu beaucoup de Boris Vian les uns après les autres, et surtout des Vernon Sullivan. Pour la suite, je vais me tourner vers ses autres livres de me lancer dans le dernier Sullivan que je n'ai pas encore lu, à savoir Et on tuera tous les affreux (là encore, un titre qui intrigue). 

En bref, si vous aimez Boris Vian et que ce livre vous tente, n'hésitez pas! Il y a de grandes chances qu'il vous plaise!

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui! On se retrouve la semaine prochaine avec deux nouveaux articles: l'un sur l'Argent de Zola pour le Challenge Rougon-Macquart, et le second concernera Lady Hunt, livre lu pour la rentrée littéraire de PriceMinister (à laquelle je participe pour la deuxième année consécutive). N'hésitez pas en attendant à me laisser vos commentaires, j'adore vous lire et vous répondre!

Prenez soin de vous!

AnGee Ersatz*


2 commentaires:

  1. Ah Boris Vian.... Même si je n'ai lu que très peu de ses œuvres, il faut le découvrir au moins une fois dans sa vie :) !

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