Bonjour à tous et à toutes!
J'espère que vous allez bien et que vous êtes prêts pour une nouvelle chronique cinéma! Vous le savez peut-être si vous suivez le blog régulièrement, j'ai décidé le mois dernier de me lancer dans un petit cycle cinéma consacré à l'acteur Johnny Depp, avec au programme sept films tirés de sa filmographie. Il y a quelques semaines, je vous avais présenté l'un de ses tout premiers films, Cry-Baby, dans lequel il incarnait un rockeur en perfecto qui tombait sous le charme d'une jeune demoiselle sur fond de comédie musicale. Aujourd'hui, pour fêter Halloween, je vous propose de nous pencher sur l'un de ses rôles les plus connus, Edward aux mains d'argent! Bonne lecture à tous!
La carrière de Johnny Depp à l'époque: le contexte:
Nous voilà au tout début des années 1990. Johnny Depp essaie de tourner la page 21 Jump Street en choisissant des rôles qui vont à l'encontre de son image de gentil garçon: c'était le cas pour Cry-Baby, mais aussi avec Edward Scissorhands.
Tim Burton, qui travaille sur le film depuis plusieurs années, a du mal à trouver l'acteur parfait pour jouer le rôle de son héros. La Fox le dirige vers les grosses stars de l'époque (qui le sont toujours aujourd'hui), Tom Cruise et Tom Hanks. Néanmoins, le feeling ne passait pas spécialement, et le script a alors été envoyé à Johnny Depp, qui a immédiatement accepté le rôle, sans savoir qu'il deviendrait non seulement un acteur reconnu, mais aussi l'acteur fétiche du réalisateur mal coiffé grâce à Edward.
Tim Burton: who's that guy?
Grande fan de Tim Burton, je suis particulièrement heureuse de pouvoir vous parler de lui aujourd'hui.
Né en 1958, à Burbank, il se passionne très tôt pour le cinéma: ses faveurs vont au cinéma d'horreur un peu vieillot autour de Frankenstein, de Dracula, ou des adaptations des histoires d'Edgar Allan Poe (c'est un très grand fan de Vincent Price).
Il commence par travailler aux Studios Disney, en tant que dessinateur, mais sans grand succès: son travail sur Rox et Rouky n'a pas été retenu. Il a pu néanmoins développer quelques-uns de ses projets, dont la première version de Frankenweenie. Burton passe ensuite au grand écran avec Pee-Wee's Big Adventure, Beetlejuice, ou encore Batman, devenant populaire auprès du public et de la critique.
Marié à Helena Bonham Carter, il poursuit sa carrière au cinéma en proposant régulièrement des films à l'univers facilement reconnaissable.
Si Tim Burton vous intéresse, voici deux autres articles qui lui sont consacrés: l'Exposition Burton à la cinémathèque et Tim Burton et les adaptations.
Edward Scissorhands:
Quelques informations:
Sorti en 1990, Edward Scissorhands est un film auquel Tim Burton a consacré énormément de temps. L'idée de ce personnage lui est venue assez tôt, et lorsqu'il a commencé sa carrière au cinéma, il a décidé de lui donner vie. Il a confié la rédaction du scénario à Caroline Thompson, et le film a été produit par la Fox. Pour ce film, Danny Elfman, le compositeur fétiche du réalisateur, a été chargé de la musique. Son budget de 20 millions de dollars fut très vite rentabilisé avec une recette totale de 86 millions.
Au niveau casting, on a du lourd, dont certains habitués de Tim Burton:
-Johnny Depp dans le rôle titre.
-Winona Ryder (Beetlejuice).
-Diane West.
-Vincent Price (l'un de ses derniers films).
-Conchata Ferrell...
Voici la bande annonce du film:
Résumé:
Un soir d'hiver, une fillette demande à sa grand-mère de lui raconter une histoire...
Dans une petite banlieue parfaite américaine vivent des familles aux vies parfaitement réglées. Peg Boggs (Diane West), représentante en produits Avon, passe une journée assez compliquée sans vendre un seul produit. Elle se décide alors à monter jusqu'à une sombre demeure qui surplombe la banlieue et où personne n'ose jamais s'aventurer. Elle y trouve Edward (Johnny Depp), un jeune homme qui a été construit de la tête au pied par un inventeur (Vincent Price) qui est mort avant d'avoir pu lui donner des mains. Peg est touchée par ce curieux personnage, qu'elle décide de recueillir malgré les ciseaux aiguisés qui termine ses mains.
Edward découvre donc la vie de famille, l'amour en la personne de Kim, la fille de Peg, et devient incroyablement populaire grâce aux dons de ses ciseaux...
Le rôle de Johnny Depp:
Après Cry-Baby, Johnny Depp se voit une nouvelle fois attribuer un nouveau premier rôle, très différent de ce qu'il a pu jouer jusqu'à présent. En effet, il doit tout d'abord porter un costume assez imposant et lourd, et se priver de ses mains pour porter les gants surmontés de ciseaux de son personnage. Ce costume gêne évidemment ses mouvements, ce qui participe au côté à la fois comique et pathétique, et lui permet aussi de rentrer parfaitement dans le rôle.
le costume d'Edward. |
Autre point important: Edward ne parle pas. Tout ce qu'il veut exprimer, tout ce qu'il veut dire, passe par les gestes, par les expressions du visage, par ce qu'il taille dans les buissons, puis dans la glace. C'est donc une rôle qui demande à l'acteur de monopoliser autre chose que sa voix. Johnny Depp aurait beaucoup travaillé en amont en visionnant des films muets, notamment ceux de Charlie Chaplin.
Quelques points importants:
Passons à présent en revue quelques points importants du film.
Le mythe de Frankenstein revisité:
L'un des premiers points importants, c'est bien évidemment l'inspiration "Frankenstein": on peut noter plusieurs parallèles entre l'histoire originale de Mary Shelley et le film de Tim Burton.
Dans Edward, nous pouvons découvrir un inventeur à qui il vient l'idée de créer un homme. Tout comme le docteur Frankenstein, il fait tout pour faire de lui l'homme parfait: on le voit par exemple lui lire des livres, pour le cultiver. Malheureusement, comme dans le roman, l'inventeur abandonne sa créature. La différence? Si Frankenstein décide de son plein gré de fuir face à la peur de ce qu'il a généré, l'inventeur d'Edward se trouve lui terrassé par la mort sans avoir eu le temps de terminer son travail. De plus, la relation qu'entretiennent Edward et son "père" est bien différente: on sent clairement une vraie affection entre eux, et la création d'Edward est davantage motivée par une solitude de la part de l'inventeur que par une volonté de créer un homme, comme le montre le coeur qu'il place devant son robot...
Le jeu des apparences - une critique des banlieues américaines:
Tout, tout dans l'univers d'Edward Scissorhands est calculé au millimètre, dans le but de dépeindre à la perfection la rencontre entre cette petite banlieue soignée et Edward.
Dans cette banlieue, en opposition avec le château d'Edward, tout est lumineux, tout est coloré: chaque maison, chaque voiture, chaque habitant se distingue par une couleur flash, criarde, qui est supposée lui donner une originalité particulière. Cependant, on se rend vite compte qu'il ne s'agit que d'une façon de masquer le fait que tout est pareil: les maisons ont la même construction, toutes les pelouses sont impeccables, tout le monde se comporte de la même façon. Le meilleur exemple pour prouver que tout est réglé comme sur du papier à musique, c'est le ballet des voitures le matin.
A l'inverse, chez Edward, tout a l'air, à première vue, poussiéreux, sale, abandonné, sombre. Et pourtant, cet apparent bordel dissimule une organisation propre à Edward: à cause de ses mains, il ne peut s'occuper de tout tout seul, et se contente de ce qu'il peut faire, à savoir entretenir le jardin, ainsi que son coin consacré aux articles sur les miracles et les mains. Attention donc aux apparences, qui peuvent être trompeuses! Celui que l'on croit perverti n'est pas forcément celui qu'il l'est.
Tim Burton propose ici une critique de certaines banlieues américaines, comme celles de Burbank où il a vécu, où les "originaux" sont loin d'être appréciés, et où tout ce qui dépasse le confort des habitants est sujet à rumeurs et à exclusion.
Une histoire d'amour improbable:
Le mois dernier, je parlais du film Cry-Baby, dans lequel le personnage joué par Johnny Depp s'éprenait d'une jeune fille qui appartenait à un autre monde que le sien, relation qui était évidemment très mal vue. Dans Edward, une nouvelle fois (coïncidence de carrière ^^), le héros tombe sous le charme d'une belle demoiselle, à savoir Kim (jouée par la superbe Winona Ryder, avec laquelle Johnny Depp vivra une relation amoureuse immortalisée par le célèbre tatouage "Wino for ever" de l'acteur...). Les deux personnages appartiennent à deux mondes différents, deux univers complètement opposés, mais tombent néanmoins amoureux. Problème, ou plutôt problèmes: Kim a déjà un amoureux qui traite Edward comme une sorte de monstre de foire et qui représente le gros lourd par excellence qui ne supporte pas ce qui n'est pas comme lui; les mains d'Edward sont aussi un gros désavantage, le moindre mouvement pouvant gravement blesser celle qu'il aime...
Mon avis sur ce film:
Edward Scissorhands, on le sait, a profondément changé la carrière de Johnny Depp: sa rencontre avec Tim Burton a donné lieu à de très nombreuses collaborations entre les deux hommes. C'est aussi l'un de premiers Burton que j'ai vus, et il tient une place particulière dans mon coeur. Voici donc ce que j'en pense.
Commençons par l'histoire: elle est, somme toute, assez classique, puisque Burton la fait évoluer autour du thème de la différence. Ce thème, Johnny Depp avait déjà pu l'explorer dans Cry-Baby. Ce qui est intéressant, c'est de voir comment un même thème peut être traité de façon complètement différente: ici, la différence d'Edward, c'est surtout son physique. Son absence de mains l'éloigne des autres, avant de lui permettre de s'en rapprocher grâce à l'utilité qu'il lui trouve. Le schéma est classique mais efficace, avec un dénouement assez surprenant et qui donne, selon moi, tout son intérêt à l'histoire. Une histoire qui est universelle: chacun de nous s'est senti au moins une fois à part dans sa vie!
La grande force du film, c'est bien évidemment le héros, et les autres personnages. Voyons d'abord Edward: très seul, Edward découvre le monde avec un oeil naïf et enfantin. Ses réactions sont celles d'une personne complètement perdue dans un nouvel environnement: la scène où il crève le matelas à eau sur lequel il dort en est le meilleur exemple! Mais petit à petit il prend de l'assurance et ses mains, qui sont à première vue handicapantes et dangereuses deviennent son moyen de s'exprimer, d'être apprécié, et d'être quelque part un artiste. Son évolution est très intéressante! Les autres personnages valent aussi le détour: dans ce film, rien n'est anodin, tous les personnages ont leur rôle à jouer, ils sont touchants, méchants, hilarants... Bref, c'est vraiment un point que j'adore! Les acteurs sont excellents, de Johnny Depp (dont je reparlerai un peu plus loin), à Winona Ryder en passant par les autres, avec une mention spéciale pour Kathy Baker qui joue Joyce, la sulfureuse voisine, ainsi qu'à Vincent Price, que j'aime énormément!
Au niveau du visuel, on trouve dans ce film tout ce que j'aime chez Tim Burton: un mélange de couleurs criardes qui piquent les yeux et d'ambiance gothique de vieux château poussiéreux. Un soin tout particulier a été apporté à l'esthétique du film: les robots de l'inventeur, les mains-ciseaux d'Edward, le château, les sculptures, les maisons de la banlieue, tout est impeccable et très réussi, les décorateurs ont fait un travail incroyable!
Quant à Johnny Depp, il nous propose ici une très belle performance pour ce personnage à la fois naïf, torturé, amoureux et perdu. Pour moi, Edward est l'un de ses rôles emblématiques, qui montre qu'il est un vrai caméléon capable de devenir n'importe qui, d'être n'importe qui. Certains voient en Sweeney Todd l'évolution d'Edward ("At last, my arm is complete!"). N'oublions pas aussi la superbe musique de Danny Elfman!
Au passage, si vous souhaitez vous déguiser en Johnny Depp pour Halloween, voici une petite vidéo de Promise Phan qui compile plusieurs looks de l'acteur.
Bref, vous l'aurez compris, je suis particulièrement fan de ce film que je regarde très souvent, et qui pour moi n'a pas pris une ride. Tim Burton et Johnny Depp forment un duo de choc, dont l'alchimie naissante participe à la réussite du film. Si vous ne l'avez encore jamais vu, je vous le conseille fortement! On retrouvera l'ami Johnny le mois prochain avec un autre film, la Neuvième Porte, réalisé par Roman Polanski! En attendant n'hésitez pas à laisser une petite trace de votre passage, à me donner vos suggestions lecture et cinéma.
Prenez soin de vous!
AnGee Ersatz*
J'aime beaucoup ce film ! Ce qu'il dépeint est très vrai malgré l’irréalisme (pour combien de temps?) d'Edward !
RépondreSupprimerIl me fait un peu penser à " la Belle et la Bête " par moment !
Effectivement, c'est pas faux, le lien avec la Belle et la Bête! :)
SupprimerComme tu le dis, un film qui n'a pas pris une ride ! Il fait également partie de mes préférés de Tim Burton, avec Beetljuice.
RépondreSupprimerTrès bien filmer, des décors vraiment magnifiques, une histoire qui reprend des mythes tout en restant originale, et des acteurs fabuleux. Quoi demander de plus ? Sinon qu'en réclamer toujours plus ! Les premiers films de Burton sont vraiment des petits bijoux <3 !
:) Je suis aussi très très fan de Beetlejuice, et je me tâte pour faire un Challenge ou un article spécial Winona Ryder que j'adore en grande partie pour ce film.
SupprimerLes décors sont magnifiques, et je suis d'accord, les premiers Burton sont super! J'aimerais bien qu'il se bouge pour en refaire des aussi bien!