mercredi 17 juillet 2013

Les Rougon-Macquart #12: La Joie de Vivre, d'Emile Zola.




Bonjour à tous et à toutes!

Nous voici de nouveau réunis pour un rendez-vous désormais bien connu sur le blog, à savoir celui de mon Challenge personnel des Rougon-Macquart. Le mois dernier, je vous proposais de découvrir l'un des romans les plus emblématiques de cette saga, à savoir Au Bonheur des Dames, qui racontait l'arrivée de la jeune provinciale Denise à Paris et sa lente conquête d'un grand magasin de nouveautés. En ce mois de Juillet, ce n'est pas un, mais deux romans d'Emile Zola que je vais vous faire (re)découvrir: en effet, après plusieurs mois à travailler sur ce Challenge, j'ai décidé de me fixer une date limite, le 31 Décembre, pour le finir et je dois donc augmenter un peu la cadence! Commençons sans plus attendre avec le douzième tome de la saga, baptisé la Joie de Vivre! Je vous souhaite une bonne lecture à tous!

Pour vous aider...
Aujourd'hui encore, pas besoin de s'arracher les cheveux en essayant de démêler l'arbre généalogique parfois complexe de la famille. En effet, il n'y a qu'un représentant de celle-ci, à savoir la jeune Pauline Quena, fille de Quenu et de Lisa Macquart, deux personnages découverts dans le Ventre de Paris (le troisième tome de la saga). Pour rappel, Lisa et Quenu sont charcutiers prospères à Paris, et ils accueillent le demi-frère de ce dernier, Florent, une arrivée qui va semer le trouble dans tout le quartier! C'est donc le destin de leur fille que nous allons suivre dans la Joie de Vivre.


La Joie de Vivre:

Publié en 1884, la Joie de Vivre est le 12ème tome de la saga, et nous emmène loin de Paris, et d'Octave Mouret, protagoniste des deux précédents romans.

Résumé:
L'histoire commence un jour de pluie, que dis-je! De véritable tempête. Monsieur Chanteau attend impatiemment sa femme, partie récupérer la petite Pauline, fille de leur cousin, devenue orpheline. Au départ, Pauline, âgée d'un peu plus de 10ans, s'annonce être comme un poids. Mais la famille change vite d'avis: en fait, c'est un vrai tourbillon de fraîcheur, elle apporte de la joie à sa tante, s'occupe de son oncle malade de la goutte, et s'entend à merveille avec Lazare, son cousin plus âgé.

Mais Pauline n'est pas que de la bonne humeur: c'est aussi un gros héritage, fortune léguée par ses parents et surtout sa mère, terriblement économe. Petit à petit, malgré les hésitations du début, la famille Chanteau va de plus en plus emprunter de l'argent à leur cousine, pour aider Lazare, dans ses études puis ses entreprises de plus en plus maladroites et improbables...

Pour Pauline, la vie va de catastrophe en catastrophe: sa tante se met soudain à la détester, son cousin, qu'elle devait épouser, en aime une autre, et son argent part en fumée. Mais toujours, toujours, elle garde la joie de vivre...

La question de l'argent.
L'un des points les plus importants du roman, que l'on retrouve dans la saga de Zola en général, c'est bien évidemment l'argent.
Il n'est pas rare, au contraire, en lisant les Rougon-Macquart, de tomber sur des personnages qui ont un souci ou un lien particulier avec l'argent. On a par exemple les chanceux ou les malins, comme Aristide Macquart, une sorte de Midas qui arrive à transforme en or tout ce qu'il touche. Mais la plupart du temps, les héros de Zola ont une relation beaucoup plus complexe et surtout plus tragique avec l'argent.
C'est le cas de Gervaise, l'héroïne de l'Assommoir, qui après des débuts spectaculaires, qui auraient pu la rendre riche, tombe dans l'alcool, et bientôt l'argent vient à manquer. Denise, dans Au Bonheur des Dames, met chaque sous qu'elle touche de côté, même si elle se fait souvent dépouiller par son frère, et la vie est loin d'être facile pour elle.



Dans la Joie de Vivre, on nous présente le problème de la tentation de l'argent. Pauline est une héritière, et sa fortune attire les convoitises. Sa tante a beau mettre l'argent en lieu sûr en se promettant de ne jamais y toucher, la tentation est là, et on constate rapidement que dès la première occasion, elle n'hésite pas à se servir.
Autre point intéressant par rapport à l'argent, c'est que Zola nous montre aussi le rôle que celui-ci peut jouer dans les sentiments. Par exemple, la tante de Pauline se met à la haïr, car elle s'en veut de lui devoir tant d'argent. A l'inverse, Pauline, dans l'espoir de se faire aimer davantage, ne refuse jamais de prêter quelques francs de plus. C'est un vrai cercle vicieux qui s'installe!

Pauline et Lazare, deux attitudes très différentes face à la vie.

Le téléfilm "la Joie de Vivre".
Dans ce roman, le lecteur peut découvrir tout un tas de personnages, mais les deux principaux sont évidement Pauline et son cousin Lazare, deux héros que l'on peut mettre en opposition en raison de leur vision différente de la vie, et de leur réaction face aux épreuves qu'ils peuvent affronter.
Pauline, c'est la constance. Constance d'abord dans son objectif, celui de rendre son entourage heureux,  quitte à sacrifier son propre bonheur: je ne vais vous spoiler le roman, mais on se rend compte qu'elle est vraiment prête à tout pour cela! Elle est aussi incroyablement constante dans sa façon de percevoir la vie: du début à la fin, elle reste toujours optimiste, et même si elle a des moments de faiblesse et qu'elle craque, c'est toujours en privé. Jamais elle ne fait part de sa détresse aux autres, alors qu'elle serait en droit de le faire. Elle accomplie toutes ses tâches avec le sourire, avec la même dévotion. Quel exemple!
A l'inverse, Lazare est l'incarnation de l'inconstance: inconstance d'abord dans ses projets. Tout d'abord il veut devenir un grand musicien, puis il se lance dans la médecine, et dans une spirale de projets tous plus fous les uns que les autres, des projets qui n'aboutissent jamais. De même, son attitude envers la vie oscille entre moments enflammés, durant lesquels rien ne peut l'arrêter, et des instants de profonds doutes, proches de la dépression. Inconstance amoureuse aussi, comme le montre ses soucis entre Pauline et la jolie Louise...

Mon avis sur ce livre:
En commençant la saga, j'étais vraiment impatiente à l'idée de découvrir ce roman, en raison de son titre rafraîchissant, mais aussi parce que je sais que beaucoup de lecteurs (dont une de mes amies les plus proches) l'aiment particulièrement. Et ce fut aussi mon cas!

Tout d'abord, j'ai vraiment apprécié l'intrigue de départ, à savoir l'arrivée d'une jeune fille qui chamboule toute une famille, ainsi que son évolution vers la tentation de l'argent, thème que j'ai trouvé très bien traité, à la fois avec humour au début (le cérémonial de Madame Chanteau est assez comique!), et avec tristesse lorsque la gentillesse de Pauline prend des allures de sacrifices. Il y a beaucoup de rebondissements, et c'est réellement compliqué, je pense, de s'ennuyer avec tout ce qui se passe. Certes, parfois, on a vraiment l'impression que Zola se répète un peu, mais je n'ai pas trouvé ça dérangeant!

J'ai globalement bien aimé les personnages. Enfin, bien aimé... Disons que j'ai trouvé qu'ils remplissaient à merveilles leur rôle! Madame Chanteau est agaçante, Lazare est plus que stressant, Pauline est touchante (même si parfois j'ai vraiment eu envie de la secouer et de lui dire "mais OH LA ça suffit!"). Comme toujours, Zola a beaucoup travaillé ses personnages, ils sont plein de vie et de relief! Ceux qui aiment les héros à la Zola seront comblés!

Je pense l'avoir montré un peu plus haut, mais je suis particulièrement sensible aux thèmes que Zola développe, et surtout la façon dont il les développe. Au tout début du challenge, je parlais souvent du thème de l'hérédité, et je dois dire que plus on avance, plus ce thème prend tout son sens: certes, l'amour, l'argent, la famille, sont des sujets qui touchent toutes les sociétés, de tous temps, mais là Zola les traite vraiment à l'échelle d'une famille, et de façon très intéressante. Je pense peut-être faire un compte-rendu une fois tous les livres lus. Qu'en pensez-vous?

La Joie de Vivre est donc l'une de mes belles découvertes de ce Challenge, et c'est l'un des livres que je recommande à celles et ceux qui souhaitent découvrir Emile Zola. J'espère que la fin du Challenge m'apportera d'autres surprises de ce genre! N'hésitez pas en tout cas à me donner votre avis sur ce livre si vous l'avez lu, ou vos suggestions de lecture! On se retrouve très vite, pour d'autres articles mais aussi pour une nouvelle lecture "Rougon-Macquart", à savoir Germinal, l'un des romans les plus connus et lus de Zola. En attendant, portez-vous bien!

AnGee Ersatz*

16 commentaires:

  1. Je n'ai pas encore eut l'occasion de lire Zola et votre avis m'a donné très envie de commencer par celui-ci.

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    1. Personnellement je préfère les lire dans l'ordre, mais c'est vrai que c'est l'un des romans de Zola les plus accessibles, donc n'hésitez pas!

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  2. Décidément, j'ai toujours du mal avec les auteurs Français... Je m'y remettrais sérieusement dès que possible, pour ma culture générale :) !

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    1. ^^ je peux comprendre, Zola est le seul que j'apprécie vraiment pour l'instant!

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    2. Je crois que c'est à cause des cours de Français au collège, je suis tombée sur une mauvaise prof une année, qui m'a fait limite détester les auteurs classiques, comme Zola, Diderot, etc...
      Mais je ne perds pas espoir d'aimer un jour ;) !

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    3. Dès que ma PAL diminue et que j'ai un peu de temps, je m'y remets, faut pas rester sur ses préjugés :) !

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  3. Je suis contente que tu aies aimé ce livre (surtout que j'ai dû te casser les pieds avec, quand même^^). Très belle chronique et tu me donnes envie de le relire rien que pour "revoir" les personnages de Pauline et de Lazare qui sont vraiment fascinants.

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    1. Tu as bien fait de m'en parler autant! J'ai pensé à toi en le lisant, et franchement une grosse partie du charme du livre, c'est vraiment les personnages, et j'ai beaucoup aimé cet aspect!

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  4. Ah bah moi j'ai été traumatisée par Zola, avec L'assommoir, dans une lecture imposée en 5ème... 5ème !!! Inadmissible je trouve, comment apprécier un tel roman à cet âge ?...
    Bref, du coup je découvre qu'il y a toute une floppée de roman dans la saga des Rougon Macquart, je ne pensais pas autant o_O

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    1. Wow, la 5ème, c'est plus que tôt :o surtout que l'Assommoir, c'est loin d'être fun comme roman :/ je pense que beaucoup de gens sont dégoutés des classiques français à cause de choix pas très judicieux des profs. Quel dommage, parce que Zola, c'est vachement bien!

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  5. Bonjour !
    Je découvre ton blog et j'adore tes billets car tes analyses sont très fines et intéressantes :)
    Concernant Zola, j'ai lu quelques-uns de ses romans et je partage ton avis sur les thèmes qu'il développe. Pour l'instant, parmi les trois que j'ai lu (La Fortune des Rougon, La Curée et Pot-Bouille) c'est Pot-Bouille que je préfère.
    J'ai hâte de lire ton compte-rendu final ! :)

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    1. Bonjour Emily!

      Merci beaucoup pour tes compliments, ça me touche beaucoup :)
      J'ai aussi beaucoup aimé Pot-Bouille, je l'ai trouvé très drôle et très intéressant!

      A très vite :)

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  6. C'est vrai que le thème de l'argent est abordé dans le livre, d'autant qu'on se rend vite compte que Pauline est un peu la "vache à traire" et qu'elle se retrouve finalement presque ruinée à la fin. Cependant, je trouve que le roman tourne essentiellement autour de Lazare et son pessimisme, combien de descriptions de ses états d'âmes, de ses peurs, ses angoisses, ses "coups de blues"? Bien sûr, comme tu le dis, il y a l'opposition entre son caractère et celui de Pauline et ce sur différentes aspects: lui égoïste, elle généreuse; lui pessimiste, elle optimiste, lui inconstant, elle constante (pour reprendre ce que tu as mis dans ton texte), lui vivant de coups de passion et elle d'une vie particulièrement monotone...
    Même si Pauline joue un rôle central, un peu comme le pilier de la famille qui maintient le tout en place, il n'empêche qu'il me semble que c'est bel et bien Lazare le "héros" dans l'histoire, et quel héros...il est vraiment déprimant ce type, une vraie tête à claque!

    Enfin, je ne retiens pas ce roman comme le plus marquant cependant je le retiens comme étant celui qui a l'ambiance la plus...étrange.

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    1. Aaaah, Lazare! Un sacré personnage celui-là! Je trouve son attitude envers Pauline assez "horrible", je pense qu'il y a tout un article à écrire sur ce personnage et son comportement envers elle, mais aussi, comme tu le dis, sur ses tentatives avortées, ses moments de dépression entrecoupées de moments de grâce...

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