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dimanche 30 novembre 2014

Kubrick #7: Eyes Wide Shut (1999).


Bonjour à tous et à toutes!

Bienvenue sur le Livroscope! Je suis ravie de vous retrouver en ce Dimanche et dernier jour de Novembre pour la toute dernière chronique du mois, dernière chronique qui va nous permettre de clôturer un cycle démarré il y a plusieurs mois: le cycle Stanley Kubrick! En effet, aujourd'hui, nous allons nous pencher sur un septième élément de sa filmographie, élément qui se trouve être son tout dernier film: Eyes Wide Shut, sorti en 1999. Je n'avais encore jamais vu ce film à la réputation sulfureuse et était assez impatiente de le découvrir dans le cadre de ce cycle pour le blog... Je vous souhaite une très bonne lecture de cet article, en espérant qu'il vous plaise! :)

Le Cycle Kubrick sur le Livroscope:
Avant d'aller plus loin, je tiens à vous rappeler qu'il est possible de retrouver toutes les autres chroniques concernant Stanley Kubrick et les différents films présentés sur le blog (A Clockwork Orange, Lolita, Spartacus...) en suivant le lien ci-dessous! 



Kubrick, il en est où?
Après avoir réalisé Full Metal Jacket, en 1987 et dont j'ai parlé il y a quelques semaines, Stanley Kubrick ne réalisera pas d'autres films avant Eyes Wide Shut, sorti douze ans plus tard. Mais cela ne veut pas dire qu'il n'a rien fait pendant cette décennie, bien au contraire. En effet, le réalisateur a passé beaucoup de temps à travailler sur un autre projet de film qui lui tenait extrêmement à coeur, à savoir A.I: Artificial Intelligence. Ce film était supposé être une sorte de ré-écriture du célèbre conte Pinocchio, dans lequel un petit garçon de bois est réellement animé et veut devenir un vrai petit garçon. Cependant, le projet devint vite d'une taille plus que conséquente, et Stanley Kubrick s'associa à un réalisateur qui était très populaire à l'époque: Steven Spielberg, réalisateur d'E.T, d'Indiana Jones ou encore de la Guerre des Mondes. Devenus amis, Kubrick et Spielberg s'admiraient mutuellement et avaient pour projet de travailler ensemble sur ce film. 
Mais avant de s'en charger, Kubrick décida de s'attaquer à Eyes Wide Shut, qui lui prit aussi beaucoup de temps à réaliser (j'en reparlerai dans un instant). Il ne put cependant jamais réaliser A.I, puisqu'il décéda en 1999, année où Eyes Wide Shut sortit sur les grands écrans. C'est donc Steven Spielberg qui reprit définitivement le flambeau et qui réalisa le film, sorti en 2001. 

Eyes Wide Shut:



Quelques informations sur le film:
Plongeons nous à présent dans le film du jour: Eyes Wide Shut!
Sorti en 1999, Eyes Wide Shut est donc le dernier film de Stanley Kubrick. Comme beaucoup de ses films, Stanley Kubrick a été inspiré par un livre pour le réaliser: le livre en question est ici Dream Story (ou encore français La Nouvelle rêvée), nouvelle de l'auteur autrichien Arthur Schnitzler parue dans les années 1920. Kubrick avait pour projet de l'adapter depuis très longtemps, mais ne s'y attela que dans les années 1990. Le projet démarra au milieu des années 1990, et le tournage prit plus d'un an, et fut apparemment très éprouvant. Comme Kubrick en avait pris l'habitude depuis plusieurs années, le tournage se déroula en Angleterre. 
Au niveau du casting, on retrouve dans les rôles principaux de Bill et Alice le couple star de l'époque, à savoir Tom Cruise et Nicole Kidman.
Le film fut un succès en salles, rapportant plus de 160 millions de dollars pour un budget de 65 millions. Il fut de très nombreuses fois nominé et récompensé lors de cérémonies autour du cinéma. Je vous laisse avec la bande-annonce si vous souhaitez avoir un aperçu de ce que ça donne!



Résumé:
A New York, Bill et Alice Harford forment un couple en apparence tout ce qu'il y a de plus heureux. Ils sont mariés depuis 9 ans, ont une petite fille de sept ans, Helena. Bill est médecin et ils vivent confortablement, sont invités à des soirées luxueuses et s'aiment. Cependant, Bill est profondément ébranlé en découvrant que sa femme a imaginé le tromper, plusieurs mois auparavant. Bouleversé par cette nouvelle, il part en vadrouille dans les rues de New York et tombe dans une étrange soirée, une orgie où tout le monde est masqué. Une soirée qui pourrait lui coûter très cher... 

Sexe, désir et fantasme:
Comme on le comprend très vite en regardant Eyes Wide Shut, le sexe est l'un des éléments moteurs du film et de l'intrigue. J'en profite donc pour signaler tout de suite que ce n'est pas un film à mettre devant tous les yeux, donc si vous êtes un peu sensibles ou jeunes, tournez vous vers autre chose. 
Kubrick avait déjà exploité la nudité et le sexe dans ses films, par exemple dans Lolita où, si rien n'est explicitement montré ou dit, on comprend que le héros entretient une relation pédophile avec Lolita; ou dans A Clockwork Orange, où viol et sexe sont omniprésents et où une partie du décor est constituée de symboles phalliques. 
Cependant, dans Eyes Wide Shut, le sexe est présenté sous un aspect différent, celui du désir et du fantasme. Le sexe est présent tout d'abord dans la nudité, mais la nudité a un statut assez particulier, car elle n'appelle pas forcément au désir. Je m'explique: Alice, au début du film, est nue, elle s'habille pour la soirée. Mais ce que son mari, puis l'homme qu'elle rencontre à la soirée trouvent attirant chez elle n'est pas son corps nu, mais vêtu. Toujours dans cette même idée, Bill, en tant que médecin, se retrouve à faire face à des corps dévêtus à plusieurs reprises: mais pour lui, c'est son métier, ce qu'il fait est mécanique et non pas érotique, le corps n'a pas de signification érotique. Cela se retrouve également dans l'orgie: on peut s'apercevoir que les jeunes femmes présentes ont des corps assez similaires, mais ces corps semblent faire partie du costume qu'elles revêtent avec leur masque. On constate d'ailleurs plus loin que dans la scène orgiaque, plusieurs des personnes en train d'avoir des rapports sexuels portent des vêtements, cachant leur corps. 
Le sexe est exploité sous plusieurs jours: la relation extra-conjugale, le désir, le fantasme, le plan charnel, mais aussi sous un jour un peu plus funeste. En effet, le sexe n'est pas sans conséquence: le spectre du Sida est présent dans le film, tout comme la rupture de la confiance, la jalousie, ou plus simplement la mort, représentée par le personnage de la jeune top model qui, au début du film, échappe à une overdose alors qu'elle est en train de faire l'amour.
Différents aspects, donc, traités dans un même film.

Voir ou ne pas voir:
A présent, penchons nous un peu sur le titre du film, Eyes Wide Shut. En français, on pourrait traduire ce titre par "les yeux bien fermés", en opposition à "les yeux grands ouverts". J'ai vu sur plusieurs sites que ce titre serait une référence à une phrase de Benjamin Franklin sur le mariage, comme quoi il faudrait garder les yeux ouverts avant le mariage et les fermer ensuite. 



La question du regard est extrêmement importante dans ce film, tout d'abord au niveau purement technique de la réalisation. La caméra est extrêmement mobile dans le film, suivant les personnages avec précision: lorsqu'elle Alice rit, la caméra suit ses mouvements, son hoquet. Lorsque Bill déambule dans l'orgie, la caméra le suit de très près, et suit son regard pour montrer au spectateur ce que Bill lui-même voit. L'utilisation de zoom et de travelling, notamment lors de la scène "rituelle" au début de l'orgie, sont là pour nous permettre de voir et de tout voir.
Pour les personnages aussi, la question du regard est importante: les miroirs ont leur importance, tout comme les masques, qui dissimulent l'identité, mais ne dissimulent pas les regards. Même Nick, le pianiste, explique qu'avoir les yeux bandés ne l'empêchent pas de voir certaines choses. 
Avec la question du voir se pose aussi la question du savoir. Est-ce que l'on est capable de comprendre vraiment ce qu'on a vu? Une mascarade ou une réalité? Quelle est la frontière entre réalité et imagination? Beaucoup de questions que Bill se pose au cours du film.

Ce que j'ai pensé du film:
Lorsque j'ai préparé le cycle Stanley Kubrick, il m'a semblé évident de devoir parler d'Eyes Wide Shut, son tout dernier film, tout comme parler de Spartacus, son premier grand film, me semblait logique. Je n'avais encore jamais vu Eyes Wide Shut auparavant, même si j'en avais énormément entendu parler, et du coup j'étais assez curieuse de voir ce que ce film pouvait donner. Et au final... et bien je dois avouer être un peu mitigée par rapport à ce film, dont j'attendais beaucoup.

Commençons par le commencement: l'histoire. N'ayant pas lu la nouvelle qui a inspiré Kubrick pour le film, je ne peux rien vous dire en ce qui concerne l'adaptation, mais j'ai trouvé l'intrigue plutôt simple, facile à suivre, et efficace. On ne se perd pas dans des grands détours scénaristiques, non, on va à l'essentiel et c'est un point que j'ai plutôt apprécié. Cela permet de se focaliser davantage sur les développements psychologiques des personnages et sur les thématiques, dont je reparlerai dans quelques instants. Globalement, l'histoire est intéressante et pose des questions sur le couple, le mariage, la fidélité, et je n'ai rien de spécial à redire là dessus. Bon point pour l'histoire, donc, qui parvient également à ménager un petit suspens assez bien fichu.

Autre point que j'ai vraiment aimé dans ce film: la réalisation. Là encore, comme habituellement chez Kubrick, on sent qu'il y a du boulot, que toute l'équipe a bossé comme des malades. Les plans sont millimétrés, les décors et costumes réussis, et encore fois la musique est fantastique. J'ai l'impression de me répéter dans chaque article, mais bon sang, la musique dans les films de Kubrick est toujours géniale, et en plus elle ne vient pas juste combler du silence, mais souligner ce qui se passe à l'écran, rendant la scène encore plus forte. 

J'ai aussi apprécié les thématiques abordées, qui sont plutôt intéressantes et bien développées: le fantasme, le désir, la jalousie, le sexe sous ses différents aspects... J'ai aimé également la "symétrie" entre les scènes, puisque certains passages se répètent sous différentes formes (par exemple, la scène de danse d'Alice au début du film a plus tard un écho pour Bill lorsqu'il se retrouve avec la jeune prostituée, les dialogues sont assez proches). 

Mais alors, me direz-vous, qu'est-ce qui ne va pas? Pourquoi est-ce que je suis un peu mitigée par ce film? Et bien il y a une raison à ça.

Cette raison réside dans le casting et dans les personnages. Dans l'ensemble, les acteurs  sont bons et les personnages réussis. Je ne suis pas une grande fan de Tom Cruise, mais il s'en sort plutôt bien dans ce film. Mon problème, ici, c'est Nicole Kidman. J'avoue ne pas être très au point sur la filmographie de cette actrice (je dois avoir vu quelques films avec elle, mais honnêtement je suis loin d'être une experte de Nicole Kidman, si je tombe sur une question sur elle à Qui veut gagner des millions?, je suis foutue), mais honnêtement je n'ai pas du tout aimé sa façon de jouer. Etendre les phrases à l'infini, son intonation de voix, sa manière de rire absolument terrifiante... Non, franchement, je crois que j'ai raté quelque chose dans sa prestation. 

Alors oui, être déçue par un film pour une actrice, ça peut paraître un peu fort, mais honnêtement j'ai trouvé les scènes avec Nicole Kidman interminables, et parfois j'avais même envie de couper le film pour faire autre chose. Mais attention: le film n'est pas non plus mauvais ou affreux, et je comprends parfaitement que d'autres personnes apprécient le jeu d'actrice de Nicole Kidman, mais dans mon cas, ça ne passe pas!

Bilan du Cycle Kubrick:
Avec ce septième film, j'achève enfin le cycle Kubrick, démarré en Avril dernier. Histoire de le conclure en beauté, je tenais à dresser un petit bilan de ce cycle et de ce que j'ai découvert avec les différents films que j'ai vus.
Tout d'abord, je tenais à vous remercier, lecteurs et lectrices du Livroscope, car vous avez été nombreux à témoigner votre intérêt pour les articles autour des films de Stanley Kubrick: j'ai reçu beaucoup de commentaires très intéressants et je vous en remercie! Parler de cinéma sur un blog de lectures n'est pas toujours évident, mais vos réactions m'enchantent à chaque fois. N'hésitez pas à me laisser des suggestions pour les prochains cycles!


En sept films, j'ai pu enfin découvrir une bonne partie de l'oeuvre de Stanley Kubrick. Je connaissais l'aura de ce réalisateur et j'avais déjà vu quelques-uns de ses films, mais il me tenait à coeur de le découvrir davantage. 
Le point qui me surprend le plus au regard des différents films que j'ai vus, c'est que chacun d'eux parlait de quelque chose de différent: les gladiateurs, un pédophile, une jeunesse violente et perdue, le nucléaire, le Viet-Nâm, l'espace, et ici le couple. Chaque film de Stanley Kubrick est différent et nous emmène vers un monde différent. Mais en même temps, on constate que la finesse de réalisation est toujours là, et malgré les différences de thèmes ou de sujets, on retrouve l'empreinte du réalisateur, son soin du détail... 
Globalement, j'ai apprécié tous les films que j'ai vus, même si certains se détachent clairement pour moi: Lolita, 2001 et A Clockwork Orange ont été de véritables coups de coeur, des claques cinématographiques. J'ai également adoré Doctor Strangelove et Full Metal Jacket (qui s'est avéré être une bonne surprise). Au final, j'ai juste eu un peu de mal avec Spartacus qui, s'il s'agit d'un bon péplum, est pour moi plus un film de Kirk Douglas que de Stanley Kubrick, et Eyes Wide Shut, qui m'a laissée un peu de marbre.  

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui, pour ce mois-ci et pour le cycle Kubrick! J'espère que cet article vous a plu, n'hésitez pas à me le faire savoir en commentaire, je serai ravie d'avoir vos avis! On se retrouve dès demain pour le premier article de Décembre, en attendant prenez soin de vous :)

AnGee Ersatz*




samedi 29 novembre 2014

Chasse aux vampires #5: Disparition à Dallas (La Communauté du Sud, tome 2), de Charlaine Harris.





Bonjour à tous et à toutes, amis lecteurs!

Aujourd'hui, c'est Samedi, et je suis ravie de vous retrouver pour une toute nouvelle chronique sur le blog! En ce début de week-end, j'ai décidé de vous présenter une nouvelle fois une lecture pleine de crocs et de prédateurs assoiffés, dans le cadre du Challenge Chasse aux Vampires organisé par Leelys via Livraddict. Pour cette cinquième lecture, j'ai choisi de repartir du côté de Bon Temps, petite ville pas si paisible que ça, pour découvrir les nouvelles aventures de Sookie, serveuse télépathe, et de Bill, son amoureux de vampire. Après Dead Until Dark, je me suis donc attaquée au second tome de la saga de la Communauté du Sud de Charlaine Harris, baptisé Disparition à Dallas. Je vous souhaite une bonne lecture, en espérant que cet article vous plaise :)

Les autres articles Chasse aux vampires:
Avant d'aller plus loin, je tenais à préciser pour celles et ceux qui souhaitent (re)lire mes précédentes chroniques autour des vampires et plus particulièrement celles rédigées pour le Challenge qu'il est possible d'y accéder en suivant le lien ci-dessous :)


Charlaine Harris, c'est qui?
Je commence habituellement mes articles par une petite présentation des auteurs du jour, mais dans le cas de Charlaine Harris, je l'avais déjà fait lors de mon article sur Dead Until Dark. Je vous conseille donc d'aller voir cette chronique si vous souhaitez en savoir davantage sur l'auteure de la saga de la Communauté du Sud!


Disparition à Dallas:
Résumé:



Après avoir échappé à la mort et avoir contribué à résoudre la série de meurtres violents de jeunes femmes fréquentant des vampires, Sookie, la jeune et jolie serveuse blonde télépathe de Bon Temps, pensait que la vie allait revenir à la normale. Mais c'était sans compter sur le cadavre de Lafayette, son ami cuisinier, retrouvé à l'arrière d'une voiture après une soirée assez particulière. Malheureusement, Sookie n'a pas le temps de se pencher de plus près sur ce qui est arrivé à Lafayette: elle se retrouve à devoir partir à Dallas. Non pas pour des vacances, mais pour aider un clan de vampires (grâce à sa capacité à lire dans l'esprit des gens) à retrouver l'un des siens, disparu mystérieusement. Une enquête périlleuse, au cours de laquelle notre héroïne, son petit ami Bill le vampire et son acolyte Eric risquent d'être en danger plus d'une fois... 


Au revoir Bon Temps, bienvenue à Dallas!
Dans le premier tome de la Communauté du Sud, Charlaine Harris nous entraînait à la découverte de la petite ville fictive de Bon Temps, une ville située en Louisiane. La Louisiane est un état avec un statut assez particulier puisqu'on y retrouve à la fois luxure et religion, mélange des cultures et méfiance envers les autres, et de nombreuses autres oppositions. Le personnage de Sookie est elle-même représentative de ces oppositions: extrêmement belle et sexy, elle passe souvent pour une fille facile, alors qu'en réalité elle n'a jamais eu de petits copains et va tous les dimanche à l'église. 
L'intrigue commence à Bon Temps, mais nous sommes vite entraînés vers un autre état américain: le Texas! En effet, comme le titre l'indique, Sookie va devoir enquêter à Dallas. Tout comme la Louisiane, le Texas est un état qui appelle des images assez fortes dans l'esprit collectif: on s'imagine les immenses ranchs, les rednecks, les puits de pétrole, ainsi qu'un fort traditionalisme qui s'exprime notamment via la religion. Ces images ont notamment été véhiculées chez nous par la célèbre série Dallas, ou par Walker Texas Ranger. Dallas en elle-même est une ville avec une connotation assez particulière: celle de la violence, puisque c'est là que s'est déroulé l'assassinat du président Kennedy en 1963. Autant dire que c'est un cadre assez intéressant pour y placer l'intrigue de ce second tome!


Steve Newlin dans la série True Blood.
La Confrérie du Soleil, clans et repentants: un univers enrichi.
Dead Until Dark, en tant que premier tome de la saga, posait les bases de l'univers vampirique que Charlaine Harris voulait nous présenter. Nous découvrions comment les vampires étaient perçus par la population, l'existence de ceux qui souhaitent s'intégrer au reste de la population et de ceux qui sont plus traditionnels, les groupies à vampire, comment ils se nourrissent et les propriétés à la fois aphrodisiaques et curatives de leur sang. 
Pas mal d'éléments donc, mais Charlaine Harris étoffe encore davantage son univers dans ce second tome. Tout d'abord, en ce qui concerne les vampires eux-mêmes, on apprend qu'il existe des hôtels et même des compagnies aériennes spécialisés pour eux. L'auteure développe également les clans de vampires, avec les règles au sein de chaque clan et entre clan. Les vampires ne vivent pas n'importe comment, mais sont dans l'ensemble organisés hiérarchiquement. 
J'ai mentionné plus haut les traditionalistes et les intégrationnistes, mais on apprend qu'il existe aussi une troisième catégorie de vampires, moins répandue cependant, celle des repentants. Les repentants sont des vampires regrettant les actes qu'ils ont commis par le passé et qui ne supportent pas de devoir se nourrir de sang. Godfrey, un vampire que nous découvrons dans ce second tome, en fait partie.
L'autre élément important, déjà mentionné dans Dead Until Dark, du roman, c'est la Confrérie du Soleil. Dirigée par Steve Newlin et sa femme, la Confrérie du Soleil est une église, mais dont la vocation est d'exterminer les vampires. Ils détestent ouvertement les vampires et s'opposent à toute forme d'intégration sociale de ses créatures. Les personnes frayant avec des vampires sont également détestables à leurs yeux. Sookie va découvrir de l'intérieur cette église plutôt particulière et ses agissements...

Ce que j'en ai pensé: 
Après la bonne surprise que fut le premier tome de la saga la Communauté du Sud, j'étais très motivée pour lire la suite. Ayant trouvé les trois tomes suivants dans une foire aux livres à un prix plus qu'attractif, je me suis laissée tenter et je n'ai pas attendu très longtemps avant de lire Disparition à Dallas. Que dire de ce second tome? Et bien globalement, je l'ai aussi beaucoup aimé, même si un ou deux petits points me gênent un peu. 

Commençons par l'histoire. Le premier élément que j'ai apprécié, c'est qu'il se passe beaucoup de choses: dès les premières pages, nous sommes jetés dans l'action, et je ne me suis pas ennuyée du début à la fin! Entre la mort de Lafayette, l'enquête à Dallas et les péripéties de Sookie découvrant la Confrérie du Soleil, j'étais accrochée au livre et j'ai eu du mal à le reposer pour vaquer à d'autres occupations! Charline Harris nous livre une intrigue bien ficelée, avec beaucoup de rebondissements, bref, je n'ai rien à redire là dessus.

L'idée de délocaliser une partie de l'action à Dallas est également une idée que j'ai trouvée intéressante, puisque par ce biais l'auteure parvient à développer davantage l'univers de sa saga, en introduisant un système de "clans", de règles entre vampires, mais aussi de développer les métamorphes et de donner un peu de densité au "background" de son histoire. On découvre en même temps que Sookie de nouvelles choses sur les vampires, et j'ai aimé cet aspect.

En parlant de Sookie, parlons des personnages! Globalement, là aussi je n'ai rien à redire. J'ai aimé retrouvé Sookie, Bill et Eric, et j'ai apprécié dans l'ensemble les nouveaux personnages présentés dans Disparition à Dallas, comme Godfrey, Stan ou Luna. Il me semble avoir dit la dernière fois ne pas comprendre l'engouement pour Eric, personnage apparemment très populaire, mais dans ce roman je trouve qu'il est davantage mis en avant, et sa personnalité (avec ses répliques qui tuent) me parait un peu moins fade qu'auparavant. Un bon point donc!

J'ai aussi aimé le développement d'éléments autres que les vampires, comme par exemple l'introduction d'une nouvelle créature, avec la ménade, ou la découverte d'autres télépathes hors Sookie. J'ai trouvé intéressant l'utilisation de la Confrérie du Soleil. La religion a son importance dans les histoires de vampires, et ici c'est assez bien exploité.

Mon seul bémol par rapport à ce roman est que je vois se profiler au loin une ficelle narrative qui m'épuise de plus en plus: le célèbre, le fameux, le fantastique triangle amoureux. Alors ça, c'est vraiment un truc qui me sort par les yeux, ça a été fait et refait un milliard de fois, et honnêtement c'est un peu une technique pas terrible pour mettre du suspens (va t'elle choisir Machin ou Truc?). Honnêtement, quand je lis des histoires de vampires, c'est pour les vampires. Pas pour les amourettes.

Mais mis à part ce petit bémol qui reste pour l'instant encore secondaire, j'ai passé un bon moment avec Disparition à Dallas et je suis très motivée pour lire la suite, que je pense également présenter sur le blog!

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que cette chronique vous a plu, n'hésitez pas à me le faire savoir en commentaire! On se retrouve dès demain pour le dernier article du mois, qui portera sur Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick, en attendant prenez soin de vous et profitez du week-end!

AnGee Ersatz*



jeudi 27 novembre 2014

Mon expérience NaNoWriMo!




Bonjour à tous et à toutes!

J'espère que vous allez bien et que vous êtes prêts pour un nouvel article! Aujourd'hui, je vous retrouve pour une chronique un peu spéciale, puisqu'on ne va pas parler de lecture, mais d'écriture! En effet, en ce mois de Novembre se déroule un événement assez connu et qui le devient de plus en plus chaque année: le NaNoWriMo! Le but du NaNoWriMo: écrire un roman en un mois. Un pari plutôt original, qui me tentait depuis plusieurs années, et que j'ai enfin décidé de relever. Le mois de Novembre n'est certes pas encore fini, mais étant donné que j'ai achevé mon objectif hier, j'ai décidé de vous raconter mon expérience dès aujourd'hui. En espérant que cet article un peu différent vous plaise, je vous souhaite une bonne lecture! :)


Le NaNoWriMo, c'est quoi?
Commençons tout d'abord par revenir sur ce drôle de nom: NaNoWriMo. Non, ce n'est pas une nouvelle espèce de Pokémon un peu étrange, mais l'acronyme de National Novel Writing Month. Le but du NaNoWriMo? Ecrire, en un mois, un roman. 
Alors dit ça comme, "écrire un roman", c'est un peu flou. D'un certain côté, ça l'est: vous avez le choix du sujet, du style, de la langue (vous pouvez l'écrire en anglais, en klingon, ou en français, peu importe du moment que c'est ce qui vous convient et ce qui vous met le plus à l'aise), décider de faire le premier tome d'une trilogie ou un shot-one, bref, vous avez carte blanche! Mais il y a tout de même quelques règles à respecter.
Tout d'abord, le NaNoWriMo se déroule en Novembre de chaque année. Le but est de commencer à écrire le 1er Novembre, et de continuer à écrire jusqu'au 30 Novembre, pour arriver à écrire un roman, ou plutôt l'équivalent d'un court roman, à savoir 50,000 mots (ce qui fait environ 175 pages).  
Pour résumer, vous avez un mois pour écrire 50,000 mots, ce qui donne environ 1667 mots par jour. Après, à chacun son organisation et son rythme! 
Si vous souhaitez plus d'informations sur le NaNoWriMo, je vous conseille d'aller visiter leur site ci-dessous! :)


Pourquoi j'ai décidé de participer:
Avant de m'inscrire au NaNoWriMo, édition 2014, j'avais déjà entendu parler de cet événement auparavant. J'en connaissais le principe dans les grandes lignes, mais c'est seulement cette année que j'ai décidé de m'y pencher d'un peu plus près.
Au moment de l'inscription, je n'avais d'idées précises de ce que je voulais écrire, c'est à dire que je n'avais pas d'histoire en tête. Mais j'avais envie de participer pour relever un défi personnel. J'écris très souvent, mais ce que j'écris n'est jamais de la fiction. J'écris pour le blog, beaucoup, j'écris aussi pour les cours, mais je n'avais pas tenté d'écrire une histoire sortie de mon imaginaire depuis longtemps. C'était donc l'occasion pour moi d'essayer d'aller jusqu'au bout de quelque chose et d'arriver à créer une histoire cohérente et complète. 
J'avais aussi envie de trouver un moyen de m'entraîner à écrire beaucoup en vue de mon mémoire, que je vais devoir rédiger prochainement et qui va me demander une sacrée motivation! 


Le déroulement et mon organisation:
Je me suis inscrite quelques jours avant le 1er Novembre sur le site. J'étais assez excitée et impatiente de me lancer dans cette aventure, même si avant le jour J je n'avais absolument AUCUNE IDEE de ce que j'allais écrire et de l'histoire que j'allais raconter. C'est vraiment en m'installant sur mon ordinateur que j'ai eu un début d'idée, qui s'est précisée au bout de quelques jours. 
En ce qui concerne l'organisation, il est possible de vraiment faire ce qu'on veut: écrire sur papier ou sur un ordinateur, le matin, le soir, que le week-end...
Dans mon cas, j'ai décidé de m'imposer un rituel quotidien. En fait, me connaissant, je me suis dit que si je ratais ne serait-ce qu'une journée, tout le projet tomberait à l'eau et je n'en viendrais jamais à bout. Tous les jours, donc (idéalement le matin: j'ai du mal à rester concentrée le soir) je m'installais devant mon ordinateur et rédigeais d'une traite au minimum 1700 mots, en essayant de prendre un peu d'avance les jours où j'étais très motivée. J'ai aussi pris la décision de ne pas me relire tous les jours: j'avais trop peur de détester ce que je lisais, et donc de tout effacer et encore une fois d'abandonner. 
Pour me motiver, le thé était mon meilleur ami. Je n'ai pas compté combien de tasses j'ai bues, mais je suis sûre d'approcher des 50!
Chaque jour, je postais également sur mon Facebook personnel mon avancée du jour et j'ai été ravie de voir le soutien que je pouvais recevoir. 
Au final, il m'a fallu 26 jours pour pouvoir arriver au bout, avec une grosse session rush pour le dernier jour!

Les problèmes que j'ai rencontrés:
Je pense avoir été globalement chanceuse en ce mois de Novembre puisque je n'ai pas rencontré d'énormes problèmes. J'ai eu un peu peur de ne pas trouver d'idées (et j'ai vraiment paniqué parce que jusqu'au dernier moment, je n'avais aucune inspiration. Toutes les idées que j'avais me semblaient nulles à chier (pardon pour la vulgarité, mais c'est vrai!), et j'ai eu une phrase qui m'a subitement sautée à la figure et qui a tout déclenché. 


La dernière étape et mon livre:
Le 26 Novembre, je me suis levée en me disant: "aujourd'hui, t'as pas cours, t'as rien à faire, alors on y va, on finit". J'étais plus que motivée (notamment grâce à la fameuse petite barre que l'on remplit au fur et à mesure de sa progression), et du coup je me suis dit qu'il était temps de terminer.
Après une première relecture et un point final, j'ai donc validé mon roman sur le site (pour cela, il faut copier coller l'intégralité du texte sur le site). 
Mon roman s'appelle donc The Witch's Brother. C'est (peut-être) le premier tome d'une saga autour d'un même univers mais avec des personnages et des époques différentes d'un tome à l'autre. Je l'ai écrit en anglais mais ai prévu de le traduire d'ici quelques semaines. L'histoire est celle de Drew Falls, un jeune informaticien, dont la vie est chamboulée lorsque sa soeur, Dru, une sorcière assez puissante, vient lui demander de l'aide pour se sortir d'une affaire assez sordide. 
Pour l'instant, j'ai l'intention de le faire lire à mes proches (mon copain en a déjà reçu une copie), histoire d'avoir leurs avis objectifs, et si les retours ne sont pas trop catastrophiques, on verra! Evidemment, je ne m'attends pas à avoir écrit un chef d'oeuvre, mais finir une histoire est déjà un pas énorme pour moi. 

Que tirer de cette expérience?
Maintenant que j'ai achevé mon livre et que je suis parvenue à écrire 50,000 mots en un mois, qu'est-ce que je retire de cette première expérience du NaNoWriMo?
Et bien le NaNoWriMo a vraiment réussi à m'ôter le blocage qui pesait sur mes épaules jusqu'alors. Chaque fois que je commençais une histoire, je ne parvenais jamais à aller jusqu'au bout ou simplement à dépasser les dix premières pages. C'était vraiment très frustrant d'avoir tout un tas d'idées et de ne jamais arriver à les développer un minimum. Du coup, j'avais abandonné depuis plusieurs mois l'idée d'écrire quoi que ce soit qui ne soit ni pour le blog ni pour les études.
Grâce à son objectif à attendre et les différents conseils que l'on reçoit sur le site, j'ai réussi à retrouver cette motivation perdue. "M'imposer" (je dis bien "m'imposer" entre guillemets parce que ce n'était pas la pire des contraintes) un rythme quotidien m'a fait également beaucoup de bien. En effet, ça me permettait de voir une rapide évolution dans mon histoire. Pouvoir remplir chaque jour le petit compteur sur le site et le voir grandir petit à petit était vraiment une satisfaction pour moi. Au début du mois, je n'étais même pas sûre d'arriver au 50,000 mots ni à la fin de l'histoire, mais au fil des jours je me suis mise à voir que c'était possible.




Avec cette première participation au NaNoWriMo, je suis pour la première fois arrivée à terminer un histoire. Alors certes, c'est loin d'être un chef d'oeuvre, mais ça reste quelque chose de terminé, d'abouti. Et ça c'est déjà une grande fierté pour moi, d'avoir réussi à terminer quelque chose.
En plus de ça, le NaNoWriMo a été un entraînement d'écriture plus qu'utile pour mes autres activités: j'ai remarqué que j'écrivais mes articles un peu plus vite, et j'espère que ça m'aidera également pour mon mémoire, avec une organisation similaire. J'ai aussi reçu beaucoup de soutien de la part de mes amis, ma famille, mes proches, et ça m'a beaucoup touchée!
En bref, je pense participer au NaNo l'an prochain histoire de retenter l'expérience!

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que cet article un peu différent vous a plu, n'hésitez pas à me le faire savoir en commentaire! On se retrouve d'ici quelques jours pour une nouvelle chronique, en attendant prenez soin de vous! :)

AnGee Ersatz*



mardi 25 novembre 2014

Camilla Läckberg #3: Le Tailleur de Pierre.



Bonjour à tous et à toutes!

Bienvenue sur le Livroscope! J'espère que vous allez bien et que vous êtes prêts pour un nouvel article! Après dix jours d'absence (organisation foireuse et crève carabinée), je suis de retour en ce Mardi pour vous proposer de poursuivre notre parcours consacré à l'auteure suédoise Camilla Läckberg. Depuis plusieurs mois, je me suis lancée le défi de relire et de vous présenter les différents tomes de sa saga autour des personnages d'Erica Falck et Patrick Hedström. Après le Prédicateur, c'est donc au Tailleur de Pierre que je me suis attaquée. J'espère que vous êtes prêts à partir en voyage pour le petit village de Fjällbacka, c'est parti! Bonne lecture à tous :)

Camilla Läckberg, c'est qui?
Si vous suivez le blog fréquemment, vous savez que j'aime commencer mes articles par une petite présentation des auteurs dont je présente le travail. Dans le cas de Camilla Läckberg, étant donné que j'ai déjà parlé de deux de ses romans, je vais plutôt vous rediriger vers les deux chroniques en question, sur La Princesse des Glaces et sur le Prédicateur. Il vous suffira de suivre le lien ci-dessous!



Le Tailleur de Pierres:
Résumé:
Pour Erica Falck et Patrick Hedström, la vie a pris un tour nouveau: en effet, Erica a accouché il y a peu d'une petite Maya, et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette naissance chamboule tout dans leur quotidien! Pour Erica, le seul moment où elle arrive à souffler un peu dans une journée, c'est lorsqu'elle est avec Charlotte, son amie elle aussi mère, de deux enfants. Hélas, tout tourne au drame le jour où Sara, la fille aînée de Charlotte, est retrouvée morte par un pêcheur. Même si les apparences laissent penser à un accident, il devient très vite évident que la petite fille a en réalité été assassinée. Patrick, Martin et ses collègues de la police de Fjällbacka se lancent dans l'enquête, entre secrets de famille, conflits de voisinage, et lourd passé.

Deux histoires en une:
Dans le Tailleur de Pierre, Camilla Läckberg choisit de nous raconter non pas une, mais bien deux histoires. D'un côté, nous avons l'histoire qui se passe au moment présent, à savoir l'enquête mené par les policiers pour découvrir ce qui est réellement arrivé à Sara, et de l'autre, nous découvrons une histoire remontant au début du 19ème siècle. Cette histoire, c'est celle d'Anders, tailleur de pierre extrêmement doué mais vivant néanmoins dans des conditions modestes, qui tombe sous le charme redoutable d'Agnes, la fille de son patron, dont le principal passe-temps est de manipuler son entourage pour obtenir tout ce qu'elle veut. Le but de ce genre de narration est évidemment de faire se rejoindre les deux histoires à un moment ou à un autre, idéalement lorsque l'intrigue attend son paroxysme.
Il s'agit d'un système très souvent utilisé en littérature, et Camilla Läckberg l'avait employé de façon un peu différente dans ses précédents romans. Par exemple, dans la Princesse des Glaces, il y avait des flashbacks autour du meurtre de la victime. Dans le Prédicateur, il y avait également des flashbacks. L'utilisation de ces flashbacks reliait néanmoins immédiatement les deux narrations, même si l'identité des assassins n'était pas dévoilée, et on comprenait qu'il s'agissait du même cas, de la même affaire.
Dans le Tailleur de Pierre, c'est une technique un peu différente qu'emploie l'auteure. En effet, ce n'est vraiment qu'à la toute fin du roman que l'on comprend comment et pourquoi ses deux histoires nous sont racontées. Les passages avec Anders et Agnes mettent en place une ambiance et un environnement particuliers dont le rôle ne sera clair que bien plus loin...


Une mort plus que suspecte:
Après un corps gelé dans le premier tome et des squelettes aux os brisés dans le second, la police de Fjällbacka va devoir une nouvelle fois enquêter sur une affaire difficile: la mort d'une petite fille.
Sara, la fille de l'amie d'Erica, est retrouvée par un pêcheur. A première vue, elle s'est visiblement noyée alors qu'elle jouait seule dans les environs. Une mort tragique donc, mais qui semble tout ce qu'il y a de plus accidentel.
Cependant, c'est à l'autopsie que le corps de la petite victime va révéler un terrible secret: Sara ne s'est pas noyée, mais a été assassinée. On retrouve dans ses poumons de l'eau de baignoire, et sur son cou des marques prouvant qu'elle a été maintenue sous l'eau. Le meurtrier aurait ensuite déguisé son acte pour le faire passer pour un accident.
Très vite, les enquêteurs vont devoir faire face à une liste de suspects aussi longue que le bras: le père de Sara lui-même, soupçonné de violences sur ses enfants et adultère, le voisin Kaj qui déteste depuis toujours Lilian, la grand-mère de Sara, son fils Morgan, dont le comportement intrigue, ou encore le grand-père paternel, un homme extrêmement menaçant. Les questions se précipitent: qui aurait pu vouloir s'en prendre à Sara? Quelles sont les étranges particules noires retrouvées dans ses poumons? Est-ce un acte isolé? Patrick Hedström a du pain sur la planche...

Les joies de la maternité:
Camilla Läckberg prend aussi beaucoup le temps de développer ses personnages principaux, Erica et Patrick, ainsi que leur vie de couple. A chaque roman, ils passent une étape: ils se mettent en couple dans la Princesse des Glaces, Erica est enceinte dans le tome deux, et les voilà à présent jeunes parents.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est loin d'être la fête! Erica est débordée depuis la naissance de Maya, elle ne trouve plus le temps de rien, ni de faire le ménage ni de prendre soin d'elle. Elle est au bout du rouleau à force d'entendre Maya hurler toute la journée et de l'allaiter en permanence, et ne se fait pas prier pour tendre la petite à Patrick dès qu'il pose un pied dans la maison. Lorsqu'on regarde l'entourage d'Erica, elle est un peu la dernière à avoir un enfant: sa soeur a déjà accouché deux fois, son amie Charlotte également, et Dan, son meilleur ami, est lui aussi père de famille. L'enjeu du livre pour Erica est d'arriver à s'adapter à une vie à trois.
La maternité est un des grands thèmes du livre, d'une manière plus globale. Tout d'abord parce que la victime est une petite fille: pour beaucoup de parents, voir partir ses enfants avant soi est est à la fois incompréhensible et un traumatisme, ce n'est pas dans l'ordre des choses. Ensuite, en raison de l'éducation: Charlotte et Erica sont constamment reprises par leurs aînées sur la façon dont elles doivent éduquer leurs enfants et gérer le foyer. On a le sentiment que rien de ce qu'elles font n'est bien aux yeux des autres. Les relations mère-enfant sont également capitales, comme dans celle qu'entretient Agnes avec ses enfants, ou la mère de Morgan avec son fils, ou encore les beaux-parents de Charlotte avec leur fils. On peut également noter l'importance du mariage: Agnes est forcée de se marier avec Anders parce qu'elle est enceinte et qu'à l'époque, une femme enceinte (et de bonne famille qui plus est) ne peut l'être hors mariage. Mais cette question est encore présente 80 ans plus tard dans le roman: Martin taquine Patrick pour qu'il fasse d'Erica "une femme respectable" en l'épousant. Il s'agit certes d'une plaisanterie, mais la question reste en fond.
D'une manière plus générale encore, Camilla Läckberg traite aussi de la question de la place des femmes, en passant par le biais de la maternité. C'était un questionnement que l'on retrouvait déjà dans les romans précédents avec le personnage d'Anna, la soeur d'Erica, battue par son mari et qui cherchait à se libérer de son emprise. Ici, on a encore des femmes soumises aux hommes, ou des femmes qui essaient de mettre les hommes sur un plan d'égalité avec elles. C'est une thématique assez importante et que Camilla Läckberg parvient à développer intelligemment dans son enquête.

Ce que j'ai pensé du livre:
Si vous avez déjà lu mes précédentes chroniques sur les romans de Camilla Läckberg, vous savez probablement déjà que je suis très fan de cette auteure et que j'adore son travail. J'ai adoré la Princesse des Glaces tout comme j'ai adoré le Prédicateur, mais en ce qui concerne le Tailleur de Pierre... Et bien je dois dire que ce roman est sans aucun doute mon préféré des trois, un coup de coeur absolu. Je vais essayer de vous expliquer pourquoi.

Commençons par l'histoire, ou plutôt par les histoires. Comme je l'ai mentionné plus haut, Camilla Läckberg nous gratifie d'un système de deux en un, avec deux intrigues développées en même temps. Je suis souvent sceptique lorsque je vois cette méthode dans un roman, parce qu'il est parfois extrêmement facile de découvrir l'identité de la personne qui se cache derrière les meurtres, ou parce que (comme dirait Sita), ça fait "technique du pauvre" à grands coups de pics à suspense pour nous garder accrochés au récit. Ici, l'auteure est parvenue à être assez subtile. En effet, les deux histoires racontées ont à priori rien à voir l'une avec l'autre: d'un côté nous avons un tailleur de pierre au début du 20ème siècle, et de l'autre le meurtre sordide d'une petite fille. Camilla Läckberg réussit à nous tenir en haleine en créant presque deux romans en un, deux atmosphères et deux univers. Personnellement, je n'ai pas vu arriver la fin, le point où les deux histoires se rejoignent a été pour moi une vraie surprise. Et ça, c'est fort!


Fjällbacka, où se déroule l'action.

En ce qui concerne l'enquête criminelle en elle-même, là aussi c'est très réussi. Il n'est jamais facile de traiter du meurtre d'enfants avec justesse, en parvenant à retranscrire les émotions des parents par exemple, mais je trouve le résultat réussi. L'enquête est passionnante. Le fait que ça se passe dans un petit village y est pour beaucoup aussi: tout comme dans la série Broadchurch, dont le début est assez similaire (un enfant assassiné, un village où tout le monde se connait), on réalise très vite que tout finit par être découvert et que rien ne peut rester caché. Les secrets et les révélations pleuvent dans ce roman, ça n'arrête pas. L'ambiance est très particulière.

Les personnages sont aussi une grande force du Tailleur de Pierre, peu importe le récit. J'ai trouvé Anders et Charlotte extrêmement attachants, et Camilla Läckberg nous propose de découvrir une pluralité de personnages qui ont tous leurs particularités, leurs secrets, leurs faiblesses. J'ai aussi été ravie de retrouver les personnages principaux, qui ont cette force de rester des humains sans tomber dans la caricature: ce ne sont pas des superhéros, mais des gens normaux, et c'est ce qui m'intéresse le plus chez eux.

Enfin, je tenais à souligner le travail de l'auteure au niveau des thématiques. On retrouve des éléments déjà utilisés dans ses romans précédents: le secret, la religion, le couple, mais tout en gardant ces thématiques, elle en développe d'autres qui viennent enrichir son récit. J'ai mentionné la place de la femme et la maternité, mais j'aurais aussi pu parler de la rivalité, de la police en elle-même, ou encore de la paternité, que l'on découvre également à travers les personnages de Patrick ou de son patron.

En bref, le Tailleur de Pierre est le roman que je préfère pour l'instant dans cette saga, et j'ai vraiment hâte de me plonger dans le suivant!

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui, j'espère que cette chronique vous a plu! N'hésitez pas à me le faire savoir en commentaire, je me fais un plaisir de vous répondre! On se retrouve d'ici quelques jours pour un nouvel article, en attendant prenez soin de vous :)

AnGee Ersatz*



dimanche 16 novembre 2014

Psychic TV présente: Deadpool: La Nuit des Morts-Vivants, de Cullen Bunn et Ramon Rosanas.




Dessiné et Ecrit par Cullen Bunn et Ramon Rosanas
Edition Marvel Zombies
Sorti le 8 Octobre 2014

Pour une fois, je ne vais pas vous parler de cross-over, dans le sens où je vais faire la review d'un comics voyant s'affronter deux « têtes d'affiche » des personnages fictifs issus de licences connues. Non, il sera question aujourd'hui d'une histoire absurde. 
Avec un personnage qui, dans le cas éventuel où un Oscar du personnage fictif le plus barré et imprévisible  devait être crée, serait nommé au moins une fois. Quitte à être multirécidiviste en ce qui concerne l'obtention de la récompense.
Un personnage Marvel moyennement connu, qui n'a hélas pas été adapté de la bonne façon au cinéma, qu'il s'agisse d'un second rôle / Antagoniste dans X-Men Origins : Wolverine qui n'a pas toute la facette délirante du personnage, où alors du projet de film Rated Teen* où le rôle sera tenu par Ryan Reynolds, qui a déjà tenu le rôle dans le film précédemment mentionné. Autant dire que Deadpool n'a pas de chance avec le grand écran. Ca tombe bien, son truc à lui, c'est le comic awareness.

Donc parlons de Wad...
Deadpool : Hé mec ? T'écris quoi en secret sur ma pomme, là ?
PsychicTV : Euh...Je résume cette histoire, là, que j'ai lue. * lui tend le livre*
Deadpool : *feuillette le livre * Blah, blah, blah. Ca manque de chimichangas et de nanas, ton truc !
PsychicTV : Ah, bah y'en avait pas.
Deadpool : Bon, ça m'a gavé ! * jette le bouquin derrière lui * Dis, j'peux dire qui je suis et écrire l'article ?
PsychicTV : Euh...ouais, si tu veux...
Deadpool : Trop sympa, mec !

*dégage PsychicTV de son fauteuil *

Deadpool : Dites, vous savez que Psychic' n'a qu...

*un coup de sabre se fait entendre *
*la tête de Deadpool est tranchée et finit dans la main de Psychic TV *
*PsychicTV dégage le corps de Deadpool du siège et écrit * 

Veuillez m'excuser. Un contretemps.

Deadpool : Mec, j'ai fait quoi ?
PsychicTV : Tu l'ouvres et tu dis n'importe quoi. Laisse moi faire.
Deadpool : Ok ! Tu chies pas sur moi ou je te transformerai en testicule de Modok.
PsychicTV : T'en fais pas, j'ai encore la tête sur les épaules.

Donc. Je disais. Wade Wilson, ancien assassin de la CIA, se verra injecter, par le biais d'un programme militaire secret (Arme X), et également pour tenter de remédier à ses tumeurs, plusieurs substances pour en faire un surhomme. Cela foire, et il sera récupéré par un autre homme (Killbrew) qui mènera d'autres expériences sur lui, le dotant entres autres d'un gène de régénération des tissus
 (le même que possède Wolverine).
Le seul problème, c'est qu'être devenu un cobaye sur qui l'on a fait beaucoup d'exépriences, il est devenu skizophrène, complètement cinglé et imprévisible, avec une peau rongée et craquelée (à l'instar des goules de Fallout 3), et il est conscient d'être dans un comics (le comic awareness). Le quatrième mur vole en éclats, les références pop-culture aussi. Si Deadpool vous demande de stopper la lecture de Playboy et de lire son histoire, c'est normal.

Deadpool : Je rassure les dames, ça n'a rien changé a certaines de mes performances et à mon go...
PsychicTV : Ca ira, merci.

Deadpool est donc un héros assez atypique dans l'univers Marvel. Il est « ami » avec Cable et Wolverine, qui le trouvent agaçant car il ne cesse jamais de parler, d'être ridicule, de faire des conneries qui tranchent avec le côté « Serious Business » d'autres héros. Par ailleurs, il est difficile de savoir s'il est du bon côté ; étant resté mercenaire et indépendant, les contrats qu'il obtient lui font croiser la route d'autres personnages, pour leur plus grand malheur, très souvent, obtenant de lui plus de migraines que de bonne volonté.
A noter qu'il est inspiré de Deathstroke de l'univers DC, qui est lui aussi un mercenaire se battant avec le même type d'armes.

Deadpool : Je suis pas une copie ! Je suis unique ! Regarde ! Y'a même mon numéro de série sur les F....
PsychicTV : CA IRA. MERCI.

Dans cette histoire, Deadpool va se retrouver dans un monde tel « 28 Jours plus tard », se réveillant dans une ville désertée et barricadée, entourée de morts-vivants. Si vous vous demandez comment il a fait pour en arriver là, sachez qu'il est arrivé dans cette situation sans même se rendre compte qu'elle allait apparaître.

Deadpool : Ce restaurant à Chimichangas était trop bon ! Dommage qu'ils ont fermé pour cause d'hygiène. Et qu'ils m'aient enfermé dedans !

Comme toute histoire de morts-vivants, Deadpool rejoindra des survivants. Et si vous vous attendez à des choix moraux, des séquences poignantes, oubliez. Deadpool est le mec dont l'égo est tellement surdimensionné...

Deadpool : Comme ma....
PsychicTV : Tu veux que je la tranche ?
Deadpool : Eh eh ! Du calme, mec !

...qu'il aura du mal à veiller sur les survivants et qu'il fera le gros de ses aventures seul. Après, cela est une histoire de morts vivants classique : On va chercher la cause de l'épidémie, etc...
Sauf que le personnage de Deadpool, et le parti pris graphique où tous les dessins sont assez ternes (en noir et blanc et très sombre), excepté Deadpool qui ressort bien en couleur, montrent bien la différence entre un monde qui meurt, et un abruti qui continue de vivre comme si de rien n'était.




Même si l'histoire est assez courte, sachez que le comic Deadpool: la Nuit des Morts-Vivants a été edité outre Atlantique en 4 comics. Le concept est très drôle, même si Marvel possède une série « Zombies » avec d'autres super-héros. Ici, il s'agit du plus grand idiot armé face aux morts-vivants. Et son rapport à l'infection avec son don de régénération donne des situations intéressantes. Qu'a à craindre d'une meute de zombies un personnage quasi-immortel qui peut reconstituer ses tissus ?

Deadpool : Too badass for you, baby !

Pour conclure, le comic se lit assez vite, on rigole des situations absurdes qui se présentent au héros, le final est réussi et reste dans le ton du personnage. Si vous cherchez une histoire avec un personnage qui est à lui seul un comic relief, dans un univers maintes fois repris à de nombreuses sauces, vous êtes au bon endroit. 

Deadpool : That's all folks !

*Le Rated « ... » est le système de classification des films en Amérique, qu'ils appliquent aussi aux jeux-vidéo. Par exemple, un film comme Saw est un Rated Mature 17+.

Deadpool : the Movie est soi-disant en Rated Teen, soit un 12+. Ce qui est foutrement édulcoré par rapport au comic d'origine et au perso.


Psychic TV. 

vendredi 14 novembre 2014

Stanley Kubrick #6: Full Metal Jacket (1987).




Bonjour à tous et à toutes!

Bienvenue sur le Livroscope! Je suis ravie de vous retrouver aujourd'hui pour un tout nouvel article, qui va être l'occasion pour moi de reprendre un rendez-vous laissé de côté au cours des dernières semaines, à savoir le cycle Stanley Kubrick. En effet, j'avais prévu de vous proposer les deux derniers numéros de ce cycle consacré au réalisateur culte au mois de Septembre, et malheureusement, en raison d'un internet capricieux, je n'ai pas pu préparer ces articles dans les temps. Mais si ma connexion n'est pas plus stable, j'ai néanmoins pu voir le film dont on va parler aujourd'hui et que j'avais hâte de vous présenter: Full Metal Jacket, sorti en 1987. Je vous souhaite une bonne lecture de cet article, en espérant qu'il vous plaise! :)

Stanley Kubrick sur le Livroscope:
Avant d'aller plus loin, je tenais à vous informer que si vous souhaitez relire ou découvrir les précédentes chroniques sur Stanley Kubrick, qui portent sur Orange Mécanique, 2001, Lolita ou encore Spartacus, il vous suffit de suivre le lien ci-dessous qui vous mènera vers tous ces articles! :)



La carrière de Stanley Kubrick en 1987:
Commençons, si vous le voulez bien, par faire un petit point sur la carrière de Stanley Kubrick au moment de la sortie de Full Metal Jacket, en 1987. La dernière fois que nous avions parlé du réalisateur, c'était pour son film A Clockwork Orange, sorti en 1971. Seize années se sont donc écoulées entre les deux longs-métrages. Que s'est-il passé pendant ces seize ans?
Après Orange Mécanique, Stanley Kubrick se lance dans la réalisation d'une autre adaptation littéraire mais d'un tout autre genre. En effet, Orange Mécanique se déroulait dans un univers futuriste, tandis que Barry Lyndon, sorti en 1975, est quant à lui un film historique. Il s'agit de l'adaptation du roman éponyme de William Makepeace Thackeray, racontant la chute d'un jeune homme irlandais nommé Barry. Barry Lyndon permet à Kubrick de réaliser un film historique, envie qui le tenaillait depuis longtemps puisqu'il souhaitait depuis plusieurs années réaliser un biopic sur Napoléon, projet qui n'a malheureusement jamais pu aboutir. Le tournage de Barry Lyndon demanda près d'un an, et le film fut récompensé de plusieurs prix. 



Ensuite, c'est encore une fois à une adaptation qu'il s'attelle: celle du roman Shining, de Stephen King. L'adaptation arriva sur les écrans en 1980 et reçut un accueil mitigée, notamment de la part de l'auteur lui-même. J'avais déjà parlé il y a pas mal de temps de ce film, donc je ne vais pas trop m'étendre là dessus. 
Ensuite, il décide de réaliser un film de guerre, qui deviendra Full Metal Jacket, et dont nous allons à présent parler!


Full Metal Jacket:
Résumé:
A la fin des années 1960, dans un camp d'entraînement en Caroline du Sud, plusieurs nouvelles recrues, dont Joker, Cowboy ou encore Gomer Pyle, s'entraînent nuit et jour pour devenir des marines hors pairs. Le sergent Hartman, leur entraîneur, utilise les hurlements et les humiliations pour faire d'eux de véritables machines à tuer, faisant tourner l'entraînement au cauchemar... 
Suite à l'entraînement, Joker est envoyé comme plusieurs de ses camarades au Viêt-Nam, où la guerre bat son plein. Il commence par être journaliste de guerre, avant de poursuivre son chemin sur le front, où la violence, les morts et les débris forment un massacre sans nom...

Quelques informations sur le film:
Après avoir réalisé Shining, sorti en 1980, Stanley Kubrick décide de tourner un film de guerre. Il a déjà réalisé ce genre de films par le passé, avec Doctor Strangelove, mais ce dernier se focalisait davantage sur le danger nucléaire et les décisions prises en petit comité que sur les combats au front. Il choisit donc comme sujet pour son long-métrage une guerre encore présente dans tous les esprits et que le cinéma traitera énormément (ne serait-ce que dans Rambo): la guerre du Viêt-Nam. 
En 1983, il commence à collaborer avec Michael Herr, journaliste de guerre pendant le conflit et qui inspirera en partie le personnage de Joker, et avec Gustav Hasford, auteur de Le Merdier, roman sur la guerre au Viêt-Nam. Le titre choisi correspond au nom donné à un certain type de balles.
Le casting est assez impressionnant en raison de l'importante quantité de soldats présents dans le film. On peut néanmoins citer Matthew Modine dans le rôle de Joker, de son vrai nom James Davis, narrateur et fil rouge de l'histoire; Arliss Howard dans celui de Cowboy; Vincent D'Onofrio dans celui de Gomer Pyle (ou la Baleine en français); Adam Baldwin interprète Animal Mother, et enfin Lee Ermey, qui immortalisa à l'écran le sergent Hartman, figure culte du film. 
Le tournage se déroula en partie au Royaume-Uni, comme Kubrick en avait pris l'habitude depuis plusieurs années, et en partie en Californie.
Le film fut un succès commercial, se rentabilisant avec plus de 45 millions de dollars de profit, pour un budget de 30 millions. Au niveau critique, le film est aujourd'hui considéré, comme beaucoup d'autres films de Kubrick, comme un film culte. A l'époque, il reçut de nombreuses critiques favorables, mais on peut tout de même noter le fait que l'armée refusa de soutenir le film en raison de son propos et de sa façon de représenter l'armée.





Un petit point sur la guerre du Vietnam:
Si la guerre a toujours été présente au cours des différentes périodes de l'Histoire, les réalisateurs du 20ème siècle ont néanmoins eu, malheureusement, de nombreuses sources d'inspiration: entre la Première et la Seconde Guerres Mondiales, la Guerre Froide, les conflits coloniaux, et la Guerre du Viêt-Nam, le 20ème siècle connut son lot de génocides, de conflits, de morts et de jours d'horreur. 
Stanley Kubrick a choisi de se pencher, pour Full Metal Jacket, sur un conflit assez récent: la guerre du Viêt-Nam.
La guerre du Viêt-Nam est un conflit qui dura près de 20 ans, et même si je ne suis pas prof d'Histoire, je tenais à revenir brièvement sur ce conflit pour mieux comprendre le contexte de réalisation du film.
La guerre du Viêt-Nam succède en fait à une autre, celle d'Indochine, à laquelle la France prit part, avec une cuisante défaite. Le pays est divisé en deux, avec au Nord un régime communiste, et au sud un régime nationaliste. La Guerre Froide, démarrée au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, est loin d'être finie, et les Etats-Unis décident alors de soutenir le régime sudiste, avec une aide militaire pour combattre le régime communiste au Nord. 
Cependant, la Guerre au Viêt-Nam tourna vite à la catastrophe: le conflit s'éternise et la population a de plus en plus l'impression qu'elle ne prendra jamais fin. L'émergence du mouvement hippie ainsi que la prise de position de nombreuses personnalités décrédibilisent cette guerre, on a de plus en plus du mal à comprendre pourquoi les Etats-Unis ont décidé de partir si loin en guerre. Le conflit a également un coût financier et humain de plus en plus important. 
A la fin de la Guerre, au milieu des années 70, les conséquences se prolongent: des milliers de soldats reviennent traumatisés dans leur pays. Ils peinent à se réadapter à leur pays, et de nombreux films se sont penchés sur l'après Guerre du Viêt-Nam, notamment Rambo, l'Echelle du Jacob. 


Ce que j'en ai pensé:
Parmi les différents films que j'ai présentés au cours du Cycle Kubrick, plusieurs d'entre eux étaient des films que je connaissais déjà. C'était le cas d'Orange Mécanique, par exemple, ou de Lolita. Néanmoins, je n'avais encore jamais vu Full Metal Jacket, bien que j'en connaissais l'histoire, le sujet ou certains des personnages, comme le Sergent Hartman. Si je ne l'avais pas vu, c'est pour une raison toute simple: j'ai un peu du mal avec les films (ou les livres d'ailleurs) portant sur la guerre. Non pas que ça m'intéresse pas, au contraire, mais je pense avoir un peu fait une overdose au collège et lycée, puisque la guerre en général et les deux guerres mondiales, la guerre au Viêt-Nam et la Guerre Froide en particulier constituaient le coeur du programme, et j'ai donc passé plusieurs années à lire des livres et voir des films sur la guerre. Du coup, je dois avouer avoir un peu de mal avec ces films ces dernières années. Néanmoins, je ne concevais pas un cycle Kubrick sans parler de Full Metal Jacket. J'ai donc pris mon courage à deux mains, et je me suis plongée dans le film. Au final?

Avec Full Metal Jacket, Stanley Kubrick nous livre un film captivant et au regard assez critique sur la guerre du Viêt-Nam, mais aussi sur l'armée américaine. L'intrigue en elle-même est assez simple à suivre, à comprendre, et à résumer: une première partie au camp d'entrainement, avec le quotidien des soldats qui font des exercices physiques, apprennent à tirer, et une seconde partie au  Viêt-Nam, avec les combats au front et la vie des soldats. Si l'intrigue est assez simple, c'est pour laisser toute la place au psychologique, au développement des personnages.

Lorsque nous découvrons les personnages, ils sont déjà dans l'armée. A part quelques bribes ici et là, nous avons très peu d'informations concernant leur vie, leur passé. Et on cherche à les dépouiller de leur passé, en les renommant avec des surnoms, en les mettant dans un moule. Et c'est lors des climax de chaque partie que nous réalisons les dommages faits à ces soldats. Le film dure deux heures, et en deux heures, on a le temps de s'attacher à ces différents personnages, et leur évolution en est d'autant plus fortes. Les acteurs sont tout bonnement incroyables. On parle beaucoup de Lee Hermey pour son rôle du sergent Hartman, véritable dictateur, mais je tenais aussi à saluer la performance de Vincent D'Onofrio, dont le regard me hantera longtemps, et celle de Matthew Modine, dont la détresse face au combat se ressent particulièrement dans les moments les plus cruciaux. 

La réalisation est également, comme toujours chez Kubrick, extrêmement travaillée, avec des plans recherchés et que l'on sent calibrés au millimètre près. J'ai notamment été impressionnée par les séquences de tirs et de combats, filmées au plus près des acteurs. On a parfois le sentiment d'être nous même sur le terrain, avec ces hommes. Et ce que j'ai apprécié aussi, c'est que ces séquences sont au final assez peu nombreuses mais plus fortes, émotionnellement que dans beaucoup de films de guerre que j'ai pu voir récemment. 



Un autre point important sur lequel je souhaite revenir, et qui est l'un des éléments les plus frappants du film selon moi, c'est la musique. Je mentionne souvent la musique chez Kubrick, et je pourrais franchement faire un article uniquement pour parler de ce sujet dans ses films. Pour Full Metal Jacket, la bande-son est principalement composée de chansons assez catchy, assez dansantes, qui contrastent fortement avec l'ambiance de la guerre et des scènes présentées. C'est par exemple le cas avec la scène d'ouverture: nous y voyons des jeunes hommes, au visage fermé, se faire raser la tête, acte symbolique, sur une musique assez joyeuse en apparence, mais dont les paroles sont en réalité assez sombres puisque le chanteur a peur que la guerre ne se finisse jamais. L'absence de musique est également frappante dans Full Metal Jacket: plutôt que de souligner les combats et les morts par des musiques dramatiques comme c'est beaucoup le cas dans les films de guerre, Kubrick a choisi de miser sur le silence: la musique disparait de ces scènes, ou reste en fond comme un brouhaha de bruits sourds, pour souligner l'intensité de ce qui se passe à l'écran. 

Enfin, ce film pose énormément de questions. Peut-on vraiment qualifier un monde de "libre" lorsque ce même monde endoctrine des hommes et les fait réciter inlassablement les mêmes choses? Quel rôle joue la presse et la photographie dans un conflit? Est-ce qu'être un soldat signifie forcément n'être qu'un tueur, une machine à tuer? La guerre au Viêt-Nam fut une guerre extrêmement impopulaire et énormément critiquée, et avec ce film beaucoup d'éléments de questionnement peuvent être sujets à réflexion chez le spectateur. On peut également mentionner les paradoxes chez les personnages, comme Joker, qui porte à la fois un badge pour la paix et un casque sur lequel est écrit Born To Kill (né pour tuer).

En bref, Full Metal Jacket est un film captivant sur la guerre du Viêt-Nam, et si je n'ai pas non plus eu pour ce film un coup de coeur, je le recommande tout de même à tous ceux qui s'intéressent à la guerre du Viêt-Nam et à la guerre en général. 

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que cette chronique vous a plu, n'hésitez pas à me le faire savoir en commentaire! Normalement, la prochaine et dernière chronique du cycle Kubrick devrait arriver avant la fin du mois, et portera sur Eyes Wide Shut. En attendant, prenez soin de vous!

AnGee Ersatz*