Pages

mardi 25 novembre 2014

Camilla Läckberg #3: Le Tailleur de Pierre.



Bonjour à tous et à toutes!

Bienvenue sur le Livroscope! J'espère que vous allez bien et que vous êtes prêts pour un nouvel article! Après dix jours d'absence (organisation foireuse et crève carabinée), je suis de retour en ce Mardi pour vous proposer de poursuivre notre parcours consacré à l'auteure suédoise Camilla Läckberg. Depuis plusieurs mois, je me suis lancée le défi de relire et de vous présenter les différents tomes de sa saga autour des personnages d'Erica Falck et Patrick Hedström. Après le Prédicateur, c'est donc au Tailleur de Pierre que je me suis attaquée. J'espère que vous êtes prêts à partir en voyage pour le petit village de Fjällbacka, c'est parti! Bonne lecture à tous :)

Camilla Läckberg, c'est qui?
Si vous suivez le blog fréquemment, vous savez que j'aime commencer mes articles par une petite présentation des auteurs dont je présente le travail. Dans le cas de Camilla Läckberg, étant donné que j'ai déjà parlé de deux de ses romans, je vais plutôt vous rediriger vers les deux chroniques en question, sur La Princesse des Glaces et sur le Prédicateur. Il vous suffira de suivre le lien ci-dessous!



Le Tailleur de Pierres:
Résumé:
Pour Erica Falck et Patrick Hedström, la vie a pris un tour nouveau: en effet, Erica a accouché il y a peu d'une petite Maya, et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette naissance chamboule tout dans leur quotidien! Pour Erica, le seul moment où elle arrive à souffler un peu dans une journée, c'est lorsqu'elle est avec Charlotte, son amie elle aussi mère, de deux enfants. Hélas, tout tourne au drame le jour où Sara, la fille aînée de Charlotte, est retrouvée morte par un pêcheur. Même si les apparences laissent penser à un accident, il devient très vite évident que la petite fille a en réalité été assassinée. Patrick, Martin et ses collègues de la police de Fjällbacka se lancent dans l'enquête, entre secrets de famille, conflits de voisinage, et lourd passé.

Deux histoires en une:
Dans le Tailleur de Pierre, Camilla Läckberg choisit de nous raconter non pas une, mais bien deux histoires. D'un côté, nous avons l'histoire qui se passe au moment présent, à savoir l'enquête mené par les policiers pour découvrir ce qui est réellement arrivé à Sara, et de l'autre, nous découvrons une histoire remontant au début du 19ème siècle. Cette histoire, c'est celle d'Anders, tailleur de pierre extrêmement doué mais vivant néanmoins dans des conditions modestes, qui tombe sous le charme redoutable d'Agnes, la fille de son patron, dont le principal passe-temps est de manipuler son entourage pour obtenir tout ce qu'elle veut. Le but de ce genre de narration est évidemment de faire se rejoindre les deux histoires à un moment ou à un autre, idéalement lorsque l'intrigue attend son paroxysme.
Il s'agit d'un système très souvent utilisé en littérature, et Camilla Läckberg l'avait employé de façon un peu différente dans ses précédents romans. Par exemple, dans la Princesse des Glaces, il y avait des flashbacks autour du meurtre de la victime. Dans le Prédicateur, il y avait également des flashbacks. L'utilisation de ces flashbacks reliait néanmoins immédiatement les deux narrations, même si l'identité des assassins n'était pas dévoilée, et on comprenait qu'il s'agissait du même cas, de la même affaire.
Dans le Tailleur de Pierre, c'est une technique un peu différente qu'emploie l'auteure. En effet, ce n'est vraiment qu'à la toute fin du roman que l'on comprend comment et pourquoi ses deux histoires nous sont racontées. Les passages avec Anders et Agnes mettent en place une ambiance et un environnement particuliers dont le rôle ne sera clair que bien plus loin...


Une mort plus que suspecte:
Après un corps gelé dans le premier tome et des squelettes aux os brisés dans le second, la police de Fjällbacka va devoir une nouvelle fois enquêter sur une affaire difficile: la mort d'une petite fille.
Sara, la fille de l'amie d'Erica, est retrouvée par un pêcheur. A première vue, elle s'est visiblement noyée alors qu'elle jouait seule dans les environs. Une mort tragique donc, mais qui semble tout ce qu'il y a de plus accidentel.
Cependant, c'est à l'autopsie que le corps de la petite victime va révéler un terrible secret: Sara ne s'est pas noyée, mais a été assassinée. On retrouve dans ses poumons de l'eau de baignoire, et sur son cou des marques prouvant qu'elle a été maintenue sous l'eau. Le meurtrier aurait ensuite déguisé son acte pour le faire passer pour un accident.
Très vite, les enquêteurs vont devoir faire face à une liste de suspects aussi longue que le bras: le père de Sara lui-même, soupçonné de violences sur ses enfants et adultère, le voisin Kaj qui déteste depuis toujours Lilian, la grand-mère de Sara, son fils Morgan, dont le comportement intrigue, ou encore le grand-père paternel, un homme extrêmement menaçant. Les questions se précipitent: qui aurait pu vouloir s'en prendre à Sara? Quelles sont les étranges particules noires retrouvées dans ses poumons? Est-ce un acte isolé? Patrick Hedström a du pain sur la planche...

Les joies de la maternité:
Camilla Läckberg prend aussi beaucoup le temps de développer ses personnages principaux, Erica et Patrick, ainsi que leur vie de couple. A chaque roman, ils passent une étape: ils se mettent en couple dans la Princesse des Glaces, Erica est enceinte dans le tome deux, et les voilà à présent jeunes parents.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est loin d'être la fête! Erica est débordée depuis la naissance de Maya, elle ne trouve plus le temps de rien, ni de faire le ménage ni de prendre soin d'elle. Elle est au bout du rouleau à force d'entendre Maya hurler toute la journée et de l'allaiter en permanence, et ne se fait pas prier pour tendre la petite à Patrick dès qu'il pose un pied dans la maison. Lorsqu'on regarde l'entourage d'Erica, elle est un peu la dernière à avoir un enfant: sa soeur a déjà accouché deux fois, son amie Charlotte également, et Dan, son meilleur ami, est lui aussi père de famille. L'enjeu du livre pour Erica est d'arriver à s'adapter à une vie à trois.
La maternité est un des grands thèmes du livre, d'une manière plus globale. Tout d'abord parce que la victime est une petite fille: pour beaucoup de parents, voir partir ses enfants avant soi est est à la fois incompréhensible et un traumatisme, ce n'est pas dans l'ordre des choses. Ensuite, en raison de l'éducation: Charlotte et Erica sont constamment reprises par leurs aînées sur la façon dont elles doivent éduquer leurs enfants et gérer le foyer. On a le sentiment que rien de ce qu'elles font n'est bien aux yeux des autres. Les relations mère-enfant sont également capitales, comme dans celle qu'entretient Agnes avec ses enfants, ou la mère de Morgan avec son fils, ou encore les beaux-parents de Charlotte avec leur fils. On peut également noter l'importance du mariage: Agnes est forcée de se marier avec Anders parce qu'elle est enceinte et qu'à l'époque, une femme enceinte (et de bonne famille qui plus est) ne peut l'être hors mariage. Mais cette question est encore présente 80 ans plus tard dans le roman: Martin taquine Patrick pour qu'il fasse d'Erica "une femme respectable" en l'épousant. Il s'agit certes d'une plaisanterie, mais la question reste en fond.
D'une manière plus générale encore, Camilla Läckberg traite aussi de la question de la place des femmes, en passant par le biais de la maternité. C'était un questionnement que l'on retrouvait déjà dans les romans précédents avec le personnage d'Anna, la soeur d'Erica, battue par son mari et qui cherchait à se libérer de son emprise. Ici, on a encore des femmes soumises aux hommes, ou des femmes qui essaient de mettre les hommes sur un plan d'égalité avec elles. C'est une thématique assez importante et que Camilla Läckberg parvient à développer intelligemment dans son enquête.

Ce que j'ai pensé du livre:
Si vous avez déjà lu mes précédentes chroniques sur les romans de Camilla Läckberg, vous savez probablement déjà que je suis très fan de cette auteure et que j'adore son travail. J'ai adoré la Princesse des Glaces tout comme j'ai adoré le Prédicateur, mais en ce qui concerne le Tailleur de Pierre... Et bien je dois dire que ce roman est sans aucun doute mon préféré des trois, un coup de coeur absolu. Je vais essayer de vous expliquer pourquoi.

Commençons par l'histoire, ou plutôt par les histoires. Comme je l'ai mentionné plus haut, Camilla Läckberg nous gratifie d'un système de deux en un, avec deux intrigues développées en même temps. Je suis souvent sceptique lorsque je vois cette méthode dans un roman, parce qu'il est parfois extrêmement facile de découvrir l'identité de la personne qui se cache derrière les meurtres, ou parce que (comme dirait Sita), ça fait "technique du pauvre" à grands coups de pics à suspense pour nous garder accrochés au récit. Ici, l'auteure est parvenue à être assez subtile. En effet, les deux histoires racontées ont à priori rien à voir l'une avec l'autre: d'un côté nous avons un tailleur de pierre au début du 20ème siècle, et de l'autre le meurtre sordide d'une petite fille. Camilla Läckberg réussit à nous tenir en haleine en créant presque deux romans en un, deux atmosphères et deux univers. Personnellement, je n'ai pas vu arriver la fin, le point où les deux histoires se rejoignent a été pour moi une vraie surprise. Et ça, c'est fort!


Fjällbacka, où se déroule l'action.

En ce qui concerne l'enquête criminelle en elle-même, là aussi c'est très réussi. Il n'est jamais facile de traiter du meurtre d'enfants avec justesse, en parvenant à retranscrire les émotions des parents par exemple, mais je trouve le résultat réussi. L'enquête est passionnante. Le fait que ça se passe dans un petit village y est pour beaucoup aussi: tout comme dans la série Broadchurch, dont le début est assez similaire (un enfant assassiné, un village où tout le monde se connait), on réalise très vite que tout finit par être découvert et que rien ne peut rester caché. Les secrets et les révélations pleuvent dans ce roman, ça n'arrête pas. L'ambiance est très particulière.

Les personnages sont aussi une grande force du Tailleur de Pierre, peu importe le récit. J'ai trouvé Anders et Charlotte extrêmement attachants, et Camilla Läckberg nous propose de découvrir une pluralité de personnages qui ont tous leurs particularités, leurs secrets, leurs faiblesses. J'ai aussi été ravie de retrouver les personnages principaux, qui ont cette force de rester des humains sans tomber dans la caricature: ce ne sont pas des superhéros, mais des gens normaux, et c'est ce qui m'intéresse le plus chez eux.

Enfin, je tenais à souligner le travail de l'auteure au niveau des thématiques. On retrouve des éléments déjà utilisés dans ses romans précédents: le secret, la religion, le couple, mais tout en gardant ces thématiques, elle en développe d'autres qui viennent enrichir son récit. J'ai mentionné la place de la femme et la maternité, mais j'aurais aussi pu parler de la rivalité, de la police en elle-même, ou encore de la paternité, que l'on découvre également à travers les personnages de Patrick ou de son patron.

En bref, le Tailleur de Pierre est le roman que je préfère pour l'instant dans cette saga, et j'ai vraiment hâte de me plonger dans le suivant!

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui, j'espère que cette chronique vous a plu! N'hésitez pas à me le faire savoir en commentaire, je me fais un plaisir de vous répondre! On se retrouve d'ici quelques jours pour un nouvel article, en attendant prenez soin de vous :)

AnGee Ersatz*



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire