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vendredi 14 novembre 2014

Stanley Kubrick #6: Full Metal Jacket (1987).




Bonjour à tous et à toutes!

Bienvenue sur le Livroscope! Je suis ravie de vous retrouver aujourd'hui pour un tout nouvel article, qui va être l'occasion pour moi de reprendre un rendez-vous laissé de côté au cours des dernières semaines, à savoir le cycle Stanley Kubrick. En effet, j'avais prévu de vous proposer les deux derniers numéros de ce cycle consacré au réalisateur culte au mois de Septembre, et malheureusement, en raison d'un internet capricieux, je n'ai pas pu préparer ces articles dans les temps. Mais si ma connexion n'est pas plus stable, j'ai néanmoins pu voir le film dont on va parler aujourd'hui et que j'avais hâte de vous présenter: Full Metal Jacket, sorti en 1987. Je vous souhaite une bonne lecture de cet article, en espérant qu'il vous plaise! :)

Stanley Kubrick sur le Livroscope:
Avant d'aller plus loin, je tenais à vous informer que si vous souhaitez relire ou découvrir les précédentes chroniques sur Stanley Kubrick, qui portent sur Orange Mécanique, 2001, Lolita ou encore Spartacus, il vous suffit de suivre le lien ci-dessous qui vous mènera vers tous ces articles! :)



La carrière de Stanley Kubrick en 1987:
Commençons, si vous le voulez bien, par faire un petit point sur la carrière de Stanley Kubrick au moment de la sortie de Full Metal Jacket, en 1987. La dernière fois que nous avions parlé du réalisateur, c'était pour son film A Clockwork Orange, sorti en 1971. Seize années se sont donc écoulées entre les deux longs-métrages. Que s'est-il passé pendant ces seize ans?
Après Orange Mécanique, Stanley Kubrick se lance dans la réalisation d'une autre adaptation littéraire mais d'un tout autre genre. En effet, Orange Mécanique se déroulait dans un univers futuriste, tandis que Barry Lyndon, sorti en 1975, est quant à lui un film historique. Il s'agit de l'adaptation du roman éponyme de William Makepeace Thackeray, racontant la chute d'un jeune homme irlandais nommé Barry. Barry Lyndon permet à Kubrick de réaliser un film historique, envie qui le tenaillait depuis longtemps puisqu'il souhaitait depuis plusieurs années réaliser un biopic sur Napoléon, projet qui n'a malheureusement jamais pu aboutir. Le tournage de Barry Lyndon demanda près d'un an, et le film fut récompensé de plusieurs prix. 



Ensuite, c'est encore une fois à une adaptation qu'il s'attelle: celle du roman Shining, de Stephen King. L'adaptation arriva sur les écrans en 1980 et reçut un accueil mitigée, notamment de la part de l'auteur lui-même. J'avais déjà parlé il y a pas mal de temps de ce film, donc je ne vais pas trop m'étendre là dessus. 
Ensuite, il décide de réaliser un film de guerre, qui deviendra Full Metal Jacket, et dont nous allons à présent parler!


Full Metal Jacket:
Résumé:
A la fin des années 1960, dans un camp d'entraînement en Caroline du Sud, plusieurs nouvelles recrues, dont Joker, Cowboy ou encore Gomer Pyle, s'entraînent nuit et jour pour devenir des marines hors pairs. Le sergent Hartman, leur entraîneur, utilise les hurlements et les humiliations pour faire d'eux de véritables machines à tuer, faisant tourner l'entraînement au cauchemar... 
Suite à l'entraînement, Joker est envoyé comme plusieurs de ses camarades au Viêt-Nam, où la guerre bat son plein. Il commence par être journaliste de guerre, avant de poursuivre son chemin sur le front, où la violence, les morts et les débris forment un massacre sans nom...

Quelques informations sur le film:
Après avoir réalisé Shining, sorti en 1980, Stanley Kubrick décide de tourner un film de guerre. Il a déjà réalisé ce genre de films par le passé, avec Doctor Strangelove, mais ce dernier se focalisait davantage sur le danger nucléaire et les décisions prises en petit comité que sur les combats au front. Il choisit donc comme sujet pour son long-métrage une guerre encore présente dans tous les esprits et que le cinéma traitera énormément (ne serait-ce que dans Rambo): la guerre du Viêt-Nam. 
En 1983, il commence à collaborer avec Michael Herr, journaliste de guerre pendant le conflit et qui inspirera en partie le personnage de Joker, et avec Gustav Hasford, auteur de Le Merdier, roman sur la guerre au Viêt-Nam. Le titre choisi correspond au nom donné à un certain type de balles.
Le casting est assez impressionnant en raison de l'importante quantité de soldats présents dans le film. On peut néanmoins citer Matthew Modine dans le rôle de Joker, de son vrai nom James Davis, narrateur et fil rouge de l'histoire; Arliss Howard dans celui de Cowboy; Vincent D'Onofrio dans celui de Gomer Pyle (ou la Baleine en français); Adam Baldwin interprète Animal Mother, et enfin Lee Ermey, qui immortalisa à l'écran le sergent Hartman, figure culte du film. 
Le tournage se déroula en partie au Royaume-Uni, comme Kubrick en avait pris l'habitude depuis plusieurs années, et en partie en Californie.
Le film fut un succès commercial, se rentabilisant avec plus de 45 millions de dollars de profit, pour un budget de 30 millions. Au niveau critique, le film est aujourd'hui considéré, comme beaucoup d'autres films de Kubrick, comme un film culte. A l'époque, il reçut de nombreuses critiques favorables, mais on peut tout de même noter le fait que l'armée refusa de soutenir le film en raison de son propos et de sa façon de représenter l'armée.





Un petit point sur la guerre du Vietnam:
Si la guerre a toujours été présente au cours des différentes périodes de l'Histoire, les réalisateurs du 20ème siècle ont néanmoins eu, malheureusement, de nombreuses sources d'inspiration: entre la Première et la Seconde Guerres Mondiales, la Guerre Froide, les conflits coloniaux, et la Guerre du Viêt-Nam, le 20ème siècle connut son lot de génocides, de conflits, de morts et de jours d'horreur. 
Stanley Kubrick a choisi de se pencher, pour Full Metal Jacket, sur un conflit assez récent: la guerre du Viêt-Nam.
La guerre du Viêt-Nam est un conflit qui dura près de 20 ans, et même si je ne suis pas prof d'Histoire, je tenais à revenir brièvement sur ce conflit pour mieux comprendre le contexte de réalisation du film.
La guerre du Viêt-Nam succède en fait à une autre, celle d'Indochine, à laquelle la France prit part, avec une cuisante défaite. Le pays est divisé en deux, avec au Nord un régime communiste, et au sud un régime nationaliste. La Guerre Froide, démarrée au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, est loin d'être finie, et les Etats-Unis décident alors de soutenir le régime sudiste, avec une aide militaire pour combattre le régime communiste au Nord. 
Cependant, la Guerre au Viêt-Nam tourna vite à la catastrophe: le conflit s'éternise et la population a de plus en plus l'impression qu'elle ne prendra jamais fin. L'émergence du mouvement hippie ainsi que la prise de position de nombreuses personnalités décrédibilisent cette guerre, on a de plus en plus du mal à comprendre pourquoi les Etats-Unis ont décidé de partir si loin en guerre. Le conflit a également un coût financier et humain de plus en plus important. 
A la fin de la Guerre, au milieu des années 70, les conséquences se prolongent: des milliers de soldats reviennent traumatisés dans leur pays. Ils peinent à se réadapter à leur pays, et de nombreux films se sont penchés sur l'après Guerre du Viêt-Nam, notamment Rambo, l'Echelle du Jacob. 


Ce que j'en ai pensé:
Parmi les différents films que j'ai présentés au cours du Cycle Kubrick, plusieurs d'entre eux étaient des films que je connaissais déjà. C'était le cas d'Orange Mécanique, par exemple, ou de Lolita. Néanmoins, je n'avais encore jamais vu Full Metal Jacket, bien que j'en connaissais l'histoire, le sujet ou certains des personnages, comme le Sergent Hartman. Si je ne l'avais pas vu, c'est pour une raison toute simple: j'ai un peu du mal avec les films (ou les livres d'ailleurs) portant sur la guerre. Non pas que ça m'intéresse pas, au contraire, mais je pense avoir un peu fait une overdose au collège et lycée, puisque la guerre en général et les deux guerres mondiales, la guerre au Viêt-Nam et la Guerre Froide en particulier constituaient le coeur du programme, et j'ai donc passé plusieurs années à lire des livres et voir des films sur la guerre. Du coup, je dois avouer avoir un peu de mal avec ces films ces dernières années. Néanmoins, je ne concevais pas un cycle Kubrick sans parler de Full Metal Jacket. J'ai donc pris mon courage à deux mains, et je me suis plongée dans le film. Au final?

Avec Full Metal Jacket, Stanley Kubrick nous livre un film captivant et au regard assez critique sur la guerre du Viêt-Nam, mais aussi sur l'armée américaine. L'intrigue en elle-même est assez simple à suivre, à comprendre, et à résumer: une première partie au camp d'entrainement, avec le quotidien des soldats qui font des exercices physiques, apprennent à tirer, et une seconde partie au  Viêt-Nam, avec les combats au front et la vie des soldats. Si l'intrigue est assez simple, c'est pour laisser toute la place au psychologique, au développement des personnages.

Lorsque nous découvrons les personnages, ils sont déjà dans l'armée. A part quelques bribes ici et là, nous avons très peu d'informations concernant leur vie, leur passé. Et on cherche à les dépouiller de leur passé, en les renommant avec des surnoms, en les mettant dans un moule. Et c'est lors des climax de chaque partie que nous réalisons les dommages faits à ces soldats. Le film dure deux heures, et en deux heures, on a le temps de s'attacher à ces différents personnages, et leur évolution en est d'autant plus fortes. Les acteurs sont tout bonnement incroyables. On parle beaucoup de Lee Hermey pour son rôle du sergent Hartman, véritable dictateur, mais je tenais aussi à saluer la performance de Vincent D'Onofrio, dont le regard me hantera longtemps, et celle de Matthew Modine, dont la détresse face au combat se ressent particulièrement dans les moments les plus cruciaux. 

La réalisation est également, comme toujours chez Kubrick, extrêmement travaillée, avec des plans recherchés et que l'on sent calibrés au millimètre près. J'ai notamment été impressionnée par les séquences de tirs et de combats, filmées au plus près des acteurs. On a parfois le sentiment d'être nous même sur le terrain, avec ces hommes. Et ce que j'ai apprécié aussi, c'est que ces séquences sont au final assez peu nombreuses mais plus fortes, émotionnellement que dans beaucoup de films de guerre que j'ai pu voir récemment. 



Un autre point important sur lequel je souhaite revenir, et qui est l'un des éléments les plus frappants du film selon moi, c'est la musique. Je mentionne souvent la musique chez Kubrick, et je pourrais franchement faire un article uniquement pour parler de ce sujet dans ses films. Pour Full Metal Jacket, la bande-son est principalement composée de chansons assez catchy, assez dansantes, qui contrastent fortement avec l'ambiance de la guerre et des scènes présentées. C'est par exemple le cas avec la scène d'ouverture: nous y voyons des jeunes hommes, au visage fermé, se faire raser la tête, acte symbolique, sur une musique assez joyeuse en apparence, mais dont les paroles sont en réalité assez sombres puisque le chanteur a peur que la guerre ne se finisse jamais. L'absence de musique est également frappante dans Full Metal Jacket: plutôt que de souligner les combats et les morts par des musiques dramatiques comme c'est beaucoup le cas dans les films de guerre, Kubrick a choisi de miser sur le silence: la musique disparait de ces scènes, ou reste en fond comme un brouhaha de bruits sourds, pour souligner l'intensité de ce qui se passe à l'écran. 

Enfin, ce film pose énormément de questions. Peut-on vraiment qualifier un monde de "libre" lorsque ce même monde endoctrine des hommes et les fait réciter inlassablement les mêmes choses? Quel rôle joue la presse et la photographie dans un conflit? Est-ce qu'être un soldat signifie forcément n'être qu'un tueur, une machine à tuer? La guerre au Viêt-Nam fut une guerre extrêmement impopulaire et énormément critiquée, et avec ce film beaucoup d'éléments de questionnement peuvent être sujets à réflexion chez le spectateur. On peut également mentionner les paradoxes chez les personnages, comme Joker, qui porte à la fois un badge pour la paix et un casque sur lequel est écrit Born To Kill (né pour tuer).

En bref, Full Metal Jacket est un film captivant sur la guerre du Viêt-Nam, et si je n'ai pas non plus eu pour ce film un coup de coeur, je le recommande tout de même à tous ceux qui s'intéressent à la guerre du Viêt-Nam et à la guerre en général. 

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que cette chronique vous a plu, n'hésitez pas à me le faire savoir en commentaire! Normalement, la prochaine et dernière chronique du cycle Kubrick devrait arriver avant la fin du mois, et portera sur Eyes Wide Shut. En attendant, prenez soin de vous!

AnGee Ersatz*






3 commentaires:

  1. Très bon article :D j'aimerais bien voir fullmetal jacket !

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  2. Je le connais assez peu (honte à moi !), mais il faudrait que j'essaye de me remettre à jour :) !

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