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dimanche 30 novembre 2014

Kubrick #7: Eyes Wide Shut (1999).


Bonjour à tous et à toutes!

Bienvenue sur le Livroscope! Je suis ravie de vous retrouver en ce Dimanche et dernier jour de Novembre pour la toute dernière chronique du mois, dernière chronique qui va nous permettre de clôturer un cycle démarré il y a plusieurs mois: le cycle Stanley Kubrick! En effet, aujourd'hui, nous allons nous pencher sur un septième élément de sa filmographie, élément qui se trouve être son tout dernier film: Eyes Wide Shut, sorti en 1999. Je n'avais encore jamais vu ce film à la réputation sulfureuse et était assez impatiente de le découvrir dans le cadre de ce cycle pour le blog... Je vous souhaite une très bonne lecture de cet article, en espérant qu'il vous plaise! :)

Le Cycle Kubrick sur le Livroscope:
Avant d'aller plus loin, je tiens à vous rappeler qu'il est possible de retrouver toutes les autres chroniques concernant Stanley Kubrick et les différents films présentés sur le blog (A Clockwork Orange, Lolita, Spartacus...) en suivant le lien ci-dessous! 



Kubrick, il en est où?
Après avoir réalisé Full Metal Jacket, en 1987 et dont j'ai parlé il y a quelques semaines, Stanley Kubrick ne réalisera pas d'autres films avant Eyes Wide Shut, sorti douze ans plus tard. Mais cela ne veut pas dire qu'il n'a rien fait pendant cette décennie, bien au contraire. En effet, le réalisateur a passé beaucoup de temps à travailler sur un autre projet de film qui lui tenait extrêmement à coeur, à savoir A.I: Artificial Intelligence. Ce film était supposé être une sorte de ré-écriture du célèbre conte Pinocchio, dans lequel un petit garçon de bois est réellement animé et veut devenir un vrai petit garçon. Cependant, le projet devint vite d'une taille plus que conséquente, et Stanley Kubrick s'associa à un réalisateur qui était très populaire à l'époque: Steven Spielberg, réalisateur d'E.T, d'Indiana Jones ou encore de la Guerre des Mondes. Devenus amis, Kubrick et Spielberg s'admiraient mutuellement et avaient pour projet de travailler ensemble sur ce film. 
Mais avant de s'en charger, Kubrick décida de s'attaquer à Eyes Wide Shut, qui lui prit aussi beaucoup de temps à réaliser (j'en reparlerai dans un instant). Il ne put cependant jamais réaliser A.I, puisqu'il décéda en 1999, année où Eyes Wide Shut sortit sur les grands écrans. C'est donc Steven Spielberg qui reprit définitivement le flambeau et qui réalisa le film, sorti en 2001. 

Eyes Wide Shut:



Quelques informations sur le film:
Plongeons nous à présent dans le film du jour: Eyes Wide Shut!
Sorti en 1999, Eyes Wide Shut est donc le dernier film de Stanley Kubrick. Comme beaucoup de ses films, Stanley Kubrick a été inspiré par un livre pour le réaliser: le livre en question est ici Dream Story (ou encore français La Nouvelle rêvée), nouvelle de l'auteur autrichien Arthur Schnitzler parue dans les années 1920. Kubrick avait pour projet de l'adapter depuis très longtemps, mais ne s'y attela que dans les années 1990. Le projet démarra au milieu des années 1990, et le tournage prit plus d'un an, et fut apparemment très éprouvant. Comme Kubrick en avait pris l'habitude depuis plusieurs années, le tournage se déroula en Angleterre. 
Au niveau du casting, on retrouve dans les rôles principaux de Bill et Alice le couple star de l'époque, à savoir Tom Cruise et Nicole Kidman.
Le film fut un succès en salles, rapportant plus de 160 millions de dollars pour un budget de 65 millions. Il fut de très nombreuses fois nominé et récompensé lors de cérémonies autour du cinéma. Je vous laisse avec la bande-annonce si vous souhaitez avoir un aperçu de ce que ça donne!



Résumé:
A New York, Bill et Alice Harford forment un couple en apparence tout ce qu'il y a de plus heureux. Ils sont mariés depuis 9 ans, ont une petite fille de sept ans, Helena. Bill est médecin et ils vivent confortablement, sont invités à des soirées luxueuses et s'aiment. Cependant, Bill est profondément ébranlé en découvrant que sa femme a imaginé le tromper, plusieurs mois auparavant. Bouleversé par cette nouvelle, il part en vadrouille dans les rues de New York et tombe dans une étrange soirée, une orgie où tout le monde est masqué. Une soirée qui pourrait lui coûter très cher... 

Sexe, désir et fantasme:
Comme on le comprend très vite en regardant Eyes Wide Shut, le sexe est l'un des éléments moteurs du film et de l'intrigue. J'en profite donc pour signaler tout de suite que ce n'est pas un film à mettre devant tous les yeux, donc si vous êtes un peu sensibles ou jeunes, tournez vous vers autre chose. 
Kubrick avait déjà exploité la nudité et le sexe dans ses films, par exemple dans Lolita où, si rien n'est explicitement montré ou dit, on comprend que le héros entretient une relation pédophile avec Lolita; ou dans A Clockwork Orange, où viol et sexe sont omniprésents et où une partie du décor est constituée de symboles phalliques. 
Cependant, dans Eyes Wide Shut, le sexe est présenté sous un aspect différent, celui du désir et du fantasme. Le sexe est présent tout d'abord dans la nudité, mais la nudité a un statut assez particulier, car elle n'appelle pas forcément au désir. Je m'explique: Alice, au début du film, est nue, elle s'habille pour la soirée. Mais ce que son mari, puis l'homme qu'elle rencontre à la soirée trouvent attirant chez elle n'est pas son corps nu, mais vêtu. Toujours dans cette même idée, Bill, en tant que médecin, se retrouve à faire face à des corps dévêtus à plusieurs reprises: mais pour lui, c'est son métier, ce qu'il fait est mécanique et non pas érotique, le corps n'a pas de signification érotique. Cela se retrouve également dans l'orgie: on peut s'apercevoir que les jeunes femmes présentes ont des corps assez similaires, mais ces corps semblent faire partie du costume qu'elles revêtent avec leur masque. On constate d'ailleurs plus loin que dans la scène orgiaque, plusieurs des personnes en train d'avoir des rapports sexuels portent des vêtements, cachant leur corps. 
Le sexe est exploité sous plusieurs jours: la relation extra-conjugale, le désir, le fantasme, le plan charnel, mais aussi sous un jour un peu plus funeste. En effet, le sexe n'est pas sans conséquence: le spectre du Sida est présent dans le film, tout comme la rupture de la confiance, la jalousie, ou plus simplement la mort, représentée par le personnage de la jeune top model qui, au début du film, échappe à une overdose alors qu'elle est en train de faire l'amour.
Différents aspects, donc, traités dans un même film.

Voir ou ne pas voir:
A présent, penchons nous un peu sur le titre du film, Eyes Wide Shut. En français, on pourrait traduire ce titre par "les yeux bien fermés", en opposition à "les yeux grands ouverts". J'ai vu sur plusieurs sites que ce titre serait une référence à une phrase de Benjamin Franklin sur le mariage, comme quoi il faudrait garder les yeux ouverts avant le mariage et les fermer ensuite. 



La question du regard est extrêmement importante dans ce film, tout d'abord au niveau purement technique de la réalisation. La caméra est extrêmement mobile dans le film, suivant les personnages avec précision: lorsqu'elle Alice rit, la caméra suit ses mouvements, son hoquet. Lorsque Bill déambule dans l'orgie, la caméra le suit de très près, et suit son regard pour montrer au spectateur ce que Bill lui-même voit. L'utilisation de zoom et de travelling, notamment lors de la scène "rituelle" au début de l'orgie, sont là pour nous permettre de voir et de tout voir.
Pour les personnages aussi, la question du regard est importante: les miroirs ont leur importance, tout comme les masques, qui dissimulent l'identité, mais ne dissimulent pas les regards. Même Nick, le pianiste, explique qu'avoir les yeux bandés ne l'empêchent pas de voir certaines choses. 
Avec la question du voir se pose aussi la question du savoir. Est-ce que l'on est capable de comprendre vraiment ce qu'on a vu? Une mascarade ou une réalité? Quelle est la frontière entre réalité et imagination? Beaucoup de questions que Bill se pose au cours du film.

Ce que j'ai pensé du film:
Lorsque j'ai préparé le cycle Stanley Kubrick, il m'a semblé évident de devoir parler d'Eyes Wide Shut, son tout dernier film, tout comme parler de Spartacus, son premier grand film, me semblait logique. Je n'avais encore jamais vu Eyes Wide Shut auparavant, même si j'en avais énormément entendu parler, et du coup j'étais assez curieuse de voir ce que ce film pouvait donner. Et au final... et bien je dois avouer être un peu mitigée par rapport à ce film, dont j'attendais beaucoup.

Commençons par le commencement: l'histoire. N'ayant pas lu la nouvelle qui a inspiré Kubrick pour le film, je ne peux rien vous dire en ce qui concerne l'adaptation, mais j'ai trouvé l'intrigue plutôt simple, facile à suivre, et efficace. On ne se perd pas dans des grands détours scénaristiques, non, on va à l'essentiel et c'est un point que j'ai plutôt apprécié. Cela permet de se focaliser davantage sur les développements psychologiques des personnages et sur les thématiques, dont je reparlerai dans quelques instants. Globalement, l'histoire est intéressante et pose des questions sur le couple, le mariage, la fidélité, et je n'ai rien de spécial à redire là dessus. Bon point pour l'histoire, donc, qui parvient également à ménager un petit suspens assez bien fichu.

Autre point que j'ai vraiment aimé dans ce film: la réalisation. Là encore, comme habituellement chez Kubrick, on sent qu'il y a du boulot, que toute l'équipe a bossé comme des malades. Les plans sont millimétrés, les décors et costumes réussis, et encore fois la musique est fantastique. J'ai l'impression de me répéter dans chaque article, mais bon sang, la musique dans les films de Kubrick est toujours géniale, et en plus elle ne vient pas juste combler du silence, mais souligner ce qui se passe à l'écran, rendant la scène encore plus forte. 

J'ai aussi apprécié les thématiques abordées, qui sont plutôt intéressantes et bien développées: le fantasme, le désir, la jalousie, le sexe sous ses différents aspects... J'ai aimé également la "symétrie" entre les scènes, puisque certains passages se répètent sous différentes formes (par exemple, la scène de danse d'Alice au début du film a plus tard un écho pour Bill lorsqu'il se retrouve avec la jeune prostituée, les dialogues sont assez proches). 

Mais alors, me direz-vous, qu'est-ce qui ne va pas? Pourquoi est-ce que je suis un peu mitigée par ce film? Et bien il y a une raison à ça.

Cette raison réside dans le casting et dans les personnages. Dans l'ensemble, les acteurs  sont bons et les personnages réussis. Je ne suis pas une grande fan de Tom Cruise, mais il s'en sort plutôt bien dans ce film. Mon problème, ici, c'est Nicole Kidman. J'avoue ne pas être très au point sur la filmographie de cette actrice (je dois avoir vu quelques films avec elle, mais honnêtement je suis loin d'être une experte de Nicole Kidman, si je tombe sur une question sur elle à Qui veut gagner des millions?, je suis foutue), mais honnêtement je n'ai pas du tout aimé sa façon de jouer. Etendre les phrases à l'infini, son intonation de voix, sa manière de rire absolument terrifiante... Non, franchement, je crois que j'ai raté quelque chose dans sa prestation. 

Alors oui, être déçue par un film pour une actrice, ça peut paraître un peu fort, mais honnêtement j'ai trouvé les scènes avec Nicole Kidman interminables, et parfois j'avais même envie de couper le film pour faire autre chose. Mais attention: le film n'est pas non plus mauvais ou affreux, et je comprends parfaitement que d'autres personnes apprécient le jeu d'actrice de Nicole Kidman, mais dans mon cas, ça ne passe pas!

Bilan du Cycle Kubrick:
Avec ce septième film, j'achève enfin le cycle Kubrick, démarré en Avril dernier. Histoire de le conclure en beauté, je tenais à dresser un petit bilan de ce cycle et de ce que j'ai découvert avec les différents films que j'ai vus.
Tout d'abord, je tenais à vous remercier, lecteurs et lectrices du Livroscope, car vous avez été nombreux à témoigner votre intérêt pour les articles autour des films de Stanley Kubrick: j'ai reçu beaucoup de commentaires très intéressants et je vous en remercie! Parler de cinéma sur un blog de lectures n'est pas toujours évident, mais vos réactions m'enchantent à chaque fois. N'hésitez pas à me laisser des suggestions pour les prochains cycles!


En sept films, j'ai pu enfin découvrir une bonne partie de l'oeuvre de Stanley Kubrick. Je connaissais l'aura de ce réalisateur et j'avais déjà vu quelques-uns de ses films, mais il me tenait à coeur de le découvrir davantage. 
Le point qui me surprend le plus au regard des différents films que j'ai vus, c'est que chacun d'eux parlait de quelque chose de différent: les gladiateurs, un pédophile, une jeunesse violente et perdue, le nucléaire, le Viet-Nâm, l'espace, et ici le couple. Chaque film de Stanley Kubrick est différent et nous emmène vers un monde différent. Mais en même temps, on constate que la finesse de réalisation est toujours là, et malgré les différences de thèmes ou de sujets, on retrouve l'empreinte du réalisateur, son soin du détail... 
Globalement, j'ai apprécié tous les films que j'ai vus, même si certains se détachent clairement pour moi: Lolita, 2001 et A Clockwork Orange ont été de véritables coups de coeur, des claques cinématographiques. J'ai également adoré Doctor Strangelove et Full Metal Jacket (qui s'est avéré être une bonne surprise). Au final, j'ai juste eu un peu de mal avec Spartacus qui, s'il s'agit d'un bon péplum, est pour moi plus un film de Kirk Douglas que de Stanley Kubrick, et Eyes Wide Shut, qui m'a laissée un peu de marbre.  

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui, pour ce mois-ci et pour le cycle Kubrick! J'espère que cet article vous a plu, n'hésitez pas à me le faire savoir en commentaire, je serai ravie d'avoir vos avis! On se retrouve dès demain pour le premier article de Décembre, en attendant prenez soin de vous :)

AnGee Ersatz*




4 commentaires:

  1. J'avais hâte de lire ton avis sur ce film que j'au vu au cinéma. J'avais été frappée par son esthétisme que j'avais adoré. Cet aspect dépasse largement l'histoire d'ailleurs d'après moi. J'avais également trouvé que Tom Cruise passait bien dans ce film, alors qu'il a tendance à très vite me gonfler dans tous ses films. Par contre, je ne me souviens plus de ce que j'avais pensé du jeu de Nicole Kidman....

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  2. J'ai un problème avec miss Kidman, je trouve qu'elle a un visage impassible ! Je suis curieuse de la voir dans Before I go to sleep. J'ai du regarder ce film mais j'en garde pas un souvenir exceptionnel

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