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samedi 19 mai 2012

Science-Fiction et Romans d'Anticipation: glorification ou peur du futur?

(la conquête spatiale, un élément important de SF)


Si je vous dis Science-Fiction (ou SF, plus simplement), tout de suite des images de futur, de gadgets technologiques, de robots ou de planète Mars surgissent dans votre tête. Cinéma, séries télés, la Science-Fiction est partout, mais elle est née, ne l'oublions pas, dans les livres. Encore aujourd'hui, ce genre littéraire attire un public important; on trouve même des maisons d'édition spécialisées dans ces histoires uniques! Si la Science-Fiction et l'anticipation (des romans parlant d'un futur probable, en se basant sur les données du présent) plaisent autant, c'est parce que le futur intéresse, intrigue et inquiète tout le monde. En effet, le futur que l'on trouve dans les romans de SF est toujours ambigu, souvent apocalyptique... Petit retour sur la SF et l'anticipation en littérature...

Révolution Industrielle: les débuts de la SF:
19ème siècle: la Révolution Industrielle prend toute son ampleur, devenant un véritable phénomène mondial. En plus d'un essor économique incroyable, d'une intensification des échanges et d'un changement de vie, les villes se multiplient et poussent partout comme des champignons, et la science, la technologie deviennent des domaines qui fascinent la population: débats publics, revues, inventions mises en avant...

(la première locomotive, de George Stephenson)

La science attire aussi les auteurs. Jusque là, la littérature ne s'était jamais trop aventurée vers le futur et vers la science, mais vers l'imaginaire, le voyage (sous l'impulsion des découvertes de Christophe Colomb et Marco Polo) ou l'humain (on ne compte plus les ouvrages sortis sur les Indiens et les peuples des nouveaux continents découverts). Avec la science et les inventions incroyables du 19ème siècle, les auteurs imaginent de plus en plus le futur, le décrivant dans de nombreux romans... Certains auteurs se spécialisent même dans l'écriture de romans d'anticipation: c'est le cas de Jules Verne (1828-1905), un auteur prolifique. Dans beaucoup de ses romans, la science permet à ses personnages d'accomplir d'incroyables exploits ou de vivre des aventures inimaginables: c'est le cas dans Vingt Mille Lieux Sous Les Mers, un de ses plus célèbres romans, publié en 1869. Dans ce roman, Pierre Aronnax, un savant, se retrouve à bord du Nautilus, une machine terriblement incroyable, dont la description déborde sur des pages et des pages (une description capitale pour rendre le réalisme de l'histoire), du Capitaine Nemo. Dans d'autres romans, l'auteur parle de l'exploration spatiale (et oui, déjà!), crée des villes parfaites où la science serait maîtresse,... Si les histoires se passent souvent au moment de l'écriture (comme l'indiquent les dates), Jules Verne parle tout de même du futur, et de l'image qu'il a de ce futur.
A cette époque en effet, comme Jules Verne, les auteurs imaginent un futur glorieux, le plus souvent grâce à la science. En effet, la science est vraiment vue comme un moyen d'atteindre une vie meilleure, moderne, où tous, sans exception, vivent dans le confort, en bonne santé, bref, comme une façon d'améliorer le sort des hommes. Ce sont d'ailleurs des scientifiques et des chimistes qui feront les plus grandes découvertes médicales de ce temps: on peut notamment citer Pasteur, presque divinisé de son vivant. L'image du savant fou existe déjà, mais c'est surtout l'ignorant qui est représenté comme le danger majeur, comme l'obstacle ultime au futur. Mais certains, comme Balzac dans la Recherche de L'Absolu, dénonce déjà les effets négatifs de la science: le héros de ce roman mène sa famille à sa perte dans sa quête scientifique, et meurt obsédé par elle...

(Le Capitaine Nemo dans le Nautilus, une invention de Jules Verne)


Le 20ème siècle: peur du futur?
Au 20ème, le roman d'anticipation et la SF connaissent un essor impressionnant: la science continue de se développer, d'apporter de nouvelles innovations, notamment en médecine, et dans la connaissance de l'homme. Et pourtant, le futur abordé dans ces romans n'est plus aussi glorieux qu'auparavant... En effet, le futur est bien plus sombre, voir complètement apocalyptique, et très ancré dans ce qui se passe dans le présent. C'est particulièrement frappant dans l'univers de Ray Bradbury, né en 1920. Ses ouvrages montrent un visage très sombre de l'avenir: dans Fahrenheit 451, la femme du héros vit dans un monde composé d'écrans, vivant à travers eux, et faisant régulièrement des overdoses de médicaments... Mais c'est surtout dans Chroniques Martiennes, un ensemble de nouvelles tournant autour de la conquête martienne, un rêve pour les Américains, que Ray Bradbury évoque toutes les possibilités du futur. Tout y est abordé, les bons comme les mauvais côtés (mais surtout les mauvais): Et la lune toujours brillante... est une nouvelle particulièrement émouvante, montrant bien les dangers de la science, les héros faisant face à une culture complètement détruite par la conquête humaine...

(Les Chroniques Martiennes de Ray Bradbury)


Car c'est la science, autrefois vue comme salvatrice, qui est ici pointée du doigt dans la littérature du 20ème siècle: Pierre Boulle est l'auteur de La Planète Des Singes, paru en 1963. Ce roman, qui a connu sept adaptations au cinéma, ainsi qu'une préquelle avec La Planète des Singes: Les Origines, sortie en 2011, raconte comment les singes ont pris le pouvoir sur les hommes, les transformant en véritables cobayes. Pierre Boulle dénonce par là les abus qu'ont pu faire les scientifiques en faisant des tests sur les animaux, et surtout les singes, dont l'homme descendrait. Un très bon roman, qu'on oublie souvent derrière les adaptations et dont je conseille la lecture!




(La Planète des Singes avec le grandiose Charlton Heston)


La science: la seule cause d'un futur apocalyptique?
Il est vrai que la science joue un rôle ambigu dans les romans de SF: soit elle apporte le bonheur, soit elle a un rôle destructeur. Mais derrière elle, ce sont plutôt les humains qui sont visés, et leurs agissements: trop d'abus de la science fait de la science un outil destructeur. Et il en est de même pour d'autres domaines...

Dans 1984, l'auteur britannique Orwell, très impliqué politiquement, dénonce les abus d'un régime totalitaire. Si l'année 1984 est du passé pour nous, il représentait un futur plus qu'incertain à l'époque de l'écriture de ce roman: il décrit Londres sous l'écrasante tyrannie de Big Brother, un moyen de montrer aux Londoniens de l'époque comme au reste de l'époque les dangers de régime totalitaire (très inspiré du régime de Staline, puisque le livre est paru en 1949) pour la liberté, et pour la pensée. Là encore, l'action humaine est véritablement visée.
Autre grand sujet de la SF: l'invasion extraterrestre. Bien avant Mars Attacks! de Tim Burton, La Guerre des Mondes de H.G Wells se penche sur cette crainte, une puissance extraterrestre cherchant à anéantir l'espèce humaine avec des armes terrifiantes et contre lesquelles les moyens terrestre ne peuvent pas grand chose... Petite anecdote: en 1938, Orson Welles a terrorisé l'Amérique avec son adaptation du roman; le réalisme était tel que la population a cru à une véritable invasion...


(Mars Attacks! de Tim Burton)




(Orson Welles terrifie les Américains avec sa lecture de La Guerre Des Mondes)


Le futur fait peur, surtout dans des périodes de crise comme celle que nous vivons actuellement, ce qui explique le succès des romans d'anticipation et de la SF en général. Pourtant, on ne trouve pas dans ces romans un futur rassurant: La Route, de Cormac McCarthy, nous montre un monde dévasté par une catastrophe inconnue, où les hommes sont livrés à eux-mêmes, et deviennent de véritables bêtes (une adaptation ciné est sortie en 2009, pour ceux qui ont le coeur bien accroché...). Même si le futur de ces romans semble malgré tout peu probable, il fonctionne comme une conscience, nous rappelant de prendre soin de la planète et de faire attention à nos agissements... Quoiqu'il en soit, il s'agit aujourd'hui d'un genre à part entière dans la littérature, et il est difficile de passer à côté!


AnGee Ersatz*

jeudi 17 mai 2012

Enquêtes et Mystères chez les enfants, par Audrey, 9 ans!!

(Audrey, 9 ans, en pleine lecture de Sherlock Yack)


Dans notre société de plus en plus envahie par les nouvelles technologies, de nombreux sondages et spécialistes pointent du doigt les lacunes des enfants en lecture et en écriture, avec parfois des constats alarmants. Il est vrai que les enfants passent de moins en moins de temps à lire, et davantage à regarder la télévision. Mais la littérature jeunesse est toujours vivante, et se renouvelle de plus en plus pour attirer les jeunes lecteurs vers les livres. J'ai décidé de vous présenter quelques articles consacrés à la littérature pour enfants, mais n'étant plus une enfant, je fais appel à ma petite soeur, Audrey, âgée de 9 ans, qui aime lire, beaucoup lire (même les catalogues y passent!). Aujourd'hui, elle va vous donner son avis sur un genre bien particulier, les romans policiers pour enfants. Ce genre existe depuis longtemps, car les aventures et les mystères plaisent à tout le monde. Chez les enfants, pas de meurtres sanglants ni d'ambiance glauque à la suédoise, mais des mécanismes bien rodés qui font toujours planer le mystère!

Le Club Des Cinq, par Enid Blyton: 
Le Club Des Cinq est une idée née dans l'esprit d'Enid Blyton, au début des années 1940. Et oui, les cinq compères fêtent leur 70 ans! De nombreuses générations d'enfants se sont passionnées pour les aventures de François, Claude, Mick, Annie et le chien Dagobert, et même encore aujourd'hui, grâce à de nouvelles adaptations animées, ils continuent de plaire aux plus jeunes. Toujours publiés dans la célèbre série La Bibliothèque Rose, les romans du Club Des Cinq fascinent encore. Mais pourquoi? Voici l'avis d'Audrey...


Ce qui plaît dans les aventures du Club des Cinq:
-D'abord, les héros de ces aventures sont des enfants, âgés d'environ 11 ans, deux filles et deux garçons (la parité est respectée!), accompagnés d'un chien emblématique, Dagobert. Avant d'être une histoire policière, c'est surtout une histoire d'amitié: quelque soit la situation, ou les différences entre les différents personnages (un critère important, les enfants pouvant ainsi se retrouver en chacun d'eux), ils restent toujours soudés pour affronter tous les problèmes!
-Les enfants n'ont pas besoin de l'aide des adultes pour résoudre les problèmes qu'ils rencontrent: en effet, ils utilisent leur savoir-faire particulier pour s'en sortir. Cela plaît aux lecteurs, car les personnages leur apparaissent comme forts, alors que dans la réalité, ce sont les adultes qui dirigent tout.
-Les aventures du Club des Cinq ne subissent pas le vieillissement de beaucoup d'autres livres pour enfants: elles ne s'inscrivent pas dans le temps, et des enfants continuent de lire ces romans, 70 ans après leur création...

Quelques points négatifs:
-Audrey regrette le fait que Dagobert soit parfois pris pour un nul, alors qu'il est en fait le personnage le plus fort de la bande. En effet, bien souvent, les enfants ne s'en sortiraient pas sans Dagobert, qui les tire d'un grand nombre de situations. L'autre point négatif: Annie, qui est trop froussarde pour Audrey.

Audrey conseille ce livre...
-à ceux qui aiment les livres d'aventure: on y trouve à la fois de l'humour, des sentiments, et des frissons. Les personnages font un peu penser à Scooby-Doo, donc les enfants qui aiment ce dessin animé ont de grandes chances d'aimer le Club des Cinq. De plus, les romans ne sont pas difficiles à lire et à comprendre, même s'il n'y a pas beaucoup d'images.

Le préféré d'Audrey: Le Club des Cinq Pris Au Piège.

(Le Club des Cinq Pris Au Piège)


Sherlock Yack Zoo-Détective, Michel Amelin (dessins du Colonel Moutarde):
Dans le monde du roman policier et des enquêtes, le personnage le plus emblématique est sans nul doute Sherlock Holmes, crée par Conan Doyle. Si les aventures de Sherlock Holmes restent inaccessibles aux jeunes lecteurs, qu'ils se rassurent: Sherlock Yack est là pour prendre la relève!

(Sherlock Yack, un détective au poil!)


Ce qui plaît dans les enquêtes de Sherlock Yack:
-Inspiré de Sherlock Holmes, l'univers de Sherlock Yack comprend beaucoup des codes classiques des romans de détective: des meurtres, des mystères, du suspens, et beaucoup de suspects potentiels... De plus, il y a beaucoup d'enquêtes différentes, donc beaucoup d'aventures à découvrir!
-Les personnages, des animaux, sont très drôles: les Sherlock Yack sont des livres plein d'humour, et de situations cocasses, qui plaisent autant aux petits qu'aux grands!
-Un autre point positif: le lecteur est invité à participer aux enquêtes de Sherlock Yack, par des énigmes variées. Un vrai plus, qui donne au lecteur la sensation de faire partie de l'histoire!

Quelques points négatifs:
-Sherlock Yack, le personnage principal, est parfois tête-en-l'air, et provoque lui-même des énigmes qu'il doit ensuite résoudre!

Audrey conseille ce livre:
-aux enfants qui aiment le suspens et les détectives. Les Sherlock Yack ne sont pas difficiles à lire, et sont toujours décorés de dessins du Colonel Moutarde, très drôles, et qui rendent l'univers de ce détective pas comme les autres encore plus unique!

Le préféré d'Audrey: Qui a liquidé le Raton Laveur?

(Sherlock Yack dans une de ses enquêtes...)


Téa Sisters; sur une idée d'Elisabetta Dami:
Comme je vous en parlais dans un article plus vieux, on retrouve dans la littérature jeunesse des romans dits sexués, c'est à dire des romans qui s'adressent plus aux filles ou plus aux garçons. Les romans policiers n'y échappent pas non plus: on connaît tous Geronimo Stilton, une souris reporter devant résoudre toute une série d'enquêtes plus ou moins compliquées; avec lui, ses camarades, dont sa cousine Téa. On retrouve donc Téa dans une série de livres policiers pour filles, les Téa Sisters: pas de Téa dans ces romans, mais cinq amies, des souris aussi, qui doivent faire face à toute une série d'épreuves!

(Les héroïnes dynamiques des Téa Sisters)

Ce qui plaît dans la série des Téa Sisters:
-Là encore, un gros point fort de cette série, c'est l'amitié qui unit les différents personnages. En effet, elles forment un véritable groupe, très soudé, prêt à affronter des situations parfois compliquées. Chaque personnage est différent, répondant à des caractéristiques précises (là encore, les lectrices peuvent s'identifier à l'une ou l'autre).
-Les filles ici sont présentées sous un jour avantageux: elles sont fortes, et peuvent résoudre des enquêtes toutes seules, sans l'aide des garçons (alors que dans les séries policières traditionnelles, elles sont souvent présentées comme des poids pour les personnages principaux).

Quelques points négatifs:
-Audrey n'apprécie pas trop le personnage de Colette: elle trouve que celle-ci est trop obsédée par son look, et ses retards à répétitions ne lui plaisent pas.

Audrey conseille ce livre:
-Aux filles bien entendu, qui aiment les enquêtes. Cette série est simple à lire, avec des dessins sur toutes les pages, et même l'utilisation de polices spéciales (qui selon moi font des fois mal aux yeux, mais attirent sûrement le regard des enfants!).

Le préféré d'Audrey: Le Journal Intime de Colette.

(Une aventure des Téa Sisters)


Contrairement à ce qu'on peut imaginer, la littérature pour enfants se renouvelle toujours, et propose encore aujourd'hui des titres intéressants. Si certains livres sont parvenus à traverser les décennies (comme Le Club des Cinq, ou Martine), de nouvelles séries continuent d'attirer les jeunes lecteurs: dans mon cas, j'ai un gros coup de coeur pour Sherlock Yack, l'univers décalé de ce personnage montre qu'il est toujours possible de plaire aux enfants! A bientôt pour un nouvel article sur la littérature pour enfants, avec Audrey!

Audrey et AnGee Ersatz*







mercredi 16 mai 2012

Alice au Pays des Merveilles: un univers fascinant!

(la statue à Central Park d'Alice au Pays des Merveilles)


Dans les livres pour enfants, on trouve de tout: des contes, des histoires réalistes ou absurdes, des personnages humains ou des animaux... Mais jamais, à mes yeux, un livre pour enfants n'a atteint le stade d'Alice Au Pays Des Merveilles, de Lewis Carroll. Ce livre est, même si j'ai bientôt 20ans, mon livre préféré toutes catégories: j'en adore les personnages, les histoires, mais aussi les mystères. Beaucoup trouve l'histoire d'Alice trop étrange, trop incompréhensible, et ne l'aime tout simplement pas; mais elle est aussi très souvent ou partiellement inconnue du grand public. Petit zoom sur l'univers le plus fous des livres pour enfants...

Lewis Carroll et Alice Liddell: les origines:
Lewis Carroll (de son vrai nom Charles Ludwidge Dodgson) , avant d'être l'auteur d'Alice, était un romancier et mathématicien (et oui!) britannique, qui s'essayait aussi à la photo. En plus de ces nombreuses occupations, il se passionna également pour la religion, et fut même ordonné diacre.
L'aventure d'Alice débuta lorsque Lewis Carroll rencontra Alice Liddell, une très jeune fille, pour laquelle il se passionna, trouvant de nombreux jeux et devinettes à faire ensemble... Plus tard, la rupture entre Lewis Carroll et la famille Liddell, et sa passion affichée pour les jeunes filles laissèrent planer des doutes, toujours vivants aujourd'hui, sur la nature des relations entre la petite Alice et l'auteur (en effet, beaucoup soupçonne Lewis Carroll d'avoir été un pédophile). Néanmoins, leur rencontre fit naître Alice Au Pays Des Merveilles, publié en 1865, livre dédié à la vraie Alice. Cet ouvrage, travaillé et retravaillé par l'auteur (il hésitait entre en faire un livre pour adultes et un livre pour enfants), est constitué de nombreuses histoires inventées pour amuser Alice Liddell, âgée de 10 ans à l'époque...

(Lewis Carroll)

Alice: Au Pays Des Merveilles et De L'autre Côté Du Miroir:
Tout le monde connaît l'histoire d'Alice Au Pays Des Merveilles: la petite Alice, poursuivant un lapin blanc, tombe dans un trou immense qui la fait basculer dans un autre monde, le Pays des Merveilles, peuplé de créatures toutes plus étranges les unes que les autres (surtout des animaux ou des fleurs), et dirigé par une reine féroce et sa pléiade de cartes à jouer, dont le but est de trancher la tête du plus grand nombre de personnes... A la fin de l'histoire, Alice se réveille, et réalise qu'il ne s'agissait que d'un rêve, un rêve très vivace...

(les personnages d'Alice Au Pays des Merveilles)

De nos jours, De L'autre Côté Du Miroir n'évoque pas grand chose dans la tête du grand public. Et pourtant, il s'agit de la suite d'Alice Au Pays Des Merveilles: dans ce second livre, Alice joue aux échecs. Pas très intéressée par le jeu, elle commence à se demander ce qui se passe quand on passe de l'autre côté dans miroir, dans le reflet qu'on y voit... Elle tente l'expérience et tombe une nouvelle fois dans un univers fou. Ce livre est moins connu, car les personnages sont moins marquants (même si l'Oeuf Humpty Dumpty est quand même unique en son genre), et aussi parce que les adaptations cinématographiques rassemblent les deux histoires sous le titre Au Pays Des Merveilles.

(Illustration du livre De L'Autre Côté Du Miroir)

A noter que de nombreuses versions existent, les dessins variant souvent: les dessinateurs s'arrachent cet univers si prolifique! Mais les plus connus sont ceux de John Tenniel (des artistes de talent s'y risquèrent aussi, comme Salvador Dali.).

Les personnages de l'univers de Carroll:
Le succès toujours important des aventures d'Alice tient en partie aux différents personnages, uniques et dont les caractéristiques participent à l'ambiance folle et mystérieuse des livres. Le plus souvent, il s'agit d'animaux doués de paroles, même si les humains ne sont pas en reste!

Les humains:
Alice: Alice est le personnage principal; c'est une petite fille, souvent malmenée par les différents personnages qu'elle croise. Elle aime beaucoup se rappeler ce qu'elle a appris à l'école, même si son imaginaire aime gambader. Elle adore se poser des questions, questions qu'elle pose parfois aux autres personnages, et dont les réponses sont toujours surprenantes... Durant sa chute dans le trou dans Alice Au Pays Des Merveilles, Alice se demande si les chats, qui mangent les souris, mangent aussi des chauves-souris (''Do Cats Eat Bats?").

(Alice par John Tenniel)

Tweedle-Dee et Tweedle-Dum: sont deux jumeaux vêtus de la même façon, souvent dessinés en garçons rondouillards, se promenant sans cesse ensemble, et adorant raconter des histoires. Alice a d'ailleurs bien du mal à leur échapper. Contrairement à ce que l'on pense, Alice les rencontre dans le deuxième livre de ses aventures... A l'origine, ils ne sont pas nés dans l'esprit de Lewis Carroll, mais de John Byrom.

(Tweedle-Dee et Tweedle-Dum par John Tenniel)

Le Chapelier Fou: C'est autour d'une table, accompagné du Lièvre de Mars et du Loir, que nous retrouvons le Chapelier Fou. Ces trois personnages, buvant du thé de la façon la plus étrange qui soit, racontent tout un tas de choses complètement incohérentes. La grande difficulté: comprendre ce qu'ils disent...

(Alice rencontre le Chapelier Fou et ses compères)

La Reine et Le Roi de Coeur: ce couple dirige le Pays des Merveilles, même si la Reine porte la culotte. En effet, elle est tyrannique, ne supporte aucun manquement à ses règles plus ou moins logiques, et a pour phrase favorite: ''Off with their heads!'' (Coupez-leur la tête!)

(La cour de la Reine!)

La faune et la flore:
Le Lapin Blanc: Très pressé, vêtu et possédant une montre, le Lapin Blanc fait courir Alice d'un bout à l'autre du Pays des Merveilles. On sait qu'il possède une maison, maison dans laquelle Alice grandit subitement, causant la frayeur du siècle à tout le voisinage, la prenant pour un monstre... On apprend ensuite qu'il est au service de la Reine de Coeur.

(Le Lapin Blanc par John Tenniel)

Le Dodo: Le Dodo, espèce disparue aujourd'hui, dirige la Course Saugrenue (à laquelle Alice, n'y comprenant rien, participe) lors de l'arrivée de la petite fille. Il aime raconter des histoires, et est un personnage assez charismatique, bien que son apparition soit brève...

(The Caucus Race)

Les fleurs: Alice rencontre sur son chemin des fleurs, de toutes sortes. Emerveillée d'abord par ce jardin, elle déchante quand les fleurs commencent à se moquer de son physique et de sa robe...

La Chenille: un personnage plus qu'étrange et intriguant que cette chenille fumant paisiblement. Son nom est Absolem, et c'est lui qui conseille à Alice d'utiliser les champignons pour devenir plus grande ou plus petite. Il est caractérisé par les multiples énigmes, souvent à double-sens, qu'il pose à la petite fille.

(La Chenille Absolem)

Le Cheshire Cat: (mon préféré!!!) un animal étrange, déjà par sa couleur violette et ses rayures, mais aussi par son sourire, immense. Il est capable de disparaître et d'apparaître aux endroits les plus inattendus. Alice lui demande conseil pour trouver son chemin, mais ses indications sont aussi claires que l'histoire en général...


(The Cheshire Cat)


Autres personnages: 
Les cartes: sont les serviteurs de la Reine. Terrorisées par ce tyran au féminin, la moindre erreur leur fait peur, car elles savent qu'elle peut leur coûter la tête (et la vie!). On les découvre peignant des roses blanches en rouge, pour éviter le courroux de la Reine...

Humpty Dumpty: est un oeuf géant et parlant de De l'Autre Côté Du Miroir. Plutôt susceptible, il aime être le centre de l'attention...

(Humpty Dumpty l'oeuf géant)

Bien sûr, il ne s'agit que d'une liste rapide des personnages, bien d'autres ont leur importance dans l'histoire, mais tous les détailler serait très long... La meilleure chose à faire: lire les deux histoires!

Alice: Un conte pour enfants, ou un livre pour adultes?
Après mûre réflexion, Lewis Carroll a décidé de faire d'Alice un héroïne de contes pour enfants. Cependant, la question de savoir si l'histoire s'adresse à des enfants ou à un public plus âgé est toujours débattue. En effet, l'histoire est difficile à comprendre, et quelques détails sont compris uniquement des adultes; en même temps on ne peut pas dire que l'histoire soit claire pour les adultes non plus. Et nombreux sont les spécialistes qui cherchent des allusions sexuelles partout (ces gens-là doivent avoir une vie intéressante...). L'autre problème: sous les allures colorées d'un monde plein d'animaux, les histoires d'Alice sont souvent pleines de cruauté. Les personnages n'hésitent pas à ridiculiser la petite fille, à la traiter de monstre, se moquant même de son physique, malmené lui aussi (elle ne cesse de devenir plus petite ou plus grande), et la Reine cherche à tout prix à la tuer. D'ailleurs, on trouve dans le château de la Reine des flamants roses et des hérissons en guise d'ustensiles pour jouer au croquet... Les animaux aussi sont mal traités...

Mais si on s'arrête à la cruauté, un contre-argument se trouve rapidement: les contes sont souvent cruels (Le Petit Poucet par exemple, ou Hansel et Gretel), montrant aux enfants que le monde n'est pas aussi beau qu'on peut l'imaginer!

Les adaptations d'Alice:
Au cinéma: le version la plus connue d'Alice au Pays des Merveilles est sans nul doute l'adaptation de Disney, en 1951. Dans cette version animée, plutôt fidèle à l'univers de Lewis Carroll, on retrouve des éléments des deux histoires (Tweedle-Dee et Tweedle-Dum, notamment). Les personnages sont très bien réussis, et un soin particulier a été donné aux chansons (toujours, je le répète, très bien écrites chez Disney), comme la chanson du Joyeux Non-Anniversaire, ou celle du Cheshire Cat, qui reste bien dans la tête. Mais la plus vieille, un film, date de 1903. Beaucoup de films ont été faits, mais ne sont pas restés dans les annales. La dernière, de 2010, est une collaboration entre Tim Burton et Disney, dans une version mixant les deux livres, mais, même si je suis une grande fan de Burton, je trouve que l'histoire en a pris un coup, même violent, malgré des aspects intéressants et un visuel plus qu'impeccable. Dans cette version, le Chapelier Fou et Alice ont une ébauche de relation amoureuse, et les personnages ont une dimension sombre très intéressante. Mais la danse de Johnny Depp à la fin m'a juste traumatisée...
A noter qu'une version romancée du film est disponible. Je l'ai achetée pour voir, et aussi parce que c'est du Burton, mais ce n'est pas de la grande littérature.

(la version Disney)


(la version Burton)

En série: Dans Once Upon A Time (dont la saison 1 s'est achevée dimanche dernier), le Chapelier Fou est un père de famille capable de voyager avec son chapeau. Sa folie arrive avec la perte de sa fille, qu'il cherche à tout prix à retrouver. L'univers d'Alice au Pays des Merveilles se retrouvera peut-être plus dans la saison 2...

(Le Chapelier Fou et sa fille dans Once Upon A Time)

En musique et en clip: Beaucoup de titres d'albums sont inspirés des aventures d'Alice: on trouve ainsi Through the Looking Glass, de Siouxsie and The Banshees, ou plus récemment Eat Me, Drink Me, de Marilyn Manson (qui prépare aussi depuis plusieurs années une version cinématographique du roman). En France aussi: l'album Alice et June d'Indochine évoque l'univers de Lewis Carroll, en particulier la pochette, et Nolwenn Leroy a sorti Le Cheshire Cat et Moi. Beaucoup de clips s'inspire de cet univers: What You Waiting For de Gwen Stefani (d'ailleurs impeccable!), ou Still Doll de la japonaise Kanon Wakeshima, une version plutôt gothique très poétique.

(Gwen Stefani, dans le clip visuellement superbe de What You Waiting For?)


En comics: dans Batman, on retrouve des méchants issus des aventures d'Alice: le Chapelier Fou, mais aussi Tweedle-Dee et Tweedle-Dum. 

En attraction: à Disneyland Paris, plusieurs attractions ont pour thème Alice Au Pays Des Merveilles à la sauce Disney: un labyrinthe et les fameuses tasses du Chapelier! Des attractions à faire en famille...

Bien d'autres choses existent: des restaurants, mais aussi des jouets, et des expositions (La Maison de La Magie de Blois en proposait une l'été dernier, une belle réussite!).

(La très belle affiche de l'exposition très réussie de la Maison de la Magie à Blois!)


De nombreuses éditions d'Alice au Pays des Merveilles existent, à tous les prix: si vous n'avez jamais lu ce livre, profitez-en! Pour ceux qui aiment lire en anglais, je vous conseille de lire (même si les jeux de mots ne sont pas toujours évidents). Pour ceux qui connaissent déjà, poursuivez avec De l'autre côté du Miroir, pour découvrir toutes les aventures d'Alice!

Alice fascine toujours autant: son univers mystérieux est loin d'avoir dévoilé tous ses secrets! Que vous soyez petits ou grands, le Pays des Merveilles vous attend!

AnGee Ersatz*




dimanche 13 mai 2012

Harry Potter, l'Assassin Royal...: Les grandes sagas.


(Harry Potter, l'une des sagas les plus connues)

En littérature, distinguons deux choses: les romans ''one-shot'', c'est à dire en un seul volume, et ce qu'on peut appeler des sagas, autrement une histoire qui se poursuit sur plusieurs tomes. Les sagas représentent une part très importante de la littérature: d'abord parce qu'on en trouve dans tous les genres (littérature pour enfants, romans policiers, fantasy...), mais aussi parce qu'elles créent tout un univers autour de l'histoire qu'elles racontent, s'accompagnant même d'adaptations cinématographiques, surtout depuis quelques années (Harry Potter est l'exemple le plus parlant!). Pourquoi les sagas plaisent-elles autant? Quelles en sont les origines et les mécanismes? Voici un petit exposé d'un genre parfois méprisé, les sagas.


La saga, l'origine:
Aujourd'hui, le mot ''saga'' évoque une histoire, ou une succession d'histoire, racontée en plusieurs tomes, le nombre variant d'un auteur à l'autre. Mais à l'origine, ce terme, qui nous vient de l'islandais moyenâgeux, désigne la narration d'une histoire, de faits héroïques, le plus souvent en prose.
Le terme date donc du Moyen-Âge, mais le principe de la saga est bien plus ancien: le bon vieil Homère, déjà, racontait à ses contemporains les événements de la guerre de Troie et les aventures d'Ulysse dans ce qui est rassemblé aujourd'hui dans l'Iliade et l'Odyssée. Par la suite, ce type de récit, basé sur des faits plus ou moins réels, a continué à se développer. En effet, il fut un temps où la télévision, la radio et les jeux vidéos n'existaient pas: la seule façon de s'occuper était d'écouter, puis de lire, les aventures de divers héros. On peut citer par exemple toutes les histoires autour de la légende du roi Arthur et du Graal, avec un nombre très important de volumes, écrits par différents auteurs (le plus connu étant Chrétien de Troyes), ou encore l'immense ouvrage l'Astrée, qui dépasse les 5300 pages... La saga, ou plutôt le principe de saga, a connu ses plus beaux jours au Moyen-Âge, dépassant les héros pour raconter aussi des histoires d'amour...

(Le Graal, un grand sujet de romans au Moyen-Âge)

De nos jours, un livre de 5300 pages est assez difficile à concevoir, et pourtant, certaines sagas s'approchent, ou dépassent même ce nombre impressionnant... De plus, les auteurs de tous les genres s'essaient à la saga...


Pour les enfants:
Commençons par nos amis les enfants. Déjà chez les tout-petits, on retrouve le principe de la saga, autour de mêmes personnages. Ainsi, les aventures de Oui-Oui, ou plus récemment de Petit Lapin Blanc et de Franklin, se développent dans un grand nombre d'ouvrages, mettant le plus souvent en scène des choses du quotidien (aller à l'école, faire ses lacets...), ou des thèmes un peu plus graves, comme dans la série des Max et Lili, où les enfants sont confrontés à l'alcoolisme, le vol ou le divorce. Certains personnages visent même un type précis de lecteurs, comme la série des Martine.

(Martine séduit depuis longtemps plusieurs générations de lectrices)

Pour les enfants un peu plus vieux, la saga prend une autre ampleur: plutôt qu'un schéma ''un tome=une histoire'' (même s'il y a quelques exceptions, comme le Club des 5 ou Fantômette) l'histoire se développe au contraire dans plusieurs tomes, autour d'un personnage central. Ainsi, les enfants se sentent obligés de lire la suite, s'ils veulent connaître la fin de l'histoire, un principe plutôt bienvenu dans une société où les enfants lisent de moins en moins: on peut par exemple citer Artemis Fowl, ou l'excellente série des Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire, en treize tomes (un symbole, à la vue des péripéties incroyables qui arrivent aux enfants) qui suivent un but: retrouver les parents des enfants. Comme pour les petits, on retrouve des sagas dites ''sexuées'', s'adressant plus à des filles qu'à des garçons, et inversement: sur la base d'histoires policières et d'énigmes, on retrouve Geronimo Stilton et sa soeur Téa, chacun dans une série de livres.

Pour les enfants et adolescents, la saga a un autre intérêt: elle permet de développer plusieurs types de personnages. Chez les petits, on retrouvera des personnages stéréotypés: le gentil, le méchant, le courageux, ou le faible,... Alors que chez les ados, les personnages sont un peu plus complexes et permettent aux lecteurs de s'identifier à l'un d'eux: dans Quatre Filles et Un Jean, les quatre héroïnes de l'histoire sont toutes différentes, à la fois physiquement et mentalement, afin d'attirer un plus grand nombre de lectrices...

(Les Orphelins Baudelaire, une saga originale)


Policier et Fantasy, deux genres à saga: 
Nous l'avons dit, la saga peut s'appliquer à tous les genres littéraires, mais il est également vrai que certains genres utilisent plus ce principe que d'autres.

Tout d'abord, la littérature fantasy: on peut citer en exemple les sagas de Robin Hobb, maîtresse du genre, avec l'Assassin Royal, Les Aventuriers de La Mer, le Sorcier Chamane... Mais elle n'est pas la seule. Alors pourquoi la saga? Et bien parce que le genre fantasy demande la création d'un univers à part: il ne s'inscrit pas dans notre monde à nous, mais dans un autre monde. Aussi, les auteurs de fantasy créent le plus souvent des cartes de leur monde, un bestiaire, parfois même un langage, et un tel travail ne peut se résumer en un seul ouvrage...

Pour ce qui est du policier, il est toujours possible d'imaginer des crimes tous plus horribles les uns que les autres; le vrai travail de l'auteur consiste à créer un enquêteur/policier/détective attachant ou charismatique, qui plaise aux lecteurs. Conan Doyle ne s'y trompe pas avec son personnage unique de Sherlock Holmes, qui fascine toujours autant les foules. Le personnage plus qu'unique de Lisbeth Salander dans la trilogie Millenium explique aussi en partie son succès incroyable, tout comme les membres du commissariat suédois de Camilla Läckberg (La Princesse des Glaces, L'Enfant Allemand...)... Attaché à ces personnages, le lecteur va se plonger dans la suite de leurs aventures, rassuré par le fait qu'il connaît déjà les protagonistes...

(Sherlock Holmes)


Un univers unique...:
Bien plus qu'une suite de livre, la saga est bien souvent un univers qui prend vie, déjà par le travail de l'auteur. Tolkien en est le meilleur exemple, avec un grand nombre de livre consacré au monde qu'il a crée. Bien plus que le lieu où se passe le Seigneur des Anneaux, ce monde est un monde à part entière, avec des chroniques, des cartes, un langage... On crée un monde dans un monde, comme Rowling avec Harry Potter: on retrouve des lois, un monde politique, une école avec des règles précises, un véritable monde dans le monde.

Alors forcément, les cinéastes s'intéressent à ces univers, et on retrouve ainsi des adaptations de grandes sagas: Peter Jackson s'est fait le représentant du monde de Tolkien, avec des adaptations très fidèles et travaillées du Seigneur des Anneaux, avec des versions longues pour vraiment inclure le plus d'éléments, et aussi une version de Bilbo le Hobbit, en préparation. La saga Harry Potter a aussi eu droit à son adaptation, un défi de taille, tout comme la saga Twilight. Mais les adaptations, si elles se poursuivent sur le support du jeu vidéo, sont aussi souvent le sujet de vives critiques de la part des fans, qui n'hésitent pas à se faire entendre si ça ne leur convient pas: Harry Potter et l'Ordre du Phénix, notamment, a beaucoup déçu la communauté des fans, qui se ont eu l'impression de se trouver devant American Pie, les histoires d'amour étant mises en avant, et la bataille de Poudlard étant réduite à une course dans la forêt... L'adaptation des Orphelins Baudelaire n'a aussi pas récupéré le succès du livre, probablement à cause d'une publicité trop faible, et de la volonté de condenser les livres pour s'adapter au format film.


(Le Seigneur des Anneaux par Peter Jackson, une adaptation fidèle de l'univers de Tolkien)

En effet, les lecteurs de sagas sont des acteurs importants du succès de tout ce qui entoure la saga; en plus des films, et des jeux vidéos, de nombreux objets collectors sont à disposition: des legos, des figurines, des costumes... Une vraie communauté naît avec la saga, faisant de la littérature un moyen de se rencontrer!

En conclusion, on peut se pencher sur le symbole des chiffres dans les sagas: en effet, le nombre de tomes est souvent symbolique, ou déterminé par les auteurs à l'avance. Rowling a décidé de faire sept Harry Potter, car il y a sept années à Poudlard. On retrouve beaucoup la trilogie aussi (Millenium, Le Seigneur des Anneaux,...), ou la tridécalogie (13), comme les Orphelins Baudelaire (une volonté de l'auteur). Mais parfois, une saga commence aussi sans que l'auteur ne sache quand elle va s'arrêter: pour Twilight, la fin est une non fin, notamment. Mais plus que le nombre de tomes, c'est surtout l'impression d'être dans un autre monde qui fait de la saga un élément important de la littérature...


AnGee Ersatz*

jeudi 10 mai 2012

Grimms Manga: les contes de fées chez les Nippons!

(Grimms Manga, 1)


Un petit mot pour vous parler d'un manga sympa que j'ai trouvé ce matin!

Comme je vous le disais dans l'article consacré à Blanche-Neige, les contes de fées reviennent en force, que ce soit au cinéma ou à la télé (avec l'excellente série Once Upon A Time!). Mais on les retrouve aussi en format manga! Contrairement à beaucoup de gens qui aiment la littérature, j'apprécie le manga, et je ne comprend pas trop qu'on dénigre autant ce format: après tout, le manga est aussi très vieux, il est issu d'une longue tradition, et permet souvent à des jeunes de lire quand même quelque chose! L'univers du manga est très riche, proposant une multitude d'histoires et pouvant s'adresser à tous les publics.

Les univers de contes de fées sont souvent très visuels, et inspirent de nombreux dessinateurs: Benjamin Lacombe a par exemple sorti un très beau livre pop-up, Il Etait Une Fois, inspiré des histoires pour enfants (un beau cadeau à faire, d'ailleurs!).

(Il Etait une fois de Benjamin Lacombe)


Maintenant, les mangas s'emparent des contes de fées: Pika Edition propose en effet Grimms Manga, de Kei Ishiyama. Je n'ai malheureusement pas trouvé le tome 1, donc je vais me contenter du tome 2 pour le moment! Mais heureusement, chaque manga peut se lire séparément, même si on retrouve les personnages principaux d'un tome à l'autre.

Tout d'abord, la présentation de ce manga est très soignée: il est relié, un peu plus grand qu'un manga ''classique'', et la couverture est très belle, il fait un peu livre de collection, ce qui est très appréciable. Ensuite, les dessins sont très jolis: l'édition s'accompagne même de quelques dessins en couleur, présentant les principaux protagonistes du manga. Chaque tome présente différentes histoires des frères Grimm (dans le tome 2, Blanche-Neige, Le Roi-Grenouille...), et les contes originaux sont même proposés à la fin! Un vrai plus!

(un univers soigné: les personnages du tome 2)


Je conseille donc ce manga à ceux qui aiment l'univers des mangas et des contes de fées, car le mélange est plutôt bien réussi! Et il prouve que les mangas sont bien plus que des dessins, ils sont liés avec la littérature dite ''classique''! Mon seul bémol est le prix, 10 euros, que je trouve un peu excessif (hausse de la TVA?), surtout quand on sait que c'est surtout les jeunes qui achètent ce genre de lecture...

AnGee Ersatz*


mercredi 9 mai 2012

De Dracula à Twilight: les livres vampiriques!


(Bela Lugosi en Dracula)


Depuis quelques années, après la période ''sorcier'' d'Harry Potter, une véritable déferlante vampirique nous assaille: en librairie, les livres mettant en scène des vampires (le plus souvent des mâles vivant un amour déchiré avec une belle mortelle fragile) sont de plus en plus nombreux, et connaissent un succès fou, à l'image de la saga Twilight, de Stephenie Meyer, portée à l'écran, avec plus de 100 millions de livres vendus à travers le monde. Mais la frénésie autour de Twilight n'est pas du goût de tous, en particulier des puristes, qui trouvent que l'image du vampire n'est pas respectée. Ma mission: me pencher sur les origines du succès des vampires, et réconcilier tout le monde avec cette créature si originale...


Le mythe du vampire et Dracula:
Depuis la création de l'homme, l'idée de créatures immortelles a toujours été présente: si le terme de ''vampire'' est plutôt récent, le buveur de sang est un mythe ancien, surtout véhiculé par les différentes religions (à l'image de Lilith, la première femme d'Adam). Mais c'est surtout au 15ème siècle que les croyances autour du vampire se sont développées, avec celui qui a inspiré Dracula, Vlad l'Empaleur, un noble slave qui effrayait la population par des actes particulièrement sanglants: on raconte qu'il aimait prendre ses repas devant des exécutions par empalement... Un divertissement spécial! Ce mythe a continué au siècle suivant avec le penchant féminin de Dracula, une certaine Elisabeth Bathory: elle, aussi d'origine noble, a semé la terreur en tuant un grand nombre de jeunes femmes. Elle aurait bu le sang de ses jeunes victimes, ou même pris des bains, dans le but de garder la jeunesse éternelle...

(Vlad l'Empaleur)

Cette atmosphère s'est étendue aux siècles suivants, et s'est ressentie dans la littérature... Beaucoup de nouvelles d'Edgar Allan Poe s'inspire de ces mythes de l'Est européen, avec des histoires se passant dans des châteaux, des renaissances étranges, rappelant le vampire... (Ligeia, par exemple), sans parler de vampires à proprement parler; on retrouve cette ambiance dans le Château des Carpathes de Jules Verne, en 1892, entre tradition et futurisme, comme toujours chez cet auteur. C'est en 1897 que Bram Stoker publie Dracula, un roman au succès incroyable, notamment à cause du style de celui-ci: on flirte sans cesse entre réalité et mythe, et le personnage de Dracula, très inspiré du fameux Vlad l'Empaleur, est un bon résumé et condensé de ce qu'est le vampire, que ce soit physiquement et mentalement. Les trois soeurs du roman étoffent aussi ce mythe, avec l'image de séducteur que le vampire possède pour attirer ses proies.

Transposition au cinéma, et retour du vampire en littérature...:
Par la suite, le vampire connaît ses heures de gloire au cinéma: en 1922, Nosferatu (l'un des meilleurs films du genre) lance une longue série de films consacrés à cette créature, dans la lignée des films d'horreur très populaires à l'époque, avec, pour les meilleurs, Bela Lugosi en 1931 ou Christopher Lee en 1958; la dernière adaptation connue en date, celle de Coppola, avec Gary Oldman, est sortie en 1992. Bien d'autres films autour de Dracula ou des vampires ont vu le jour, mais ceux-ci sont probablement les meilleurs, à mes yeux...

(Winona Ryder et Gary Oldman dans Dracula)

Le retour de Dracula en 1992 au cinéma relance la mode du vampire, disparu un peu derrière les fantômes de Ghostbusters : en 1997, une série mythique, crée par Joss Whedon, voit le jour, Buffy contre les vampires. Basée sur un film (pas terrible au passage), avec sept saisons télévisées, cette série a su dépoussiérer l'image du vampire. Vivant en meute ou seul, le vampire a plusieurs facettes: le méchant un peu glauque, comme le Maître de la saison 1, le vampire torturé (et oui, Edward Cullen est un peu fadasse à côté de la malédiction d'Angel, le vampire qui possède une âme), ou carrément délirant (Spike, Harmony). Dans cette série, les vampires cherchent à asseoir un certain pouvoir, et la lutte contre le mal est au final mis en avant. La série a marqué toute une génération, avec d'autres séries comme Charmed, mettant en scène des événements paranormaux et magiques, et on parle fréquemment d'adaptations de la série au cinéma... L'image traditionnel y est respectée: il meurt par le pieu, le soleil, est repoussé par les croix et l'eau bénite, et sait séduire ses proies...

(Buffy contre les vampires)


Buffy, puis Angel, le spin-off, ont relancé l'intérêt pour le mythe du vampire: en littérature, le vampire devient un personnage plus que récurrent des livres fantasy ou de science fiction, avec une multitude de sagas. 2005 est l'année du vampire, avec la sortie de Fascination (ou Twilight, en VO) dans les librairies, racontant l'histoire d'amour de Bella Swan et Edward Cullen. Pour le moment, quatre livres sont sortis, opposant deux mondes, celui des gentils vampires qui refusent de s'attaquer aux humains, et ceux qui veulent assouvir une soif de sang infinie... Avec 100 millions de livres vendus et une adaptation au cinéma, la saga Twilight met en avant un autre visage du vampire: un vampire plus ''humain'', capable d'avoir des enfants (?), et qui brise un peu les codes traditionnels de la créature (beaucoup sont encore sous le choc du vampire qui brille au soleil...). Un visage plus moderne, donc peut-être plus déroutant avec une fin plutôt décevante (y'aura t'il une suite?). Personnellement, j'ai préféré un autre ouvrage, sorti lui aussi en 2005: L'historienne et Drakula, une histoire en deux tomes, racontant le périple d'une historienne sur les traces de son père, qui va découvrir que Dracula est peut-être bien plus qu'un mythe. Un bon livre de vampire dans la veine de Dracula de Bram Stoker!


(Twilight)



D'autres s'enfoncent dans cette vague du vampire: en 2009 sort Le Journal d'un vampire, de L.J Smith. Là aussi, l'histoire est une histoire d'amour entre une humaine et un vampire; je n'ai pas lu les livres, pas très inspirée par une nouvelle histoire d'amour, mais j'ai vu la série, Vampire Diaries, une assez bonne série. La différence avec Twilight: l'abondance du sang, et la nature respectée des vampires, avec de bons personnages. D'autres séries et livres suivirent: True Blood, notamment. Ce qui est mis en avant, c'est le fait que le vampire vit parmi les humains, sans que ceux-ci le sachent vraiment... Dans une période de crise comme la nôtre, le vampire ou les créatures surnaturelles sont souvent un moyen d'exorciser nos angoisses. Cette idée est reprise dans Abraham Lincoln: The Vampire Hunter, un livre assez spécial, où on nous raconte qu'Abraham Lincoln aurait chassé des vampires...

(Vampire Diaries, la série)

Le vampire s'inscrit dans une certaine image du monde, un monde de chaos: dans les excellents livres de l'Anonyme (Le Livre Sans Nom, L'Oeil de la Lune et le Cimetière du Diable), le vampire vit en gang, dans un univers urbain assez spécifique. Un univers qu'on retrouve dans Nekropolis de Tim Waggoner, un roman entre policier et sf se passant dans un monde où les humains ne vivent pas, un monde de démons et de créatures surnaturelles!

Enfin, dernier événement vampirique en date: Dark Shadows, de Tim Burton, avec Johnny Depp en vampire décalé perdu dans les 70s...

(Dark Shadows, de Tim Burton)


Je vous recommande:
-> En films: Dracula, les versions avec Bela Lugosi, Christopher Lee ou Gary Oldman. Pour vous payer une bonne tranche de rire, une version parodique existe aussi, Dracula: mort et fier de l'être, avec Leslie Nielsen. Enfin, Dark Shadows de Tim Burton.
-> En séries: Buffy contre les vampires, une série culte, ou Vampire Diaries, pour les personnages intéressants.
-> En livres: le classique Dracula de Bram Stoker, L'historienne et Drakula, les livres de l'Anonyme (même si le vampire n'est pas au centre de l'histoire, l'image qu'il a est vraiment super).


N'hésitez pas à me faire vos propres suggestions, et à partager vos coups de coeur! Après le vampire, peut être que la prochaine mode sera celle du zombie, qui envahit peu à peu notre monde, où les contes de fées, en plein état de grâce avec Grimm, Blanche-Neige, et Once Upon A Time...


AnGee Ersatz*