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dimanche 13 mai 2012

Harry Potter, l'Assassin Royal...: Les grandes sagas.


(Harry Potter, l'une des sagas les plus connues)

En littérature, distinguons deux choses: les romans ''one-shot'', c'est à dire en un seul volume, et ce qu'on peut appeler des sagas, autrement une histoire qui se poursuit sur plusieurs tomes. Les sagas représentent une part très importante de la littérature: d'abord parce qu'on en trouve dans tous les genres (littérature pour enfants, romans policiers, fantasy...), mais aussi parce qu'elles créent tout un univers autour de l'histoire qu'elles racontent, s'accompagnant même d'adaptations cinématographiques, surtout depuis quelques années (Harry Potter est l'exemple le plus parlant!). Pourquoi les sagas plaisent-elles autant? Quelles en sont les origines et les mécanismes? Voici un petit exposé d'un genre parfois méprisé, les sagas.


La saga, l'origine:
Aujourd'hui, le mot ''saga'' évoque une histoire, ou une succession d'histoire, racontée en plusieurs tomes, le nombre variant d'un auteur à l'autre. Mais à l'origine, ce terme, qui nous vient de l'islandais moyenâgeux, désigne la narration d'une histoire, de faits héroïques, le plus souvent en prose.
Le terme date donc du Moyen-Âge, mais le principe de la saga est bien plus ancien: le bon vieil Homère, déjà, racontait à ses contemporains les événements de la guerre de Troie et les aventures d'Ulysse dans ce qui est rassemblé aujourd'hui dans l'Iliade et l'Odyssée. Par la suite, ce type de récit, basé sur des faits plus ou moins réels, a continué à se développer. En effet, il fut un temps où la télévision, la radio et les jeux vidéos n'existaient pas: la seule façon de s'occuper était d'écouter, puis de lire, les aventures de divers héros. On peut citer par exemple toutes les histoires autour de la légende du roi Arthur et du Graal, avec un nombre très important de volumes, écrits par différents auteurs (le plus connu étant Chrétien de Troyes), ou encore l'immense ouvrage l'Astrée, qui dépasse les 5300 pages... La saga, ou plutôt le principe de saga, a connu ses plus beaux jours au Moyen-Âge, dépassant les héros pour raconter aussi des histoires d'amour...

(Le Graal, un grand sujet de romans au Moyen-Âge)

De nos jours, un livre de 5300 pages est assez difficile à concevoir, et pourtant, certaines sagas s'approchent, ou dépassent même ce nombre impressionnant... De plus, les auteurs de tous les genres s'essaient à la saga...


Pour les enfants:
Commençons par nos amis les enfants. Déjà chez les tout-petits, on retrouve le principe de la saga, autour de mêmes personnages. Ainsi, les aventures de Oui-Oui, ou plus récemment de Petit Lapin Blanc et de Franklin, se développent dans un grand nombre d'ouvrages, mettant le plus souvent en scène des choses du quotidien (aller à l'école, faire ses lacets...), ou des thèmes un peu plus graves, comme dans la série des Max et Lili, où les enfants sont confrontés à l'alcoolisme, le vol ou le divorce. Certains personnages visent même un type précis de lecteurs, comme la série des Martine.

(Martine séduit depuis longtemps plusieurs générations de lectrices)

Pour les enfants un peu plus vieux, la saga prend une autre ampleur: plutôt qu'un schéma ''un tome=une histoire'' (même s'il y a quelques exceptions, comme le Club des 5 ou Fantômette) l'histoire se développe au contraire dans plusieurs tomes, autour d'un personnage central. Ainsi, les enfants se sentent obligés de lire la suite, s'ils veulent connaître la fin de l'histoire, un principe plutôt bienvenu dans une société où les enfants lisent de moins en moins: on peut par exemple citer Artemis Fowl, ou l'excellente série des Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire, en treize tomes (un symbole, à la vue des péripéties incroyables qui arrivent aux enfants) qui suivent un but: retrouver les parents des enfants. Comme pour les petits, on retrouve des sagas dites ''sexuées'', s'adressant plus à des filles qu'à des garçons, et inversement: sur la base d'histoires policières et d'énigmes, on retrouve Geronimo Stilton et sa soeur Téa, chacun dans une série de livres.

Pour les enfants et adolescents, la saga a un autre intérêt: elle permet de développer plusieurs types de personnages. Chez les petits, on retrouvera des personnages stéréotypés: le gentil, le méchant, le courageux, ou le faible,... Alors que chez les ados, les personnages sont un peu plus complexes et permettent aux lecteurs de s'identifier à l'un d'eux: dans Quatre Filles et Un Jean, les quatre héroïnes de l'histoire sont toutes différentes, à la fois physiquement et mentalement, afin d'attirer un plus grand nombre de lectrices...

(Les Orphelins Baudelaire, une saga originale)


Policier et Fantasy, deux genres à saga: 
Nous l'avons dit, la saga peut s'appliquer à tous les genres littéraires, mais il est également vrai que certains genres utilisent plus ce principe que d'autres.

Tout d'abord, la littérature fantasy: on peut citer en exemple les sagas de Robin Hobb, maîtresse du genre, avec l'Assassin Royal, Les Aventuriers de La Mer, le Sorcier Chamane... Mais elle n'est pas la seule. Alors pourquoi la saga? Et bien parce que le genre fantasy demande la création d'un univers à part: il ne s'inscrit pas dans notre monde à nous, mais dans un autre monde. Aussi, les auteurs de fantasy créent le plus souvent des cartes de leur monde, un bestiaire, parfois même un langage, et un tel travail ne peut se résumer en un seul ouvrage...

Pour ce qui est du policier, il est toujours possible d'imaginer des crimes tous plus horribles les uns que les autres; le vrai travail de l'auteur consiste à créer un enquêteur/policier/détective attachant ou charismatique, qui plaise aux lecteurs. Conan Doyle ne s'y trompe pas avec son personnage unique de Sherlock Holmes, qui fascine toujours autant les foules. Le personnage plus qu'unique de Lisbeth Salander dans la trilogie Millenium explique aussi en partie son succès incroyable, tout comme les membres du commissariat suédois de Camilla Läckberg (La Princesse des Glaces, L'Enfant Allemand...)... Attaché à ces personnages, le lecteur va se plonger dans la suite de leurs aventures, rassuré par le fait qu'il connaît déjà les protagonistes...

(Sherlock Holmes)


Un univers unique...:
Bien plus qu'une suite de livre, la saga est bien souvent un univers qui prend vie, déjà par le travail de l'auteur. Tolkien en est le meilleur exemple, avec un grand nombre de livre consacré au monde qu'il a crée. Bien plus que le lieu où se passe le Seigneur des Anneaux, ce monde est un monde à part entière, avec des chroniques, des cartes, un langage... On crée un monde dans un monde, comme Rowling avec Harry Potter: on retrouve des lois, un monde politique, une école avec des règles précises, un véritable monde dans le monde.

Alors forcément, les cinéastes s'intéressent à ces univers, et on retrouve ainsi des adaptations de grandes sagas: Peter Jackson s'est fait le représentant du monde de Tolkien, avec des adaptations très fidèles et travaillées du Seigneur des Anneaux, avec des versions longues pour vraiment inclure le plus d'éléments, et aussi une version de Bilbo le Hobbit, en préparation. La saga Harry Potter a aussi eu droit à son adaptation, un défi de taille, tout comme la saga Twilight. Mais les adaptations, si elles se poursuivent sur le support du jeu vidéo, sont aussi souvent le sujet de vives critiques de la part des fans, qui n'hésitent pas à se faire entendre si ça ne leur convient pas: Harry Potter et l'Ordre du Phénix, notamment, a beaucoup déçu la communauté des fans, qui se ont eu l'impression de se trouver devant American Pie, les histoires d'amour étant mises en avant, et la bataille de Poudlard étant réduite à une course dans la forêt... L'adaptation des Orphelins Baudelaire n'a aussi pas récupéré le succès du livre, probablement à cause d'une publicité trop faible, et de la volonté de condenser les livres pour s'adapter au format film.


(Le Seigneur des Anneaux par Peter Jackson, une adaptation fidèle de l'univers de Tolkien)

En effet, les lecteurs de sagas sont des acteurs importants du succès de tout ce qui entoure la saga; en plus des films, et des jeux vidéos, de nombreux objets collectors sont à disposition: des legos, des figurines, des costumes... Une vraie communauté naît avec la saga, faisant de la littérature un moyen de se rencontrer!

En conclusion, on peut se pencher sur le symbole des chiffres dans les sagas: en effet, le nombre de tomes est souvent symbolique, ou déterminé par les auteurs à l'avance. Rowling a décidé de faire sept Harry Potter, car il y a sept années à Poudlard. On retrouve beaucoup la trilogie aussi (Millenium, Le Seigneur des Anneaux,...), ou la tridécalogie (13), comme les Orphelins Baudelaire (une volonté de l'auteur). Mais parfois, une saga commence aussi sans que l'auteur ne sache quand elle va s'arrêter: pour Twilight, la fin est une non fin, notamment. Mais plus que le nombre de tomes, c'est surtout l'impression d'être dans un autre monde qui fait de la saga un élément important de la littérature...


AnGee Ersatz*

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