(la conquête spatiale, un élément important de SF)
Si je vous dis Science-Fiction (ou SF, plus simplement), tout de suite des images de futur, de gadgets technologiques, de robots ou de planète Mars surgissent dans votre tête. Cinéma, séries télés, la Science-Fiction est partout, mais elle est née, ne l'oublions pas, dans les livres. Encore aujourd'hui, ce genre littéraire attire un public important; on trouve même des maisons d'édition spécialisées dans ces histoires uniques! Si la Science-Fiction et l'anticipation (des romans parlant d'un futur probable, en se basant sur les données du présent) plaisent autant, c'est parce que le futur intéresse, intrigue et inquiète tout le monde. En effet, le futur que l'on trouve dans les romans de SF est toujours ambigu, souvent apocalyptique... Petit retour sur la SF et l'anticipation en littérature...
Révolution Industrielle: les débuts de la SF:
19ème siècle: la Révolution Industrielle prend toute son ampleur, devenant un véritable phénomène mondial. En plus d'un essor économique incroyable, d'une intensification des échanges et d'un changement de vie, les villes se multiplient et poussent partout comme des champignons, et la science, la technologie deviennent des domaines qui fascinent la population: débats publics, revues, inventions mises en avant...
(la première locomotive, de George Stephenson)
La science attire aussi les auteurs. Jusque là, la littérature ne s'était jamais trop aventurée vers le futur et vers la science, mais vers l'imaginaire, le voyage (sous l'impulsion des découvertes de Christophe Colomb et Marco Polo) ou l'humain (on ne compte plus les ouvrages sortis sur les Indiens et les peuples des nouveaux continents découverts). Avec la science et les inventions incroyables du 19ème siècle, les auteurs imaginent de plus en plus le futur, le décrivant dans de nombreux romans... Certains auteurs se spécialisent même dans l'écriture de romans d'anticipation: c'est le cas de Jules Verne (1828-1905), un auteur prolifique. Dans beaucoup de ses romans, la science permet à ses personnages d'accomplir d'incroyables exploits ou de vivre des aventures inimaginables: c'est le cas dans Vingt Mille Lieux Sous Les Mers, un de ses plus célèbres romans, publié en 1869. Dans ce roman, Pierre Aronnax, un savant, se retrouve à bord du Nautilus, une machine terriblement incroyable, dont la description déborde sur des pages et des pages (une description capitale pour rendre le réalisme de l'histoire), du Capitaine Nemo. Dans d'autres romans, l'auteur parle de l'exploration spatiale (et oui, déjà!), crée des villes parfaites où la science serait maîtresse,... Si les histoires se passent souvent au moment de l'écriture (comme l'indiquent les dates), Jules Verne parle tout de même du futur, et de l'image qu'il a de ce futur.
A cette époque en effet, comme Jules Verne, les auteurs imaginent un futur glorieux, le plus souvent grâce à la science. En effet, la science est vraiment vue comme un moyen d'atteindre une vie meilleure, moderne, où tous, sans exception, vivent dans le confort, en bonne santé, bref, comme une façon d'améliorer le sort des hommes. Ce sont d'ailleurs des scientifiques et des chimistes qui feront les plus grandes découvertes médicales de ce temps: on peut notamment citer Pasteur, presque divinisé de son vivant. L'image du savant fou existe déjà, mais c'est surtout l'ignorant qui est représenté comme le danger majeur, comme l'obstacle ultime au futur. Mais certains, comme Balzac dans la Recherche de L'Absolu, dénonce déjà les effets négatifs de la science: le héros de ce roman mène sa famille à sa perte dans sa quête scientifique, et meurt obsédé par elle...
(Le Capitaine Nemo dans le Nautilus, une invention de Jules Verne)
Le 20ème siècle: peur du futur?
Au 20ème, le roman d'anticipation et la SF connaissent un essor impressionnant: la science continue de se développer, d'apporter de nouvelles innovations, notamment en médecine, et dans la connaissance de l'homme. Et pourtant, le futur abordé dans ces romans n'est plus aussi glorieux qu'auparavant... En effet, le futur est bien plus sombre, voir complètement apocalyptique, et très ancré dans ce qui se passe dans le présent. C'est particulièrement frappant dans l'univers de Ray Bradbury, né en 1920. Ses ouvrages montrent un visage très sombre de l'avenir: dans Fahrenheit 451, la femme du héros vit dans un monde composé d'écrans, vivant à travers eux, et faisant régulièrement des overdoses de médicaments... Mais c'est surtout dans Chroniques Martiennes, un ensemble de nouvelles tournant autour de la conquête martienne, un rêve pour les Américains, que Ray Bradbury évoque toutes les possibilités du futur. Tout y est abordé, les bons comme les mauvais côtés (mais surtout les mauvais): Et la lune toujours brillante... est une nouvelle particulièrement émouvante, montrant bien les dangers de la science, les héros faisant face à une culture complètement détruite par la conquête humaine...
(Les Chroniques Martiennes de Ray Bradbury)
Car c'est la science, autrefois vue comme salvatrice, qui est ici pointée du doigt dans la littérature du 20ème siècle: Pierre Boulle est l'auteur de La Planète Des Singes, paru en 1963. Ce roman, qui a connu sept adaptations au cinéma, ainsi qu'une préquelle avec La Planète des Singes: Les Origines, sortie en 2011, raconte comment les singes ont pris le pouvoir sur les hommes, les transformant en véritables cobayes. Pierre Boulle dénonce par là les abus qu'ont pu faire les scientifiques en faisant des tests sur les animaux, et surtout les singes, dont l'homme descendrait. Un très bon roman, qu'on oublie souvent derrière les adaptations et dont je conseille la lecture!
(La Planète des Singes avec le grandiose Charlton Heston)
La science: la seule cause d'un futur apocalyptique?
Il est vrai que la science joue un rôle ambigu dans les romans de SF: soit elle apporte le bonheur, soit elle a un rôle destructeur. Mais derrière elle, ce sont plutôt les humains qui sont visés, et leurs agissements: trop d'abus de la science fait de la science un outil destructeur. Et il en est de même pour d'autres domaines...
Dans 1984, l'auteur britannique Orwell, très impliqué politiquement, dénonce les abus d'un régime totalitaire. Si l'année 1984 est du passé pour nous, il représentait un futur plus qu'incertain à l'époque de l'écriture de ce roman: il décrit Londres sous l'écrasante tyrannie de Big Brother, un moyen de montrer aux Londoniens de l'époque comme au reste de l'époque les dangers de régime totalitaire (très inspiré du régime de Staline, puisque le livre est paru en 1949) pour la liberté, et pour la pensée. Là encore, l'action humaine est véritablement visée.
Autre grand sujet de la SF: l'invasion extraterrestre. Bien avant Mars Attacks! de Tim Burton, La Guerre des Mondes de H.G Wells se penche sur cette crainte, une puissance extraterrestre cherchant à anéantir l'espèce humaine avec des armes terrifiantes et contre lesquelles les moyens terrestre ne peuvent pas grand chose... Petite anecdote: en 1938, Orson Welles a terrorisé l'Amérique avec son adaptation du roman; le réalisme était tel que la population a cru à une véritable invasion...
(Mars Attacks! de Tim Burton)
(Orson Welles terrifie les Américains avec sa lecture de La Guerre Des Mondes)
Le futur fait peur, surtout dans des périodes de crise comme celle que nous vivons actuellement, ce qui explique le succès des romans d'anticipation et de la SF en général. Pourtant, on ne trouve pas dans ces romans un futur rassurant: La Route, de Cormac McCarthy, nous montre un monde dévasté par une catastrophe inconnue, où les hommes sont livrés à eux-mêmes, et deviennent de véritables bêtes (une adaptation ciné est sortie en 2009, pour ceux qui ont le coeur bien accroché...). Même si le futur de ces romans semble malgré tout peu probable, il fonctionne comme une conscience, nous rappelant de prendre soin de la planète et de faire attention à nos agissements... Quoiqu'il en soit, il s'agit aujourd'hui d'un genre à part entière dans la littérature, et il est difficile de passer à côté!
AnGee Ersatz*
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