Pages

dimanche 21 janvier 2018

Mary and Maria by Mary Wollstonecraft & Mathilda by Mary Shelley.



Bonjour à tous et à toutes !

Je suis AnGee du Livroscope, j’espère que vous allez bien et que vous êtes prêts pour une nouvelle chronique, placée aujourd’hui sous le signe (des gémeaux, aha la bonne blague, qu’est-ce qu’on rigole ici) de la famille. En effet, nous allons parler aujourd’hui de deux femmes passionnantes : Mary Shelley, connue pour avoir écrit l’un des classiques les plus célèbres du monde (Frankenstein), et Mary Wollstonecraft, sa mère, également autrice. J’ai récemment reçu pour le Secret Santa de Whoopsy Daisy un recueil compilant deux courtes œuvres de Mary Wollstonecraft, ainsi qu’un des écrits de sa fille. Passionnée par Mary Shelley, j’avais hâte de me plonger dans ce livre. Alors aujourd’hui, les femmes seront à l’honneur, avec Mary, Maria et Mathilda. En espérant que cette chronique vous plaise, je vous souhaite une bonne lecture ! :)

Mary Shelley et sa mère :
Comme toujours, je vous propose de démarrer cette chronique par une petite présentation de nos deux autrices du jour. Ou plutôt de l’une d’entre elles : Mary Wollstonecraft. J’ai déjà eu l’occasion de parler plus d’une fois de Mary lors de précédents articles, mais jamais de sa mère. En préparant cette chronique et pendant ma lecture, j’ai découvert des choses passionnantes à son sujet. Je tenais donc à vous la présenter un peu plus longuement.
Mary Wollstonecraft est née en 1759, dans une famille qu’on peut qualifier d’aisée mais pas d’heureuse. En effet, son enfance sera marquée par les fréquents accès de colère de son père, un homme porté sur la boisson, et le désamour de sa mère qui s’intéressera plutôt à son frère. L’affection de Mary se tourne donc vers ses camarades féminines : plusieurs amitiés marqueront sa vie, la plus importante d’entre elles étant sans aucun doute celle qu’elle entretiendra pendant plusieurs années avec Fanny Blood. Une amitié pas vraiment placée sous le signe du bonheur non plus, Fanny mourant tragiquement en couches au Portugal.
Mary voyagera aussi en France, où elle sera inspirée par l’esprit de la révolution française. Contrairement à ce que dictait la bienséance de l’époque, elle n’hésite pas à avoir des rapports amoureux avec des hommes sans se marier, surtout des artistes et penseurs. Sa première relation marquante sera avec Imlay, dont elle aura une fille, Fanny. Une relation qui se termine mal : Imlay l’abandonne et Mary tentera alors, par deux fois, de mettre fin à ses jours. En 1797, elle se marie avec Wollstonecraft alors qu’elle à nouveau enceinte, cette fois de la future Mary Shelley. Qui ne la connaîtra jamais, car Mary Wollstonecraft décède quelques jours plus tard des suites de son accouchement.
De Mary, on retient plusieurs travaux : principalement Vindication of the rights of women, dans lequel elle défend le droit des femmes d’accéder à une éducation égale à celle des hommes ; mais aussi des œuvres de fiction inspirées en partie de sa vie personnelle, comme Mary & Maria que je vous propose de découvrir aujourd’hui !

Mary & Maria de Mary Wollstonecraft :
Résumé:
Il est temps de nous intéresser à présent aux œuvres de Mary Wollstonecraft présentes dans ce recueil. Tout d’abord, nous avons Mary : même s’il s’agit d’une œuvre de fiction, elle est lourdement inspirée par la vie personnelle de Mary Wollstonecraft. Le titre lui-même suffit à évoquer l’autrice. Nous y suivons la vie de Mary, une jeune femme au destin plutôt malheureux. Grandissant dans une famille où l’amour n’est pas, entourée d’une mère absente et d’un père alcoolique, dilapidant l’argent à tout va. Elle trouve du réconfort dans son amitié avec Ann, une voisine, en laquelle elle trouve toute l’affection dont elle avait besoin. Les deux amies, pleines d’espoir, entreprennent un voyage au Portugal pour tenter d’améliorer la faible santé d’Ann…
C’est une autre histoire de femme blessée que nous retrouvons dans Maria. Egalement intitulé The Wrongs of Woman, ce livre se focalise sur le personnage de Maria, une jeune femme de bonne éducation enfermée dans un asile par son époux. Une situation rendue plus dure encore par le fait que sa fille, encore un nourrisson, lui a été enlevée et qu’elle ne peut avoir aucun contact avec le monde extérieur. Petit à petit, le lecteur découvre les raisons derrière l’internement injuste de Maria ainsi que son histoire tragique.

Mathilda de Mary Shelley:
Résumé:
Pour conclure ce recueil, nous avons donc Mathilda de Mary Shelley. Une histoire qui n’aborde pas des thèmes très drôles puisqu’on y parle entre autres d’inceste et de suicide. L’enfance de Mathilda ressemble, par certains aspects, à celle de Mary Shelley : elle n’a pas la chance de connaître sa mère, morte après sa naissance. Son père quitte alors le pays et laisse l’enfant à la charge d’une tante qui ne se caractérise pas par son amabilité. Tout change lorsque le père de Mathilda revient enfin, des années plus tard : devenue une jeune femme, elle apprend petit à petit à connaître son père et une forte relation s’établit rapidement entre eux. Jusqu’au jour où, sans raison, le père de Mathilda s’enferme dans une humeur sombre qu’elle ne comprend pas…

Des thèmes communs entre mère et fille :
A travers les trois histoires de ce recueil, le lecteur découvre ou redécouvre les plumes de Mary Shelley (2) et de sa mère, Mary Wollstonecraft (1). Et même si Mary 2 n’a pas connu Mary 1 en raison du décès de cette dernière, elle a grandi avec, partout autour d’elle, l’influence de sa mère. Elle allait même avec Percy Shelley sur la tombe de Mary 1 pour des rendez-vous à l’abri du regard désapprobateur de son père. Même si elle a été élevée par son père et sa nouvelle épouse, il est clair que l’absence de Mary 1 jouait un rôle important sur Mary 2. 
Dans ces trois œuvres, on retrouve donc des thèmes communs entre la mère et la fille. Le premier, et le plus évident, est sans aucun doute l’utilisation pour personnage principal d’une femme. Mary, Mathilda, Maria, trois œuvres qui dépeignent la vie de femmes. Mais pas de n’importe quelle femme, non : de femmes dont la vie est caractérisée par le malheur. Ce malheur est familial : Mary grandit dans une famille sans amour ; Mathilda entretient une relation complexe avec son père, qui la plonge tour à tour dans la plus grande peine ou la plus grande joie ; et Maria souffre de l’absence de sa fille dans l’asile où son mari la retient.
Ces trois femmes possèdent des profils assez similaires : elles viennent toutes de familles plutôt aisées et jouissent d’une bonne éducation pour l’époque. Que ce soit pour Mary ou Mathilda, une première personne est employée, un choix intéressant dans la façon de raconter l’intrigue. 
Les différentes œuvres évoquent toutes des événements tragiques : emprisonnement, décès, pensées suicidaires, amitiés tragiques, maltraitance, bref, rien de très joyeux. Une lecture à ne pas faire quand vous avez un petit coup de mou !

Ce que j’ai pensé de cet ouvrage :
Il y a longtemps que je voulais me plonger encore davantage dans l’œuvre de Mary Shelley. Séduite par ses œuvres et intriguée par sa vie, j’avais demandé, dans ma liste de livres pour le Secret Santa Whoopsy Daisy 2017, ce recueil pour découvrir un peu plus son travail mais aussi pour en apprendre davantage sur sa mère, Mary Wollstonecraft, donc j’ai été très heureuse de recevoir cet ouvrage qui faisait partie de ma WL depuis un bon moment. Au final, que dire de ma lecture ? Et bien j’ai trouvé ce recueil absolument passionnant, une lecture très prenante et qui possède de nombreuses qualités… Voyons ensemble lesquelles !

Avant même de me pencher sur les qualités des œuvres proposées dans ce recueil, je tenais à mentionner la présence d’une introduction réussie : composée d’une biographie détaillée pour chacune des autrices, elle nous propose également une première approche thématique de ce qu’on peut retrouver dans les différentes histoires. Je suis habituellement du genre à passer rapidement sur ce genre d’éléments car ça ne me passionne pas toujours, cependant j’ai été ici agréablement surprise. Non seulement j’ai appris beaucoup de choses sur Mary Wollstonecraft (pas autant sur sa fille, que je connaissais déjà bien) mais en plus cette introduction apporte des éléments qui nous sont bien utiles pour notre lecture. Un bon point, une première bonne approche !

Avec deux œuvres sur trois, Mary Wollstonecraft inaugure le recueil. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre : je la connaissais de réputation et de nom. Mes cours à la fac sur Mary Shelley commençaient souvent par une présentation de sa mère, mais je n’avais jamais eu l’opportunité de me pencher sur son œuvre. Je savais qu’elle était célèbre plutôt pour des essais ou des traités et je me demandais donc ce que pouvait bien donner son travail de fiction. Au final, j’ai été agréablement surprise et par Mary et par Maria, deux histoires que j’ai trouvées absolument passionnante.

J’ai tout d’abord énormément aimé le style d’écriture de Mary Wollstonecraft. Contrairement à ce qu’on peut imaginer lorsqu’on pense à « classiques du 18ème siècle », c’est long d’être incompréhensible ou ardu. Au contraire, j’ai trouvé ces deux textes plutôt faciles à lire : j’ai déjà lu des choses beaucoup plus prises de tête dans ma vie ! Le style est fluide, c’est élégant et bien écrit : Mary Wollstonecraft parvient à garder son lecteur passionné du début à la fin du récit. Elle emploie la première personne, fait des récits enchâssés, réussit ses dialogues… Rien à redire.

Les intrigues de Mary et Maria sont très prenantes. On sent clairement l’influence de sa vie personnelle sur la première : même si elle est qualifiée de fiction, cette histoire s’inspire clairement d’événements qui lui sont vraiment arrivés, au point qu’on se demande même s’il s’agit d’une fiction ou d’une autobiographie… J’ai aimé cette histoire pour sa force, mais comme je voyais où tout cela allait aboutir, je n’ai pas été très surprise par le déroulement de l’intrigue. En revanche, j’ai été absolument captivée par Maria. C’est une histoire absolument violente et un peu difficile à lire même en raison des sujets qu’elle aborde, mais passionnante. J’ai trouvé cette œuvre incroyable du début jusqu’à la fin. Un coup de cœur pour cette femme au destin injuste. 

Passons à présent à Mary Shelley. C’est une chose d’adorer Frankenstein, mais une autre d’aimer ses autres œuvres. J’espérais ne pas être déçue et la bonne surprise était là : j’ai énormément aimé ma lecture de Mathilda. Là encore, les thèmes sont durs, mais on y retrouve la plume de Mary Shelley. J’aime toujours autant sa façon d’écrire, et surtout de décrire les sentiments humains. Ses héros et héroïnes sont toujours en proie à des tempêtes d’émotions assez intenses, très «romantiques » dans le sens littéraire du thème. Là aussi on peut se poser la question du rapport avec la vraie vie de Mary Shelley car on trouve des points communs à l’œuvre et sa vie personnelle (décès de la mère, éducation par une autre femme, relation au père). Une œuvre prenante !

Pour conclure, j’ai donc énormément aimé ce recueil. Il a été pour moi l’occasion de découvrir, avec succès, Mary Wollstonecraft mais aussi de passer un peu de temps avec Mary Shelley. Je recommande la lecture de cet ouvrage à toutes celles et à tous ceux qui s’intéressent à Mary Shelley et à sa mère. En revanche, soyez prévenus : ce ne sont pas des lectures faciles en raison des thèmes lourds abordés, donc prévoyez peut-être un roman plus doux à côté !

Et voilà, c’est tout pour aujourd’hui ! J’espère que cette petite chronique vous plait, n’hésitez pas à me le faire savoir en commentaire ! On se retrouve très vite pour un nouvel article, en attendant comme toujours prenez soin de vous et lisez beaucoup ! :)

AnGee.

1 commentaire:

  1. Voilà un recueil qui m'a l'air vraiment intéressant ! ! ;) Je ne connais Mary Shelley que de nom mais ta chronique me donne envie de m'intéresser à elle. :)

    RépondreSupprimer