Bonjour à tous et à toutes!
Je vous souhaite la bienvenue sur le Livroscope! Je suis AnGee et je suis ravie de vous retrouver aujourd'hui pour une nouvelle chronique, la première de ce mois de Décembre. Tout d'abord, je voulais vous remercier d'avoir été aussi nombreux à venir visiter le blog ces dernières semaines, le nombre de visites ne cesse de croitre et ça me touche beaucoup! J'espère que le programme que je vous ai concocté ce mois-ci pour plaira tout autant! Et pour commencer, j'ai décidé de faire quelque chose que je n'avais pas fait depuis longtemps: une chronique manga, avec, au menu du jour, un manga inspiré de l'oeuvre de William Shakespeare. En espérant que cette chronique vous plaise, je vous souhaite une bonne lecture. :)
In Love With Shakespeare:
Commençons par un petit point: qu'est-ce qu'In Love With Shakespeare? Et bien tout simplement, il s'agit d'un petit rendez-vous (sans date fixe) consacré à l'un de mes amours littéraires, William Shakespeare. Je me suis en effet fixée comme objectif de vous présenter non seulement les pièces de William Shakespeare, ainsi que des films et des autres livres inspirés par l'auteur. Si vous avez envie de voir les précédentes chroniques consacrées à Shakespeare, je vous laisse suivre les liens ci-dessous!
Qui est Aya Kanno?
Il est temps pour nous de nous pencher sur notre mangaka du jour: Aya Kanno! Née en 1980, à Tokyo, Aya Kanno commence sa carrière de magaka dans les années 2000, en étant d'abord assistante pour d'autres artistes avant de se lancer dans ses propres séries. Elle a publié de nombreux mangas, dont L'empreinte du mal ou Le requiem du roi des roses, toujours en cours de publication et dont nous allons parler aujourd'hui. Mais sa série la plus connue est probablement Otomen, comprenant 18 tomes et qui raconte l'histoire d'Asuka Masamune, un "otomen", autrement dit un garçon qui s'intéresse à des trucs considérés comme étant des "trucs de fille" (la couture et la cuisine, par exemple. Parce que c'est bien connu: seules les femmes sont capables de percer le secret du batteur à oeufs et de la machine à coudre.), un intérêt mal perçu au Japon. Aujourd'hui, penchons nous sur son manga la plus récent, consacré au personnage de Richard III!
Le requiem du roi des roses:
Résumé:
Avec Le requiem du roi des roses, Aya Kanno s'est fixée l'objectif de raconter l'histoire d'un personnage célèbre de l'Histoire de l'Angleterre: Richard d'York, connu également sous le titre de Richard III. A ce roi sont associées des images plutôt sombres, celles d'un roi fou et meurtrier, d'un homme calculateur avide de la couronne. Ce portrait du monarque a notamment déjà été dépeint par William Shakespeare dans sa pièce Richard III, que Aya Kanno prend comme support pour son manga et pour présenter à sa façon ce si célèbre roi...
Un petit point historique:
Etant donné que Le requiem du roi des roses se déroule pendant la Guerre des Deux Roses, il me semble important de vous faire un petit point rapide sur ce que cette fameuse guerre était. Il s'agit d'une série de guerres civiles qui se sont déroulées en Angleterre, dans la seconde moitié du 15ème siècle, plus précisément entre 1455 et 1485.
Au début de cette guerre, deux familles (deux roses, donc) s'opposent: les Lancaster d'un côté, symbolisés par une rose rouge, et les York de l'autre, associés eux à une rose blanche. Le conflit entre ces deux grandes familles trouve son origine dans une histoire de succession: Henry VI, roi faible et considéré même comme fou issu de la branche des Lancaster, ne fait pas l'unanimité, et les York décident de renverser ce roi. Ils finissent par remporter la couronne, et Edward, duc d'York et frère aîné de Richard, devient roi sous le nom d'Edward IV.
Mais les conflits ne s'arrêtent pas là: pendant des années, le clan des Lancaster va chercher à remettre la main sur la couronne. Et les York vont aussi se déchirer entre eux: en effet, Edward, George et Richard vont se battre à plus d'une reprise pour avoir la couronne...
Une réécriture de Shakespeare sauce manga:
Comme je l'ai mentionné plus haut, Le requiem du roi des roses est un manga inspiré par l'oeuvre de William Shakespeare et plus particulièrement sur deux de ses pièces: Henry VI et Richard III.
Shakespeare est né en 1564, à l'époque où Elizabeth I régnait sur l'Angleterre. Et Elizabeth I n'est autre qu'une Tudor, descendante d'Henry Tudor, à qui revint la couronne d'Angleterre à la fin de la Guerre des Deux Roses. Son arrivée au pouvoir mit fin à la guerre et aux conflits entre les deux grandes familles.
L'oeuvre de Shakespeare comprend de nombreuses pièces inspirées par l'Histoire. Certaines s'intéressent à l'Histoire ancienne, mais une partie de son oeuvre est aussi consacrée à l'Histoire de l'Angleterre: la Guerre des Deux Roses l'intéressa tout particulièrement.
La pièce Henry VI se focalise sur le monarque du même nom, Lancaster considéré comme faible (notamment par sa femme, qui rêve d'assouvir ses envies de pouvoir), voire même un peu fou. C'est pendant le règne de ce monarque que l'intrigue des mangas d'Aya Kanno commence: Henry y est effectivement présenté comme un roi qui refuse le pouvoir, cherche la tranquillité, et très pieux, écrasé par la domination de sa femme. On sent que la couronne est un poids pour lui.
Shakespeare termine sa partie consacrée à la Guerre des Deux-Roses avec la pièce Richard III: Richard, duc de Gloucester, veut s'asseoir sur le trône et est prêt à tout pour cela. La pièce est extrêmement connue, notamment pour la célèbre tirade "Now is the winter of our discontent", ou encore la réplique: "A horse! A horse! My kingdom for a horse!". Pour l'instant, dans ces trois premiers tomes, Aya Kanno n'a pour l'instant montré que la jeunesse de Richard, de son enfance compliquée car rejeté par sa mère, à son entrée dans l'âge adulte.
Ce que j'ai pensé de ces trois premiers tomes:
Voilà plusieurs mois que je n'avais pas ouvert un manga! L'année passée, j'avais voulu participer à un Baby Challenge Livraddict autour des mangas, et j'avais fini par faire une sorte d'overdose à force d'en lire. En plus de ça, je n'avais pas vraiment le courage de commencer une nouvelle série. Mais ma mère, qui en lit de temps en temps, est tombée sur celui-ci et l'a acheté, curieuse de voir ce que pouvait donner Richard III sauce manga. J'ai donc décidé de lire moi aussi ces trois premiers tomes, et je dois dire que, même si ce n'est pas un coup de coeur, j'ai beaucoup aimé cette lecture.
Le gros, gros point positif pour moi, c'est le coup de crayon d'Aya Kanno. Je suis vraiment admirative face à son style, que je trouve très fin et soigné. Il y a énormément de détails et de finesse dans ses dessins, et j'aime énormément la silhouette qu'elle donne à ses personnages, et surtout la puissance de leurs yeux, que je trouve particulièrement expressifs. Je la découvre aussi dans un style un peu différent d'Otomen, un manga plutôt "kawaii" et jovial: ici, on est dans une histoire plus sombre, et son trait s'y adapte. J'ai trouvé que le travail au niveau des contrastes était réussi: un bon exemple de ça, c'est l'opposition entre Richard et Henry, Richard étant petit, très fin, tout en noir, tandis qu'Henry apparait très grand et très lumineux.
L'histoire me plait aussi pour l'instant. Il y a effectivement un côté très Shakespearien, très dramatique dans ce qu'Aya Kanno raconte. Il se passe beaucoup de choses, je ne me suis pas ennuyée, et j'ai vraiment envie de lire la suite, même si je connais les grandes lignes de la Guerre des Deux Roses. Ce qui est intéressant, c'est qu'Aya Kanno propose aussi sa vision de certaines choses: elle change notamment des détails et fait apparaitre Richard comme un personnage bien plus sympathique (pour l'instant) que celui de Shakespeare. Elle a aussi un point de vue différent sur certains personnages: par exemple, Elizabeth Woodville, héroïne de The White Queen de Philippa Gregory, est présentée ici comme une jeune femme avide de vengeance, alors que dans le romand de Philippa Gregory, son amour pour le roi Edward est montré comme étant sincère. C'est intéressant de voir comment les mêmes personnages peuvent être interprétés de façons différentes!
Le manga aborde aussi des thèmes très intéressants, l'un des plus marquants étant celui de l'identité. Les différents personnages que nous rencontrons ont tous des conflits avec leur identité: pour Richard, c'est particulièrement frappant, avec la question de savoir s'il est une fille ou un garçon, s'il est bien le fils de son père, ou le fils du diable, comme sa mère lui répète. Henry VI se fait passer pour un berger, et chaque personnage se pose des questions sur son identité. J'ai apprécié l'exploration de cette thématique. La religion est aussi très présente, en particulier son lien avec la guerre: des personnages comme le diable, Jeanne d'Arc, ou Jésus apparaissent ici et là comme des références importantes avec lesquelles Aya Kanno joue.
Je tiens aussi à préciser un point assez important concernant le manga: étant donné la nature de l'histoire racontée, certaines scènes sont très explicites en ce qui concerne la violence. Il y a des passages assez violents, voire dérangeants, et je ne conseille donc pas ce manga aux plus jeunes ou aux personnes sensibles.
En ce qui me concerne, j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ces trois premiers tomes. Je pense que je lirai la suite à l'occasion, car j'ai envie de voir comment Aya Kanno va continuer d'utiliser l'histoire de Richard III et comment elle va exploiter les différents personnages.
Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que cette chronique vous plait, n'hésitez pas me le faire savoir en commentaire! On se retrouve très vite pour un nouvel article, en attendant prenez soin de vous et lisez beaucoup! :)
AnGee.
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