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samedi 28 mars 2015

In Love With Shakespeare #7: The Tempest (+ Adaptation de 2010).



Bonjour à tous et à toutes!

Je vous souhaite la bienvenue sur le Livroscope! Shakespeare que vous allez bien (on va mettre cette très mauvaise blague sur le compte de la laryngite que je me coltine depuis deux jours, hein) et que vous êtes prêts pour une nouvelle chronique! Cette avant-dernière chronique du mois est une fois de plus consacrée à Shakespeare, notre auteur du moment, et j'ai choisi de m'attaquer à l'une de ses pièces phares, un gros morceau qui me faisait même un peu peur: The Tempest, datant de 1611, considérée comme la dernière pièce de Shakespeare. J'ai également eu le temps de regarder pour vous une adaptation de la pièce datant de 2010 et réalisée par Julie Taymor. Je vous souhaite une bonne lecture de cet article, en espérant qu'il vous plaise!

Cette chronique est la seconde que je vous propose pour le Challenge LEAF organisé par Psylook, challenge pour présenter les livres adaptés en film. 

Le Mois Shakespeare:
Avant d'aller plus loin, petit rappel et aussi petite annonce concernant le mois Shakespeare. Tout d'abord, pour ceux qui ne le savent pas, le mois de Mars est consacré en partie à Shakespeare sur le blog, avec cinq chroniques publiées au cours du mois. Vous pourrez retrouver tous les articles en suivant le lien ci-dessous. J'informe aussi ceux qui attendent les deux vidéos (le 10 Choses à Savoir Sur et l'Instant Thé) autour de Shakespeare qu'elles arriveront au début du mois d'Avril. Entre mon séjour chez Psychic et ma laryngite, j'ai manqué de temps pour filmer ce mois-ci. Mais rassurez vous, tout arrive très vite!


The Tempest:
Résumé:



Prospero, duc de Milan, avait devant lui un avenir radieux, jusqu'au jour où son frère, jaloux de sa réussite, complota contre lui. Prospero et sa fille Miranda se retrouvent exilés sur une île, où le père pratique la magie grâce à des livres. Il provoque alors une tempête qui cause le naufrage d'un bateau transportant Antonio, son frère, Alonso le roi de Naples et son fils Ferdinand... Pour Prospero, la vengeance semble se présenter sous les meilleurs auspices, mais c'est sans compter sur le coup de foudre réciproque de Ferdinand et Miranda et les manigances de Caliban, fils d'une puissante sorcière que Prospero tient en esclavage... 

Une histoire de vengeance:
A travers son oeuvre, Shakespeare a montré qu'il maniait aussi bien l'humour que le drame, et qu'il pouvait aborder une large gamme de thèmes tout en les traitant merveilleusement bien. On peut tout de même noter que l'un des thèmes récurrents de son oeuvre est celui de la vengeance, et avec lui celui de la trahison: que ce soit dans Hamlet, Macbeth ou encore The Tempest, les personnages shakespeariens sont très souvent mis à mal par leurs proches et doivent affronter la trahison, et préparent leur vengeance.
Ici, l'histoire commence alors que la trahison a déjà eu lieu. Prospero vit isolé sur une île avec sa fille depuis des années (douze ans, comme il l'explique à Miranda), après la trahison de son frère qui a voulu prendre sa place. Une trahison particulièrement lourde de conséquences, puisqu'il s'est vu non seulement dépossédé de ses biens, mais également envoyé loin de toute civilisation, le forçant à éduquer sa fille dans un monde hostile. La première scène donne son nom à la pièce, c'est une scène de tempête, une tempête surnaturelle puisque provoquée par la magie. Cette tempête est censée apporter à Prospero la vengeance qu'il attend depuis des années envers ceux qui ont usurpé sa place. Le motif de la tempête se retrouve alors à plusieurs reprises dans la pièce, à travers le tourbillon des personnages, de la magie, des éléments, mais aussi des sentiments. 

Un soupçon de fantastique:
Et c'est par la magie que Prospero compte accomplir sa vengeance. Il est présenté comme un être capable d'accomplir des actes magiques, grâce à des livres très précieux désignés comme étant la source de son pouvoir. Shakespeare mêle souvent des thématiques sombres avec du fantastique et de la magie, que ce soit par l'apparition d'esprit, de fantômes ou par l'intermédiaire de forces supérieures.  Ici, nous avons deux personnages, en dehors de Prospero, qui incarnent cette magie: d'un côté, nous avons Ariel, un esprit de la nature, qui obéit à Prospero. Il est très lié à son maître, et fait tourner en bourrique les différents personnages. Il est entre le faune et la sirène. L'autre personnage magique de la pièce, c'est Caliban, fils de la puissante sorcière Sycorax, que Prospero utilise comme esclave. Caliban ne pense qu'à trouver un moyen d'anéantir Prospero, quitte à s'allier à n'importe qui... 

La question du pardon:
Un autre thème capital de la pièce, c'est la question du pardon. Dès le début, ce thème est présenté à travers le personnage de Miranda. Miranda est montrée comme le pendant positif de Prospero, elle refuse la violence et ne veut causer de dommages à personne. Elle intervient pour empêcher son père de complètement détruire le navire, et ensuite son attitude envers les différents personnages montre une bonté de coeur touchante, qui contraste avec la violence dont peut parfois faire preuve son père. 
Prospero lui-même n'est pas complètement devenu sans coeur: il se montre bienveillant en pensant au souvenir de Gonzalo, qui l'a aidé par le passé, et accepte l'amour de Ferdinand et Miranda. Mais saura-t'il faire preuve de pardon face à ceux qui le trahirent par le passé? 

Ce que j'en ai pensé:
The Tempest. Voilà une pièce qui me tentait depuis des années, mais que je n'avais jamais osé lire. C'est un peu L'OEUVRE absolue, dans le sens où elle est réputée pour être la dernière composée par Shakespeare, et j'ai toujours une appréhension à lire les dernières oeuvres. On m'avait aussi souvent dit que la pièce n'était pas facile à comprendre, ce qui m'inquiétait encore un peu plus. Au final, j'ai fini par me jeter à l'eau pour ce mois Shakespeare. Et qu'est-ce que ça donne? Et bien une fois de plus je ne suis pas déçue.

Commençons par l'intrigue. Très rythmée, j'ai trouvé que la pièce se lisait très vite, je n'ai pas vu le temps passer, et j'étais déjà arrivée à la fin avant de m'en rendre compte. Un bon point, surtout lorsqu'on lit du théâtre. Il se passe beaucoup de choses, on ne perd pas de temps et on entre dans l'action dès les premiers vers. Pas de longueurs, juste ce qu'il faut, bref, rien à redire!

J'ai adoré les personnages de cette pièce. Prospero est un héros tragique qui possède un caractère très intéressant et bien exploité à travers la pièce. J'ai particulièrement aimé ses relations aux autres personnages, notamment à sa fille, à Ariel et à Caliban. Miranda et Ferdinand ont aussi une belle alchimie! J'aurais aimé que le personnage d'Antonio, le frère de Prospero, soit un peu plus développé (et ses motivations aussi). Bon, ils n'ont pas non plu la puissance d'Hamlet, Othello ou Macbeth, mais restent très intéressants.

Les thématiques de la pièce sont également passionnantes. La pièce contient les thèmes que j'aime tant chez Shakespeare: le fantastique, le drame, la vengeance, la famille, la violence... Tout est bien développé et travaillé, comme toujours chez cet auteur. Néanmoins, même si elle reste dans l'ensemble dramatique, la pièce contient quelques petites scènes humoristiques qui viennent soulager le côté plus sombre de l'ensemble. 

C'est vraiment une pièce que j'ai pris plaisir à découvrir et que je ne regrette pas d'avoir lue. Je la conseille fortement à ceux qui aiment Shakespeare, mais aussi à ceux qui souhaitent le découvrir, car j'ai trouvé la pièce relativement accessible, et encore une fois assez rapide à lire. J'ai également très envie de la voir sur scène, car à mon avis il est possible de faire beaucoup de choses avec cette pièce!

The Tempest, l'adaptation de 2010:
Quelques informations sur le film:
Commençons par quelques informations sur le film. Sorti en 2010, il a été réalisé par Julie Taymor, plus connue pour travailler dans le monde du théâtre et des comédies musicales (elle a adapté Shakespeare plusieurs fois, mais elle est aussi derrière la comédie musicale Spider-Man, connue pour être l'un des plus gros échecs de tout Broadway). Le film comporte un casting plutôt prestigieux, avec notamment Helen Mirren, Felicity Jones, Djimon Hounsou, Alan Cumming ou encore Reeve Carney, mais fut un échec à la fois critique et commercial (20 millions de budget, et seulement 346 000 dollars de recettes, une catastrophe). Le tournage se déroula en partie à Haïti. 

Ce que j'en ai pensé:
Au cours de ma vie, j'ai eu l'occasion de voir beaucoup de films. Des bons, et des mauvais. J'ai aussi eu le temps de voir un bon nombre d'adaptations de Shakespeare. Là aussi, des bonnes et des mauvaises. Malheureusement le film du jour est à classer, selon moi, parmi les mauvaises adaptations, mais aussi parmi les mauvais films, probablement l'un des pires que j'ai vus dans ma vie... 

On va commencer par les points positifs, parce qu'heureusement il y a tout de même quelques éléments à sauver dans The Tempest. Tout d'abord, on peut noter que le texte original est vraiment bien respecté dans son ensemble. J'avais mon livre sur les genoux pendant que je regardais le film (ce que je fais toujours en regardant une adaptation théâtrale), et à part une ou deux petites scènes qui se retrouvaient inversées et quelques vers qui étaient absents, j'ai eu la bonne surprise de réaliser qu'il y avait eu un vrai effort pour conserver au maximum l'oeuvre originale. Même les chansons ont été gardées, un bon point! Ensuite, j'ai trouvé que les acteurs sauvaient vraiment le film du naufrage. Ils jouent tous à peu près bien, et le casting est composé d'acteurs de talent: Helen Mirren, Felicity Jones,   ou encore Reeve Carney. 



Maintenant que j'ai énuméré ce qui allait, passons à ce qui me déplait dans ce film. J'ai recommencé plusieurs fois à écrire cette partie, non pas parce que je n'arrivais pas à trouver ce que je n'ai pas aimé, mais tout simplement parce qu'il y a tant de choses que mes idées n'arrivent pas à se mettre en place de façon logique. En regardant le film, j'ai vraiment eu la sensation que la réalisatrice ne savait pas quoi faire avec son projet, qu'elle avait eu beaucoup d'idées mais qu'au lieu de trier ces idées, tout avait été mélangé n'importe comment, aboutissant à un film très bizarre à regarder. A plusieurs reprises, j'ai eu l'impression de voir la même histoire mais racontée dans des univers différents, comme si je ne regardais pas le même film d'un bout à l'autre. 

Le film souffre d'incohérences assez lourdes et qui sortent vraiment le spectateur de son immersion. C'est un peu comme si l'équipe n'avait pas su quoi choisir entre une adaptation classique et une version modernisée de l'histoire. Voici quelques exemples: dès le début du film, les personnages "historiques", qui viennent de Naples et de Milan, sont habillés avec des tenues de gentilshommes qu'on s'attend à trouver dans un film historique. On se dit alors qu'on est face à une adaptation plutôt classique de l'oeuvre. Et puis soudain, Reeve Carney se retrouve en slim en jean noir avec une ceinture à clous, et Russell Brand est habillé en... En Russell Brand en fait, avec son foulard et des couleurs qui piquent les yeux. Pourquoi ce changement de style de costumes en plein milieu du film? Les incohérences sont aussi spectaculaires au niveau musical, c'en est presque agressif: à des moments, la musique est très douce, les chansons tirées de la pièce font très sobres, avec juste la voix et une légère mélodie, et puis soudain BOUM à certains passages, sans raison apparente, on nous balance du gros rock énervé qui détonne vraiment avec le reste. On peut aussi mentionner l'idée de faire de Prospero, un homme dans la pièce originale, une femme: pourquoi pas, dans l'absolu, mais il faut que ce changement apporte quelque chose, comme un traitement différent du personnage, de nouvelles thématiques exploitées... Et en fait non, aucune différence. 

Je ne comprends vraiment pas ce que j'ai vu. Il fallait faire des choix, trancher en amont pour une version ou moderne, ou classique, ou fantaisiste, mais à tout mélanger n'importe comment, on se retrouve avec un film plus qu'étrange, sans queue ni tête. A mentionner aussi les effets spéciaux vraiment moches, on se demande si on est en 2010 ou si il s'agit en fait d'un film des débuts des effets spéciaux. 

En bref, The Tempest me donne l'impression d'être un brouillon mélange d'idées qui n'aboutissent jamais, un brouillon que j'ai regardé jusqu'au bout mais que je ne vous conseille pas. C'était vraiment pénible à regarder, et j'en suis très déçue. 

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui! Un article un peu particulier donc, puisque j'ai adoré la pièce mais détesté le film. Le dernier article du mois, qui portera une fois de plus sur Shakespeare, sera posté d'ici quelques jours. Demain je me rends aux Quais du Polar, j'ai hâte! En attendant n'hésitez pas à me laisser vos avis en commentaire, et prenez soin de vous!

AnGee Ersatz*



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