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lundi 28 octobre 2013

Challenge Rougon-Macquart #17: la Bête Humaine de Zola.




Bonjour à tous et à toutes!

J'espère que vous allez bien et que vous êtes prêts à attaquer le mois de Novembre sereinement! Aujourd'hui, petit break avant le dernier article consacré à Halloween: je vous propose de poursuivre le long parcours autour des Rougon-Macquart entamés l'année passée avec au menu le dix-septième roman de la saga, la Bête Humaine! Ce titre m'intriguait depuis des années et je n'avais encore jamais eu l'occasion de le lire auparavant. En passant, si vous souhaitez découvrir d'autres avis sur les romans de Zola, n'hésitez pas à cliquer sur l'onglet "Rougon-Macquart", qui vous mènera à la page consacrée au Challenge que j'ai lancé il y a quelques semaines. Je vous souhaite une bonne lecture, en espérant que cet article vous plaira!

Pour vous aider:
Dans ce roman de Zola, nous découvrons l'histoire de Jacques Lantier, seul personnage de la famille présent. Encore un Lantier? Et oui: après Lantier le père dans l'Assommoir, Etienne l'aîné dans Germinal et Claude le petit dernier dans l'Oeuvre, nous retrouvons ici le cadet, Jacques. A savoir: Jacques n'était pas pas prévu par Zola dans l'arbre généalogique initial. Dans l'Assommoir, seuls Etienne et Claude sont mentionnés comme étant les enfants du couple Gervaise/Lantier. Le roman ferroviaire devait avoir pour héros Etienne, envoyé par sa mère loin du foyer familial pour travailler dans ce milieu. Cependant, Zola a décidé de remanier son arbre généalogique et d'ajouter un personnage, Jacques, qui est donc le frère d'Etienne et de Claude.





La Bête Humaine:
Résumé:
Jacques Lantier, jeune homme timide, est mécanicien à la Compagnie de l'Ouest. Une nuit, en plein trajet, il assiste à un meurtre: celui du président Grandmorin, tué par le mari de sa filleule Séverine, Roubaud, qui a découvert que le parrain couchait avec celle-ci depuis des années. Jacques décide de garder le silence sur cette histoire et de ne pas les dénoncer. Il devient l'ami de Roubaud, mais surtout l'amant de Séverine, dont il tombe amoureux fou. Mais Jacques souffre depuis des années d'un mal qui le dévore à petit feu: une envie de meurtre, violente, qui le prend dès qu'il s'approche d'un peu trop près d'une femme...










Quelques points importants:
Penchons nous à présent sur quelques-uns des points importants du roman...

La jalousie: 
Commençons par un l'élément déclencheur de l'histoire, la jalousie! Le roman s'ouvre sur une scène idyllique: un couple heureux, qui s'entend bien, en visite à Paris. Jamais un roman de Zola n'a aussi bien commencé! Mais cette image de carte postale se transforme vite en cauchemar à cause de la jalousie et de la colère. Roubaud, en apprenant que sa femme a des relations charnelles depuis plusieurs années (et avant même leur mariage) avec son parrain, passe du docteur Jekyll à Mister Hyde. 

La Bête Humaine, par Jean Renoir.

La jalousie, on a pu la voir à plusieurs reprises dans les romans de Zola: dans Germinal, par exemple, la relation entre Chaval et Catherine est basée sur la jalousie. Cette fois, dans la Bête Humaine, la jalousie commence l'histoire et l'achèvera aussi... On la retrouvera chez d'autres personnages, comme Flore, attristée d'être délaissée par Jacques.


La Bête Humaine de Jean Renoir.
La mort dans la peau:
Alors non, contrairement à ce qu'on pourrait croire, je ne parle pas du film avec Matt Damon, non, mais bien de la Bête Humaine. En effet, dans ce roman, Zola nous propose de découvrir un personnage qui souffre d'un mal bien particulier: Jacques, le héros, fantasme sur la mort, et plus particulièrement sur le fait de la donner. Ce fantasme le hante depuis des années et l'empêche de nouer une vraie relation avec les femmes: c'est pour cela qu'il considère, d'une certaine façon, sa machine comme sa femme, comme son amante.
Les accès de son mal le terrifient et le fascinent en même temps, et surviennent majoritairement lorsqu'il se trouve dans les bras d'une femme. Dans le roman, le lecteur est amené à découvrir une première fois cette souffrance lorsque le jeune homme retrouve la jeune Flore, amie de longue date qu'il cherche à séduire. Alors qu'il la tient enfin, il se surprend à rêver de planter un couteau dans sa gorge.
Ce n'est pas la première fois que Zola écrit sur la violence: dans la Terre, l'un des personnages ne peut s'empêcher de penser à sa belle-soeur, de la vouloir, de la posséder. Le meurtre est également un sujet déjà abordé dans la saga; néanmoins Jacques est un personnage nouveau et original dans la saga. La violence chez Zola peut donc prendre plusieurs formes.

Le monde ferroviaire:
Depuis le début de la saga, l'auteur a cherché à nous présenter non pas seulement une famille, mais aussi une société: celle du Second Empire. Pour cela, il a multiplié les incursions dans différentes classes, différents univers: la politique, le monde ouvrier, les mines, les grands magasins... Il essaie de capturer l'essence d'une société.

Zola et le train, une longue histoire!

Dans la Bête Humaine, il se penche sur un autre univers, celui du monde ferroviaire. Le chemin de fer est en pleine expansion à l'époque, ce moyen de transport se développe énormément. Zola l'a déjà mentionné quelques fois dans ses romans, mais c'est dans celui-ci qu'il s'y attaque pleinement. Tout d'abord, avec les personnages choisis: la plupart travaille en effet dans ce milieu. Evidemment le héros, Jacques, mécanicien, mais aussi Roubaud, Pecqueux qui travaille avec Jacques, ou encore Misard. Il insiste tout particulièrement sur la relation qui lie Jacques à sa machine (une relation presque amoureuse), la hiérarchie dans laquelle la politique joue beaucoup (Roubaud est menacé de renvoi car il est républicain). D'autres thèmes sont abordés, comme les difficultés du travail liées aux problèmes mécaniques et météorologiques.
Zola a donc choisi un cadre en plein dans son époque pour ce roman!

Mon avis sur ce livre:
Voilà un livre qui, en commençant la série, m'intriguait beaucoup! Il faut le dire, le titre interpelle, il attire l'oeil. Pour moi, la Bête Humaine pourrait être le titre de la saga, puisqu'entre les problèmes mentaux, l'alcoolisme, le sexe et les autres thèmes abordés mettent en avant tout ce est effrayant dans la nature humaine. Qu'en ai-je donc pensé? Et bien ce roman est sans conteste l'un de mes préférés de la saga!

Commençons par l'histoire. Je l'ai adoré: Zola nous propose une intrigue sur fond de meurtre et d'envie de meurtre. Une grande tension se dégage donc de l'histoire: Roubaud va t'il être démasqué? Jacques va t'il passer à l'acte? Je me suis posée beaucoup de questions au cours de ma lecture, et j'ai vraiment été emportée par l'histoire, du début à la fin. Il y a de nombreux rebondissements, et j'ai trouvé la fin très réussie! Je ne me suis pas ennuyée en le lisant, loin de là, et j'ai dévoré le livre en à peine quelques heures. Les thèmes y sont pour beaucoup dans l'intérêt que j'ai trouvé à ce livre: le meurtre, la jalousie, la convoitise... Des thèmes que nous connaissons tous et qui sont très utilisés en littérature, au cinéma, dans les séries tv ou ailleurs, mais que Zola sait exploiter.

Fait rare dans un roman de Zola: j'ai apprécié tous les personnages de la Bête Humaine! En commençant par Jacques: au départ j'ai été assez surprise de le voir arriver, étant donné que je croyais que Gervaise et Lantier n'avaient eu que deux enfants, mais je me suis vite intéressée à ce personnage en particulier en raison de son mal, de son combat intérieur. Mais les autres personnages m'ont aussi captivée: j'ai beaucoup aimé la déchéance de Roubaud, la souffrance de Flore, les commérages des habitantes de l'immeuble... J'ai aimé la précision de Zola et le travail fait sur tous les personnages pour les rendre aussi variés que possible. 

En ce qui concerne le monde ferroviaire, j'avoue que j'étais assez mitigée au départ: ce n'est pas un univers qui m'inspire plus que ça, donc j'avais peur de m'ennuyer à cause de ça. Au final, il sert principalement de toile de fond, on a droit à quelques descriptions sur la vie des travailleurs de la Compagnie de l'Ouest, et le train joue un rôle capital à certains moments de l'intrigue sans non plus être trop omniprésent dans l'histoire. Du coup, j'ai plus apprécié ce point que je ne le pensais au départ.

Je n'ai pas vraiment de points négatifs à relever sur la Bête Humaine: j'ai passé un excellent moment de lecture avec ce livre, Zola a su m'emporter dans son univers. Si vous cherchez un Zola à lire, celui-ci risque de vous plaire! Dans mon cas, il fait partie de mes coups de coeur de la saga... A savoir qu'il existe aussi plusieurs adaptations de l'histoire!

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que cet article vous a plu, on se retrouve jeudi pour le tout dernier article d'Octobre et du thème Halloween, qui sera dédié à l'un de mes auteurs préférés de tous les temps: Edgar Allan Poe! En attendant, n'hésitez pas à me laisser un petit commentaire pour me donner vos suggestions de lecture ou vos avis, c'est toujours un plaisir de vous lire!

A très vite,

AnGee Ersatz*




13 commentaires:

  1. Woaw, ton article est méga complet, c'est un régal de le lire ! Je ne me suis pas vraiment penchée sur les autres, car j'aimerais me faire mon avis avant de te lire, mais je n'hésiterai pas à venir les voir une fois que ma lecture sera faite !!

    Jul'

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    1. Merci beaucoup :) c'est très gentil à toi!

      J'ai hâte de voir tes avis!

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  2. Tu as réussi à m'intriguer et à vouloir en voir plus sur l'histoire, malgré les commentaires négatifs que j'avais entendu... Je dois avouer que de base Zola n'a pas un style que j'aime particulièrement, mais les lectures de ses livres m'ont en général marqué.
    En tout cas je lirais La bête humaine pour le cours, mais je la lirais avec curiosité grace à toi !

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    1. Il y a beaucoup de gens qui n'aiment pas Zola parce qu'ils l'ont étudié à l'école et n'ont pas aimé à ce moment là... Je trouve ça dommage, parce que la lecture de classique se perd...

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    2. De mon côté je pense que l'avoir lu pour les cours n'a pas du tout influé. Après je reconnais que mes profs l'ont parfois fait lire un peu jeune, certains romans ne sont pas forcément facile à lire alors ça n'aide pas ^^'

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  3. J'aime te lire AnGee, je me répète à chaque fois, désolée, mais c'est rare que je trouve des articles aussi parfaitement détaillés et documentés. Un régal!
    Bref, je n'ai lu que 3 Zola, vers mes 12-14 ans et je les ai tous beaucoup aimés: Germinal, Pot-Bouille et Au Bonheur des Dames. Il faudrait donc que je lise celui-ci aussi apparemment ;)

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    1. Merci beaucoup, ça me fait très plaisir!
      J'ai adoré ces romans-là aussi!

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  4. Il faudra que je me lance un jour dans la lecture de Zola !

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  5. Tes articles sur Zola m'invitent à prendre mon challenge avec plus de sérieux. Je me sens presque coupable à délaisser encore le premier tome de la saga. ^^ Je suis overbookée mais je vais me dépêcher de le placer dans la pile urgente.

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    1. Tu as le temps, ne t'inquiètes pas :) j'essaie de mettre un bon coup de collier pour la finir, je suis quasiment au bout!

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  6. Roman qui m'avait beaucoup marquée, que j'ai trouvé littéralement édifiant mais qui laisse une drôle de sensation. Pour autant, je l'ai trouvé magistral et très bien mené.

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    1. C'est une chose que j'aime beaucoup chez Zola, cette impression qui reste même longtemps après la lecture.

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