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lundi 28 janvier 2013

Instant cinéma: mon avis sur Renoir.




Bonjour à tous et à toutes!


Le mois de Janvier touche à sa fin, et pour le conclure en beauté, je vous propose une petite pause cinéma. Comme vous le savez, j'aime beaucoup découvrir des films, les anciens comme les nouveaux, et vous les faire découvrir. Hier, je suis allée voir le film Renoir, sorti le 2 Janvier dernier, et j'ai décidé de vous donner mon petit avis sur celui-ci!

J'espère que cet article vous plaira, mais avant tout je tenais à vous remercier pour votre fidélité, vous êtes de plus en plus nombreux à me suivre. Ce mois-ci, j'ai battu les records, avec plus de 10 000 visiteurs! J'en suis très touchée, si vous aimez le blog, n'hésitez pas à rejoindre la page Facebook, ou à devenir membre du blog en cliquant sur votre droite!



Qui est Renoir?

(autoportrait de Renoir)


Commençons par présenter un peu Renoir. Si vous suivez mon blog, vous avez peut-être remarqué que j'illustre certains de mes articles avec ses tableaux...

Pierre-Auguste Renoir est né le 25 Février 1841, dans une famille assez pauvre. Il se tourne très jeune vers le monde des arts, en devenant d'abord peintre sur porcelaine à l'âge de 13 ans, puis en prenant des cours de dessin, avant d'entrer aux Beaux-Arts en 1862.

L'art est en pleine révolution à cette époque, avec des peintres comme Courbet (né dans ma ville), qui chamboulent les codes et la bienséance de la peinture, en proposant des oeuvres totalement différentes de ce qui se faisait jusqu'alors. Renoir s'immisce dans cette brèche et rejoint le mouvement Impressionniste. Il s'inspire de ses collègues peintres, mais aussi de ses voyages, pour son art. Renoir a une préférence pour la peinture de portrait ou de nu, qu'il trouve plus intéressante que les natures mortes. Cependant, au début, le succès est loin d'être au rendez-vous, mais Renoir continue la peinture, et sa persévérance est payante: à partir de 1890 il devient un peintre reconnu et apprécié, et cette consécration concorde avec son mariage avec l'une de ses modèles, Aline Charigot, avec laquelle il aura trois enfants, dont le cinéaste Jean Renoir.

(Aline Charigot immortalisée par Renoir)


A partir de 1900, sa santé dégrade profondément: ses jambes ne le portent plus, il ne peut plus marcher sans éprouver d'immenses douleurs, et ses articulations le font terriblement souffrir, un vrai calvaire pour un peintre. La mort de sa femme, puis les blessures de ses deux fils aînés durant la Première Guerre Mondiale, l'ont particulièrement atteint.

Jusqu'à la fin de sa vie, en 1919, Renoir continua la peinture, malgré la douleur grandissante et la maladie omniprésente.


Ses oeuvres principales:

Renoir a été ce que l'on peut appeler un peintre prolifique, avec à son compteur une grande quantité de tableaux de toutes les tailles. Ma mère a d'ailleurs eu l'occasion de visiter l'une des rétrospectives consacrées à son travail!

Il est donc difficile de choisir parmi toutes ses oeuvres, mais voici quelques uns des tableaux de Renoir que je préfère, n'hésitez pas à me laisser en commentaire ceux que vous préférez!

(Le déjeuner des Canotiers)

(Bal au Moulin de la Galette)

(Baigneuse se coiffant)    




Renoir, le résumé du film:




1915, en Côte d'Azur. La guerre a éclaté, et la jeune Andrée Heuschling arrive dans la propriété des Renoir pour devenir modèle pour le vieux peintre, qui souffre atrocement au niveau de ses articulations. Elle devient alors la nouvelle inspiration de Renoir, qui pleure aussi son fils Jean, parti à la guerre... Celui-ci revient pour sa convalescence, blessé à la jambe. Il rencontre Andrée, dont il tombe amoureux, mais la guerre l'obsède toujours...

Mon avis:



Je l'avoue, en arrivant au cinéma, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Je pensais voir un film sur la fin de la vie de Renoir, ou sur son parcours, mais au final, c'était un peu différent!

Les points positifs:


-Visuellement, le film est magnifique. Un vrai travail a été fait sur ces scènes, et j'ai trouvé que certains paysages étaient tout bonnement splendide. On se serait même cru dans des tableaux de Renoir! Un très gros point positif donc, car je suis friande des belles images.

-Les acteurs sont excellents, le casting est vraiment parfait: Michel Bouquet parvient à jouer un Renoir émouvant, mais aussi sévère, passionné. Vincent Rottiers, qui joue son fils Jean, et Christa Theret (mention spéciale pour elle, autant elle me sortait par les yeux dans LOL, autant je la trouve éblouissante ici) forment un couple très réussi. En bref, j'étais sous le charme du casting!

Les points négatifs:



A vrai dire, je n'en ai qu'un, mais il est de taille: dans l'un des commentaires de l'article précédent, Nyx me disait avoir trouvé le film trop contemplatif. Et je rejoins son avis: le film manque d'une vraie trame, d'une vraie histoire qui nous permettrait d'être dedans du début à la fin. On se contente de passer d'un élément à un autre, de façon complètement désordonnée. Pourtant il y a du potentiel: la relation peintre-modèle, Coco le dernier fils de Renoir, la vie de Renoir, sa maladie... Plutôt que d'exploiter un élément à fond, le réalisateur survole plusieurs sujets différents, au risque de perdre un peu ses spectateurs...

En bref, Renoir est un beau film, auquel manque une véritable histoire. Je pense qu'il plaira à ceux qui s'intéressent à ce grand peintre, mais qu'il déroutera ceux qui s'attendent à une histoire complète ou à un flashback sur sa vie...

Et voilà, mon petit avis sur ce film. L'avez-vous vu? Quel a été le dernier film que vous avez vu?

On se retrouve très vite pour un nouvel article!

AnGee Ersatz*

jeudi 24 janvier 2013

Les Rougon-Macquart #8: Une Page d'Amour.




Bonjour à tous et à toutes!

Je suis ravie de vous retrouver pour un tout nouvel article. Aujourd'hui, nous repartons pour l'univers d'Emile Zola, que nous avions quitté le mois dernier. Après l'histoire on ne peut plus tragique de Gervaise, dans le désormais classique Assommoir, je vous propose de découvrir une nouvelle histoire, celle d'Une Page d'Amour, un roman un peu moins connu, mais tout aussi passionnant! Il s'agit du huitième tome de la saga, nous nous rapprochons petit à petit de la moitié! J'espère vous donner envie de découvrir ce roman, qui est vraiment passionnant.

Pour vous aider...
Cette fois encore, pas d'arbre généalogique pour le roman, car on ne retrouve qu'un membre de la famille, à savoir Hélène, fille d'Ursule Macquart et du Chapelier Mouret. Vous ne risquez donc pas d'être perdu dans les relations parfois compliquées de la famille!


Une Page d'Amour, résumé de l'histoire.






Toute l'histoire est centrée sur Hélène, une jeune veuve vivant à Paris, qui élève seule sa petite fille, Jeanne. Celle-ci a une santé fragile, et une nuit, elle fait une crise qui force Hélène à demander l'aide du docteur Deberle, son voisin. Cet événement marque le début d'une amitié entre Hélène et Mme Deberle, la femme du docteur, mais aussi d'une passion pour le docteur, à laquelle Hélène finira par succomber... Mais cet amour ne sera pas sans conséquence: Jeanne, sa fille, est d'une jalousie maladive, et est prête à recourir aux moyens les plus extrêmes pour punir sa mère...



Une histoire de passions.


Pour moi, le thème majeur d'Une Page d'Amour, c'est tout simplement la passion, et ce à plusieurs niveaux.


(Femme avec le parasol et l'enfant, de Renoir)


Tout d'abord, on a la relation assez particulière entre Hélène et sa fille. Dès le début de l'histoire, on comprend qu'Hélène ne vit que pour sa fille: lorsque celle-ci est malade, elle se montre très paniquée, au point d'oublier les convenances et de se jeter à corps perdu dans la rue pour chercher un médecin. Ses relations sociales, même si elles s'étoffent à travers le roman, se centrent sur sa fille. Jeanne, elle, est aussi passionnée par sa mère: enfant unique, elle est habituée à recevoir tout l'amour de sa mère, au point de devenir terriblement jalouse, une jalousie qu'elle manifeste par des crises de colère parfois spectaculaires! Il y a une vraie relation assez forte, et proche de l'étouffement, entre les deux personnages.

Ensuite, la relation entre le docteur Henri Deberle et Hélène est bien entendue centrale dans le roman. J'ai beaucoup aimé la façon dont cette passion naît et meurt, car tout son déroulement tourne autour de Jeanne, qui est un personnage vraiment important dans l'histoire. Henri et Hélène se ressemblent beaucoup, et les autres personnages le remarqueront aussi à plusieurs reprises. Ce qui est intéressant, c'est que l'on suit à chaque étape le développement de leur histoire d'amour. Et c'est cette montée progressive qui fait la force de l'intrigue.

Zola emploie aussi souvent le mot "passion", pour parler de Mme Deberle. Décrite comme femme qui aime recevoir, il lui associe le terme "passion" d'une façon très différente que pour les autres: si Hélène n'a qu'une passion, de longue durée, pour son voisin ou pour sa fille, Mme Deberle cumule dans son cas plein de passions, qui sont "temporaires", et un peu futiles.

On ne peut pas passer à côté de la passion religieuse, qu'on retrouve dans un passage marquant de l'histoire. Hélène, désireuse d'éviter Mme Deberle et son mari, se réfugie de plus en plus à l'église. On pense alors à une conversion, mais elle finit par abandonner la religion. Elle cherchait en quelque sorte à remplacer une passion par une autre...

Quelques parallèles avec l'Assommoir:


A la lecture de ce roman, je n'ai pas pu m'empêcher de faire des parallèles avec l'histoire de Gervaise, qui précédait ce tome. En effet, on retrouve de nombreux points communs, et il s'agit sûrement d'une volonté de Zola.



-Les héroines: première chose à noter, c'est que les deux héroïnes se ressemblent. Il s'agit de deux femmes, plutôt jeunes, toutes les deux mères, qui se retrouvent dans une situation assez délicate: Gervaise est abandonnée par Lantier, tandis qu'Hélène est veuve. Elles doivent donc élever seules leurs enfants, sans pouvoir compter sur l'appui de leur famille.


Elles connaissent aussi l'amour, chacune à leur façon: une passion fulgurante pour Hélène, une relation complexe pour Gervaise. Cependant, l'amour est la cause de leur chute, en s'attaquant à ce qu'elles ont de plus précieux.

-Les petites filles: dans les deux romans, on retrouve des personnages de petite fille. Dans l'Assommoir, Nana, dans Une Page d'Amour, Jeanne. Si elles sont assez différentes l'une de l'autre (Nana est une mauvaise graine, alors que Jeanne est assez bien élevée), elles se ressemblent dans leur force de caractère.

-L'amoureux transi: là aussi, il y a un élément commun. Dans les deux romans, on a l'image d'un amoureux transi qui attend patiemment que sa belle se tourne vers lui: le gentil Goujet aime Gervaise, Rambaud attend avec calme Hélène. Le sort de ses deux amoureux est très différent...

(La Parisienne, de Renoir)


-Un cadre: on sait que Zola aime parler de Paris dans ses romans, et la capitale sert souvent de cadre. Ici, Paris est présente dans les deux livres. On la voit du côté "ouvrier", basse population dans l'Assommoir, et d'une façon plus spectaculaire dans Une Page d'Amour, où les descriptions de la ville, vue par la fenêtre de l'héroïne, sont vraiment magnifiques!

Mais il y a aussi des différences, comme vous pourrez le constater. Je n'en dis pas plus, histoire de vous laisser découvrir l'histoire par vous-même!

Mon avis:
Une très belle découverte avec ce roman! Je ne le connaissais pas, et du coup j'ai été ravie de pouvoir le lire. C'est pour ça que je suis contente de lire cette saga, car je pense que je n'aurais certainement pas lu ce roman autrement. J'ai beaucoup aimé le "calme" qu'on y trouve en comparaison à l'ambiance assez angoissante même violente de certains autres romans. C'est le roman que j'ai préféré dans ceux que je ne connaissais pas, pour l'instant, donc j'en conseille la lecture à tous!

Merci de votre passage, n'hésitez pas à laisser votre avis sur le livre! Je vous retrouve bientôt, avec un petit article cinéma, car je vais voir Renoir ce week-end! Portez-vous bien en attendant.

AnGee Ersatz*

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samedi 19 janvier 2013

Challenge United Kingdom #2: Gens de Dublin, de James Joyce.




Bonjour à tous et à toutes, lecteurs du Livroscope!

Je suis ravie de vous retrouver pour un nouvel article, mais je voulais avant tout commencer par vous remercier de votre fidélité, les visites, tout comme les commentaires, sont de plus en plus nombreux et ça fait chaud au coeur! Donc merci beaucoup!

Aujourd'hui, après Molière, j'ai décidé de vous présenter une nouvelle lecture Challenge. Je sais, j'avais dit au début du mois que j'arrêtais de vous en présenter pour Janvier, mais en calculant le nombre de lectures qu'il me reste à faire pour l'année (une trentaine environ), je me suis dit que prendre un peu d'avance ne me ferait pas de mal! Nous repartons donc pour le Royaume-Uni, que nous avions quitté après avoir rencontré Virginia Woolf, pour découvrir un nouvel auteur: James Joyce. Connu pour son roman Ulysse, James Joyce est originaire d'Irlande, ce qui me permet de valider la catégorie "Trèfle et Leprechaun". N'ayant encore jamais lu cet auteur, je me suis attaquée à son recueil de nouvelles Gens de Dublin, qui me paraissait correspondre au Challenge...

Bonne lecture à tous, et n'oubliez pas de rejoindre la page Facebook!

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James Joyce, petite biographie:






Comme pour Virginia Woolf, je vous propose une petite biographie de James Joyce! Pour moi, qui fait des études d'anglais, son nom est presque incontournable, et je suis donc ravie de pouvoir le découvrir grâce à ce Challenge!


James Joyce est né en 1882, à Dublin, dans une famille fière d'être Irish, mais aussi catholique, et nombreuse, très nombreuse. A l'école, le petit James est un bon élève, ce qui ce confirme à l'adolescence, où il décide aussi de tourner le dos à la religion, malgré son éducation dans la foi. Cette décision, qu'il prend jeune, le suivra toute sa vie. Il étudie les langues et la littérature, et commence à écrire, d'abord des essais, puis des textes littéraires.

Devenu adulte, James Joyce décide de voyager en Europe, une attitude commune à l'époque. Il embarque avec lui la belle Nora, dont il est tombé amoureux, et ensemble ils vont découvrir Paris, Zurich, Trieste, et vivre une histoire d'amour qui le marquera, au point que la date de leur premier rendez-vous soit aussi la date utilisée pour l'action dans Ulysse. Le couple aura plusieurs enfants, mais Joyce a un vice qui nuit au bonheur familial: l'alcool. Malgré cela, il continue d'écrire, testant la nouvelle, le roman, la poésie... Bref, c'est un touche à tout!



James Joyce reviendra à Dublin, sa ville natale, mais passera plus de temps sur le continent, devenant un "exilé". Cependant, l'Irlande occupe une place importante dans son oeuvre, comme en témoigne Gens de Dublin! Il mourra même loin de son pays natal, à Zurich, en 1944.


Gens de Dublin: un recueil de nouvelles en forme de tableau.





Gens de Dublin sort en 1914, et est composé de 15 nouvelles qui traitent toutes des habitants de Dublin. On le sait, Joyce est né à Dublin, et cette ville occupe une place particulière dans son coeur.


Il est assez compliqué de résumer un recueil de nouvelles, car il s'agit d'une succession de courtes histoires. Pour vous donner une idée de ce qu'on peut y trouver, j'ai essayé de dégager les grands thèmes de ses histoires.



La première chose que l'on peut dire de ce recueil, c'est que James Joyce a vraiment cherché à présenter toute la société de Dublin, dans toutes ses ombres et sa splendeur. On découvre donc énormément de personnages, issus de toutes les classes de la société, des deux sexes et de tous les âges: on a des enfants qui font l'école buissonnière dans "Une rencontre", une matrone prête à tout dans "Une mère", des jeunes gens plein d'espoir dans "Après la course"... Bref, de tout, et cet étalage de personnages est l'une des forces du recueil.

L'un des thèmes majeurs des nouvelles, c'est la religion. J'ai été surprise de la retrouver autant de fois, même si je sais que la religion est importante en Irlande, et qu'elle a beaucoup marqué James Joyce. On la découvre déjà dans la première nouvelle, "Les soeurs" (le titre pourrait d'ailleurs prêter à confusion), où le narrateur, apparemment un jeune adolescent (l'utilisation du "je", que l'on ne retrouvera que rarement dans les autres nouvelles, laisse même penser qu'il pourrait s'agir d'un souvenir de Joyce, pourquoi pas?), nous raconte la mort d'un vieux monsieur, pieux, qui lui faisait des leçons de religion. On la retrouve aussi dans "Une rencontre", mais de façon plus subtile, lorsque les enfants, héros de l'histoire, se font huer par d'autres gamins qui hurlent "Protestants, protestants!", un témoignage de l'animosité religieuse entre catholiques et protestants.

James Joyce se penche aussi sur la question de l'amour, qu'il aborde sous différents points de vue: d'abord avec un garçon qui éprouve une admiration pure et touchante pour une demoiselle nommée Mangan dans "Arabie"; dans "Eveline", il nous raconte l'histoire d'une jeune fille qui doit fuir avec son amoureux; "Les deux galants", elle, dépeint deux séducteurs (assez pitoyables, à mon avis!); James Joyce évoque aussi le cas de l'atteinte aux bonnes moeurs, dans "La pension de famille", que j'ai adoré. Il s'attarde aussi sur une relation platonique, dans "Un pénible accident", où un homme apprend la mort, d'une femme qu'il a côtoyé quatre ans auparavant.



Dans le prolongement de l'amour, on trouve aussi la famille, vue ici d'un angle assez triste: les personnages des nouvelles sont souvent malheureux dans leur famille, au point qu'ils cherchent à s'en échapper (dans "Eveline", par exemple). J'ai été surprise du nombre d'enfants battus, dans ce recueil: déjà dans "Correspondances", qui se finit sur une scène de père qui veut taper son gamin; mais aussi dans "Une rencontre", où le héros se retrouve à écouter un monsieur qui lui parle de son envie de fouetter des garçons. Souvent, cela va de paire avec l'alcool, un thème très présent dans le recueil, notamment dans "Un petit nuage".

Bien entendu, James Joyce se penche sur bien d'autres choses, mais il est difficile de parler de tout: cependant, je tiens à parler de "Une mère", une nouvelle dans laquelle on trouve le thème de "la renaissance irlandaise". Ayant un peu étudié les différents dialectes du Royaume-Uni cette année, j'ai trouvé intéressant de voir que Joyce n'oubliait pas l'importance de la culture irlandaise, qui a tendance à être mangée par la culture anglaise, ne serait-ce qu'au niveau de la langue. Un détail intéressant!


Mes nouvelles préférées:





Le recueil compte 15 nouvelles, voici celle que j'ai préféré:



-"La pension de famille": dans cette histoire, James Joyce nous présente Mrs Mooney, une femme séparée de son mari, un homme violent, et qui tient une pension de famille où vit aussi sa fille... Malheureusement, sa fille faute avec l'un des clients de la pension! Mrs Mooney est donc bien décidée à réparer cette erreur. J'ai bien aimé cette nouvelle car le personnage de Mrs Mooney est très attachant et très "où est la bienséance?". La nouvelle est rapide, efficace, et bien menée!



Mon avis:

J'avoue être assez mitigée après la lecture de ce recueil. Si j'ai bien aimé découvrir Dublin sous la plume de Joyce, ainsi que les personnages hauts en couleur, je trouve que les nouvelles tournent vite en rond et qu'au final, il ne se passe pas grand-chose. Certaines histoires sont franchement ennuyantes, et au bout d'un moment, un peu répétitives, et la répétition, dans un livre aussi court, ça ne pardonne pas. Cependant, je n'ai pas non plus trouvé le recueil inintéressant, je pense qu'il faut le lire en plusieurs fois, ce que je n'ai pas fait, pour l'apprécier à sa juste valeur. Je pense relire du Joyce un jour, mais peut-être pas sous forme de nouvelles.

N'hésitez pas à me laisser vos avis ou suggestions en commentaire, pour mes prochaines lectures Challenges! On se retrouve très vite pour de nouveaux articles!

AnGee Ersatz*

mardi 15 janvier 2013

391 ans plus tard: Molière, toujours en vie!




Bonjour à tous et à toutes!

Je suis ravie de vous retrouver pour un article un peu spécial: en effet, nous sommes aujourd'hui le 15 Janvier, le jour de l'anniversaire de naissance d'une vraie légende de la littérature française, Jean-Baptiste Poquelin, alias Molière! Et oui, il y a 391 ans (que ferais-je sans calculette?), celui qui allait devenir le cauchemar de beaucoup de collégiens est né. Pour l'occasion, j'ai décidé de faire un petit hommage, à ma façon, à Molière. Sachez que ce soir vous pourrez retrouver un Secrets d'Histoire, animé par Stéphane Bern, dédié à Molière et au théâtre!


(le toujours souriant Stéphane Bern vous emmène au théâtre!)


De Jean-Baptiste Poquelin à Molière, de Versailles aux classes de collèges, petite biographie:

J'ai utilisé pour ce résumé des informations présentes dans un site dédié à Molière, très bien construit et passionnant, que voici:

Vie de Molière




Tout commence en 1622: le 15 Janvier, Jean-Baptiste naît dans une famille de tapissiers. Son père a une même une charge de tapissier, une distinction qui permet à la famille de vivre dans un certain confort, comme en témoigne la possibilité pour Jean-Baptiste de faire des études. Comme il était alors courant à l'époque, celui-ci pouvait reprendre l'affaire de son père, ainsi que son héritage, mais Jean-Baptiste, âgé d'à peine 20 ans, s'oriente dans une autre voie: celle du théâtre. Il rencontre en effet les Béjart, une famille de comédiens, et il décide de les rejoindre pour devenir comédien.

Il faut savoir qu'à l'époque, le métier de comédien n'est pas de tout repos: ceux-ci sont très mal perçus, notamment par l'Eglise, qui n'hésite pas à les excommunier (ce qui est très grave dans une époque aussi religieuse!), et ce n'est pas la vie de château. Jean-Baptiste va très vite le comprendre: la compagnie a en effet une vie nomade, et les rentrées d'argent sont assez fluctuantes... Cependant, il reste dans cette voie, et ce serait en 1644 qu'il aurait définitivement changé son nom pour celui de Molière. Changer de nom était très courant, même si il y a peu d'indices qui pourraient expliquer le nom de "Molière".

Un autre aspect de la vie des artistes de l'époque, c'est bien entendu les patronages: les nobles étaient friands des artistes, et il était de bon goût de soutenir financièrement des compagnies théâtrales, des peintres, ou des auteurs. La compagnie de Molière sera soutenue d'abord par le Prince de Conti, puis par Monsieur, le frère du roi, Louis XIV. Dans le même temps, Molière, qui a commencé à écrire ses propres pièces, poursuit dans ce sens, et connaît quelques succès: les Précieuses Ridicules (en 1659), par exemple, est une pièce qui fait beaucoup rire et qui plait! Le succès montant de Molière et de la troupe lui attire les faveurs d'un monsieur très haut placé, Fouquet, un proche du roi, alors Surintendant des Finances de celui-ci. Fouquet demande à la troupe de préparer une pièce pour une très grande occasion, à savoir la fête organisée dans son château de Vaux-le-Vicomte en l'honneur du roi soleil. Une fête qui sera fatale à Fouquet, victime de la jalousie du Roi, mais bénéfique à Molière: la pièce les Fâcheux a été repérée par Louis XIV, qui accorde sa bénédiction à la compagnie.



Molière connaît alors plus de 10 ans de succès et d'échecs, tant au théâtre que dans sa vie personnelle. Au théâtre, certaines pièces vont connaître le succès, comme Tartuffe, le Médecin malgré lui, ou encore l'Avare; mais d'autres vont aussi déchaîner les critiques et les foules: Dom Juan, par exemple, ou encore l'Ecole des Femmes. Molière reste malgré tout un artiste reconnu et apprécié! Niveau vie privée, il se marie avec Armande Béjart, en 1662, qui a 20ans de moins que lui: Armande Béjart serait la soeur de l'ancienne amante de Molière, Madeleine, mais certaines rumeurs prétendaient qu'elle était en réalité la fille de Madeleine, ou même de Molière! Quoiqu'il en soit, le mariage ne fut pas très heureux, le couple perdant ses enfants alors qu'ils sont encore petits, des morts malheureusement récurrentes à l'époque.

Au milieu des années 1860, Molière commence aussi à avoir des problèmes de santé de plus en plus préoccupants, et ce n'est pas les médecins de la cour qui vont l'aider! Molière, qui éprouve déjà un gros ressenti envers les médecins (qui sont souvent dépeints dans ses pièces comme des charlatans, ce qui n'était pas faux), va voir sa santé mise à rude épreuve par les remèdes plutôt douteux qu'il doit prendre pour guérir. Sa maladie (probablement une pneumonie) empire, l'empêchant même de jouer certains jours. Mais Molière s'accroche, et continue d'écrire des pièces pour la Cour: le Bourgeois Gentilhomme, en 1670, les Fourberies de Scapin, et bien d'autres!

C'est en 1673 que Molière décède: la légende raconte qu'il aurait agonisé sur scène, alors qu'il jouait dans le Malade Imaginaire, avant de dépérir pour de bon chez lui. Certains racontent qu'il serait même mort sur scène!

Molière: les raisons de son succès.
Comment Molière est-il devenu l'une des figures emblématiques de la littérature française? Voici quelques pistes de réponses:



-Tout d'abord, en raison de sa grosse production: on peut le dire, l'oeuvre de Molière est dense, surtout pour l'époque! On lui attribue près de 30 pièces, attributions parfois contestées, pour la simple raison que Molière n'a laissé aucun manuscrit derrière lui: certains racontent même que Corneille aurait été le nègre de Molière, ou aurait inventé ce personnage pour pouvoir écrire des pièces différentes des siennes; à l'époque, certains accusaient Molière de plagier d'autres pièces. En bref, beaucoup de questions se posent sur l'auteur des pièces! Ces accusations mises de côté, on peut quand même apprécier le large travail existant: Molière s'est essayé autant à la comédie qu'à la tragédie, faisant de lui un auteur assez complet. Ceci peut s'expliquer grâce au patronage et à sa popularité de son vivant: financièrement, sa condition était bien plus agréable que d'autres comédiens qui sillonnaient la France de bout en bout; beaucoup de ses pièces ont aussi été commandées par le Roi et par la Cour, pour se divertir, ou à l'occasion de grands événements.

-Les thèmes abordés par Molière sont modernes (pour l'époque) et traversent les siècles. Il parle notamment des médecins (le Malade Imaginaire, le Médecin malgré lui), et de leur inutilité; il se penche sur les modes de l'époque qu'il caricature et ridiculise (les Précieuses Ridicules); sur l'importance des positions sociales, sur les mariages arrangés qui prônent sur les mariages d'amour (un sujet qu'on retrouve beaucoup chez Molière), sur la religion... On peut dire que quelque part ses pièces sont une fenêtre sur son époque, et mine de rien les sujets abordés sont toujours plus ou moins d'actualité!

-Ses personnages: Molière donne une large place aux personnages comiques, et aussi aux serviteurs, des protagonistes pourtant pas très nobles, à la position sociale peut enviable. Il leur donne la parole, et leur permet de ridiculiser leurs maîtres, comme dans la comedia dell'arte italienne. Charismatiques, ces personnages ont traversé le temps!

Aujourd'hui, Molière est incontournable: n'appelle t'on pas le français la langue de Molière, comme l'allemand est la langue de Goethe? Rien d'étonnant alors à ce qu'il soit présent dans tous les programmes scolaires: les collégiens, comme les lycéens, passent tous par Molière! Personnellement, pour mon bac de français, j'ai étudié Dom Juan. Pour beaucoup, l'étude de Molière a souvent été un cauchemar, et ils redécouvrent plus tard son oeuvre, avec un oeil nouveau. La meilleure chose que je puisse conseiller pour apprécier Molière (comme les autres auteurs de théâtre d'ailleurs), c'est d'aller voir des représentations de ses picèes: renseignez-vous sur la programmation des salles proches de chez vous!

Ma pièce préférée:





Je suis une grande fan du Malade Imaginaire: je trouve cette pièce vraiment hilarante, et j'ai eu l'occasion de la voir jouée par une troupe originaire de ma région, qui a réussi à donner vie à la pièce. L'humour est vraiment incisif, et les personnages valent le détour! Et vous, quelle est la vôtre?



AnGee Ersatz*
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lundi 14 janvier 2013

Narrateurs, mais pas héros: le cas particulier des narrateurs-spectateurs.




Bonjour à tous et à toutes!

Bienvenue sur le blog pour un nouvel article! Cela faisait longtemps que je n'avais pas fait d'article de fond, et je suis ravie de pouvoir vous en proposer un aujourd'hui! J'ai décidé de vous parler des narrateurs: très importants, ils sont les moteurs de l'histoire, puisqu'ils sont ceux qui la racontent. Les narrateurs peuvent être internes, autrement dit dans l'histoire, ou externes, extérieur à l'histoire. Mais aujourd'hui, je vais me pencher sur un cas un peu particulier, celui des narrateurs présents dans l'histoire, mais qui n'en sont pas pour autant les héros! Aujourd'hui, si ce procédé est un peu moins présent, il est néanmoins présent dans beaucoup de livres, et je ne pouvais pas passer à côté.


Qu'est-ce qu'un narrateur-spectateur?




Comme je l'ai dit plus haut, le narrateur est vraiment très important dans l'histoire, car il est en quelque sorte le témoin de celle-ci, celui qui sert de lien entre les événements et le lecteur. Le choix du type de narrateur n'est pas anodin, et est capital pour l'auteur.


Celui-ci peut choisir comme narrateur le héros: celui qui vit l'action la raconte aussi, et nous dévoile dans le même temps ses pensées, ses impressions. Il peut aussi choisir un narrateur externe, qui ne se mêle pas à l'histoire; ou encore un narrateur interne, qui parle à la première personne, mais qui n'est pas le héros. Ce dernier est celui que j'appelle le narrateur-spectateur, car son rôle se limite à rapporter une action, même si il y participe quelques fois. C'est sur lui que nous allons nous pencher aujourd'hui.


Le narrateur-confident.


(un beau tableau de Renoir, idéal pour illustrer cet article)



Commençons par un cas un peu spécial, mais le plus simple: celui du narrateur-confident. Ce type de narrateur ne joue aucun rôle dans l'histoire, il ne participe pas à l'action, mais recueille tout simplement les confidences d'un autre personnage, le plus souvent le héros.


Généralement, l'histoire est construite sous forme d'un récit enchâssé: tout d'abord, nous découvrons le narrateur, qui nous raconte le plus souvent un voyage, au cours duquel il rencontre le fameux héros, le plus souvent un héros affaibli, qui lui dévoile son histoire. Le narrateur couche alors l'histoire sur le papier, en expliquant qu'il ne pouvait pas laisser une histoire pareille inconnue de tous!

On en trouve des exemples dans plusieurs histoires. Voici quelques exemples, ainsi que la sensation donnée par l'utilisation de ces narrateurs.

-dans Pauline, d'Alexandre Dumas, le narrateur (qui n'est autre qu'Alexandre Dumas lui-même) rencontre Alfred de Nerval qui lui raconte son histoire avec Pauline. Dumas fait fort dans ce livre, en nous proposant un double-récit enchâssé: tout d'abord, l'histoire d'Alfred racontée à Dumas, puis l'histoire de Pauline racontée à Alfred. Dumas sert ici vraiment de confident à Alfred qui se libère d'un poids. L'auteur s'utilise ici comme narrateur, afin de donner du crédit à son histoire, crédit renforcé par le fait qu'il ne sert que de confident. Son récit est en effet bien plus fort que si il s'était contenté de raconter tout simplement l'histoire de Pauline, sans les étapes de récit enchâssé.



-dans Manon Lescaut de l'abbé Prevost, on a également le cas d'un narrateur-confident. Le narrateur, c'est Renencourt, un "homme de qualité", qui rencontre le Chevalier des Grieux, le malheureux héros de l'histoire. Alors qu'il ne connait que très peu le narrateur, le Chevalier des Grieux va lui faire le récit de son amour passionné mais compliqué pour Manon. Contrairement à Pauline, Manon Lescaut est un roman très scandaleux car la demoiselle n'est pas une femme vertueuse, bien au contraire: elle se fait entretenir. Il s'agit ici d'une histoire de moeurs, et le but du récit enchâssé et du narrateur confident est vraiment d'éloigner au possible le narrateur (et donc l'auteur) de ces pratiques douteuses. Le narrateur, en parlant de cette histoire, joue alors le rôle d'un moralisateur, qui dit au lecteur "prenez-en de la graine!".

-dans Frankenstein de Mary Shelley: le narrateur est Robert Walton, parti pour une expédition polaire, au cours de laquelle il fait la connaissance du très affaibli Victor Frankenstein, qui lui dévoile l'horrible secret qu'il fuit désespérément, celui de la créature (bien sûr!). Mary Shelley se place dans une esthétique romantique par cette pratique, puisque ce procédé a beaucoup été utilisé par les romantiques. Robert Walton est le spectateur de la détresse d'un homme. L'intérêt du narrateur ici est de débarrasser l'histoire d'éventuels jugements de valeur qui pourraient être donnés par le héros, afin de nous laisser libres d'avoir notre propre avis sur l'histoire.

(Aidan Quinn dans le rôle de Robert Walton)




Une mise en avant du héros:


Dans certains cas, le narrateur joue un rôle différent de celui de confident. Il ne se contente pas de recueillir l'histoire d'un autre individu, il prend aussi part à l'action.


Généralement, dans ces cas là, le narrateur est un ami du héros, et écrit les aventures de son compagnon, des aventures auxquelles il peut aussi participer. Deux exemples viennent tout de suite en tête: le Docteur Watson, chez Conan Doyle, et le narrateur des aventures de Dupin chez Edgar Allan Poe.

(Sherlock et Watson)


Ces deux narrateurs sont similaires: il s'agit d'hommes assez brillants (le docteur Watson est quand même médecin!), qui fréquentent des cercles de gens cultivés, et dont l'ami le plus proche est encore plus brillant, doté de capacités extraordinaires. Nous parlons bien sûr de Dupin, et de Sherlock Holmes (pour la petite histoire, Conan Doyle s'est inspiré de Dupin pour créer son célèbre héros). Ces deux hommes sont capables de résoudre des cas très complexes, sans le moindre problème, et possèdent une intelligence hors du commun.

(La version BBC)


Pourquoi donc avoir un narrateur comme Watson? Tout simplement pour mettre en avant le héros, et avant tout ses capacités, son don. Watson prend part à l'action, il est actif, aide souvent Sherlock a mettre en place des plans pour confondre ses adversaires; mais il joue quand même le rôle d'un faire-valoir auprès de Sherlock, le véritable héros des histoires créées par Conan Doyle. Le personnage de Watson sert donc à raconter l'histoire, mais plus encore à apporter une réelle mise en valeur de Sherlock: imaginez les mêmes histoires, mais racontées par Sherlock. L'effet ne serait pas du tout le même, et je doute que les lecteurs auraient autant aimé. Watson, en étant proche de nous (il faut le dire, la plupart du temps, il ne comprend rien), nous permet d'adhérer à l'histoire.



Le choix du narrateur n'est donc pas anodin pour l'auteur, et je trouve qu'il est important de ne pas ignorer ceux qui ne sont pas les héros de l'histoire. On se retrouve très vite pour un nouvel article!


AnGee Ersatz*

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vendredi 11 janvier 2013

Les Mauvaises Nouvelles, de Nicola Sirkis.





Bienvenue à tous sur le Livroscope!

Je suis ravie de vous retrouver aujourd'hui pour un nouvel article: après mes trois lectures Challenge, j'ai décidé de passer à autre chose, et de vous présenter un inédit sur le blog, à savoir un recueil de nouvelles. Il s'agit du recueil les Mauvaises Nouvelles, de Nicola Sirkis, connu aussi et avant tout pour être le chanteur du groupe Indochine, dont la carrière connait une longévité exceptionnelle. Leur nouvel album, baptisé Black City Parade, sortira le 11 Février prochain, et je me suis dit que présenter le recueil était une bonne façon, littéraire qui plus est, de patienter! Vous pouvez également écouter le premier extrait de ce nouvel album, Memoria:


Le clip de Memoria:





Les nouvelles, un genre bien particulier:

Je n'avais encore jamais eu l'occasion de vous présenter de nouvelles, et pourtant c'est un genre que j'aime beaucoup!



Tout comme le roman, la nouvelle est un style littéraire assez ancien. Il est difficile de savoir quand il est apparu de façon exacte, mais on en trouve des traces dès le Moyen-Âge en France, et en Europe. Si le roman ne connaît pas de limitation de taille ou de structure, la nouvelle, elle, se doit d'être brève. L'auteur doit pouvoir condenser en quelques pages, ou quelques paragraphes, une histoire, aussi percutante et marquante que possible, avec une chute inattendue.

Beaucoup d'auteurs se sont essayés à la nouvelle, et vous pouvez en trouver assez facilement et à tous les prix: OnLit Editions, par exemple, propose assez régulièrement des recueils de nouvelles gratuits sur un thème, comme la gare de Bruxelles Midi.

Voici quelques-unes de mes suggestions, n'hésitez pas à me laisser les vôtres en commentaire:

-Barbey d'Aurevilly: les Diaboliques.
-William Irish: Irish Revolver, Irish Murder (cet auteur n'est pas très connu, et pourtant, quel talent!).
-Edgar Allan Poe: les Histoires Extraordinaires.
-Arthur Conan Doyle: les Aventures de Sherlock Holmes.
-Salinger: Nine Stories.

Et bien évidemment les Mauvaises Nouvelles, que je vous présente aujourd'hui!


Petite présentation du recueil:


Commençons par le titre: les Mauvaises Nouvelles est bien entendu un jeu de mots entre "nouvelles", le genre littéraire, et "nouvelles", les informations. Un titre accrocheur, qui correspond bien à l'ambiance générale du livre: une ambiance sombre, "mauvaise". Une impression qui se poursuit avec le nombre de nouvelles, 13 au total! Je ne suis pas experte en numérologie, mais le 13 a bien sûr une sale réputation, celle de porter malheur...

Pour finir, attardons nous quelques secondes sur la citation qui ouvre le recueil, une citation d'Emmanuel Berl: "Il fait beau, allons au cimetière!". Une citation qui peut sembler paradoxale, mais qui selon moi représente là aussi l'esprit des nouvelles de Nicola Sirkis. Tout n'est pas totalement joyeux, tout n'est pas totalement sombre. Un sentiment assez particulier qui se ressent à la lecture!


Quelques unes des 13 Nouvelles...





Il est très difficile pour moi de résumer les nouvelles: en effet, comme il s'agit d'histoires courtes, il faut arriver à ne pas tout raconter! Je m'excuse donc d'avance si les résumés ne sont pas très bien faits. Par ailleurs, pour ne pas avoir un article trop long, j'ai décidé de vous présenter que quelques nouvelles, histoires de ne pas tout vous dévoiler...

La Chambre 9:

Il s'agit de la première nouvelle du recueil, et je trouve qu'elle nous plonge tout de suite dans l'ambiance. On y suit le voyage de deux enfants qui partent de chez eux, prennent le train, et arrivent dans un hôtel où ils louent une chambre à la signification bien particulière, dans laquelle ils vont s'enfermer et faire de sortes de rituels assez poétiques et étranges. Personnellement, ce n'est pas la nouvelle que j'ai le plus aimé dans le recueil, mais je trouve qu'elle ouvre très bien le bal.


China Daily:





Cette nouvelle est l'une de mes préférées du recueil, tout simplement parce que tout y est absurde et génial en même temps. Nicola Sirkis y raconte l'arrivée à Pékin d'un couple d'amoureux, pour un voyage qui ne va pas être de tout repos: Juliette est en panique, ses règles arrivent alors qu'elle ne les attendait pas! Son amoureux se lance alors dans les rues de Pékin avec un objectif: trouver des serviettes hygiéniques. L'histoire est vraiment très drôle, et j'ai vraiment beaucoup rigolé en la lisant.



Justine (à l'heure dite):

Voici la nouvelle la plus triste du recueil (à mon avis, bien sûr). On y découvre les conversations téléphoniques d'un homme et d'une petite fille, Justine, qui y raconte ses déboires: sa mère qui couche avec plein d'hommes, ses frères méchants, et son père, parti parce qu'il prenait de la drogue. Une histoire très émouvante, qui prend les tripes. Je l'aime vraiment beaucoup, et je pense que sa force réside dans le personnage de Justine, une très jeune fille.


L'ascenseur sans retour:



M.Kiss arrive en Belgique, où il vient signer un contrat pour y faire publier ses livres. Mais tout commence mal: alors qu'il a le vertige, il se voit obliger de prendre l'ascenseur pour accéder à sa chambre, au 33ème étage... Sans savoir que ce voyage en ascenseur ne lui épargnera rien! Ayant peur en ascenseur, je me suis bien retrouvée dans cette histoire, qui joue sur la claustrophobie, la peur en altitude...

Chet Baker:



Un récit en forme d'hommage? Peut-être bien. En tous cas, Nicola Sirkis nous emmène ici dans une soirée qui tourne en suicide collectif. La question: que s'est-il passé? Je vous conseille de vous renseigner sur Chet Baker au préalable si vous ne le connaissez pas, histoire d'apprécier au maximum cette nouvelle originale et bien sympathique.

Suicidal Tendencies:

Voilà MA nouvelle préférée du recueil. Vraiment fantastique, on y découvre les derniers mots (ou presque) d'un adolescent de 17 ans, bien décidé à en finir avec la vie, de la façon la plus violente possible! Ses raisons: de toutes façons, nous allons mourir, et la vie d'aujourd'hui est sans espoir. J'adore vraiment cette nouvelle que je lis fréquemment, et que je vous conseille vivement.


Et voilà, j'espère vous avoir donné envie de découvrir ce recueil, ou de vous replonger dedans si vous l'avez déjà lu. N'hésitez pas à me laisser en commentaire votre avis, ou vos suggestions pour d'autres lectures de nouvelles! On se retrouve très vite pour de nouveaux articles!

AnGee Ersatz*

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mercredi 9 janvier 2013

Challenge Destins de Femmes #9: Ni d'Eve, Ni d'Adam, d'Amélie Nothomb.




Bonjour les Livroscopiens!


Je vous retrouve aujourd'hui pour le dernier article "Challenge" du mois, avec un Challenge que vous commencez à bien connaître sur le blog: Destins de Femmes. Il s'agit de ma 9ème lecture pour ce Challenge, j'ai donc dépassé la moitié du nombre fixé, à savoir 16 livres, et j'ai décidé de vous présenter un roman d'une dame que j'admire et que je suis depuis plusieurs années: Amélie Nothomb. C'est un peu étonnée que je me suis aperçue que je n'avais pas encore présenté ne serait-ce qu'un seul de ses romans, alors qu'Amélie Nothomb est l'un de mes auteurs préférés. Il est temps de réparer cette erreur, grâce au Challenge: c'est le roman Ni d'Eve ni d'Adam que je vous propose de découvrir.

Je profite aussi de cet article pour vous remercier de votre fidélité, depuis le début du mois le blog connaît une fréquentation record, et j'en suis très touchée! Sachez que vous pouvez aussi nous rejoindre sur Facebook, c'est gratuit, et c'est sympa:

Facebook, le Livroscope.


Mais qui est Amélie Nothomb?




Vous connaissez très certainement ce visage assez particulier, qui reste dans les mémoires. Depuis son premier roman en 1992, Amélie Nothomb a publié chaque année sans faute un nouveau livre, un livre attendu par des fans toujours plus nombreux.


Son parcours est un peu particulier: belge d'origine, elle a vécu plusieurs années au Japon, un pays qui la fascine et qu'elle aime, où elle retournera pour ses études plus tard, puis pour la publication de ses romans. Souvent, Amélie Nothomb explique, dans des interviews ou ses romans, son sentiment d'être Japonaise, son amour pour ce pays, sa culture et sa langue.



Amélie a commencé assez jeune à écrire, avec un rituel bien à elle: elle se lève chaque matin à 4h pour écrire, car c'est l'heure où elle est le plus inspirée. Elle se force à écrire chaque jour, pour entretenir sa plume, ou plutôt au stylo bic, son stylo attitré. Un stylo qu'elle utilise aussi pour répondre au courrier de ses fans; une légende racontait qu'Amélie Nothomb répondait aux nombreuses lettres de ses lecteurs: je suis ravie de vous dire que ce n'est pas qu'une légende, mais bien une réalité!

France 5 proposait il y a quelques mois dans le magazine Empreintes une émission dédiée à Amélie Nothomb! Une belle émission qui revenait sur son parcours...


Ni d'Eve ni d'Adam:




Une expérience japonaise:


Comme je l'ai expliqué plus haut, Amélie Nothomb a une relation particulière avec le Japon: petite, elle y a vécu ses premières années, parlant exclusivement japonais. En quittant le Japon, elle a eu le sentiment d'un vrai déchirement, et elle reviendra donc plus tard dans ce pays pour ses études et pour travailler. Elle raconte ses différentes expériences japonaises dans certains de ces romans:


(le Mont Fuji, véritable symbole national)


-Stupeur et Tremblements: dans ce roman de 1999, Amélie narre l'expérience traumatisante de son année dans une compagnie japonaise, où elle va découvrir le monde du travail de façon très abrupte...


-Métaphysique des Tubes: ce roman, publié en 2000, raconte les premières années de sa vie, vécues au Japon.


Ni d'Eve ni d'Adam est lui aussi un roman qui permet à l'auteure de nous faire découvrir le Japon, non pas à travers l'enfance ou le travail, mais via une histoire d'amour, son histoire avec Rinri, un jeune japonais.


Petit résumé du roman:





Après plusieurs années passées loin de ce pays qu'elle aime tant, Amélie est de retour au Japon pour ses études. Pour retrouver sa maîtrise de la langue, elle a l'idée un peu originale de donner des cours de français. C'est ainsi qu'elle rencontre Rinri, étudiant en français: si les débuts sont laborieux ("oeuf" devient "orrrrrh"), les deux jeunes gens s'entendent bien, et finissent par entretenir une relation amicale, puis amoureuse. Au-delà de cette histoire, nous découvrons le Japon, les coutumes, la nourriture (il y a plusieurs scènes à ce sujet dans le roman, ça donne faim!), et aussi des lieux magnifiques, comme le Mont Fuji. Cependant, si Amélie apprécie beaucoup Rinri (comme elle le dit dans le roman, elle "l'aime bien"), lui est vraiment amoureux d'elle, et la demande alors en mariage...



Un Japon superbe et ambigu:


(la nourriture a une place particulière dans l'histoire)


Ce roman d'Amélie Nothomb nous permet une nouvelle fois de découvrir le Japon à travers ses yeux. Et ce qui est intéressant, c'est que même si elle aime vraiment ce pays et le fait savoir, le Japon reste aussi assez ambigu dans certains de ces aspects: dans le roman, par exemple, elle est complètement effrayée par les grands-parents de Rinri, des Japonais typiques. Elle s'enflamme pour le Mont Fuji, mais plus tard, dans un autre passage, alors qu'elle entreprend une randonnée dans une autre montagne, les impressions s'inversent totalement: l'idyllique devient alors l'enfer. J'ai vraiment apprécié sa façon de présenter le Japon, une façon personnelle et basée sur ses sentiments.



L'auteure, héroïne du roman:


Il est arrivé plusieurs fois à Amélie Nothomb de se mettre en scène dans ses romans, comme Stupeur et Tremblements, ou Métaphysique des Tubes. C'est encore le cas dans ce roman: je n'avais encore pas traité des romans autobiographiques, et je suis donc contente de pouvoir le faire avec ce livre.


(même sur ses couvertures, Amélie se prête au jeu...)


L'héroïne est clairement ici Amélie dans sa jeunesse. Elle parle à la première personne, mais nous ne pouvons pas non plus certifier à 100% que tout ce qui est raconté s'est réellement passé. Cependant, j'ai vraiment aimé suivre cette héroïne, passionnante, car elle nous livre ses impressions, sa vision des choses. Elle n'est pas parfaite, et je pense que ceux qui s'attendent à une vraie belle histoire d'amour risquent d'être déçus.

Je me suis assez identifiée au personnage, qui a à peu près mon âge, et j'ai beaucoup aimé cette sensation! De plus, on sent que l'auteure a un certain regard sur elle-même, sur la personne qu'elle était plus jeune, mais aussi sur son oeuvre. Il est très rare que je relève des citations dans des romans, mais pour une fois, j'ai décidé d'en choisir une:


"Il n'est pas banal que j'écrive une histoire où personne n'a envie de massacrer personne."


Mon avis:

Pour moi, il s'agit d'un bon roman. Je pense qu'il plaira à celles et ceux qui ont aimé ses autres romans "autobiographiques", mais qu'il déstabilisera ceux qui préfèrent ses autres ouvrages. J'ai beaucoup aimé le lire, j'ai suivi l'histoire du début à la fin, fascinée par la description des paysages, de la nourriture... Bref, une bonne lecture pour moi!



Et voilà, il s'agit de la dernière lecture Challenge pour le mois de Janvier. On se retrouve le mois prochain pour les numéros suivants, et dans peu de temps sur le blog pour d'autres articles!


AnGee Ersatz*