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jeudi 24 janvier 2013

Les Rougon-Macquart #8: Une Page d'Amour.




Bonjour à tous et à toutes!

Je suis ravie de vous retrouver pour un tout nouvel article. Aujourd'hui, nous repartons pour l'univers d'Emile Zola, que nous avions quitté le mois dernier. Après l'histoire on ne peut plus tragique de Gervaise, dans le désormais classique Assommoir, je vous propose de découvrir une nouvelle histoire, celle d'Une Page d'Amour, un roman un peu moins connu, mais tout aussi passionnant! Il s'agit du huitième tome de la saga, nous nous rapprochons petit à petit de la moitié! J'espère vous donner envie de découvrir ce roman, qui est vraiment passionnant.

Pour vous aider...
Cette fois encore, pas d'arbre généalogique pour le roman, car on ne retrouve qu'un membre de la famille, à savoir Hélène, fille d'Ursule Macquart et du Chapelier Mouret. Vous ne risquez donc pas d'être perdu dans les relations parfois compliquées de la famille!


Une Page d'Amour, résumé de l'histoire.






Toute l'histoire est centrée sur Hélène, une jeune veuve vivant à Paris, qui élève seule sa petite fille, Jeanne. Celle-ci a une santé fragile, et une nuit, elle fait une crise qui force Hélène à demander l'aide du docteur Deberle, son voisin. Cet événement marque le début d'une amitié entre Hélène et Mme Deberle, la femme du docteur, mais aussi d'une passion pour le docteur, à laquelle Hélène finira par succomber... Mais cet amour ne sera pas sans conséquence: Jeanne, sa fille, est d'une jalousie maladive, et est prête à recourir aux moyens les plus extrêmes pour punir sa mère...



Une histoire de passions.


Pour moi, le thème majeur d'Une Page d'Amour, c'est tout simplement la passion, et ce à plusieurs niveaux.


(Femme avec le parasol et l'enfant, de Renoir)


Tout d'abord, on a la relation assez particulière entre Hélène et sa fille. Dès le début de l'histoire, on comprend qu'Hélène ne vit que pour sa fille: lorsque celle-ci est malade, elle se montre très paniquée, au point d'oublier les convenances et de se jeter à corps perdu dans la rue pour chercher un médecin. Ses relations sociales, même si elles s'étoffent à travers le roman, se centrent sur sa fille. Jeanne, elle, est aussi passionnée par sa mère: enfant unique, elle est habituée à recevoir tout l'amour de sa mère, au point de devenir terriblement jalouse, une jalousie qu'elle manifeste par des crises de colère parfois spectaculaires! Il y a une vraie relation assez forte, et proche de l'étouffement, entre les deux personnages.

Ensuite, la relation entre le docteur Henri Deberle et Hélène est bien entendue centrale dans le roman. J'ai beaucoup aimé la façon dont cette passion naît et meurt, car tout son déroulement tourne autour de Jeanne, qui est un personnage vraiment important dans l'histoire. Henri et Hélène se ressemblent beaucoup, et les autres personnages le remarqueront aussi à plusieurs reprises. Ce qui est intéressant, c'est que l'on suit à chaque étape le développement de leur histoire d'amour. Et c'est cette montée progressive qui fait la force de l'intrigue.

Zola emploie aussi souvent le mot "passion", pour parler de Mme Deberle. Décrite comme femme qui aime recevoir, il lui associe le terme "passion" d'une façon très différente que pour les autres: si Hélène n'a qu'une passion, de longue durée, pour son voisin ou pour sa fille, Mme Deberle cumule dans son cas plein de passions, qui sont "temporaires", et un peu futiles.

On ne peut pas passer à côté de la passion religieuse, qu'on retrouve dans un passage marquant de l'histoire. Hélène, désireuse d'éviter Mme Deberle et son mari, se réfugie de plus en plus à l'église. On pense alors à une conversion, mais elle finit par abandonner la religion. Elle cherchait en quelque sorte à remplacer une passion par une autre...

Quelques parallèles avec l'Assommoir:


A la lecture de ce roman, je n'ai pas pu m'empêcher de faire des parallèles avec l'histoire de Gervaise, qui précédait ce tome. En effet, on retrouve de nombreux points communs, et il s'agit sûrement d'une volonté de Zola.



-Les héroines: première chose à noter, c'est que les deux héroïnes se ressemblent. Il s'agit de deux femmes, plutôt jeunes, toutes les deux mères, qui se retrouvent dans une situation assez délicate: Gervaise est abandonnée par Lantier, tandis qu'Hélène est veuve. Elles doivent donc élever seules leurs enfants, sans pouvoir compter sur l'appui de leur famille.


Elles connaissent aussi l'amour, chacune à leur façon: une passion fulgurante pour Hélène, une relation complexe pour Gervaise. Cependant, l'amour est la cause de leur chute, en s'attaquant à ce qu'elles ont de plus précieux.

-Les petites filles: dans les deux romans, on retrouve des personnages de petite fille. Dans l'Assommoir, Nana, dans Une Page d'Amour, Jeanne. Si elles sont assez différentes l'une de l'autre (Nana est une mauvaise graine, alors que Jeanne est assez bien élevée), elles se ressemblent dans leur force de caractère.

-L'amoureux transi: là aussi, il y a un élément commun. Dans les deux romans, on a l'image d'un amoureux transi qui attend patiemment que sa belle se tourne vers lui: le gentil Goujet aime Gervaise, Rambaud attend avec calme Hélène. Le sort de ses deux amoureux est très différent...

(La Parisienne, de Renoir)


-Un cadre: on sait que Zola aime parler de Paris dans ses romans, et la capitale sert souvent de cadre. Ici, Paris est présente dans les deux livres. On la voit du côté "ouvrier", basse population dans l'Assommoir, et d'une façon plus spectaculaire dans Une Page d'Amour, où les descriptions de la ville, vue par la fenêtre de l'héroïne, sont vraiment magnifiques!

Mais il y a aussi des différences, comme vous pourrez le constater. Je n'en dis pas plus, histoire de vous laisser découvrir l'histoire par vous-même!

Mon avis:
Une très belle découverte avec ce roman! Je ne le connaissais pas, et du coup j'ai été ravie de pouvoir le lire. C'est pour ça que je suis contente de lire cette saga, car je pense que je n'aurais certainement pas lu ce roman autrement. J'ai beaucoup aimé le "calme" qu'on y trouve en comparaison à l'ambiance assez angoissante même violente de certains autres romans. C'est le roman que j'ai préféré dans ceux que je ne connaissais pas, pour l'instant, donc j'en conseille la lecture à tous!

Merci de votre passage, n'hésitez pas à laisser votre avis sur le livre! Je vous retrouve bientôt, avec un petit article cinéma, car je vais voir Renoir ce week-end! Portez-vous bien en attendant.

AnGee Ersatz*

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8 commentaires:

  1. Je découvre ton blog et je dois dire que c'est une vraie bonne surprise ! Un super article, réfléchi et étayé, ça fait plaisir. Pour moi qui souhaite me remettre aux classiques et élargie ma culture, c'est une mine d'or.

    PS : j'ai trouvé le film sur Renoir un brin trop contemplatif pour ma part mais j'espère qu'il te plaira ;).

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    1. Wow, mille mercis :) ça fait très plaisir, je suis contente si ça te plaît!

      Merci pour ton avis sur Renoir, j'ai hâte de le voir!

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  2. Une chronique très sympa...en plus, les tableaux sont magnifiques, j'adore. ^^

    J'ai lu ce roman il y'a un petit moment maintenant mais je m'en souviens encore très bien et j'en garde un très bon souvenir. Ce n'est pas mon préféré de la saga mais j'ai trouvé l'histoire très belle, quoique tragique par instant : la relation entre Hélène et sa fille Jeanne est particulièrement, tendue et tendre en même temps...et puis son dénouement est vraiment terrible.

    En ce qui concerne le style, il est inimitable, comme d'habitude ! ^^

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    1. Merci beaucoup!

      Comme toi j'ai vraiment été intéressée par la relation entre Hélène et sa fille, qui est très intense!

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  3. J'adore ce livre, je suis contente qu'il t'ait plu. :) Je trouve l'histoire très tendre avec des sentiments vrais et sincères. Par ailleurs je trouve intéressant que Zola quitte le temps d'un livre la satire politique et sociale.

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    1. J'ai la même impression que toi, ça fait du bien d'avoir quelque chose de plus léger!!!

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  4. Je n'ai pas lu Une Page d'amour, mais lorsque j'ai lu Le Rêve (qui est dans la même série), j'ai pu parcourir plusieurs articles qui comparaient les deux romans. Alors, si tu as aimé celui-ci, je pense que le Rêve te plaira, même s'il me semble encore plus léger que celui-ci! C'est du Zola comme on ne nous en présente pas assez, je trouve, et c'est bien dommage!

    En tout cas, je pense me remettre aux Rougon-Macquart quand j'aurai plus de temps; revoir un de tes articles sur ces livres m'a redonné envie de m'y mettre! c:

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    1. Oh, et bien j'y penserai en le lisant (même si ce n'est pas tout de suite tout de suite!). C'est vraiment une saga que j'aime bien, surtout parce que je ne les connaissais pas tous :)

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