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lundi 27 août 2012

Les Rougon-Macquart #2: La Curée.



Bonjour à tous et à toutes! Aujourd'hui, retour à notre parcours littéraire sur l'immense saga d'Emile Zola, les Rougon-Macquart. Après l'article sur le premier tome, la Fortune des Rougon, je vous propose de découvrir la suite, baptisée la Curée. Ce roman, tout comme son prédécesseur, ne fait pas partie des romans les plus connus de cette saga de nos jours, alors que son rôle est assez important: en effet, il doit servir à consolider les bases posées dans le premier volume, et à prolonger le travail de Zola. En plus d'un résumé de l'histoire, je vous propose donc de découvrir en quoi ce roman est une suite du premier, mais aussi en quoi il est différent (nous montrant ainsi déjà l'étendue du travail de l'auteur sur sa saga).

Pour vous aider...
Comme pour le précédent article, voici un petit arbre généalogique pour vous aider à vous y retrouver dans les personnages. Cependant, vous ne trouverez ici que l'arbre des Rougon, les Macquart ne faisant pas partie de l'histoire... En rouge, les personnages les plus importants, en vert, les personnages secondaires.

(n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour la voir en plus grand!)



Résumé de l'histoire:
Après avoir retourné maintes fois sa veste lors du coup d'état (cf la Fortune des Rougon), Aristide Rougon monte à Paris, avec sa femme, dans l'espoir de faire fortune et de connaître le même succès que son frère Eugène. Cependant, il déchante très vite: son frère ne lui trouve qu'un emploi mineur qui ne lui permet que de subsister difficilement, sa soeur Sidonie semble trainer dans des histoires un peu louches, et sa femme tombe gravement malade. Sur son lit de mort, Sidonie propose à son frère une solution: épouser une jeune fille de bonne famille, enceinte, et dont le père, assez riche, refuse de voir tant qu'elle n'aura pas épouser le "coupable". L'alliance (basée sur des mensonges) est conclue: Aristide épouse la jeune Renée en seconde noce.

(reconstitution d'un mariage au 19ème)

Ce mariage est un succès: le couple, sans s'aimer, s'entend merveilleusement bien, Aristide connaît enfin la fortune qu'il attendait tant (grâce à la gestion de biens immobiliers, et de petites magouilles avec l'argent de sa femme), et le fils d'Aristide, Maxime, rejoint la maison pour le plus grand bonheur de tous. En effet, Maxime devient très rapidement le meilleur ami et le confident de Renée, sa belle-mère guère plus âgée que lui.
Le "trio" devient un élément phare de la société parisienne, courant les soirées et les relations adultères plutôt débauchées. Tout le monde semble trouver son compte dans cette vie, jusqu'à ce que Renée et Maxime commettent l'inévitable et l'impardonnable, une relation "incestueuse". Avec cette relation passionnée et cachée, tout semble lentement se détériorer autour d'eux: Aristide a du mal avec l'argent, et n'hésite plus à franchement utiliser et dépouiller sa femme sans qu'elle ne s'en rende compte; Maxime, qui doit se marier avec la jeune Louise, est dans l'impasse, et Renée vit cet amour dans un mélange de plaisir et de culpabilité... C'est cette dernière qui va finalement souffrir le plus: trahie, elle perd son argent et son amour, et se retrouve seule, abandonnant la vie parisienne dans une lourde dépression.

(Friedrich- Renée tombe dans une profonde mélancolie...)



La Curée: une suite logique...

Publié dans la foulée de la Fortune des Rougon, la Curée s'impose comme une suite évidente dans l'oeuvre de Zola (ce qui ne sera pas toujours le cas pour les autres livres), et ce pour plusieurs raisons:

-Zola n'a pas "cassé" sa pensée, puisque la rédaction du roman suit celle de son prédécesseur!

-l'histoire commence juste à la fin du coup d'état, lorsque les Rougon se sont imposés sur la ville de Plassans. Ce coup d'état est d'ailleurs évoqué à plusieurs reprises dans le roman.

-les personnages sont les mêmes: on retrouve en effet Aristide, Sidonie et Eugène, les enfants de l'un des plus importants protagonistes de la Fortune des Rougon, Pierre Rougon.

L'impression donnée en lisant la Curée est que Zola a voulu traiter de la destinée de l'un des fils de Pierre Rougon, celui qui a le plus retourné sa veste lors du coup d'Etat, s'opposant souvent à ses parents. On retrouve dans les deux romans des thèmes semblables: la volonté de s'élever dans la société, qu'Aristide partage avec son père, notamment par le mariage, la politique, incarnée dans ce second tome par son frère Eugène, et l'entourage par la bonne société...


Mais une suite différente.

Cependant, la Curée est un roman très différent de son prédécesseur: Zola a voulu montrer qu'il n'allait pas écrire vingt fois la Fortune des Rougon...

Tout d'abord, nous quittons la petite ville de Plassans pour la grande capitale, Paris, une ville où les chances de s'élever sont bien plus importantes et plus intéressantes. Aristide est d'ailleurs attiré là-bas par la propre réussite de son frère.
Dans cette ville, nous ne suivrons pas le destin croisé de plusieurs membres de la famille: Zola centre toute son attention sur le personnage d'Aristide, déjà croisé dans la Fortune des Rougon. Certes, nous retrouvons Eugène et Sidonie, mais ces personnages sont vraiment au second plan dans l'intrigue, n'y intervenant au final que peu. Aristide et son fils Maxime intéressent Zola, mais j'ai eu le sentiment que le personnage principal était surtout la jeune et belle Renée, la seconde épouse d'Aristide, surtout à la fin du roman. Cependant, je vous laisse le lire, pour me donner votre propre impression!

L'hérédité est toujours présente dans le roman, mais de façon plus subtile, à deux niveaux. Un premier niveau entre Aristide et sa génération, avec Eugène et Sidonie: les trois cherchent à s'élever, comme leur père avant eux, à leur façon. Politiquement pour Eugène, par de la petite magouille pour Sidonie et par le mariage pour Aristide. Le second niveau se joue entre Aristide et son fils Maxime: ils mènent la même vie, et il est mentionné plusieurs fois dans le roman que les deux hommes fréquentent également les mêmes femmes (en dehors de Renée). Les comportements semblent se reproduire d'une génération à l'autre, mais de façons différentes par rapport à la Fortune des Rougon.

Enfin, la fin du roman ne se termine pas sur un épisode glorieux comme dans la Fortune des Rougon, dans lequel, je vous le rappelle, les Rougon prenaient le contrôle de la ville de Plassans. Ici, le livre se clôt sur la dépression et la tristesse de Renée, dans une description que je trouve particulièrement marquante.

Conseil de lecture...
Pour terminer cet article, je vous conseille la lecture de Chéri, de Colette, qui est un peu dans le même style: on y suit une histoire d'amour entre un jeune homme et une femme plus âgée. Si vous avez déjà lu Chéri, je pense que vous pouvez vous orienter sur la Curée, qui pourra vous plaire aussi!


(l'adaptation ciné de Chéri, par Stephen Frears!)


En bref, un petit article pour vous présenter ce second tome des Rougon-Macquart. Personnellement, je l'ai préféré à la Fortune des Rougon, même si j'ai trouvé la seconde partie un peu longuette. Je vous donne rendez-vous prochainement pour le troisième épisode de notre parcours, le Ventre de Paris!


AnGee Ersatz*







6 commentaires:

  1. Bonjour,

    Je me suis également lancée dans la lecture de la série des Rougon-Macquart (débutée l'été dernier). La curée est le prochain sur ma liste.... Ta chronique me donne envie de me lancer dans sa lecture plus rapidement que ce que je ne m'étais prévue (genre cet hiver).
    Merci !!!

    Bonne soirée,

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  2. Je suis contente si j'ai pu te donner envie de le lire en avance ^^ n'hésite pas à me donner ton avis lorsque tu l'auras lu!!

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  3. Moi aussi j'ai préféré La curée à La Fortune des Rougon ! :)
    En tout cas, bravo pour ta chronique très complète et très détaillée ! C'était passionnant de découvrir ton avis ! :)

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  4. Je viens de le finir, j'ai aimé les 3 premiers chapitres qui reprenaient et développaient les personnages principaux, j'ai moins aimé le reste...
    Du beau boulot, AnGee :)

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    1. Ah ben ça, sur 20 tomes, certains risquent de te déplaire!
      Merci beaucoup!

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