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samedi 31 mai 2014

Littérature Victorienne #6: A Study In Scarlet d'Arthur Conan Doyle.



Bonjour à tous et à toutes !

Et bien nous y voilà, le dernier article de Mai ! Un mois plutôt chargé en ce qui concerne mon activité sur la blogosphère, entre les articles et le lancement de ma chaîne Youtube, mais comme toujours j’ai pu compter sur votre soutien, ce qui me fait énormément plaisir ! Pour conclure le mois en beauté, je vous propose de continuer un Challenge que j’aime énormément, à savoir le Challenge Littérature Victorienne de chasse-mouche auquel je me suis inscrite via Livraddict. Nous arrivons aujourd’hui à la moitié de mon objectif de douze lectures, et pour fêter ça nous allons nous attaquer à du lourd : Arthur Conan Doyle, avec la première aventure de Sherlock Holmes, j’ai nommé A Study In Scarlet ! Bonne lecture à tous !

Cette lecture, effectuée en VO, compte également pour le Challenge Read In English d’Avalon !



Le Challenge Littérature Victorienne sur le blog:
Dans la vie, j’ai plein de passions : Jared Padalecki, le cinéma, le ronron (monsieur Thé, si vous passez ici), mais aussi et surtout la littérature victorienne, qui occupe autant mes études que mon temps libre. J’ai donc consacré plusieurs articles à des titres tirés de cette période, que vous pouvez retrouver en suivant le lien ci dessous !


Arthur Conan Doyle, c'est qui?
Commençons par le commencement, avec quelques mots sur notre auteur du jour, j’ai nommé Sir Arthur Conan Doyle ! De son nom complet Arthur Ignatius Conan Doyle, cet élégant monsieur moustachu est né en 1859 à Edimbourg, en Ecosse. Il bénéficie d’une bonne éducation et se passionne pour l’Histoire et pour la médecine, qu’il décide d’étudier à l’université. Dans le même temps, il commence à écrire, partageant son temps entre la pratique médicale et la rédaction de nouvelles. Il commence à se faire connaître à la fin des années 1880 avec la publication de A Study In Scarlet en 1887, rencontrant le succès avec les aventures de Sherlock Holmes qui renouvellent le genre policier.
Niveau vie privée, il se maria deux fois, et eut cinq enfants. C’était également un grand amateur de sports, puisqu’il pratiquait le foot et le cricket. Il mourut en 1930 d’une crise cardiaque, à l’âge de 71 ans.
Aujourd’hui, il est l’un des auteurs britanniques les plus connus et reconnus, grâce à son héros Sherlock Holmes qui séduit toujours le public.


A Study In Scarlet:
Résumé:



James Watson, médecin de guerre, arrive à Londres où il espère se remettre de ses blessures de guerre. Alors qu’il cherche un appartement, il rencontre Sherlock Holmes, un personnage assez mystérieux avec lequel il emménage au 221B Baker Street. La collocation fonctionne plutôt bien, et Watson apprend à connaître son nouveau camarade, qui s’avère être le seul et unique « consulting detective » du monde. Sherlock va lui montrer quelques uns de ses talents en venant en aide à Lestrade et Gregson, inspecteurs de Scotland Yard, pour résoudre une étrange affaire : un homme retrouvé mort, sans blessures visibles, dans d’étranges circonstances…


Peter Cushing et Nigel Stock.
Les origines de la Bromance la plus célèbre du monde!
Avec A Study In Scarlet, Conan Doyle nous introduit son héros le plus connu, Sherlock Holmes, mais il pose aussi les bases de ce que je considère comme étant la Bromance la plus ancienne et la plus connue de l’univers littéraire, à savoir la relation John-Sherlock (ou Johnlock pour les connaisseurs). Car avant Sam et Dean, avant Esposito et Ryan, avant Ron et Harry, il y avait Watson et Holmes.

John Watson, le narrateur, est un médecin de guerre qui revient de convalescence. Il n'est pas très fortuné et cherche à s'installer à Londres. Il nous raconte ici sa rencontre avec Sherlock Holmes, rencontre qui se fait grâce à un ami commun. On prévient John : Sherlock, il est assez spécial. Et en effet, c’est le cas : John nous décrit sa grande intelligence et sa capacité à emmagasiner les connaissances les plus diverses tout en ayant cependant de grosses lacunes dans les sphères générales qui ne l’intéressent pas. Il se livre à des expériences étranges, et ses méthodes suscitent autant le scepticisme que la surprise. Il se montre aussi hautain, doutant des capacités des membres de Scotland Yard à résoudre un meurtre.


Et pourtant, John et Sherlock semblent presque immédiatement s’entendre à la perfection. Ils s'accommodent chacun des manières de l'autre, et déjà une relation intéressante se profile à l'horizon.
Les adaptations de Sherlock Holmes, et notamment les plus récentes, renforcent les différences entre les personnages, que ce soit physiques (Sherlock est grand, élancé et maigrichon, tandis que Watson est souvent plus petit, et un peu plus replet) ou de caractère, mais conservent cette alchimie si particulière qui est la leur. A voir comment elle sera développée dans les aventures suivantes! 


The Science of Deduction:
Autre élément important des histoires de Sherlock Holmes: le côté policier! Car oui, avant tout, Sherlock Holmes, c'est un détective, un fin limier, qui traque les indices les plus minuscules pour résoudre les affaires les plus alambiquées. Et dès cette première aventure, Conan Doyle insiste sur cet aspect, avec ce qu'il appelle "the Science of Deduction". The Science of Deduction correspond aux méthodes employées par notre héros pour résoudre les mystères auxquels il se confronte. On insiste sur le côté précis de la démarche: il faut fouiller la scène de crime avec minutie, précaution, et surtout il faut être très très observateur! En cela, il se distingue des inspecteurs de Scotland Yard, qui dans l'intrigue tirent des conclusions très hâtives après seulement quelques minutes passées sur place. 
En ce qui concerne le côté scientifique, on sait que Sherlock se passionne pour la science: Watson est même au départ persuadé qu'il est étudiant ou qu'il exerce une profession scientifique, avant de comprendre que les heures que passent son camarade dans les laboratoires sont en fait destinées à lui apporter des connaissances supplémentaires pour être encore plus efficace en matière de crime. Il tient des registres, des listes, bref, c'est un esprit très organisé!

Ce qui est intéressant, c'est que même dans les histoires elles-mêmes, Sherlock est parfois comparé à un autre célèbre détective de fiction, à savoir Auguste Dupin. Ce personnage a été crée par l'auteur américain Edgar Allan Poe, et que l'on retrouve par exemple dans l'une des histoires les plus connues de ce dernier, à savoir Double Meurtre dans la Rue Morgue. Dupin est, tout comme Sherlock, un détective amateur, passionné, et extrêmement intelligent, capable de trouver la solution aux problèmes les plus insolubles. Néanmoins, lorsqu'on fait remarquer cette ressemblance à Sherlock lui-même dans l'histoire, il se montre une nouvelle fois plutôt dédaigneux. A voir comment sa science est développée dans la suite!

Les moustachus aiment décidément inventer des histoires de détective!


 Petit parallèle avec A Study In Pink:
Dernier point sur lequel je voulais me pencher aujourd'hui: le parallèle entre cette première histoire de Sherlock et le premier épisode de Sherlock, la série made in BBC qui est un véritable carton absolu. 

Sorti en 2010, cet épisode porte le nom de "A Study In Pink". Le parallèle avec A Study In Scarlet est donc visible, mais ne s'arrête pas au titre: si on se retrouve évidemment avec une intrigue modernisée et transformée, on peut noter quand même pas mal de points communs. Tout d'abord, cet épisode marque la rencontre entre Sherlock (Benedict Cumberbatch) et John (Martin Freeman), l'emménagement à Baker Street, et la découverte des talents fous de Holmes. On y retrouve déjà le caractère à part de Sherlock, qui se montre dédaigneux envers les messieurs de Scotland Yard. 

En ce qui concerne le crime, le coeur de l'intrigue, là on sent que les scénaristes se sont inspirés de A Study In Scarlet, puisqu'elle tourne autour d'un cadavre sans blessures apparentes. Le mot "Rache" est présent dans les deux versions, et il y a encore plein de petits détails, comme la bague. Mais attention: ce n'est cependant pas une adaptation fidèle à 100%, mais d'une modernisation du travail de Conan Doyle. 
Pour ceux qui n'ont pas encore vu la série, je vous laisse avec le trailer de l'épisode 1:



Mon avis sur ce livre:
Mai est terminé, et mes cours sont terminés. Néanmoins, je vais quand même avoir du travail (en dehors du job d'été), et pour cause: je me lance dans la préparation de mon mémoire de deuxième année, qui portera (en partie) sur Sherlock Holmes! Pour me motiver, j'ai décidé de relire l'intégrale de l'oeuvre de Conan Doyle, et de présenter au passage quelques titres sur le blog. Et quoi de mieux pour commencer que le commencement? D'autant plus que je n'avais pas relu A Study In Scarlet depuis plusieurs années et je n'en avais pas un souvenir très clair.

Bilan: j'ai vraiment passé un excellent moment de lecture avec cette aventure de Sherlock Holmes. Il y a beaucoup de points que j'aime, à commencer par l'intrigue en elle-même: Conan Doyle prend le temps de poser l'histoire et ses personnages, installant une aura de mystère autour de Sherlock qui se dissipe petit à petit. J'ai aimé découvrir la scène de crime, et les rebondissements multiples de l'histoire. Ce qui est intéressant, c'est que l'auteur choisit de nous mettre du côté de Watson, qui découvre en même temps que nous les méthodes de Holmes et la résolution du problème: ça renforce l'immersion dans l'histoire, un bon point! A savoir: une partie de l'intrigue s'avère être un flasback, et au début je n'ai pas trop compris le rapport avec le reste, mais au final tout se met en place de façon logique et cohérente. 

En ce qui concerne les personnages, là aussi, je n'ai rien de négatif à dire: je trouve qu'on s'attache très facilement à Watson, et qu'il est un bon narrateur. Je l'ai trouvé simple (dans le bon sens du terme), gentil et intéressant. Sherlock, quant à lui, est encore assez mystérieux, mais évidemment fascinant. Je n'ai évidemment pas le même avis qu'une personne le découvrant pour la première fois, ayant déjà lu les aventures de Sherlock et vu les adaptations! Je trouve aussi Lestrade et Gregson assez drôles, dans leur façon de se comporter avec le détective consultant, ça donne un petit côté humoristique à l'histoire qui n'est pas pour me déplaire.

En plus de ça, j'ai apprécié la façon d'écrire de l'auteur: c'est vraiment fluide, et honnêtement plutôt accessible en ce qui concerne la VO. Et le livre se lit rapidement, n'étant pas très long. L'idéal pour une petite pause entre deux gros volumes! Alors évidemment, comme c'était une relecture, mes impressions ne sont pas les mêmes que celles d'une personne découvrant A Study In Scarlet pour la première fois, mais je pense néanmoins que c'est LA meilleure façon de se mettre à Sherlock Holmes! Par contre, ce n'est pas mon aventure préférée de ce héros, même si je l'ai beaucoup aimée. Mais si vous vous demandez quelle est ma favorite, j'ai une bonne nouvelle pour vous: en effet, j'ai décidé de proposer pour le mois d'Août un mois spécial Sherlock Holmes, avec au menu lectures et adaptations... A suivre donc!

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que cet article vous a plu, n'hésitez pas à me le faire savoir en commentaire, je me fais un plaisir de vous répondre! On se retrouve d'ici quelques jours pour le premier article de Juin, qui portera sur un partenariat effectué avec Livraddict, et que j'ai hâte de vous présenter! En attendant, prenez soin de vous et lisez beaucoup :)

AnGee Ersatz*



jeudi 29 mai 2014

In Love With Shakespeare #2: Hamlet (+film de Kenneth Branagh).



Hello to you all, fellow readers!

J'espère que vous allez bien et que vous êtes prêts pour un nouvel article! Aujourd'hui, je suis de bonne humeur, parce qu'on va parler d'un sujet que j'adore: William Shakespeare! Il y a environ deux mois, j'ai décidé de me lancer dans la lourde tâche de (re)lire l'intégralité de ses pièces, et de les présenter sur le blog. Après Macbeth, j'ai choisi de me plonger dans une autre de mes oeuvres fétiches de l'auteur, que j'ai eu la chance d'étudier lorsque j'étais en licence, à savoir Hamlet. Il s'agit de l'une des pièces les plus connues de l'ami Willy, ne serait-ce que pour la célèbre tirade "To be or not to be". Enfilez vos plus beaux collants et chopez votre crâne préféré, et bonne lecture à tous ;)

Shakespeare sur le Livroscope:
Comme vous l'aurez compris, William Shakespeare est devenu un invité récurrent du Livroscope. C'est pourquoi j'ai crée un libellé à son nom, où vous retrouverez tous les articles le concernant! Vous pouvez déjà en découvrir quelques-uns en suivant le lien ci-dessous:


Hamlet:
Résumé:
Nous voilà au Danemark. Hamlet, jeune prince du Danemark, vient de perdre son père, mort dans d'étranges circonstances. Circonstances aggravées par le remariage rapide de sa mère, Gertrude, avec Claudius, frère du défunt roi devenu souverain du royaume, un acte qui parait suspect. Lorsque le fantôme de son père vient le voir pour lui avouer qu'il a été tué par Claudius et pour réclamer vengeance, Hamlet perd tous ses moyens et se laisse sombrer peu à peu dans la folie, entraînant avec lui ceux qui l'entourent... Pourra t'il venger son père? Jusqu'où s'étendront les conséquences de son état mental?  Qu'adviendra t'il du Danemark?

Something is rotten in the state of Denmark:
Shakespeare, il sait tout faire: comédie, poésie, mais aussi et surtout tragédie. Comme nous l'avions vu avec Macbeth, il est capable de nous entraîner dans des univers très sombres où la vertu humaine est mise à rude épreuve. Cette citation, qui est souvent traduite en français par "Il y a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark", résume bien l'ambiance générale de la pièce qui s'articule autour de trois éléments importants caractéristiques de la tragédie shakespearienne: le meurtre, le fantôme, et la folie. Penchons nous sur ces différents aspects.

Commençons par le commencement: les meurtres! Les tragédies shakespeariennes sont souvent jalonnées de morts atroces, qui s'avèrent quasiment toujours être des meurtres: c'était le cas dans Macbeth, c'est encore le cas dans Hamlet! La pièce commence d'ailleurs par la découverte d'un meurtre, celui du père de notre héros. C'est cette mort qui déclenche le reste de l'histoire et qui est la cause de tout ce qui s'ensuit. 

Hamlet, il a pas l'air trop d'accord, là.

Claudius a tué son frère pour deux motifs: tout d'abord, pour accéder au trône. Le pouvoir est un élément récurrent des tragédies de Shakespeare, que ce soit dans Richard III ou tout simplement dans Macbeth, où le héros assassine le roi pour prendre sa place. Claudius fait de même pour devenir souverain. La seconde raison se situe au niveau sentimental, puisque quelques semaines seulement après la mort du père, Claudius épouse la veuve, Gertrude, ce qui provoque la colère d'Hamlet, qui estime que la mémoire de son père n'a pas été respectée. Encore une fois, le sexe et les relations amoureuses occupent une place importante chez Shakespeare. Comme on peut le constater en lisant le livre, il n'y a pas qu'un seul meurtre dans cette histoire...

Autre ficelle narrative utilisée par Shakespeare, le fantôme! Shakespeare, pour renforcer le côté dramatique et surnaturelle de son histoire, fait intervenir le personnage paranormal par excellence, à savoir le fantôme! Là encore, c'est quelque chose que l'auteur n'hésite pas à employer, avec des sens différents cependant: nous avions mentionné la question de la culpabilité pour Macbeth, avec l'apparition de ses victimes. Mais ici, le fantôme du père d'Hamlet sert en fait à lancer l'histoire en révélant au grand jour les causes de sa mort. C'est un esprit vengeur qui réclame en son fils justice. 

La combinaison des deux éléments précédents conduit Hamlet sur le difficile chemin de la folie. Car Hamlet, c'est THE pièce de Shakespeare sur la folie. Hamlet devient fou, au potin de grandement inquiéter son enthousiasme, mais celle qui est le plus emblématique de la folie, c'est Ophelia. Cette jeune femme, belle, charmante, est amoureuse d'Hamlet, et elle se retrouve à être l'une des victimes collatérales de sa folie dévorante. Elle a été immortalisée par de nombreux artistes, notamment par John Everett Millais, dans ce superbe tableau:




L'adaptation par Kenneth Branagh:
Nombreuses sont les pièces de Shakespeare à avoir été adaptées que ce soit à la télévision ou au cinéma. En ce qui concerne Hamlet, il existe une multitude de versions, les premières remontant au début du 20ème siècle. Dans les premières adaptations, le rôle titre était d'ailleurs tenu par des femmes, dont la célèbre actrice Sarah Bernhardt. La version la plus connue (devenue culte) est celle réalisée par Laurence Olivier, dans laquelle il joue lui-même Hamlet: elle est sortie en 1948 et obtint de très nombreux prix, comme plusieurs Oscars (ceux du meilleur acteur et du meilleur film). On y retrouve des acteurs prestigieux, comme Peter Cushing ou Jean Simmons (dont nous avons parlé pour Spartacus il y a quelques semaines). Si je vous conseille fortement de regarder ce film, j'ai décidé de me focaliser aujourd'hui sur une adaptation plus récente, à savoir celle réalisée par Kenneth Branagh en 1996. A savoir qu'il existe également un film qui se concentre sur deux des personnages secondaires de la pièce, intitulé Rosencrantz and Guildenstern are dead, sorti en 1991, où l'on retrouve notamment Gary Oldman. 

Quelques informations:



Commençons par quelques informations sur le film. Sorti en 1996 (1997 en France), il a été réalisé par l'acteur et réalisateur Kenneth Branagh, qui avait déjà proposé quelques années plus tôt une adaptation de Much Ado About Nothing ainsi qu'une version de Henry V (et en 2006 il s'est occupé de l'adaptation de As You Like It: décidément, il aime Shakespeare!). Le casting est assez impressionnant: Kenneth Branagh joue lui-même le rôle-titre, Julie Christie (qui a notamment joué dans Neverland) interprète sa mère, Derek Jacobi (A King's Speech) joue Claudius. Ophelia, autre rôle important de la pièce, prend vie grâce à Kate Winslet, et l'acteur Timothy Spall, qui a récemment reçu le prix d'interprétation à Cannes pour le film sur William Turner, se retrouve dans la peau de Rosencrantz. 
La grande particularité de ce film (qui a au passage couté 18 millions de dollars), c'est sa durée: en effet, si vous décidez de vous lancer dans une séance Hamlet, vous êtes partis pour 4h! Alors oui, ça peut faire peur, mais c'est pour la bonne cause: car Kenneth Branagh a choisi de garder l'intégralité (et je dis bien l'intégralité) du texte, sans aucune coupure. Je peux vous le certifier, ayant regardé le film en lisant Hamlet en même temps (oui, je fais des trucs bizarres des fois). 
Suite à sa sortie, Hamlet a reçu plusieurs prix, récompensant notamment les performances de Kate Winslet et de Kenneth Branagh. Je vous laisse avec la bande-annonce ci-dessous!



Ce que j'ai pensé de la pièce et du film:
C'est à l'adolescence que j'ai découvert Shakespeare, et l'une des premières pièces que j'ai lues à l'époque (en VF: je ne maîtrisais pas encore très bien la lecture en anglais) fut Hamlet. Je l'ai depuis relue, en VO, et j'ai eu la chance de l'étudier également en cours. Je ne vais pas tourner autour du pot pendant mille ans: ce livre est l'un de mes incontournables absolus, un de mes livres fétiches dont je ne me séparerai jamais. 

Mon dieu que ce livre est puissant! Je ne sais pas comment le décrire autrement: dès les premières pages, nous sommes entraînés dans un monde sombre, où la mort côtoie la folie, où le destin semble inévitable. L'intrigue est, comme toujours chez Willy chéri, pleine de rebondissements, de retournements de situation, menant vers une fin que j'aime particulièrement par son côté shakespearien. C'est vraiment une pièce avec laquelle je ne m'ennuie pas, et que je peux relire des centaines de fois sans problème, sans m'en lasser. 

Je pense que cette pièce me plait aussi en raison des personnages, que je trouve géniaux. Hamlet est un héros très, très particulier, à la fois attachant et terrifiant. Son parcours me fascine, et il se montre assez imprévisible. Si je devais faire un top 5 de mes personnages préférés de tous les Shakespeare, il serait probablement dedans, sans trop d'hésitations! J'ai également beaucoup de tendresse pour Ophelia, que je trouve incroyablement émouvante, secouante, et dont le destin tragique a été un de mes premiers traumatismes littéraires: je me rappelle avoir beaucoup pleuré au cours de ma première lecture, et depuis, par réflexe, je sens toujours mon coeur se serrer. C'est un couple très particulier, mais mémorable!

Enfin, si j'aime autant Hamlet, c'est aussi parce que William Shakespeare nous propose ici un chef d'oeuvre (selon mon avis) littéraire, avec de superbes tirades qui sont devenues cultes aujourd'hui (et dont "To be or not to be" fait évidemment partie). Franchement, je donnerais tout pour voir la pièce jouée en live au Globe! C'est un vrai régal de lecture, le bonheur!



En ce qui concerne le film, je dois dire que je l'apprécie beaucoup. J'aime le fait que le texte complet soit présent dans le film, même si ça le fait durer 4h (une durée dérisoire pour entendre du Shakespeare). Il y a un côté théâtral assez frappant, notamment dans le jeu, c'est donc assez spécial à regarder comme film! J'ai trouvé Kate Winslet franchement épatante dans le rôle d'Ophelia, les scènes de folie sont très émouvantes. Dans le cas d'Hamlet, j'ai plutôt bien aimé Kenneth Branagh, même si je préfère Laurence Olivier (auquel je voue un vrai culte, il faut bien le dire). Si vous cherchez une adaptation récente d'Hamlet et que la durée ne vous fait pas peur, n'hésitez pas!

Et voilà mes petits lapins, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que cet article vous a plu, car c'est un vrai coup de coeur absolu pour moi. N'hésitez pas à me laisser un commentaire pour me faire partager vos impressions, je me ferai un plaisir de vous répondre! On se retrouve d'ici quelques jours pour un nouvel article, qui portera sur une nouvelle lecture tirée de l'époque victorienne. En attendant prenez soin de vous :)

AnGee Ersatz*




lundi 26 mai 2014

Baby Challenge #9: Chi, Une Vie de Chat (tome 1) de Konami Kanata.




Bonjour à tous et à toutes!

Et oui, le week-end est déjà fini... Mais le Livroscope est là pour vous soutenir en ce Lundi! J'espère que vous allez bien, que vous avez tous passé un bon week-end et une bonne fête des mères, et que vous êtes prêts pour un nouvel article! Aujourd'hui, j'ai décidé de continuer sur ma lancée et de vous présenter une autre lecture tirée de la liste du Baby Challenge Manga de Livraddict: après Paradise Kiss de Ai Yazawa la semaine passée, j'ai choisi de vous parler d'un autre manga qui m'intriguait depuis pas mal de temps et que j'avais hâte de découvrir, à savoir Chi, Une Vie de Chat. J'avais beaucoup entendu parler de ce manga qui est devenu assez populaire dès la sortie du premier tome, auquel je vais à présent m'attaquer! Je vous souhaite une très bonne lecture à tous ;)

Le Baby Challenge sur le Livroscope:
Avec cette chronique, nous arrivons presque à la moitié de l'objectif de vingt lectures, objectif que je dois atteindre d'ici Décembre 2014. Si vous souhaitez retrouver mes articles rédigés pour le Baby Challenge Livraddict, je vous conseille de suivre le lien ci-dessous qui vous entrainera à la découverte de Nana, Paradisse Kiss, Death Note ou encore Switch Girl!.



Konami Kanata: c'est qui?
Commençons, tout d'abord, par une petite présentation de notre mangaka du jour, j'ai nommé Konami Kanata, que je ne connaissais pas avant de préparer cet article. Née en 1958 à Nagano, Konami Kanata démarre sa carrière au début des années 1980, avec tout d'abord un one-shot baptisé Puchi Neko Jamu Jamu. Son travail se fait connaitre davantage avec sa première série, Fuku-Fuku Funyan, qu'elle commence en 1986 et qu'elle a repris en 2005 sous le titre de Fuku-Fuku Funyan New. C'est en 2004 qu'elle se lance dans Chi, Une Vie de Chat (ou Chi's Sweet Home, en VO), qui la fait connaître à une échelle mondiale.
On peut constater qu'elle a un thème de prédilection qu'elle a exploité dans ses différentes séries, à savoir les chats, qui lui servent de personnages et qu'elle décline en privilégiant l'humour et un dessin doux et mignon.

Si vous souhaitez en savoir plus sur Konami Kanata, je vous conseille d'aller visiter sa page sur le site Manga-News que j'ai consultée pour trouver des informations!


Chi, Une Vie de Chat:
Quelques informations sur la série:
Entrons à présent dans le vif du sujet en nous penchant sur Chi, Une Vie de Chat! Démarrée il y a déjà 10 ans, cette série est publiée au Japon dans le magazine Weekly Morning et chez l'éditeur Kodansha. En France, c'est Glénat qui se charge de sortir les aventures du petit chaton, en proposant même (comme dernièrement) des éditions collectors avec des goodies, et des objets dérivés (papier à lettres, carnets...). Pour l'instant, dix volumes ainsi qu'une histoire courte sont sortis.



Comme souvent avec les mangas, Chi a eu droit à une adaptation en anime en 2008 et 2009, avec des épisodes assez courts reprenant la trame des livres originaux.
En parcourant le monde fabuleux d'internet, j'ai pu découvrir qu'il existe pas mal d'objets dérivés tirés de l'univers de Chi, mettant en scène le personnage: ça va de la peluche aux cartes postales, en passant par les post-it, bref, vous avez de tout! Si jamais vous êtes un fan ou que vous en connaissez un, vous devriez trouver votre bonheur!


Résumé du tome 1:
L'histoire commence avec un petit chat (qui s'avèrera plus tard être une femelle), perdu et recueilli par un petit garçon, Yohei, et ses parents. Même si ils n'ont pas le droit d'avoir d'animal de compagnie dans leur appartement, ils décident de garder. S'enchaînent alors moments attendrissants et situations cocasses, comme le choix du nom (je vous laisse découvrir par vous-mêmes la signification de Chi), ou la première visite chez le vétérinaire... La bonne humeur est au rendez-vous dans ce premier tome!

Petit parallèle avec le Chien Gardien d'Etoiles:
Lorsque j'ai emprunté le premier tome de Chi à la bibliothèque, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à un autre manga que j'ai pu lire pour le Baby Challenge, à savoir le Chien Gardien d'Etoiles de Takashi Murakami. Je l'avais présenté il y a quelques mois sur le blog (vous pouvez retrouver mon avis juste ici, histoire de voir de quoi je parle), et comme ces deux livres partagent un sujet commun, à savoir une histoire racontée du point de vue d'un animal, j'ai eu envie de les comparer.

Commençons par les ressemblances. Au début, j'ai été assez frappée de voir que les deux livres partageaient un début similaire: que ce soit dans le Chien ou dans Chi, on se retrouve avec un petit animal, avec presque aucune réminiscence de ce qui s'est passé auparavant (histoire de partir à zéro), et qui est adopté par une famille. Les deux familles sont assez similaires (papa, maman, un enfant en bas âge), et commencent par être réticente à l'idée de garder un animal, avant de se laisser séduire. Dans les deux cas, le point de vue de l'animal est mis en avant, même si j'ai trouvé ça plus marquant dans le Chien Gardien d'Etoiles. On retrouve aussi des éléments d'intrigues du type apprentissage de la propreté, visite chez le vétérinaire... 



Mais là où leurs chemins se séparent, c'est dans le ton et la façon d'exploiter l'animal. Dans le Chien Gardien d'Etoiles, Takashi Murakami a choisi de traiter dans un seul volume de la vie entière du chien, nous faisant passer d'émotion en émotion au gré de ses aventures; il met aussi en avant la relation très forte entre le chien et son propriétaire. Le ton général est plutôt triste et dramatique, alors que Chi (du moins pour ce premier tome) part plutôt dans l'humour. Chi, c'est mignon et drôle, et Konami Kanata a choisi de montrer des tranches de la vie du chat et de mettre en avant le côté cocasse des événements dépeints. A voir si dans les volumes suivants l'histoire évolue!

Mon avis sur ce premier tome:
Voilà pas mal de temps qu'en me promenant sur les blogs ou dans les librairies spécialisées j'entendais parler de ce chaton trop mignon répondant au nom de Chi. Je voyais un peu partout des visuels de ce manga et j'étais assez curieuse de voir ce qu'il pouvait donner, sans non plus me décider à l'acheter. Pour le bien du Challenge, il fallait que je m'y mette, et j'ai pu emprunter le premier tome à la bibliothèque. Alors, qu'est-ce que ça donne? Et bien je suis assez mitigée par cette lecture.


Commençons par ce que j'ai aimé. En premier lieu, j'ai été plutôt séduite par le dessin de Konami Kanata: comme je m'y attendais, je me suis retrouvée face à un univers très mignon et doux, très fluide, et visuellement très agréable à découvrir. "Mignon" est vraiment le premier mot qui me vient en tête lorsque je pense à Chi, et j'ai pris grand plaisir à tourner les pages de ce manga, surtout en voyant que la couleur était au rendez-vous, ce qui est plutôt rare dans les mangas que je lis habituellement. A noter que j'ai trouvé les visages des personnages particulièrement expressifs, les rendant ainsi encore plus drôles: c'est surtout frappant pour Chi, qui a des mimiques mémorables!

En parlant de "drôle", j'ai en effet trouvé ce premier tome assez rafraichissant. Alors certes,  je ne me suis pas non plus roulée par terre de rire et je n'ai pas non plus tapé sur mes cuisses en riant comme jamais, mais Chi vide la tête, fait du bien, bref, ça fait passer un bon moment. Il y a quelques passages très sympathiques, comme les tentatives foireuses du père de se rendre chez le vétérinaire sans que personne ne remarque le chat, bref. J'ai lu ça avant mes examens, et honnêtement ça m'a fait du bien!

Mais alors qu'est-ce qui fait que ce livre n'est pas un coup de coeur? Et bien deux choses qui sont au final plutôt liées. Tout d'abord, j'ai trouvé Chi: Une Vie de Chat un peu trop léger à mon goût, dans le sens où ça se lit très, très vite (j'ai mis moins d'une heure, en prenant mon temps), et où j'ai eu l'impression de juste aligner des anecdotes plutôt qu'une intrigue suivie. Ce qui m'amène à mon deuxième point: le prix des tomes. En ce qui me concerne, j'ai pu trouver ce livre en bibliothèque, ce qui m'arrange car un tome coûte plus de 10 euros! Je trouve ça franchement cher, surtout lorsqu'on compare avec d'autres mangas (par exemple, le tome 1 de Fairy Tail coûte environ 7 euros pour 192 pages, alors que le tome 1 de Chi coûte 10,75 euros pour 162 pages). Peut-être est-ce en raison de l'utilisation de couleur, mais personnellement je n'ai pas été suffisamment conquise pour les acheter...

En bref, je pense que ce manga vous plaira et vous fera passer un bon moment si vous aimez ce genre d'histoire, et en particulier si vous êtes un fan de chats! En ce qui me concerne, je lirai peut-être la suite à l'occasion si je tombe dessus en bibliothèque, mais ce n'est pas non plus dans mes priorités. 

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que cet article vous a plu, on se retrouve d'ici quelques jours pour les deux derniers articles du mois, qui porteront deux classiques de la littérature britannique. En attendant, n'hésitez pas à me laisser en commentaire vos avis et remarques en commentaire, où je réponds toujours! Prenez soin de vous ;)

AnGee Ersatz*



vendredi 23 mai 2014

Stanley Kubrick #2: Lolita (1962).



Bonjour à tous et à toutes, amis lecteurs!

J'espère que vous allez bien et que vous êtes tous prêts pour un nouvel article! Je suis ravie de vous retrouver aujourd'hui pour une petite escapade cinéma, au cours de laquelle nous allons poursuivre le rendez-vous démarré le mois dernier au sujet du grand réalisateur Stanley Kubrick! Après Spartacus (j'en profite au passage pour vous remercier pour vos nombreuses réactions lors de cette première chronique, je suis toujours touchée de voir que ce que je vous propose vous plait!), j'ai décidé de me pencher sur l'un de ses films les plus connus et que j'avais hâte de traiter, à savoir Lolita, sorti en 1962. Je vous souhaite une très bonne lecture de cet article, en espérant qu'il vous plaise ;)


Kubrick et James Mason sur le tournage de Lolita.
Kubrick en 1962...
Après le succès (à la fois commercial et critique) de Spartacus, sorti en 1960, Stanley Kubrick décide de partir s'installer en Angleterre (où il vivra jusqu'à la fin de sa vie, en 1999), et de s'atteler à un projet un peu plus personnel et surtout très différent du genre péplum et mollet huilé: l'adaptation du roman de Vladimir Nabokov, Lolita, publié en 1955. C'est un véritable défi que se lance le réalisateur, puisque l'histoire traite d'un sujet extrêmement compliqué à représenter dans une oeuvre de fiction: la pédophilie. La partie la plus longue (et probablement la plus complexe) du processus fut de caster  l'actrice que allait tenir le rôle titre. Suite à la sortie du film, Kubrick s'attaqua à la préparation de son film suivant, Dr.Strangelove, dont nous parlerons le mois prochain!
A noter (petite anecdote marrante) que l'une des premières répliques de Lolita fait référence au précédent film de Kubrick, Spartacus, mais je vous laisse découvrir ça ;).

Le film:
Quelques informations:



Entrons dans le vif du sujet avec quelques informations basiques sur le film! Sorti en 1962, il est basé sur le roman ainsi que sur le scénario de Vladimir Nabokov (dont nous parlerons un peu plus loin) même si il est de notoriété publique que le résultat final s'éloigne de ce scénario. D'une durée de plus de deux heures, le film bénéficia d'un budget de 2 millions (dérisoire aujourd'hui!) et récolta presque cinq fois cette somme. La musique, assez marquante, a été composée par Nelson Riddle.

En ce qui concerne le casting, on retrouve dans le rôle de Humbert Humbert l'acteur James Mason, qui a joué dans une liste assez impressionnante de films. Le rôle titre est tenu par la jeune Sue Lyon, dont c'est le premier film. Shelley Winters (The Diary of Anne Frank) interprète sa mère, et, pour conclure, je dois également mentionner la présence du grand Peter Sellers dans le rôle de Clare Quilty.

En raison de son sujet plutôt sensible, Kubrick a fait quelques modifications par rapport au roman original (cnous en reparlerons plus loin), mais le film fut tout de même censuré à sa sortie. Il reçut néanmoins plusieurs nominations pour des prix comme les Golden Globe Awards.

Je vous laisse regarder la bande-annonce ci-dessous pour avoir un petit aperçu de ce que le film peut donner!



Résumé:
Le film est divisé en deux parties.
Humbert Humbert est un homme d'âge mûr qui arrive dans la petite ville de Ramsdale, où il cherche à s'installer. Il rencontre Charlotte Haze, une veuve louant une partie de sa maison. Elle tombe sous le charme de Humbert, mais celui-ci est attiré par une autre personne: Dolores, surnommée Lolita, qui n'est autre que la fille très jeune et très jolie de Charlotte. Pour rester auprès de sa bien aimée, il accepte de se marier avec Charlotte, mais le mariage tourne à la catastrophe lorsqu'elle décide d'envoyer Lolita loin de la famille.
Suite à un événement tragique (que je vous laisse découvrir), Humbert se retrouve à traverser les Etats-Unis d'un bout à l'autre avec Lolita, mais l'ombre d'un autre homme plane sur son bonheur... Jusqu'où Humbert est-il prêt à aller pour garder Lolita pour lui seul?


L'adaptation d'un célèbre roman:
Vladimir Nabokov, c'est qui?
Comme je l'ai mentionné à plusieurs reprises au cours de cet article, Lolita est basé sur le roman éponyme de Vladimir Nabokov. Je vous propose de nous pencher quelques instants sur cet auteur, pour cerner un peu mieux le personnage.

Né en 1899, Vladimir Vladimirovich Nabokov est un auteur russe qui grandit dans une famille plutôt aisée. Il reçoit une éducation variée et apprend plusieurs langues très tôt. Il déménage ensuite à Berlin avec sa famille, où son père meurt assassiné en 1922. Il se marie en 1925 et part vivre aux Etats-Unis à cause de la guerre. Il voyage beaucoup, et meurt en 1977 à Montreux, en Suisse.
En ce qui concerne son travail, il a publié un nombre assez impressionnant d'écrits, allant des romans (écrits en Russe ou en Anglais, le plus connu étant évidemment Lolita), des nouvelles ainsi que des essais. Nabokov avait plusieurs cordes à son arc puisqu'il pratiquait régulièrement l'entomologie ainsi que les échecs, et il fut également enseignant pendant plusieurs années.

Lolita, un livre à scandale...
Parmi tous les romans écrits par Vladimir Nabokov, celui qui est encore aujourd'hui le plus connu est Lolita, publié en 1955. Il fut à l'origine écrit en Anglais, puis traduit en Russe par l'auteur lui-même, et il fit l'effet d'une bombe à sa publication.
Car Nabokov nous présente dans ce récit à la première personne Humbert Humbert, un Européen qui ne se sent sexuellement et émotionnellement attiré par de très jeunes filles, qu'il appelle plus simplement des nymphettes et dont Lolita fait partie. Le roman fut quasiment impossible à être publié aux Etats-Unis, les éditeurs étant profondément choqués par le sujet de la pédophilie, et par l'attitude du héros qui ne cache pas et assume "cette passion". Cependant, les critiques lui reconnaissent des caractéristiques littéraires exceptionnelles, et Lolita fait "exploser" la carrière de Nabokov. Encore aujourd'hui, le livre a un double-statut assez particulier, puisqu'il est à la fois reconnu comme un chef d'oeuvre de la littérature mondiale, mais aussi comme un livre très dur et qui peut mettre mal à l'aise ou être détesté.
Personnellement, j'ai lu Lolita pendant l'été 2013, et je dois avouer que j'ai été très marquée par ce roman. J'ai trouvé la langue extrêmement belle (et je l'ai lu en version française: je pense qu'en VO le rendu doit être encore plus spectaculaire), et j'ai adoré lire Nabokov ne serait-ce que pour son style. Mais le livre met aussi mal à l'aise, ne serait-ce que pour le sujet de la pédophilie, mais aussi à cause de la relation assez étrange qu'entretiennent Lolita et Humbert, puisqu'on s'aperçoit que Lolita en sait plus qu'il n'y paraît... En bref, c'est vraiment une lecture très particulière, dont je me souviens comme si je venais de la finir!

...Et un film à scandale.
En ce qui concerne le film de Kubrick, là aussi la controverse fut au rendez-vous. J'ai pu voir à plusieurs reprises sur le net ou dans les livres consultés pour écrire cet article que la publicité autour du film avait été réduite au minimum, et le succès du film est principalement le résultat du bouche à oreille et des critiques. A noter qu'ils ont été tout de même nombreux à démonter le film, jugé trop vulgaire, voire décevant.



Kubrick a essayé au possible d'éviter la censure en faisant plusieurs choix en amont. Parmi ces choix, il y a celui de vieillir Lolita par rapport au roman: Sue Lyon était en effet âgée de 16 ans lors du tournage, alors que la Lolita de Nabokov avait elle environ 12 ans. Un vieillissement qui peut nous paraître symbolique, car on voit toujours que la demoiselle est très jeune, mais qui était tout de même important pour la censure. Ensuite, il a été décidé de privilégier le côté "émotionnel" de la relation, plutôt que l'aspect sexuel, en mettant en avant l'implicite et l'imagination du spectateur. Pas de scène de nu, ni de scène de sexe explicite, mais Kubrick a au contraire choisi de multiplier les passages montrant la jalousie ressentie par Humbert, ses appréhensions et angoisses. Le personnage de Quilty (joué par Peter Sellers) a également été développé pour contribuer au côté "relation amoureuse" en installant une sorte de triangle amoureux.

A savoir que malgré ces précautions, le film a néanmoins été censuré et interdit aux plus jeunes selon les pays, et qu'il existe donc plusieurs versions du film de Kubrick. Depuis, le roman a été adapté une nouvelle fois en 1997 par le réalisateur Adrian Lyne!


Mon avis sur le film:
C'est en re-regardant des films de Kubrick que j'ai eu l'idée de consacrer un cycle cinéma au réalisateur. Parmi ces films, il y avait Lolita, que j'ai regardé à plusieurs reprises, après avoir traduit un extrait du roman pour les cours. Comme je considère ce film comme l'un des plus importants de la filmographie de Kubrick, il me semblait logique de vous le présenter. D'autant plus que Lolita est l'un de mes films préférés, et une expérience assez particulière. Voici pourquoi.

Le premier point que j'aime énormément dans ce film, c'est le casting. Stanley Kubrick a principalement qu'avec des acteurs que j'admire, et dans Lolita c'est encore une fois le cas. J'aime beaucoup James Mason, par exemple, et je trouve qu'il s'en sort très bien dans le rôle de Humbert. Shelley Winters campe une Charlotte convaincante, à la fois hilarante et touchante. Je ne connaissais pas Sue Lyon avant de voir ce film, mais j'ai été charmée par sa fraicheur. Mon coup de coeur absolu va à Peter Sellers, qui est tout bonnement excellent: il multiplie les visages, les accents, et les personnalités dans ce film, et fait office de fil rouge jouissif qu'on est heureux de retrouver tout au long de l'histoire. Je suis donc d'autant plus impatiente de vous en reparler d'ici quelques semaines pour Dr. Strangelove, car c'est vraiment un acteur que j'aime énormément!

Ensuite, j'ai fondu devant les aspects un peu plus "techniques" du film. Je suis assez sensible au charme du noir et blanc (même si je sais que pour certains spectateurs, c'est vraiment quelque chose qui ne passe pas), donc c'est un point que j'ai apprécié. En ce qui concerne la réalisation, j'ai aimé la façon de filmer les plans, le choix de commencer de façon un peu particulière avec la fin avant de faire un flashback... Il y a énormément de travail dans les détails, et je découvre de nouvelles choses à chaque fois que je regarde le film. Je dois aussi souligner que j'adore la musique de Lolita, en particulier la chanson qui s'appelle "Lolita Ya Ya", que je pourrais écouter en boucle, et qui nous rappelle à quel point Lolita est jeune. Je vous laisse l'écouter ci-dessous.



Une photo du tournage, Kubrick avec Sue Lyon.
Pour en venir à l'histoire, elle est, comme le roman, assez particulière: en même temps je la suis avec intérêt, voulant découvrir le dénouement, mais en même temps on se sent mal à l'aise à cause de la relation très étrange entre Humbert et Lolita. C'est vraiment très spécial à regarder, que ce soit la première ou la centième fois! J'ai trouvé que ce qui avait été fait au niveau de l'adaptation était intéressant: je pense que Lolita est un roman extrêmement compliqué à adapter à plusieurs niveaux, et du coup j'ai aimé les choix effectués par Kubrick.


En bref, j'ai vraiment adoré ce film, malgré son sujet très particulier! Si vous n'avez pas encore vu d'adaptation de Lolita et que vous avez envie d'en voir une, n'hésitez pas à jeter un oeil à celle-ci. Je suis très impatiente de me lancer dans la préparation de la chronique sur Dr. Strangelove, mais il faudra patienter quelques semaines pour la découvrir!

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que cet article vous a plu, n'hésitez pas à me laisser vos avis en commentaire, je réponds à tout le monde! Je vous retrouve d'ici quelques jours pour un nouvel article, qui sera consacré à une nouvelle lecture pour le Baby Challenge Manga de Livraddict! En attendant, prenez soin de vous, lisez beaucoup, et à très vite ;)


AnGee Ersatz*