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mercredi 20 novembre 2013

Rentrée Littéraire PriceMinister #2: Lady Hunt, d'Hélène Frappat.



Bonjour à tous et à toutes!

J'espère que mes lecteurs adorés se portent bien, et que vous prêts à découvrir une nouvelle chronique. Pour notre article du jour, j'ai décidé de vous parler de Lady Hunt, un roman que j'ai lu dans le cadre de la rentrée littéraire de PriceMinister. Mais de quoi suis-je en train de vous parler, me direz-vous? Et bien c'est très simple: depuis plusieurs années, le célèbre site PriceMinister organise à chaque rentrée littéraire un rendez-vous pour les blogueurs-lecteurs dont je fais partie, et nous propose de recevoir le livre de notre choix parmi une large sélection tirée de la rentrée littéraire. L'année passée, j'avais déjà pu participer et je vous avais présenté le roman Une Place à Prendre de J.K Rowling. Comme l'expérience m'avait séduite, j'ai eu envie de retenter ma chance cette année! Merci donc à PriceMinister de sa confiance, et je vous laisse découvrir Lady Hunt, d'Hélène Frappat. Bonne lecture à tous!

(Pour ceux qui s'intéressent à la rentrée littéraire et à l'opération de PriceMinister, voici le lien vers celle-ci). 

Hélène Frappat:



Parlons un peu de notre auteure du jour, Hélène Frappat! Cette Française née en 1969 a déjà écrit cinq romans dont le premier, Sous réserve, fut publié en 2005. Elle a reçu en 2009 une mention spéciale du Prix Wepler (prix apparu en 1998 et soutenu par la Poste) pour son troisième livre, Par effraction. Elle est publiée depuis 2011 chez Actes Sud.

A savoir: elle est également critique de cinéma, et est l'auteure de plusieurs livres à ce sujet.


Lady Hunt:
Résumé:

Laura Kern est hantée par un rêve, le rêve d’une maison qui l’obsède, l’attire autant qu’elle la terrifie. En plus d’envahir ses nuits, de flouter ses jours, le rêve porte une menace : se peut-il qu’il soit le premier symptôme du mal étrange et fatal qui frappa son père, l’héritage d’une malédiction familiale auquel elle n’échappera pas ?

D’autres mystères corrompent bientôt le quotidien de la jeune femme, qui travaille pour une agence immobilière à Paris – plus un effet secondaire qu’une carrière. Tandis qu’elle fait visiter un appartement de l’avenue des Ternes, Laura est témoin de l’inexplicable disparition d’un enfant.
Dans le combat décisif qui l’oppose à l’irrationnel, Laura résiste vaillamment, avec pour armes un poème, une pierre noire, une chanson, des souvenirs… Trouvera- t-elle dans son rêve la clé de l’énigme du réel ?
Sur la hantise du passé qui contamine les possibles, sur le charme des amours maudites, la morsure des liens du sang et les embuscades de la folie, Hélène Frappat trace une cartographie intime et (hyper)sensible de l’effroi et des tourments extralucides de l’âme. Des ruines du parc Monceau à la lande galloise, avec liberté et ampleur elle réinvente dans Lady Hunt le grand roman gothique anglais, et toutes les nuances du sortilège.





Entre rêve répétitif...
Le roman nous entraîne à la rencontre de Laura Kern, jeune femme qui travaille dans le monde de l'immobilier, et qui "est hantée par un rêve" qui revient sans cesse, la traquant toutes les nuits, et évoluant au fur et à mesure des pages. 
Le rêve est un élément que l'on retrouve très souvent en littérature: le premier exemple qui me vient en tête, c'est celui d'Alice au Pays des Merveilles, de Lewis Carroll, dans lequel l'histoire de l'héroïne a tout simplement lieu dans un rêve. Le rêve peut avoir plusieurs connotations: il peut évoquer le bonheur, le plaisir, un lieu de joie et de bien-être, ou au contraire être un cauchemar qui nous emprisonne dans l'horreur. Dans les deux cas, le rêve revêt une apparence de mystère: il est très, très difficile, voire même impossible de contrôler un rêve, que ce soit ce qui s'y passe, sa durée, ce qu'on y rencontre. 

C'est pour cela que la vision répétitive de cette maison devient si inquiétante et angoissante pour l'héroïne. Alors certes, la maison, tout comme le rêve, est emprunte d'une certaine dualité: elle représente le lieu où nous sommes chez nous, notre foyer, mais parfois aussi un lieu cauchemardesque, qui nourrit l'imaginaire des réalisateurs de films d'horreur, mais aussi les auteurs, les concepteurs de parcs d'attractions ou de jeux vidéos. Ce qui est inquiétant ici n'est pas l'intérieur de la maison, mais la répétition de ce rêve à l'ambiance un peu angoissante, qui devient obsédante pour Laura. Imaginez: tous les jours, en allant au travail, ou en cours, ou acheter du pain, ou faire un truc on ne peut plus banal, vous croisez toujours la même personne un peu étrange qui vous regarde du coin de l'oeil. Au bout d'un moment, vous commenceriez peut-être à vous posez des questions ou à vous inquiéter. C'est ce qui arrive à Laura, au point qu'elle prenne peur de s'endormir.

Et Chorée de Huntington:
Laissez moi enfiler ma plus belle blouse de médecin pour vous parler de l'autre thème important du roman, la Chorée de Huntington. Je pense que les fans de Docteur House auront tiqué en voyant ce nom, puisque l'une des héroïnes de la série, Numéro 13, en est atteinte.



Je ne suis pas du tout spécialiste de la médecine (mon expérience médicale se résume à des extraits d'opérations du Magazine de la santé, dont ma mère est fan, coucou maman!, pendant lesquels je hurle "bwaaaah mais c'est quoi ce truuuuuuuuc"), mais j'ai fait quelques petites recherches (hello wikipédia...) pour vous donner quelques informations.

La Chorée de Huntington, pour faire simple, est une maladie héréditaire qui s'attaque directement aux neurones et, avec les années, fait perdre des capacités à la personne qui en est atteinte: troubles de la mémoire, difficultés pour se déplacer, dépression, c'est une maladie évolutive qui prend de nombreuses formes. Et en ce qui concerne l'hérédité, un individu ayant un parent atteint de la maladie a 50% de l'être aussi.

Notre héroïne, Laura, vit avec l'angoisse d'en être atteinte: son père, comme elle nous l'apprend dans le roman, souffrait de cette maladie. Du coup cela apporte une dimension très particulière à l'intrigue: ce qui arrive à Laura est-il le fruit de la maladie (qui peut se déclarer dès l'adolescence) ou du paranormal?

The Lady Of Shalott:
Tout au long du roman, l'héroïne nous distille des vers de The Lady Of Shalott, un poème d'Alfred Tennyson qui s'inspire d'une légende arthurienne (si vous vous intéressez à la Table Ronde et à Excalibur, vous trouverez énormément de références à ces légendes dans la littérature britannique). L'histoire est celle d'une jeune femme qui n'a pas le droit de regarder le monde directement: elle est obligée de le contempler à travers un miroir, mais sa rencontre "visuelle" avec Lancelot va tout chambouler.



Cette légende inspira Tennyson, mais aussi les peintres pré-raphaélites comme Hunt ou John William Waterhouse, qui a réalisé le tableau ci-dessus.

Voici donc le poème, pour que vous puissiez en profiter: Tada!!

Mon avis sur ce livre:
Voilà un livre que j'étais impatiente de lire! Tout de suite, en voyant la liste de romans proposés pour cette nouvelle édition de la rentrée littéraire de PriceMinister, j'ai été attirée par cette couverture plutôt originale, entre flou fantomatique et couleurs qui accrochent l'oeil. Le résumé me tentait aussi beaucoup, pour deux raisons: le côté "maison mystérieuse", thématique qui me plait beaucoup et que j'ai adorée dans La Maison où je suis mort autrefois de de Keigo Higashino; et l'argument "roman gothique anglais". Vous le savez si vous suivez le blog, je suis très friande de ce genre (je vous en ai présentés plusieurs, dont le classique The Castle Of Otranto d'Horace Walpole). En bref, je me suis précipitée dessus lorsqu'il est arrivé dans ma boîte aux lettres. Qu'en-ai je donc pensé? Et bien je dois dire que je suis franchement mitigée par ce roman.


Commençons par les points positifs, par les choses que j'ai aimées. D'abord, les thématiques choisies par l'auteure: j'ai été très intéressée par cette idée d'être hanté par un rêve qui revient sans cesse, qui ne quitte pas notre esprit, et qui devient même menaçant physiquement (Laura se retrouve avec des bleus en se réveillant). Les rêves sont quelque chose d'effrayant, tout simplement parce qu'il est très difficile d'en sortir, et j'avais vraiment envie de voir comment l'héroïne allait l'affronter. J'ai aussi beaucoup aimé l'introduction de la Chorée de Huntington dans l'intrigue: j'ai trouvé ça assez original et ça m'a donné envie de découvrir et de m'intéresser d'un peu plus près à cette maladie. Le tout nous donne une ambiance très particulière qui me plait bien, dans un monde où réalité et imaginaire se côtoient de si près que la frontière entre les deux en devient floue.

Le cauchemar, de Füssli.
Ensuite, l'héroïne: je sais, pour avoir lu d'autres avis de lecteurs, qu'elle en a énervée plus d'un, mais dans mon cas je l'ai trouvée assez touchante, surtout dans les passages où elle retrouve sa soeur ou évoque son père. Elle se dévoile petit à petit au lecteur, nous révélant de plus en plus de choses au fil des pages. Je me suis attachée à elle et j'avais envie de connaître son histoire.

Enfin, dernier point que j'ai, pour le coup; adoré: la présence de The Lady Of Shalott, le poème de Tennyson (que vous pouvez lire en suivant le lien juste au dessus). J'ai découvert Tennyson cet été, et je suis tombée amoureuse de sa plume. J'aime particulièrement The Lady Of Shalott, donc ce fil rouge qui nous accompagne tout au long du livre et qui est en plus lié au passé de l'héroïne était un vrai plaisir à retrouver.

Néanmoins, je vous l'ai dit, je suis mitigée, et ce parce qu'il y a des choses qui m'ont gênée... La première, c'est le souci de longueur. A certains moments, j'ai trouvé que l'intrigue se mettait à traîner en longueur, et j'ai eu l'impression qu'on avançait plus. J'ai même sauté une ou deux pages parfois, et si j'ai eu la patience d'aller jusqu'au bout, j'ai pu voir que d'autres lecteurs ont préféré laisser tomber.

Dans le même genre, j'ai aussi été un peu dépassée par les intrigues secondaires qui prennent vraiment beaucoup de place et dont je n'ai pas toujours compris le lien avec le reste: le type qui cherche une maison comme celle de son enfance, le petit garçon qui disparaît au début, l'histoire amoureuse de sa soeur, sa relation adultère avec le patron... Je ne vous le cache pas, au bout d'un moment je me suis retrouvée dans cette situation: "mais attends... (retour en arrière)... c'est qui lui? Ah mais qu'est-ce qu'il fait là?". Je ne savais parfois plus où j'en étais. Je ne m'intéressais pas particulièrement à ces intrigues secondaires, et je pense que c'est pour ça que je me suis ennuyée à certains moments.

Pour finir sur les points négatifs, j'ai été plutôt déçue de ne pas retrouver ce qu'on nous vend en quatrième de couverture, à savoir une "réinvention du grand roman gothique anglais". Je le précise tout de suite, je ne suis pas non plus une experte du roman gothique, mais en quatre ans d'études supérieures j'ai eu le temps d'en lire une flopée, que ce soit pour les cours de littérature britannique ou pour mon plaisir personnel. Et je n'ai pas franchement retrouvé dans Lady Hunt ce que j'aime tant dans les romans gothiques, même si il y a une ambiance plutôt sympathique.

En bref, vous l'aurez compris, je suis un peu déçue par ce livre. Il y a des points que j'ai trouvés vraiment intéressants et il m'a donné envie de me replonger dans Tennyson, que j'adore, mais je n'ai pas été emballée comme je l'espérais. Bien entendu, il ne s'agit que de mon avis personnel, et je ne regrette pas de l'avoir lu: le mieux est de vous faire votre propre opinion.

Dans le cadre du partenariat avec PriceMinister, il faut attribuer une note sur 20 au roman. Lady Hunt vaut pour moi un 12.

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui! N'hésitez pas, comme toujours, à me laisser vos commentaires, vos avis, vos suggestions lecture, c'est toujours agréable de vous lire et de vous répondre. On se retrouve ce week-end avec un nouvel article, qui sera consacré au roman l'Argent, de Zola, lu dans le cadre de mon Challenge Rougon-Macquart. En attendant, prenez soin de vous!

AnGee Ersatz*




14 commentaires:

  1. Merci pour ce partage très agréable et très bien construit, comme d'habitude. Tu donnes aussi ton avis sans l'imposer, ce que je trouve vraiment positif et pas si évident que ça finalement. Perso, je déteste les livres où on se perd, donc je ne pense pas que je vais le lire celui-là!

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    1. Merci beaucoup :) ça me fait plaisir! Je partage ton point de vue, je préfère quand on va droit au but!

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  2. J'en ressors également très mitigée...
    Je n'ai toujours pas compris le but ni l'explication de la disparition du gosse au début du livre...
    Et tous ces sujets secondaires m'ont donné une impression de brouillon, de fouilli, bref un truc pas agréable à lire !

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  3. Comme d’habitude, très bel article.
    J'ai été très étonnée de voir tant de points positifs vu tes commentaires sur Fb... Si ces points m'ont donné très envie de découvrir ce livre, les longueurs m'arrêtent... Il faudra quand même que j'essaie de me le procurer pour voir :P

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    1. J'aimerais bien savoir de quels commentaires tu parles... J'ai dit avoir du mal à écrire l'article, en raison de sa longueur, mais aussi parce qu'en ce moment, c'est un peu dur niveau emploi du temps, mais il ne me semble pas avoir dit quoi que ce soit sur le livre... Mais je me trompe peut-être!

      Essaie de le trouver à la bibliothèque ou attends la sortie en poche, si tu veux mon avis, parce qu'il coûte quand même pas mal cher!

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    2. T'avais dit une ou deux fois que tu avais eu un peu de mal à avancer dans ta lecture en raison de longueur.

      De toute façon, j'essaierai de me le procurer via la bibliothèque. Au vu du nombre d'avis mitigé dessus, je ne l'achèterai pas :)

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    3. Il est long plutôt au niveau des passages et pas forcément des pages (je sais pas si on comprend ce que je veux dire là xD).

      C'est vrai que les avis sont très mitigés à son sujet...

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  4. Un livre pas désagréable, j'ai été prise dans l'histoire... Mais c'est très loin d'être un coup de cœur ou même un livre que je relirai ! En tout cas, j'ai adorée te lire, comme d'habitude tu fais des articles géniaux :) !

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    1. Voilà, je partage (encore une fois) ton opinion :) et merci beaucoup, ça me touche!

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  5. Toujours une super chronique (tu devrais devenir journaliste ^^) Ca doit te prendre pas mal de temps quand même ! En tout cas le résultat est excellent (et je dis pas ça pour te faire des fleurs, sincerement je le pense !). Je connais pas ce bouquin mais j'adore Waterhouse (ce peintre est excellent, j'adore les préraphaélites !). Bon c'est pas le commentaire le plus utile que t'auras, j'avoue, mais bon c'est pas grave =D

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    1. Oh alors ça, c'est du commentaire qui fait rougir xD

      Franchement, ça me plairait beaucoup de travailler dans la critique de livres :) et effectivement, ça me prend un temps fou (entre 3 et 15h, selon les articles... c'est beaucoup d'organisation!). Merci pour ton commentaire :D

      PS: j'adore aussi les Pré-Raphaélites!

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  6. très bon article j'aime beaucoup ce que vous partagez ! je vous souhaite une bonne journée

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