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vendredi 27 septembre 2013

Les Rougon-Macquart #16: Le Rêve, d'Emile Zola.





Bonjour à tous et à toutes!

Nous voilà de nouveau ensemble pour un nouvel article, le seizième article d'un rendez-vous bien connu du blog, à savoir le Challenge Rougon-Macquart! Après l'Oeuvre et la Terre le mois dernier, nous allons aujourd'hui nous attaquer au Rêve, un roman assez peu connu de Zola, un livre assez différent des deux précédents. On se rapproche de plus en plus de la fin du Challenge, mais rassurez-vous, d'autres lecteurs se sont lancés dans la lecture de la saga (comme vous pouvez le voir dans l'onglet "Rougon-Macquart"). Je vous souhaite une bonne lecture!

Pour vous aider:
Cette fois encore, nous allons nous passer d'un arbre généalogique! En effet, Zola ne parle, comme dans ses derniers romans, que d'un seul personnage de la famille, à savoir Angélique Rougon. Elle est la fille de Sidonie Rougon, et a été abandonnée dès sa naissance par sa mère, qu'elle ne connaîtra et ne reverra jamais. En faisant ce choix de présenter une héroïne abandonnée, Zola expérimente une autre facette de l'hérédité à travers la question suivante: est-ce que coupés de notre famille, nous gardons néanmoins certaines caractéristiques? 

Le Rêve:
Publié en 1888, le Rêve est le 16ème roman de la saga. Il suit la Terre, et précède la Bête Humaine, dont nous parlerons le mois prochain.

Résumé:
Abandonnée par sa mère à sa naissance, Angélique est une enfant de l'Assistance Publique. En plein hiver, elle se sauve de sa famille d'accueil, qui la maltraite, et se réfugie au pied d'une cathédrale d'un village du Val-d'Oise. C'est là que la découvre le couple Hubert, des brodeurs sans enfants qui décident de la recueillir et de l'éduquer. La petite fille apprend donc le métier de brodeuse (ils brodent des vêtements religieux), mais surtout, elle se plonge dans la religion, devenant fascinée par la vie de vierges qu'elle découvre dans un livre, la Légende Dorée. Cette fascination est-elle qu'elle se met à rêver d'avoir leur vie. Et ce rêve prend la forme d'une apparition, celle d'une jeune, nommé Félicien, dont elle tombe folle amoureuse...








Le conte de fées:
Passons à présent aux points importants du roman. Tout d'abord, ce qui est intéressant, c'est que Zola, que l'on connait habituellement pour ses histoires tragiques autour du monde ouvrier, de l'alcool et du sexe, décide ici de nous présenter une histoire qui a un côté plus "conte de fées". La destinée d'Angélique se rapproche de celle de Blanche-Neige ou de Cendrillon. 
Le roman s'ouvre sur l'image d'une petite fille, congelée et seule, qui est recueillie par un couple de gentilles personnes qui n'arrivent pas à avoir d'enfants (dans beaucoup de contes, on a des couples sans enfants qui soudainement en ont un, ou alors recueillent un orphelin). Alors qu'elle était condamnée à une triste vie, de nouvelles opportunités s'offrent à elle: d'abord celle d'avoir une famille, les Hubert s'occupant d'elle malgré son caractère parfois difficile; celle d'apprendre un travail, un travail honnête (par rapport à d'autres héroïnes de Zola qui se retrouvent à vendre leur corps)... Elle découvre la religion et elle découvre l'amour. Alors que son histoire était mal partie!

La religion et l'amour:

Ste Agnès
Deux thèmes importants du roman: l'amour et la religion, qui sont les deux moteurs de l'intrigue.
Dès le début, on comprend que la religion va jouer un rôle important dans la vie de notre héroïne: elle s'abrite sous une cathédrale, admirant les statuts et vitraux des vierges. Par la suite, la religion la guide: si les études ne la passionnent pas vraiment, elle est complètement absorbée par la lecture de Légende Dorée, un livre qui raconte avec beaucoup de détails l'histoire de personnages féminins religieux. C'est le seul livre qui l'intéresse, elle le relit dans les moments de doute et s'inspire de la vie de ses héroïnes pour vivre sa propre vie. On la voit aussi travailler avec beaucoup d'assiduité et de ferveur sur ses broderies religieuses, s'exciter lors de processions... 
L'amour aussi a un rôle important dans le roman, et il est en plus lié à la religion: Félicien, l'amour d'Angélique, arrive dans l'histoire comme une apparition, comme un miracle, petit à petit. 

Mon avis sur ce livre:

Lorsque j'ai commencé ma lecture de la saga, j'étais vraiment impatiente de lire ce roman, en raison de son titre plutôt alléchant. Je me demandais ce que Zola entendait par "rêve", comment il allait l'aborder, quelle serait l'intrigue... Et après ma petite déception du mois dernier (j'avais eu beaucoup, beaucoup de mal à lire la Terre), je dois dire que j'ai adoré le Rêve!

Premier point que j'ai aimé: le choix d'une orpheline pour héroïne. Comme je l'ai mentionné plus haut, ce choix a sûrement été fait par Zola pour tenter quelque chose d'autre sur le thème de l'hérédité, fil rouge de la saga et dont nous avons déjà parlé à plusieurs reprises sur le blog. Ce thème majeur m'intéresse fortement, et j'ai trouvé ce choix plutôt judicieux. J'ai donc beaucoup aimé le début du livre, où les Hubert découvre Angélique sous la cathédrale, et où son chemin (autour de la religion et des vierges) commence à se tracer; la scène est plutôt jolie, bref, j'ai été séduite par le début de l'histoire.

Et par la suite aussi: l'intrigue se suit sans problème, il y a quelques rebondissements intéressants (même si certains sont un peu prévisibles), et j'ai trouvé la fin tout simplement surprenante! Je ne m'y attendais pas, et j'ai dû relire le passage plusieurs fois pour bien réaliser ce qui se passait. Dans un monde où les fins sont de plus en plus prévisibles (à mon humble avis), j'ai été surprise par celle-ci!

Ensuite, j'ai beaucoup, mais alors beaucoup aimé les personnages. Angélique est une héroïne assez particulière, je pense qu'on peut où l'aimer ou la détester. Personnellement (et ce n'est pas parce que je porte le même prénom!), j'ai eu un petit coup de coeur pour cette héroïne un peu naïve, pleine d'espoir et de contradictions. Elle va toujours au bout de ce qu'elle dit, de ce qu'elle commence, et c'est ce qui m'a plu dans ce personnage. J'ai aussi bien aimé Félicien, même si il a un peu un côté "stalker flippant", et j'ai été très touchée par le couple Hubert, à l'histoire plutôt tragique. C'est rare que j'apprécie autant de personnages différents dans un seul roman, donc quand c'est le cas, je le dis!

Les thèmes abordés sont aussi intéressants: Zola s'attaque à des sujets déjà utilisés précédemment dans sa saga, mais d'une façon différente. On avait pu voir la religion dans la Faute de l'Abbé Mouret, où Mouret rejette l'amour pour rester fidèle à la religion; ou dans la Conquête de Plassans, où un religieux devenait la star de tout un village par le pouvoir de la religion. Ici, on se penche sur l'influence de la religion sur une jeune fille un peu fragile, et les passages où Angélique s'absorbe dans la religion, et surtout dans la vie des vierges, m'ont plus. Le thème de l'amour, que Zola utilise souvent dans ses romans aussi, prend ici une forme un peu plus pure et douce que dans la Terre (où tout le monde se grimpait dessus, rappelons-le!). Un peu de douceur ne fait pas de mal!

En bref, je pense que ce roman de Zola m'a permis de me remettre de mes émotions suscitées par le tome précédent, ce qui n'est pas négligeable (même si j'ai peur pour la suite!). Tout comme Au Bonheur des Dames, il fait partie des Zola qui sont les plus accessibles: le Rêve est assez court par rapport aux autres livres de la série, et il est moins dur à lire que Germinal ou l'Assommoir. Donc si vous cherchez un Zola à lire, vous pouvez vous jeter (façon de parler) sur celui-ci!

C'est tout pour aujourd'hui, on se retrouve très vite pour de nouveaux articles et de nouveaux avis! Le mois prochain, nous parlerons de la Bête Humaine, le 17ème roman de la saga (on arrive au bout!!!). Si vous êtes en manque de Zola, n'hésitez pas à consulter l'onglet du Challenge, où plusieurs articles des participants ont déjà été ajoutés! A très vite, et prenez soin de vous!

AnGee Ersatz*


14 commentaires:

  1. Plus je te lis, plus je trouve que tes articles sont de véritables partages.
    Et tu es motivante! J'ai lu plusieurs Zola très jeune, j'ai adoré Germinal et Au bonheur des dames et tu me donnes envie de me replonger dans son oeuvre. Je n'ai pas lu Le Rêve cependant, une lacune qu'il faudra que je comble.

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    1. Aha merci :) j'essaie de redonner goût aux lecteurs pour le Classique, parce que c'est vrai que les lecteurs ont du mal!

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  2. Une chronique vraiment très pertinente comme d'habitude et qui me donne sacrément envie de me plonger dans ce 16ème tome (mais, j'ai encore le temps d'ici là!). J'ai hâte de découvrir le parcours de cette orpheline et ce que tu dis quant à la fin (apparemment très surprenante) pique d'autant plus ma curiosité ! Bonne prochaine lecture avec "La Bête humaine" (tu tiens le bon bout ! =D).
    Ps: j'aime beaucoup les nouvelles couleurs et le nouveau design du blog ! ;)

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    1. Merci beaucoup à toi :) J'espère que les livres te plairont!!

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  3. J'adore le nouveau design de ton blog ! ^^
    Un ami m'a justement parlé de ce livre, il y a peu. Il m'a un peu effrayée car il le juge assez dur à lire (beaucoup de descriptions et un vocabulaire assez étendu).. mais je suis vraiment contente de découvrir ton avis dessus avec mention de l'accessibilité de l'oeuvre. Je le lirai avec grand plaisir.

    Le challenge est à temps indéterminé, n'est-ce pas ? Que puis-je faire pour vous rejoindre ? J'ai bien l'intention de lire toute la saga Rougon-Macquart, autant le faire en bonne compagnie. ^^

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    1. Merci pour le design :D
      Personnellement c'est mon ressenti, après rappelons que j'ai quand même 15 Zola derrière moi! Mon sentiment est peut-être influencé par ça :/

      Pour le Challenge (ça me ferait super plaisir que tu nous rejoignes!) tu peux nous rejoindre soit ici: http://livroscope.blogspot.fr/p/challenge-rougon-macquart-illimite-dans.html
      Ou ici: http://www.livraddict.com/forum/viewtopic.php?id=15469

      Effectivement, il est à durée indéterminée :D

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  4. C'est bon à savoir qu'il se termine bien ! J'ai toujours pensé que le seul livre à peu prés heureux de Zola c'était Au bonheur des Dames ^^ Bah pour le coup je suis très curieuse de lire Cendrillon revisité par Zola (rien que Cendrillon et Zola de la même phrase ça m'étonne =D)

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  5. Etrangement, c'est le roman des Rougon-Macquart qui m'a le moins touché depuis que j'ai commencé à les lire. J'aurais même tendance à dire que je suis déçue. J'ai pensé la même chose à propos du conte du fée pendant que je le lisais, et du coup je trouvais ça parfois un peu "niais", souvent prévisible et pas toujours réaliste. On en vient à se demander si justement, toute l'histoire n'a pas été rêvée tant il était impensable que tout ce qu'elle imaginait se réalise aussi simplement, juste en laissant les choses se faire. Le seul moment qui m'a réellement surpris, c'est son réveil alors qu'elle se trouve au bord de la mort.

    La Terre était très cru et sans concession, c'est vrai, mais justement c'est pour ça que je l'ai trouvé bien plus marquant. Les personnages sont dégoutants, révoltants, ils suscitent le mépris et l'indignation par leurs actions et leurs paroles. C'est choquant, tout simplement mais c'est aussi ça qui fait la force du travail de Zola, de ne pas toujours mettre au premier plan des personnages plein de bons sentiments.

    Pour en revenir au Rêve, je l'ai trouvé assez plat et je me suis plutôt ennuyée près des trois quart du livre, il aura fallu attendre les derniers chapitres pour commencer à m’intéresser un peu, c'est dommage.
    J'en attends cependant beaucoup de La Bête Humaine, j'espère donc qu'il sera à la hauteur de mes attentes!

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    1. Je comprends ton ressenti, c'est vrai que c'est un livre assez différent de ce que Zola a pu faire avec les autres romans de la saga, c'est plus "calme", plus posé. Je trouve que seule la fin nous rappelle qu'on est dans du Zola!

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    2. Zola lui-même disait qu'il voulait faire un livre que personne n'attendait de lui, autant dire que de ce coté là, c'est réussi!

      C'est vrai qu'il est plus calme, un peu comme une pause entre deux monuments littéraires, au même titre que l'était Une Page d'Amour.

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    3. Effectivement, ça se distingue vraiment du reste!

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  6. Il me tarde de relire Le Rêve parce que je me souviens que ce roman-là m'avait un peu déçue. Je ne l'ai pas détesté, bien au contraire mais je ne l'ai pas trouvé aussi prenant que d'autres. Alors avec cette seconde lecture, je vais voir si mon sentiment premier est confirmé ou pas...peut-être que ce ne sera pas le cas mais je me souviens d'avoir ressenti un manque de réalisme dans ce tome qui m'avait un peu perturbée... Mais, avantage du Rêve, c'est qu'il se distingue des autres tomes et, en cela, reste un roman un peu à part et hors du commun. :)

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    1. Il est un peu particulier par rapport aux autres, je trouve, on sent moins le lien avec le reste de la saga :)

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