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lundi 12 août 2013

Challenge Boris Vian #2: Conte de fées à l'usage des moyennes personnes.





Bonjour à tous les Livroscopiens!

J'espère que votre mois d'Août se passe bien! Aujourd'hui, si vous le voulez bien, je vous propose de découvrir ma nouvelle lecture pour un Challenge commencé le mois dernier, le Challenge Boris Vian, proposé par le blog l'Oeil qui fume. Après Elles se rendent pas compte, qui est l'un des romans les plus connus de l'auteur, nous allons nous pencher sur l'une de ses oeuvres de jeunesse, dont la publication fut assez tardive: il s'agit de Conte de fées à l'usage des moyennes personnes. Avant tout, je tiens à préciser une chose, que l'on m'a demandée: parmi les dix livres que je compte lire pour ce Challenge, je ne pense pas présenter l'Ecume des Jours, et ce parce que même si j'aime bien ce roman (même si il n'est pas dans mes préférés), il a été énormément présenté sur des blogs ces derniers mois, en raison de la sortie de son adaptation cinématographique par Michel Gondry. Je préfère vous présenter d'autres romans de Boris Vian à la place! Bonne lecture à tous!

Conte de fées à l'usage des moyennes personnes:



Résumé:
L'histoire, c'est celle de Joseph, un prince qui, se rendant compte que la vie est amère, décide de partir en quête de sucre pour l'adoucir. Aidé de son fidèle palefroi, puis de Barthelemy, son ami roturier, il se lance dans une incroyable épopée à travers plusieurs pays pour y parvenir. Au menu: des festins, des enlèvements (par des trolls), des fées, des chinois… Bref, l'aventure ne s'annonce pas de tout repos! 

Une parodie de roman de chevalerie?
En le lisant, on sent clairement qu'il s'est inspiré des romans de chevalerie, un genre florissant depuis le Moyen-Âge et qui a longtemps nourri l'imaginaire d'auteurs même plus récents, comme Walter Scott. 
Cette inspiration se sent d'abord dans le choix de son héros, Joseph, une sorte de prince qui, comme les héros de ces romans, parcourt la terre avec son fidèle palefroi et son compagnon Barthelemy. Et comme dans ces romans, Joseph a aussi une quête, et il rencontre tout un tas de personnages fantastiques (fée, sorcière et autres trolls) qui vont plus ou moins l'aider à y parvenir. 
Néanmoins, il ne faut pas oublier qu'on lit du Boris Vian, pas du Walter Scott! Conte de fées est donc davantage une parodie de ce genre littéraire. Prenons Joseph, par exemple: au départ, il a bien l'air d'un héros preux et courageux; cependant il est bien loin des héros arthuriens! Il se balade nu, tripote allègrement les demoiselles, et est un peu stupide, contrairement au chevalier classique qui se doit d'être digne, amoureux mais distant, et un peu intelligent.

Il en va de même pour les compagnons de notre héros: le duo qu'il forme avec Barthelemy m'a fait davantage penser au couple Perceval/Karadoc dans Kaamelott qu'à Arthur et Lancelot dans les contes du Graal! Ils rencontrent des créatures proches du ridicule: un mille-pattes qui a le diabète, un énorme scarabée stupide… On est loin des dragons et des créatures terrifiantes! Nous avons donc affaire à une parodie chevaleresque de la part de Boris Vian. 

De la conception à la publication:
Contrairement à d'autres livres de Boris Vian, Conte de fées est assez peu connu du grand public. Une méconnaissance qui s'explique surtout par sa publication fort tardive: en effet, dans l'édition le Livre de Poche, on apprend qu'il aurait été publié pour la première fois en 1981, soit plus de vingt ans après la mort de l'auteur, et presque quarante après sa conception, en 1943 environ.
A l'époque, Boris Vian est un jeune auteur, il entre dans la vingtaine, et expérimente déjà avec sa plume. En 1943, son épouse de l'époque, Michelle, malade, doit se faire opérer. Pour lui changer les idées, il décide d'écrire une histoire farfelue, ce qui donnera naissance au fameux conte dont il est question aujourd'hui.

Une oeuvre inachevée: 



Cette histoire est une des premières écrites par Boris Vian, considérée comme une oeuvre de jeunesse. Cependant, comme on l'apprend dans la préface, Boris Vian, qui a une histoire assez particulière avec ses oeuvres ("je t'aime moi non plus") considère l'Ecume des Jours comme son premier véritable roman, bien qu'il ne le soit pas chronologiquement (Vercoquin et le Plancton ou encore J'irai cracher sur vos tombes ont été écrits avant). Ses oeuvres de jeunesse ont donc été laissées un peu au placard, comme Conte de fées: il en existe deux versions. La première que l'on peut découvrir est apparemment la plus vieille, illustrée, mais même si l'histoire a réellement une fin, Boris Vian n'était pas content du résultat final, puisqu'il s'est lancé dans l'écriture d'une seconde version, inachevée celle-ci, ainsi que dans un projet de suite, lui aussi avorté. 

Mon avis:
J'avais pris ce livre avec moi en vacances, entre deux pavés (le Lit d'Aliénor de Mireille Calmel et Maine de J. Courtney Sullivan, histoire de souffler un peu avec une lecture courte, et divertissante. J'avais reçu Conte de fées lors du swap Contes et Légendes, fait avec Choulie, et je me suis dit que ce Challenge était l'occasion idéale de le découvrir! Qu'en ai-je donc pensé? 

En ce qui concerne l'intrigue, j'ai passé un bon moment avec Conte de fées: même si l'humour (dont je parlerai un peu plus loin) est forcément très présent dans ce livre (n'oublions pas que 1)il a été écrit à la base pour distraire une malade, et 2) c'est Boris Vian), l'auteur construit une vraie histoire autour de ses personnages, avec une ligne directrice (la quête du sucre) et de nombreux rebondissements qui font que l'on ne s'ennuie pas, et qu'il faut quand même rester accroché et lire ça d'un oeil attentif pour ne pas être perdu. Un bon point pour moi!

Les personnages sont très nombreux dans ce livre, même si Boris Vian s'attache surtout au trio formé par Joseph, Barthelemy, et le palefroi. Plutôt que de prendre beaucoup de temps à développer ses héros, il va à l'essentiel, et les présente un peu comme des caricatures, avec des traits simples mais efficaces qui leur donne ce qu'il faut de profondeur. Je sais que certains lecteurs aiment les livres où les personnages ont une psychologie très complète, détaillée, mais juste après avoir lu Maine, où tous les personnages sont fouillées et recherchées, la simplicité de Boris Vian fait du bien. N'oublions pas que la simplicité n'est pas un gros mot en littérature, si elle est bien utilisée, elle peut faire des merveilles! 

Parlons maintenant du style: sachant qu'il s'agissait d'une oeuvre de jeunesse, je me demandais si j'allais retrouver ce que j'aime tant chez Boris Vian, et la réponse est oui! Dès les premières lignes, son humour si particulier est présent, et sous diverses formes: ça va du calembour et de la blagounette "Grosses Têtes" (comme, en parlant du palefroi: "moi non plus je ne crains pas le froid"), aux détails absurdes disséminés un peu partout (le roi qui met des lunettes noires pour ne pas être reconnu, alors que, concrètement, il a toujours sa couronne, donc tout le monde sait que c'est lui; ou Joseph qui, tombant dans un trou depuis un an, décide d'arrêter de tomber, et hop, il ne tombe plus!). L'absurde, l'improbable, c'est ce que je préfère chez Boris Vian, et que l'on retrouve à la pelle ici. Le format, très court, avec des dessins, est adapté à l'univers absurde que Boris Vian nous présente: si il avait décidé de pousser plus loin et d'en faire un roman aussi long que les romans de chevalerie, je pense que l'ensemble aurait été moins agréable, peut-être même difficilement supportable. 

Pour finir, je tiens à saluer le travail de l'édition du Livre de Poche, qui nous propose quelque chose de très complet ici, avec une préface très intéressante, les deux versions du conte, les dessins, ou encore le projet de suite. Je trouve que c'est une très bonne initiative!

En bref, j'ai beaucoup aimé ce livre, que je n'avais pas encore lu avant ce Challenge (et pourtant, j'ai lu plein, mais alors plein de livres de Boris Vian). En tant qu'admiratrice de l'auteur, ça a été un vrai plaisir de découvrir cette oeuvre de jeunesse, et je pense que ce plaisir a été et sera aussi celui d'autres amateurs. Néanmoins, je ne suis pas sûre qu'il convienne aux personnes qui n'ont encore jamais lu du Boris Vian: d'un côté, il est beaucoup plus accessibles que d'autres histoires, mais de l'autre je trouve qu'il ne montre qu'un petite partie de son talent. Si vous avez lu ce livre, n'hésitez pas à me donner votre avis sur la question! On se retrouve très vite pour de nouvelles lectures!

AnGee Ersatz*


4 commentaires:

  1. Voilà qui me donne envie de découvrir ce récit :-)

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  2. Coucou !
    Je suis passée sur ton blog hier, j'ai lu l'article sur le château mais j'ai du partir rapidement avant de commenter ! :3 J'espère que tu vas bien en tout cas.

    Je n'ai jamais lu Boris Vian mais je t'avoue que je suis assez curieuse. Néanmoins, je ne commencerai pas avec ce livre et je suivrai ton conseil : lire un autre bouquin de lui pour saisir l'étendu de son talent. :)

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  3. Hello!


    Oui je vais bien et toi? :D

    Promis, je conseillerai plein de bons livres dans ce Challenge!

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