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vendredi 27 avril 2012

Tim Burton et les adaptations.



Il faut le dire, Tim Burton a le vent en poupe dernièrement: deux films en 2012 (Dark Shadows, en mai, une adaptation très attendue d'une série née en 1966, et une nouvelle version de Frankenweenie, un de ses premiers films), et l'arrivée en France d'une rétrospective à la Cinémathèque (immense fan de Tim Burton, j'y vais demain, un article est prévu, même si ça n'a pas trop de liens avec le blog...). Avec plus de 15 longs métrages à son actif, je vous propose de nous pencher sur quelques uns de ses films, adaptés de romans ou de livres en tous genres...


Dès le début...
Tim Burton a commencé sa carrière chez Disney, maison avec laquelle il a gardé par la suite des relations (ce qui s'est traduit par quelques collaborations, comme pour l’Étrange Noël de Mr Jack, né de son imagination et réalisé par Henry Selick). Les studios Disney sont connus pour leurs nombreuses adaptations de livres, en particulier de romans ou contes pour enfants: en travaillant chez eux, Tim Burton a ainsi réalisé un téléfilm, Hansel et Gretel, basé sur le conte des frères Grimm, un premier contact avec la littérature. Un autre de ses courts métrages, Vincent, est aussi inspiré des nouvelles de l'américain Edgar Allan Poe: le personnage, un petit garçonnet persuadé d'être Vincent Price (l'un des acteurs préférés de Burton, qui jouera le créateur d'Edward dans Edward aux mains d'argent), rêve de vivre les mêmes choses que l'acteur dans les adaptations de nouvelles de Poe. Frankenweenie, un de ses premiers projets et films, est aussi inspiré du livre de Mary Shelley, Frankenstein, en version enfantine: Victor cherche à faire revenir son chien à la vie, et le retour de ce mort provoque des situations toutes plus imprévues les unes que les autres... Burton, très attaché à cette histoire, lui accorde une seconde jeunesse dans une nouvelle version prévue pour octobre!

(Frankenweenie version 2012, inspiré de Frankenstein)

L'aventure Batman:
Par la suite, Tim Burton réalisa les deux premiers films Batman, l'un des personnages les plus emblématiques de DC Comics, crée par Bob Kane et Bill Finger. Il ne s'agit peut être pas de littérature à proprement parler, mais le travail du réalisateur est quand même de se baser sur un univers déjà existant et sur une histoire déjà écrite. Le défi de ces adaptations de Batman: les fans du personnage, très exigeants, et qui le font savoir. On sait par exemple que le choix de Michael Keaton pour jouer Bruce Wayne a été très mal accueilli par les fans, et que Tim Burton a mal vécu l'expérience de Batman, sorti en 1989, ce qui ne l'empêche pas de réaliser ensuite l'excellent Batman: le défi, avec Michelle Pfeiffer dans le rôle de Catwoman, et Danny de Vito dans celui du Pingouin. Les deux films sont restés dans les annales du film de super héros: l'univers sombre de Gotham City est parfaitement bien rendu à l'écran par Tim Burton, qui parvient à faire sortir les personnages du papier, en particulier les méchants, qui ont une véritable force à l'écran (Jack Nicholson en Joker, Catwoman...). Même si les fans rechignaient d'abord, il faut se rendre à l'évidence: la succession de Burton, qui se contente de produire le suivant, puis abandonne complètement Batman, fut difficile à prendre. On pense notamment à la catastrophe Batman et Robin, un bide complet, qui enterra Batman et les autres projets de films jusqu'à la relève en 2005, avec Batman Begins.

(Michelle Pfeiffer, bluffante en Catwoman)

Le Cavalier Sans Tête:
La première véritable adaptation littéraire en long métrage de Burton arrive en 1999 avec Sleepy Hollow, un de ses plus gros succès. Ce film est basé sur la nouvelle de l'américain Washington Irving, connue sous le nom de Légende de Sleepy Hollow ou Légende du cavalier sans tête: cette nouvelle est elle-même inspirée de légendes américaines nées après la guerre d'Indépendance, une période trouble dans l'histoire du pays. L'intrigue est la suivante: Ichabod Crane, un professeur un peu benêt, s'installe à Sleepy Hollow, un val où l'on raconte que le fantôme d'un cavalier hessois traverse la forêt la nuit à la recherche de sa tête. Un soir lors d'une fête, Ichabod Crane tente de séduire la fille d'un riche fermier; probablement éconduit, il quitte la fête. Mais il est poursuivi par le cavalier sans tête, qui ne laisse de sa victime qu'une citrouille (représentant la tête du pauvre Ichabod). L'adaptation de Tim Burton de cette très courte nouvelle est bien plus libre: Ichabod Crane (joué par Johnny Depp) est ici un inspecteur de police chargé d'enquêter sur les étranges meurtres de Sleepy Hollow, que la population attribue au fameux cavalier sans tête; en même temps, il s'entiche de Katrina Van Tassel (Christina Ricci), qu'il soupçonne de sorcellerie. Le ''scénario'' de départ est donc très largement étoffé, et de nombreux éléments sont ajoutés: les meurtres plus nombreux, la sorcellerie, mais aussi la relation conflictuelle du héros avec son père, un chasseur de sorcières... L'esprit original de la légende est quand même gardé, s'appuyant sur l'atmosphère de troubles de cette époque, et de nombreuses scènes (comme celle où le cavalier retrouve enfin sa tête) sont entrées dans le panthéon des scènes cultes du cinéma. Aujourd'hui, la ville de Sleepy Hollow aux Etats-Unis vit encore sur cette légende, relancée par le film de Tim Burton.
(Sleepy Hollow est une adaptation libre de la nouvelle de Washington Irving)


Vous prendrez bien un peu de chocolat Wonka?
Après La Planète des Singes (du roman du même nom), c'est en 2005 que Tim Burton s'attaque à un nouveau livre, un livre pour enfants très connu, puisqu'il s'agit du célèbre Charlie et la Chocolaterie de Roald Dahl, un livre qui continue de bercer l'enfance de beaucoup de gens. Les défis sont nombreux dans l'adaptation de ce livre, et sont visibles pour quiconque a lu le roman: d'abord, la Chocolaterie de Willy Wonka demande des décors immenses (on pense au fameux ascenseur de verre ou à la rivière en chocolat) et très nombreux (comme en témoigne le récit de la visite); ensuite, le personnage de Willy Wonka est aussi intéressant, puisqu'ambigu (comment expliquer sa folie douce?), et doit rester aussi charismatique que dans le livre; enfin les chansons. En effet, Roald Dahl a accompagné son histoire de nombreuses chansons, chantées par les Oompa Lompas, notamment lorsque les différents enfants font des bêtises; heureusement, pour ce dernier problème, Tim Burton peut compter sur l'excellent Danny Elfman, son compositeur fétiche, qui parvient à retranscrire et l'image et l'atmosphère du roman dans ses morceaux, tous différents en style. Le résultat: un film visuellement magnifique, avec des décors incroyables et très proches du livre. L'histoire est parfaitement suivie, même si une nouvelle dimension est donnée au personnage de Willy Wonka, un enfant traumatisé par son père dentiste, mais elle est bienvenue car bien intégrée à l'histoire. L'univers de Tim Burton et celui de Roald  Dahl étaient faits pour se rencontrer... Pour moi, ce film reste l'un des meilleurs de Tim Burton, et l'un des meilleurs rôles de Johnny Depp, ainsi qu'un de mes meilleurs souvenirs d'enfance...

(les décors spectaculaires de Charlie et la Chocolaterie)


Wonderland et autres projets:
Tim Burton, en collaboration avec Disney, a par la suite adapté l'oeuvre de Lewis Caroll, Alice au pays des merveilles, dans un film éponyme. Je ne vais pas trop m'étendre sur ce film: même si visuellement, tout est impeccable, que ce soit les costumes, les décors, les maquillages, l'histoire est un mauvais mélange de Alice au pays des merveilles et d'Alice: de l'autre côté du miroir, et devient presque plus incompréhensible que le livre original. Est-ce la collaboration avec Disney ou un manque d'inspiration? En tous cas, la danse de fin du Chapelier Fou reste pour moi un moment d'incompréhension, même si ce personnage avait une dimension plus profonde qui était intéressante... A voir quand même pour le visuel impeccable du film, et pour Helena Bonham Carter, très bien dans le rôle la reine de coeur!

Tim Burton le dit lui même, son inspiration vient surtout des dessins animés ou des films de son enfance; il n'a jamais été un très grand littéraire, même si, comme nous venons de le voir, certains livres collent avec son univers. Les adaptations de livres par Tim Burton ne vont pas s'arrêter là: il a produit l'adaptation d'un roman sorti il y a quelques années, Abraham Lincoln: The Vampire Hunter, où le célèbre Abraham Lincoln se transforme en chasseur de vampires pendant la guerre de Sécession; de plus, il prépare un nouveau projet, Pinocchio, en cours d'écriture et basé sur le personnage de Carlo Lorenzini.

(Abraham Lincoln: The Vampire Hunter, produit par Tim Burton)


AnGee Ersatz*

(retrouvez un article sur l'exposition à la Cinémathèque de Paris la semaine prochaine!)

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