samedi 30 novembre 2013

Challenge Littérature Victorienne #2/ Read In English #6: Alice's Adventures Underground de Lewis Carroll.




Bonjour à tous et à toutes!

Novembre touche à sa fin, et avant de nous jeter dans les préparatifs de Noël, je vous propose de conclure ce mois si mouvementé de mon côté (devoirs, devoirs, oh, encore des devoirs) par un dernier petit article. Aujourd'hui, nous allons plonger dans un univers que nous connaissons tous, même sans avoir forcément lu les livres dont il vient... Si je vous dis lapin, chapelier, tasse de thé et croquet, vous me répondez... Alice! Après avoir consacré un article à l'univers d'Alice, j'ai décidé de vous parler ici de la toute première version d'Alice In Wonderland, assez peu connue du public car peu éditée, intitulée Alice's Adventures Underground. J'ai lu ce livre dans le cadre du Challenge Littérature Victorienne de Chasse-mouche sur Livraddict, et pour celui d'Avalon, le Read In English. Je vous souhaite une très bonne lecture à tous!



Les multiples vies d'Alice:
Commençons par un petit point sur les différents livres Alice qui existent, car oui, Alice, ce n'est pas juste Alice au Pays des Merveilles
Tout d'abord, il y a, dans l'ordre chronologique, Alice's Adventures Underground qui est une version "primitive" d'Alice In Wonderland (1865). Le succès de ce dernier a conduit Carroll à travailler sur une version épurée pour les plus jeunes, baptisé Nursery Alice (1889), puis sur une suite (que vous connaissez sûrement aussi), Through The Looking Glass, où notre jeune héroïne rencontre entre autres Tweedle-Dee et Tweedle-Dum et Humpty Dumpty.

L'univers d'Alice a traversé les siècles et a connu de nombreuses adaptations au cinéma (par Disney, par Tim Burton, ou encore par Jans Svankmajer) mais a aussi inspiré d'autres auteurs, notamment Quinrose pour une version revisitée en manga, Alice au Royaume de Coeur.


La genèse du livre:
Comment Lewis Carroll, professeur de mathématiques bègue, a t'il eu l'idée d'écrire un livre tel que celui-ci? Le nom d'Alice Liddell fera probablement écho à vos oreilles: elle a inspiré, avec ses deux soeurs, notre auteur. La "légende" raconte que, harcelé par les trois enfants un après-midi d'été, Carroll a commencé à leur raconter l'histoire abracadabrante mais fort distrayante de la petite Alice et de ses rencontres avec des personnages loufoques. Nous sommes alors en 1862: afin de garder une trace de cette histoire, il en écrit une version manuscrite et illustrée qu'il offre aux petites pour Noël et baptisée Alice's Adventures Underground. Par la suite, il se lancera dans l'aventure de la publication et surtout de la réécriture de son livre, qui sera nettement étoffé entre 1862 et 1865, date de parution d'Alice In Wonderland.
Cette relation fut également à l'origine de la controverse autour de Lewis Carroll et de la question de la pédophilie.



Alice's Adventures Underground:
Résumé:
La petite Alice et sa soeur aînée passent une après-midi dans le jardin, il fait beau, mais Alice s'ennuie. Cette demoiselle aime la distraction, et ce n'est pas avec sa soeur, plongée dans un livre, qu'elle peut s'amuser follement... Mais soudain, un lapin blanc apparaît: armé d'une montre à gousset, il court à travers le jardin à vive allure, car il est... En retard! Intriguée, Alice se lance à sa poursuite, sans se douter qu'elle va plonger la tête la première dans un monde bien étrange...

Les différences majeures avec l'oeuvre finale:
Je vous l'ai dit plus haut, entre 1862 et 1865, l'histoire de la célèbre Alice et de sa découverte de Wonderland a beaucoup, beaucoup changé. Il y a de nombreuses différences entre les deux versions, comme on peut s'y attendre. 



Curieusement, ce n'est pas tant au niveau du style que le changement se voit: si on compare les deux débuts d'Alice's Adventures Underground et d'Alice In Wonderland, on constate qu'ils sont extrêmement similaires. L'univers est déjà bien installé, et le gros de l'histoire est le même (le lapin, le roi et la reine de Coeur, l'idée du rêve). On retrouve aussi les jeux de mots et son originalité.
Mais qu'est ce qui est différent alors? Et bien Lewis Carroll, pour étoffer son histoire, a rajouté un bon nombre de personnages et de chapitres qui contribuent aujourd'hui à sa célébrité: la course saugrenue (en VO "Caucus Race"), le célèbre passage du thé avec le Chapelier Fou et le Lièvre de Mars, ou encore le cultissime Cheshire Cat sont des ajouts que Lewis Carroll a faits avant la publication définitive d'Alice In Wonderland. On peut également remarquer le changement de titre: il faut savoir qu'à l'époque victorienne, où la morale et la bienséance étaient de mises, tout ce qui était "underground"  était plutôt effrayant et mal vu. Alors que Wonderland, ça fait tout de suite rêver ;)


Pourquoi le lire?
En voilà une bonne question: pourquoi lire ce livre alors qu'on peut trouver une version plus longue de l'histoire? Et bien il y a tout un tas de raisons à cela:

-Alice's Adventures Underground nous apprend beaucoup de choses sur le livre de Lewis Carroll. C'est un peu comme lire les notes de Zola sur les Rougon-Macquart ou les brouillons de Flaubert sur Madame Bovary. Je fais partie de ces gens qui s'intéressent à la genèse des livres: comment l'auteur a t'il écrit? Son style s'est-il amélioré? Y a t'il des choses qu'il a changées? Supprimées? Ajoutées? Si cela vous intéresse, foncez!

-Gros point important: dans cette version, vous pouvez également découvrir les illustrations faites par Carroll himself! Et oui, dans sa première version 100% artisanale, il a tenu à faire lui-même les illustrations (comme le dit Alice au tout début, quel est l'intérêt d'un livre sans images?). Si aujourd'hui nous connaissons tous le travail effectué par John Tenniel, il ne faut pas oublier que Carroll fut le premier illustrateur de son oeuvre, et qu'il avait une idée bien précise sur ce qu'il attendait de l'illustration. Alice n'est pas que du texte, c'est aussi des images...




-Enfin, une autre bonne raison de le lire: il est disponible gratuitement (avec en prime les scans du manuscrit original) sur l'excellent site de la British Library, dont voici le lien

Mon avis sur ce livre:
Vous le savez si vous suivez mon blog depuis son lancement, je suis une grande, grande fan de l'univers de Lewis Carroll, et plus particulièrement de Alice. Cette année, j'ai même la chance de pouvoir l'étudier dans deux de mes cours, ce qui est vraiment fantastique, car il y a un nombre incroyable de choses à dire à son sujet. Je savais qu'il y avait une première version d'Alice, que j'ai même pu voir de mes propres yeux lors de mon voyage à Londres en 2012. Néanmoins, je ne l'avais pas encore lu, mais avec mes études, je me suis dit qu'il était temps de m'y mettre!


J'ai passé un assez bon moment avec ce livre, qui est assez court: en moins de deux heures, je l'avais terminé. J'ai particulièrement aimé pouvoir comparer les deux versions d'Alice, et étudier d'un peu plus près la façon d'écrire de Lewis Carroll. Mais le plus surprenant, c'est le travail d'illustration réalisé par notre auteur: non seulement il savait très bien se débrouiller avec un crayon autrement que pour écrire, mais en plus on comprend l'importance de la relation texte-image. 

Mon avis est très court, puisque je n'ai pas grand chose à dire: je pense que c'est vraiment un must-read (après le must have, le must read ^^) pour tous les admirateurs d'Alice In Wonderland ou de l'oeuvre de Lewis Carroll, ou tout simplement pour ceux qui s'intéressent à tout ce qui précède la publication d'un livre. 

Voilà, c'est tout pour ce mois-ci! Comme vous pourrez le constater, j'ai aussi changé la version du blog pour me préparer à l'hiver et à la neige. N'hésitez pas à me donner votre avis là-dessus en commentaire, mais aussi sur cet article! Laissez-moi vos suggestions, et surtout prenez soin de vous en attendant la nouvelle chronique ;)

AnGee Ersatz*


jeudi 28 novembre 2013

Challenge Johnny Depp #3: The Ninth Gate, de Roman Polanski.




Bonjour à tous les Livroscopiens et à toutes les Livroscopiennes!

Je suis ravie de vous retrouver! J'espère que vous allez bien et que vous êtes prêts pour une nouvelle chronique. Vous l'aurez compris par le titre ou par cette belle image alléchante, nous allons aujourd'hui continuer notre parcours consacré à l'acteur Johnny Depp pour le petit Challenge personnel que je me suis lancée il y a trois mois. Après Cry-Baby et Edward Scissorhands, je vous propose de faire un bond de quelques années pour découvrir l'un des films emblématiques de sa carrière, The Ninth Gate (ou la Neuvième Porte en français) de Roman Polanski. Fini le Johnny imberbe au minois de glace, et bonjour à la barbe et aux lunettes! Je vous souhaite une très bonne lecture ;)



Il en est où, le Johnny?
Bon, pour ce troisième film, vous le constaterez, nous avons fait un sacré bon dans le temps! Après Edward Scissorhands, sorti en 1990, nous allons parler aujourd'hui d'un film sorti lui en 1999. Autant vous dire que l'ami Johnny a parcouru du chemin depuis! 
Le rôle d'Edward dans le film de Tim Burton a réellement changé le cours de sa carrière, lui offrant une vraie crédibilité auprès du public et aussi des critiques, pas toujours très tendre pourtant avec les acteurs de séries télévisées. Il s'est donc retrouvé à l'affiche de bon nombre de films en neuf ans, les plus connus étant, par exemple, Arizona Dream, Donnie Brasco ou encore Las Vegas Parano. J'aurais vraiment aimé pouvoir parler de tous ces films, mais malheureusement je devais quand même faire un choix. Tim Burton devient accro à son talent qu'il a pu utiliser dans le film Ed Wood, et Sleepy Hollow sortira un an après The Ninth Gate.
En bref, Johnny prend des risques, interprétant des rôles pas forcément évidents et qui vont souvent à l'encontre de son image de beau gosse dont il fait tout pour s'éloigner. Avec The Ninth Gate, il fait aussi la rencontre de Vanessa Paradis, qui deviendra la mère de ses enfants.

Quelques mots sur Roman Polanski:
Prenons quelques instants pour parler de notre réalisateur du jour, Roman Polanski! Je pense que vous êtes nombreux à le connaitre, mais parlons-en un peu.
Né en 1933 en France, Roman Polanski est d'origine polonaise mais aussi russe. Il perd sa mère pendant la Seconde Guerre Mondiale. 



Par la suite, il s'intéresse au cinéma, et commence par réaliser des courts-métrages remarqués qui lui permettent de tourner son premier film, en polonais, et baptisé le Couteau dans l'Eau. Ce film lui ouvre les portes du reste de l'Europe puis des Etats-Unis.
Sa carrière est marquée par des films devenus célèbres, comme Rosemary's Baby, Chinatown, Tess, le Bal des Vampires... mais aussi des drames (la mort de son épouse, enceinte, Sharon Tate par la secte du tristement célèbre Charles Manson) et des scandales (l'affaire, toujours controversée et loin d'être réglée, d'une accusation de viol sur mineur qui lui a fait quitter les Etats-Unis).
Son dernier film en date, la Vénus à la Fourrure, est sorti il y a quelques semaines. Il est marié à l'actrice Emmanuelle Seigner.

La Neuvième Porte:
Quelques informations sur le film:
Penchons-nous d'un peu plus près sur le film. Sorti en 1999, il est basé sur un roman de l'auteur espagnol Arturo Pérez-Reverte (connu notamment pour sa série intitulée les Aventures du Capitaine Alatriste) du nom de Club Dumas, ce que j'ignorais totalement avant de préparer cet article mais que j'ai très envie de découvrir maintenant. Le film est d'abord sorti en Europe, puis quelques mois plus tard aux Etats-Unis, la relation entre ce pays et Polanski étant des plus compliquées. C'est d'ailleurs pour cette raison que le tournage, comme pour beaucoup de ses films, s'est déroulé en France ainsi qu'en Espagne et au Portugal. Il eut un joli succès en salles, parvenant à se rentabiliser.



Au niveau du casting, nous avons Johnny Depp dans le rôle-titre (Dean Corso); Frank Langella (qui a notamment joué Zorro et Dracula) interprète Balkan; Emmanuelle Seigner joue le rôle d'une demoiselle sans nom mais très, très importante; Lena Olin (qui retrouva Johnny Depp plus tard dans Chocolat) incarne la séduisante Liana Telfer.

Résumé:
Dean Corso (Johnny Depp) exerce un métier peu connu, mais très lucratif: il traque des oeuvres littéraires d'une grande rareté pour des collectionneurs aux porte-monnaies fournis. Un jour, l'un de ses clients, nommé Balkan, lui confie une mission un peu particulière: il lui demande de retrouver deux autres exemplaires d'un livre démoniaque baptisé The Nine Gates Of The Kingdom Of Shadows, qu'il possède, afin de savoir lequel des trois est authentique. Corso se lance sur les routes d'Europe, mais très vite, il réalise que travailler sur un tel projet, c'est tenter le diable (sans mauvais jeux de mots), alors que les ennuis ne cessent de s'accumuler, et qu'il n'arrête pas de croiser la même jeune femme bien mystérieuse (Emmanuelle Seigner)...


Le commerce des livres... démoniaques?:
Dans The Ninth Gate, le spectateur découvre un personnage à la profession peu mise en avant par les conseillères d'orientation, celui de de chasseur de trésors. Bon, les trésors, on en a vu plein au cinéma et ailleurs: mais Indiana Jones n'a pas le monopole du trésor! Ici, on nous présente un type particulier de chasseur, le chasseur de livres uniques et hors de prix, bref, du livre de luxe (dire que j'ai l'impression d'être une ouf quand j'achète une édition à 20euros... Comme quoi!). 
Car on ne se rend plus forcément compte aujourd'hui, entre la multiplication des livres de poche à petit prix et la dématérialisation des livres (j'ai offert une Kindle à ma mère pour son anniversaire, j'ai l'impression d'avoir vendu mon âme au diable ^^), mais certains livres sont extrêmement rares et peuvent valoir une vraie petite fortune. On nous en donne un très bon exemple au début du film: Dean Corso se rend dans une famille qui a visiblement besoin d'argent rapidement et qui décide de vendre les livres du patriarche, en fauteuil et incapable de s'exprimer, et la somme monte très vite! Même si en bon chasseur de trésor, il n'hésite pas à faire une belle petite arnaque... Et quand on voit ce que sont prêts à faire certains personnages du film pour mettre la main sur un livre, on se dit que c'est un business plus que sérieux!

Bon, il faut le dire, le livre dont il est question est quand même bien particulier, puisqu'il s'agit d'un livre aux pouvoirs démoniaques, un thème que l'on trouve aussi dans toutes les formes de fiction (cinéma, littérature...). Les premiers exemples qui me viennent: Buffy contre les Vampires, Charmed, ou encore Harry Potter et la Chambre des Secrets avec le retour de Voldemort grâce à son journal d'étudiant pourlardien (cet adjectif n'existe pas, et alors!). Prêter aux livres des pouvoirs tels que la résurrection, l'emprisonnement d'une personne, ou encore faire revenir le diable n'est pas si fou: pendant longtemps, les livres en eux-mêmes étaient considérés comme des objets "démoniaques" qui, lus par les hommes, écartaient ces derniers du droit chemin de la foi. Ensuite, si Dieu a son livre (la Bible), certains ont imaginé que le diable pouvait en avoir un...


"Quoi, le plancher? Meuh non, à l'aise!"
Mon avis sur le film:
Lorsque j'ai eu l'idée de ce Challenge Johnny Depp, je savais que j'allais traiter de films que je connaissais déjà bien (comme ses collaborations avec Tim Burton), mais j'avais surtout envie de découvrir ses prestations dans des films que je n'avais pas encore visionnés, et la Neuvième Porte en faisait partie. Alors oui, je n'avais encore jamais vu ce film, alors qu'il réunit deux éléments qui me passionne (en plus de Johnny Depp, précisons-le): les livres, évidemment, et Roman Polanski (cinéaste que j'ai découvert étant petite: ma mère est très fan de ses films, du coup j'en ai vu pas mal depuis). "Mais pourquoi ne l'as-tu pas vu avant alors?": tout simplement parce que je suis une grosse, grosse trouillarde, et généralement lorsque je regarde un film/une série ou lis un livre à base de démons et de forces occultes, je dors généralement très mal après (paradoxal pour la fan de Buffy que je suis). Cependant il a bien fallu que je saute le pas et que je regarde ce film! Et je dois vous le dire, j'ai tout simplement A-DO-RE ce film, et ce pour les raisons suivantes:

Commençons par l'histoire: dès les premières minutes, j'ai été plongée dans l'intrigue du film, et ce pour ne jamais en ressortir. L'histoire, celle d'un traqueur d'oeuvres rares, est au final assez simple mais très efficace: Roman Polanski ne perd pas de temps en histoires parallèles/secondaires, tout a un rapport avec le noyau du film. C'est bien construit, il y a pas mal de rebondissements, et je ne me suis pas du tout ennuyée, bien qu'il dure plus de deux heures. J'ai été d'ailleurs assez surprise par la toute fin de la Neuvième Porte, si jamais vous l'avez vu, n'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de celle-ci!



Autre point que j'ai beaucoup aimé: l'ambiance et la mise-en-scène. Je suis loin d'être une professionnelle du cinéma, évidemment, mais dans le cas de la Neuvième Porte, j'ai été assez frappée par la mise-en-scène et la façon de filmer de Roman Polanski. J'apprécie ce réalisateur à la filmographie plutôt variée, et je pense que le film serait totalement différent si il avait été réalisé par quelqu'un d'autre. Ce que j'ai aimé, par exemple, ce sont les scènes qui se déroulent en France, et plus particulièrement à Paris. Plutôt que de mettre l'accent (comme dans 99% des films, je crois) sur la Tour Eiffel ou des monuments cultes parisiens comme l'Arc de Triomphe ou autre, Roman Polanski a préféré filmer les rues, les quais de Paris, ou encore l'autoroute française. Cela peut paraître un détail, mais j'ai trouvé que c'était une façon intéressante de filmer. En ce qui concerne l'ambiance, je me suis sentie mal à l'aise, inquiète, gênée… J'étais impliquée dans ce film, notamment grâce aux choix des couleurs et aussi de la musique, que j'ai beaucoup aimée. J'ai particulièrement apprécié la quantité limitée d'effets spéciaux: plutôt que nous balancer un grand nombre d'images de démons ou de bains de sangs sacrificiels, le réalisateur a préféré nous entraîner dans l'angoisse de son héros qui panique de plus en plus. Un choix que j'ai trouvé efficace: je suis plus sensible à la peur qui s'infiltre petit à petit qu'au gros déballage de viande et de sang.



J'ai aussi apprécié le nombre "limité" de personnages: globalement, le spectateur suit pendant une grande partie du film le parcours de Dean, qui est ensuite accompagné de la fameuse étrangère jouée par Emmanuelle Seigner. Cela laisse vraiment une large place au développement de notre héros, mais cela laisse aussi le temps de créer de l'empathie pour lui et de nous intéresser aux différents personnages que l'on nous présente. Là encore, on limite le risque de se perdre! Personnellement, j'ai beaucoup aimé Dean, même si il a un petit côté salaud, et sa mystérieuse compagne m'a fascinée pendant tout le film! Dans la même lignée, j'ai adoré le jeu des acteurs. Johnny est au top, il s'en sort très bien dans ce rôle, et j'ai vraiment découvert Emmanuelle Seigner: je ne connaissais l'actrice que de loin, et la Neuvième Porte m'a donné envie de la découvrir davantage. 


Bien entendu, le film comporte quand même quelques petits points négatifs: j'ai trouvé certains passages un peu trop poussés et donc un peu ridicules. Je pense par exemple à la scène du fauteuil roulant qui prend feu, qui pique un peu les yeux: j'ai trouvé ça tellement poussé que du coup j'ai éclaté de rire, ce qui a fait un peu retomber la pression que je ressentais jusqu'alors.

Néanmoins, vous l'aurez compris, j'ai passé un très bon moment devant ce film, et je pense que je le regarderai encore et encore. J'ai aimé cette histoire de livre démoniaque, et j'ai vraiment envie de découvrir plus en détails le travail de Roman Polanski, et celui d'Emmanuelle Seigner. Si ce film vous fait envie, n'hésitez pas! 

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que l'article vous a plu, n'hésitez pas, comme toujours, à me laisser un petit commentaire pour me donner votre avis, vos suggestions et autres, je suis à chaque fois ravie de vous répondre! On se retrouve dès Vendredi avec le tout dernier article du mois qui sera consacré à Alice's Adventures Underground, la première version du livre culte de Lewis Carroll… En attendant prenez soin de vous,

A très vite!

AnGee Ersatz*



mardi 26 novembre 2013

Challenge Rougon-Macquart #18: L'Argent, d'Emile Zola.


























Bonjour à tous et à toutes!

Me revoilà enfin, après plusieurs jours de retard dans mon planning... Et oui, la fin de Novembre a été plutôt tendue côté organisation (devoirs, devoirs, devoirs et devoirs...), du coup j'ai eu du mal à tenir le rythme en ce qui concerne le blog. Mais je vous rassure, chers lecteurs adorés, je vais malgré tout réussir à atteindre l'objectif de dix articles (objectif tenu depuis Janvier 2013, ce serait dommage de se rater maintenant ^^). Au menu de la semaine donc: trois articles! Et on va commencer en beauté avec une nouvelle chronique consacrée aux Rougon-Macquart: aujourd'hui, je vous présente le 18ème tome de la saga culte de Zola, intitulé l'Argent. Je vous souhaite une très bonne lecture!

A savoir: suite à une excellente suggestion de la part de Parthenia, je recenserai tous mes liens autour de la saga dans l'onglet consacré au Challenge que j'ai organisé en Décembre, lorsque j'aurai terminé la saga! Ce sera plus simple pour accéder à toutes les chroniques.

Petite information!
Cette fois, nous allons nous passer d'arbre généalogique. L'intrigue de l'Argent tourne autour d'un seul personnage de la famille, à savoir Aristide Saccard. Si ce nom vous dit quelque chose, ce n'est pas pour rien! En effet, il était déjà présent au tout début de la saga, dans la Curée: si vous voulez en savoir plus sur ce tome, voici mon article à ce sujet. Petite précision aussi: si vous avez l'attention de lire l'Argent, je vous conseille de commencer par la Curée, histoire de ne pas être trop perdus (il y a plusieurs allusions à ce qui se passe dans le précédent roman autour d'Aristide Saccard).




L'Argent:
Résumé:
Nous avions quitté Aristide Saccard, frère du politicien à succès Eugène Rougon, complètement fauché à la fin de la Curée, suite à des placements financiers foireux. Mais loin de se laisser abattre, Aristide guette la moindre occasion de se refaire. Et l'occasion va se présenter sous la forme d'une frère et d'une soeur, Catherine, qui lui prêtent main forte pour monter une nouvelle affaire, baptisée la Banque Universelle, qui connait rapidement un succès fou! On se précipite pour acheter des actions, celles-ci montent en flèche. Mais entre magouilles et passé envahissant, le chemin est loin d'être simple pour Aristide...

Quelques thèmes importants:
Un nouvel univers: la Bourse.
L'avantage avec Zola, c'est que (presque) chaque tome nous propose de découvrir un univers différent, inspiré de l'époque où il vivait.Après la mine, la politique, les commerçants et les ouvriers, nous voilà plongés dans le monde de la finance! Notre héros, Aristide Saccard, a une passion: l'argent. A l'époque où Zola écrivait, la Bourse connaissait une véritable expansion, attirant de plus en plus de personnes prêtes à acheter des titres dans l'espoir de faire fortune. Mais qui dit Bourse dit aussi scandale (ça n'a pas beaucoup changé aujourd'hui, au final): Zola fut inspiré par plusieurs drames financiers qui se jouèrent à l'époque, le plus évident étant celui concernant le percement du canal de Panama (Aristide monte une affaire similaire). Beaucoup de noms de la politique, de la banque et d'autres domaines ont été écornés par ces scandales...
Comme l'ami Emile cherche à "capturer" l'essence de son temps, il était normal de consacrer un roman à ce monde très particulier.

Aristide Saccard, un sacré personnage.
Une fois n'est pas coutume, parlons un peu de notre "héros", personnage assez particulier. Personnage secondaire dans la Curée, le voilà passé au rang de personnage principal dans l'Argent! Et si Zola a décidé de l'inclure dans deux romans, ce n'est pas pour rien.



Aristide est un homme qui a énormément d'ambition, tout comme son frère Eugène Rougon (héros de Son Excellence Eugène Rougon), mais si celui-ci a choisi la voie de la politique, Aristide est bien décidé à acquérir le pouvoir par un autre moyen, l'argent. Déjà dans la Curée, Aristide était dépeint comme un homme fortuné, dont les affaires marchent fort. Il a le sens des combines et sait flairer les bons coups. Mais il sait surtout flairer les bonnes arnaques: car oui, son argent provient surtout de plans crapuleux qu'il organise et qu'il parvient à mener à terme grâce à son incroyable bagout. Si il y a bien quelque chose qu'on ne peut pas lui enlever, c'est sa capacité à séduire les gens, que ce soit ses partenaires en affaire auxquels il peut faire croire n'importe quoi, ou des femmes qui l'intéressent. Et oui, en plus de ça, c'est un vrai coureur de jupons...

Mon avis sur ce livre:
Plus d'un an après avoir commencé ma lecture de la saga des Rougon-Macquart, me voilà enfin au dix-huitième tome! Je ne vous cache pas que je suis assez impatiente de la terminer (plus que deux titres!), mais avant cela, qu'ai-je donc pensé de l'Argent? Et bien dans l'ensemble, je suis pas franchement emballée par ce roman.

Pourquoi? Pour une raison toute simple: le thème majeur de l'Argent, qui s'avère être (comme le titre y fait écho) la finance. Et ce thème ne m'a jamais intéressée. Au lycée, j'ai fait de l'économie pendant trois ans, étant en section ES, et je voyais ça comme de la vraie torture, ça ne passait juste pas et ça ne passe toujours pas. Je n'y comprends pas grand chose, et j'ai vraiment du mal à m'y intéresser. Du coup, malgré les efforts et la plume (fantastique, comme toujours selon moi) de Zola, j'ai eu du mal à m'accrocher à l'intrigue et à la suivre d'un oeil attentif. Globalement, je me suis pas mal ennuyée, j'ai sauté certains passages un peu longs sur la spéculation boursière. Je me suis un peu plus intéressée à d'autres points du roman, comme l'histoire qui surgit de son passé et qui amène un fils caché à Aristide, ou ses relations aux autres personnages. J'ai beaucoup aimé le passage où Aristide se bagarre avec un autre homme au sujet d'une demoiselle (c'était très drôle et divertissant), par exemple.


Dans une saga aussi importante que l'est celle de Zola, je pense qu'il est difficile d'apprécier tous les romans: tout dépend de leur thème, de l'histoire racontée, des personnages... L'Argent fait donc partie, pour moi, de ceux que j'ai le moins appréciés, avec Son Excellence Eugène Rougon, qui m'avait ennuyée en raison, là aussi, de son thème (la politique) qui me parlait un peu moins.

Néanmoins, je pense qu'il s'agit d'un roman intéressant puisque Zola nous parle, comme à son habitude, d'un trait particulier à son époque. Je pense donc que si vous vous intéressez à celle-ci ou tout simplement à la finance, l'Argent vous plaira davantage qu'à moi!

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui! J'espère que cet article vous a plu, n'hésitez pas, comme toujours, à me laisser vos commentaires, suggestions, avis, je réponds à tout le monde! On se retrouve dans deux jours avec un nouvel article, consacré au film la Neuvième Porte de Roman Polanski, visionné dans le cadre de mon petit Challenge Johnny Depp! En attendant, prenez soin de vous :)

AnGee Ersatz*


mercredi 20 novembre 2013

Rentrée Littéraire PriceMinister #2: Lady Hunt, d'Hélène Frappat.



Bonjour à tous et à toutes!

J'espère que mes lecteurs adorés se portent bien, et que vous prêts à découvrir une nouvelle chronique. Pour notre article du jour, j'ai décidé de vous parler de Lady Hunt, un roman que j'ai lu dans le cadre de la rentrée littéraire de PriceMinister. Mais de quoi suis-je en train de vous parler, me direz-vous? Et bien c'est très simple: depuis plusieurs années, le célèbre site PriceMinister organise à chaque rentrée littéraire un rendez-vous pour les blogueurs-lecteurs dont je fais partie, et nous propose de recevoir le livre de notre choix parmi une large sélection tirée de la rentrée littéraire. L'année passée, j'avais déjà pu participer et je vous avais présenté le roman Une Place à Prendre de J.K Rowling. Comme l'expérience m'avait séduite, j'ai eu envie de retenter ma chance cette année! Merci donc à PriceMinister de sa confiance, et je vous laisse découvrir Lady Hunt, d'Hélène Frappat. Bonne lecture à tous!

(Pour ceux qui s'intéressent à la rentrée littéraire et à l'opération de PriceMinister, voici le lien vers celle-ci). 

Hélène Frappat:



Parlons un peu de notre auteure du jour, Hélène Frappat! Cette Française née en 1969 a déjà écrit cinq romans dont le premier, Sous réserve, fut publié en 2005. Elle a reçu en 2009 une mention spéciale du Prix Wepler (prix apparu en 1998 et soutenu par la Poste) pour son troisième livre, Par effraction. Elle est publiée depuis 2011 chez Actes Sud.

A savoir: elle est également critique de cinéma, et est l'auteure de plusieurs livres à ce sujet.


Lady Hunt:
Résumé:

Laura Kern est hantée par un rêve, le rêve d’une maison qui l’obsède, l’attire autant qu’elle la terrifie. En plus d’envahir ses nuits, de flouter ses jours, le rêve porte une menace : se peut-il qu’il soit le premier symptôme du mal étrange et fatal qui frappa son père, l’héritage d’une malédiction familiale auquel elle n’échappera pas ?

D’autres mystères corrompent bientôt le quotidien de la jeune femme, qui travaille pour une agence immobilière à Paris – plus un effet secondaire qu’une carrière. Tandis qu’elle fait visiter un appartement de l’avenue des Ternes, Laura est témoin de l’inexplicable disparition d’un enfant.
Dans le combat décisif qui l’oppose à l’irrationnel, Laura résiste vaillamment, avec pour armes un poème, une pierre noire, une chanson, des souvenirs… Trouvera- t-elle dans son rêve la clé de l’énigme du réel ?
Sur la hantise du passé qui contamine les possibles, sur le charme des amours maudites, la morsure des liens du sang et les embuscades de la folie, Hélène Frappat trace une cartographie intime et (hyper)sensible de l’effroi et des tourments extralucides de l’âme. Des ruines du parc Monceau à la lande galloise, avec liberté et ampleur elle réinvente dans Lady Hunt le grand roman gothique anglais, et toutes les nuances du sortilège.





Entre rêve répétitif...
Le roman nous entraîne à la rencontre de Laura Kern, jeune femme qui travaille dans le monde de l'immobilier, et qui "est hantée par un rêve" qui revient sans cesse, la traquant toutes les nuits, et évoluant au fur et à mesure des pages. 
Le rêve est un élément que l'on retrouve très souvent en littérature: le premier exemple qui me vient en tête, c'est celui d'Alice au Pays des Merveilles, de Lewis Carroll, dans lequel l'histoire de l'héroïne a tout simplement lieu dans un rêve. Le rêve peut avoir plusieurs connotations: il peut évoquer le bonheur, le plaisir, un lieu de joie et de bien-être, ou au contraire être un cauchemar qui nous emprisonne dans l'horreur. Dans les deux cas, le rêve revêt une apparence de mystère: il est très, très difficile, voire même impossible de contrôler un rêve, que ce soit ce qui s'y passe, sa durée, ce qu'on y rencontre. 

C'est pour cela que la vision répétitive de cette maison devient si inquiétante et angoissante pour l'héroïne. Alors certes, la maison, tout comme le rêve, est emprunte d'une certaine dualité: elle représente le lieu où nous sommes chez nous, notre foyer, mais parfois aussi un lieu cauchemardesque, qui nourrit l'imaginaire des réalisateurs de films d'horreur, mais aussi les auteurs, les concepteurs de parcs d'attractions ou de jeux vidéos. Ce qui est inquiétant ici n'est pas l'intérieur de la maison, mais la répétition de ce rêve à l'ambiance un peu angoissante, qui devient obsédante pour Laura. Imaginez: tous les jours, en allant au travail, ou en cours, ou acheter du pain, ou faire un truc on ne peut plus banal, vous croisez toujours la même personne un peu étrange qui vous regarde du coin de l'oeil. Au bout d'un moment, vous commenceriez peut-être à vous posez des questions ou à vous inquiéter. C'est ce qui arrive à Laura, au point qu'elle prenne peur de s'endormir.

Et Chorée de Huntington:
Laissez moi enfiler ma plus belle blouse de médecin pour vous parler de l'autre thème important du roman, la Chorée de Huntington. Je pense que les fans de Docteur House auront tiqué en voyant ce nom, puisque l'une des héroïnes de la série, Numéro 13, en est atteinte.



Je ne suis pas du tout spécialiste de la médecine (mon expérience médicale se résume à des extraits d'opérations du Magazine de la santé, dont ma mère est fan, coucou maman!, pendant lesquels je hurle "bwaaaah mais c'est quoi ce truuuuuuuuc"), mais j'ai fait quelques petites recherches (hello wikipédia...) pour vous donner quelques informations.

La Chorée de Huntington, pour faire simple, est une maladie héréditaire qui s'attaque directement aux neurones et, avec les années, fait perdre des capacités à la personne qui en est atteinte: troubles de la mémoire, difficultés pour se déplacer, dépression, c'est une maladie évolutive qui prend de nombreuses formes. Et en ce qui concerne l'hérédité, un individu ayant un parent atteint de la maladie a 50% de l'être aussi.

Notre héroïne, Laura, vit avec l'angoisse d'en être atteinte: son père, comme elle nous l'apprend dans le roman, souffrait de cette maladie. Du coup cela apporte une dimension très particulière à l'intrigue: ce qui arrive à Laura est-il le fruit de la maladie (qui peut se déclarer dès l'adolescence) ou du paranormal?

The Lady Of Shalott:
Tout au long du roman, l'héroïne nous distille des vers de The Lady Of Shalott, un poème d'Alfred Tennyson qui s'inspire d'une légende arthurienne (si vous vous intéressez à la Table Ronde et à Excalibur, vous trouverez énormément de références à ces légendes dans la littérature britannique). L'histoire est celle d'une jeune femme qui n'a pas le droit de regarder le monde directement: elle est obligée de le contempler à travers un miroir, mais sa rencontre "visuelle" avec Lancelot va tout chambouler.



Cette légende inspira Tennyson, mais aussi les peintres pré-raphaélites comme Hunt ou John William Waterhouse, qui a réalisé le tableau ci-dessus.

Voici donc le poème, pour que vous puissiez en profiter: Tada!!

Mon avis sur ce livre:
Voilà un livre que j'étais impatiente de lire! Tout de suite, en voyant la liste de romans proposés pour cette nouvelle édition de la rentrée littéraire de PriceMinister, j'ai été attirée par cette couverture plutôt originale, entre flou fantomatique et couleurs qui accrochent l'oeil. Le résumé me tentait aussi beaucoup, pour deux raisons: le côté "maison mystérieuse", thématique qui me plait beaucoup et que j'ai adorée dans La Maison où je suis mort autrefois de de Keigo Higashino; et l'argument "roman gothique anglais". Vous le savez si vous suivez le blog, je suis très friande de ce genre (je vous en ai présentés plusieurs, dont le classique The Castle Of Otranto d'Horace Walpole). En bref, je me suis précipitée dessus lorsqu'il est arrivé dans ma boîte aux lettres. Qu'en-ai je donc pensé? Et bien je dois dire que je suis franchement mitigée par ce roman.


Commençons par les points positifs, par les choses que j'ai aimées. D'abord, les thématiques choisies par l'auteure: j'ai été très intéressée par cette idée d'être hanté par un rêve qui revient sans cesse, qui ne quitte pas notre esprit, et qui devient même menaçant physiquement (Laura se retrouve avec des bleus en se réveillant). Les rêves sont quelque chose d'effrayant, tout simplement parce qu'il est très difficile d'en sortir, et j'avais vraiment envie de voir comment l'héroïne allait l'affronter. J'ai aussi beaucoup aimé l'introduction de la Chorée de Huntington dans l'intrigue: j'ai trouvé ça assez original et ça m'a donné envie de découvrir et de m'intéresser d'un peu plus près à cette maladie. Le tout nous donne une ambiance très particulière qui me plait bien, dans un monde où réalité et imaginaire se côtoient de si près que la frontière entre les deux en devient floue.

Le cauchemar, de Füssli.
Ensuite, l'héroïne: je sais, pour avoir lu d'autres avis de lecteurs, qu'elle en a énervée plus d'un, mais dans mon cas je l'ai trouvée assez touchante, surtout dans les passages où elle retrouve sa soeur ou évoque son père. Elle se dévoile petit à petit au lecteur, nous révélant de plus en plus de choses au fil des pages. Je me suis attachée à elle et j'avais envie de connaître son histoire.

Enfin, dernier point que j'ai, pour le coup; adoré: la présence de The Lady Of Shalott, le poème de Tennyson (que vous pouvez lire en suivant le lien juste au dessus). J'ai découvert Tennyson cet été, et je suis tombée amoureuse de sa plume. J'aime particulièrement The Lady Of Shalott, donc ce fil rouge qui nous accompagne tout au long du livre et qui est en plus lié au passé de l'héroïne était un vrai plaisir à retrouver.

Néanmoins, je vous l'ai dit, je suis mitigée, et ce parce qu'il y a des choses qui m'ont gênée... La première, c'est le souci de longueur. A certains moments, j'ai trouvé que l'intrigue se mettait à traîner en longueur, et j'ai eu l'impression qu'on avançait plus. J'ai même sauté une ou deux pages parfois, et si j'ai eu la patience d'aller jusqu'au bout, j'ai pu voir que d'autres lecteurs ont préféré laisser tomber.

Dans le même genre, j'ai aussi été un peu dépassée par les intrigues secondaires qui prennent vraiment beaucoup de place et dont je n'ai pas toujours compris le lien avec le reste: le type qui cherche une maison comme celle de son enfance, le petit garçon qui disparaît au début, l'histoire amoureuse de sa soeur, sa relation adultère avec le patron... Je ne vous le cache pas, au bout d'un moment je me suis retrouvée dans cette situation: "mais attends... (retour en arrière)... c'est qui lui? Ah mais qu'est-ce qu'il fait là?". Je ne savais parfois plus où j'en étais. Je ne m'intéressais pas particulièrement à ces intrigues secondaires, et je pense que c'est pour ça que je me suis ennuyée à certains moments.

Pour finir sur les points négatifs, j'ai été plutôt déçue de ne pas retrouver ce qu'on nous vend en quatrième de couverture, à savoir une "réinvention du grand roman gothique anglais". Je le précise tout de suite, je ne suis pas non plus une experte du roman gothique, mais en quatre ans d'études supérieures j'ai eu le temps d'en lire une flopée, que ce soit pour les cours de littérature britannique ou pour mon plaisir personnel. Et je n'ai pas franchement retrouvé dans Lady Hunt ce que j'aime tant dans les romans gothiques, même si il y a une ambiance plutôt sympathique.

En bref, vous l'aurez compris, je suis un peu déçue par ce livre. Il y a des points que j'ai trouvés vraiment intéressants et il m'a donné envie de me replonger dans Tennyson, que j'adore, mais je n'ai pas été emballée comme je l'espérais. Bien entendu, il ne s'agit que de mon avis personnel, et je ne regrette pas de l'avoir lu: le mieux est de vous faire votre propre opinion.

Dans le cadre du partenariat avec PriceMinister, il faut attribuer une note sur 20 au roman. Lady Hunt vaut pour moi un 12.

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui! N'hésitez pas, comme toujours, à me laisser vos commentaires, vos avis, vos suggestions lecture, c'est toujours agréable de vous lire et de vous répondre. On se retrouve ce week-end avec un nouvel article, qui sera consacré au roman l'Argent, de Zola, lu dans le cadre de mon Challenge Rougon-Macquart. En attendant, prenez soin de vous!

AnGee Ersatz*




dimanche 17 novembre 2013

Challenge Boris Vian #4: Les morts ont tous la même peau, de Boris Vian.




Bonjour à tous et à toutes!

J'espère que vous allez bien et que vous êtes tous prêts pour un nouvel article. Alors oui, cet article arrive un peu plus tard que prévu, et j'espère que vous ne m'en voudrez pas: j'ai un peu du mal à m'organiser en ce moment, entre les cours, le blog et tout le reste. Mais passons, le voici, le voilà, le tout nouvel article! Aujourd'hui, je vous propose de poursuivre notre petit parcours à la découverte de ce grand auteur qu'est Boris Vian, découverte initiée par le Challenge de l'Oeil qui fume, sur son blog. Pour ma quatrième lecture, j'ai décidé de lire un roman qui me faisait de l'oeil depuis longtemps, et dont le titre m'intriguait, à savoir Les morts ont tous la même peau. Trêve de bavardages, je vous souhaite une bonne lecture de cet article!

Liens vers les autres chroniques:
Contrairement à d'habitude, je ne vais pas vous présenter Boris Vian, étant donné que je lui ai déjà consacré trois articles. Si vous voulez en savoir plus sur son oeuvre, voici les liens de mes précédentes chroniques:


Les morts ont tous la même peau:


Résumé:
Dans ce récit qui mixe première et troisième personnes du singulier, nous découvrons Dan, videur dans un bar. Alors qu'il mène une vie bien rangée entre travail, famille (monsieur est marié et a un enfant)... Seul problème: son frère Richard surgit sans crier gare et chamboule tout son univers. Pourquoi? Parce que Richard est noir, et Dan est lui métisse, même si personne ne s'en est aperçu autour du lui. Dans une société divisée par le racisme, Dan voit son monde s'écrouler. Va t'il s'en sortir? Va t'il s'effondrer?

Un autre Vernon Sullivan:
Des thèmes similaires...
Parmi les quatre livres de Boris Vian déjà présentés sur ce blog j'ai, plus ou moins consciemment choisi trois des quatre romans qu'il a écrit sous le nom de plume de Vernon Sullivan. Pour rappel, il utilisait ce nom afin de publier des romans assez sulfureux, tout en se faisant passer pour le traducteur dudit Sullivan. Déjà, il y a des similarités au niveau de la construction: nos héros sont tous des hommes, parlant à la première personne. Ils vivent dans les Etats-Unis fantasmés de Boris Vian. Et avec le recul de ces trois lectures, j'ai pu constater que certains thèmes étaient récurrents chez "Vernon".


Le premier, et qui alimenta très probablement la controverse autour de l'auteur, c'est le sexe. Que ce soit dans Elles se rendent pas compte, J'irai cracher ou Les Morts, nous avons plusieurs passages autour de ce thème: notre héros s'en donne souvent à coeur joie, l'excitation sexuelle joue un rôle très important dans l'intrigue. Et dans les Morts, on y a droit: une bonne partie du roman y est consacré, puisque Dan a des relations sexuelles avec plusieurs demoiselles, et il se pose aussi beaucoup de questions concernant sa vie sexuelle.

Autre thème, que l'on trouvait déjà dans J'irai cracher sur vos tombes: le racisme. Boris Vian choisit une nouvelle fois un héros "noir à l'intérieur mais blanc à l'extérieur" qui parvient à se fondre dans un monde de blanc sans que personne ne se doute de rien. On a également un regard très clair sur la façon dont les noirs sont perçus par cette société: du mépris, de la haine, un sentiment de supériorité.

On peut le dire, les Vernon Sullivan, c'est musclé!

Et pour finir, troisième thème récurrent: la violence. Dans J'irai cracher sur vos tombes, notre héros veut se venger de la mort de son frère, et il est prêt à utiliser la violence pour ça. Dans Elles se rendent pas compte, nos héros, deux frères, se bagarrent, sont séquestrés, renversent des tables dans des bars... Bref,   ils jouent des poings! Et donc, dans notre roman du jour, on retrouve également ce moteur: Dan est, tout d'abord, videur, métier qui exige d'être un peu ferme, ou même violent lorsqu'il le faut. En plus de ça, il va vite choisir la violence comme moyen de se sortir des griffes de son frère.

Mais un traitement différent:
Vous l'aurez compris, Boris Vian utilise des thèmes similaires dans ses différents romans. Néanmoins, on peut noter qu'il choisit de les traiter de façon un peu différente dans les Morts ont tous la même peau. Voyons comment.

Commençons par le sexe: je vous l'ai dit, on a droit à plusieurs reprises à des passages décrivant (sans non plus moult détails) des actes sexuels, comme dans les autres romans de l'auteur déjà mentionnés plus haut. Mais ici, il introduit un élément assez nouveau: pour Dan, la sexualité est en fait un moyen de s'affirmer comme membre à part entière de la société dans laquelle il vit. Sa femme s'inquiète uniquement lorsqu'il n'est pas "en forme" pour une séance de galipettes nocturnes. Le sexe prouve à sa femme qu'il est bien celui qu'il prétend être.

En ce qui concerne la séparation noirs/blancs, que l'on retrouvait déjà dans J'irai cracher sur vos tombes, là encore il y a une différence de traitement. Nos deux héros sont des métisses, et leur couleur de peau est trompeuse pour la société raciste dépeinte dans les romans: mais là où Lee utilise cet aspect pour mettre sa vengeance à exécution, Dan lui n'a pour intention que de rester inaperçu. Son combat est celui d'un homme qui a peur de tout perdre si l'on apprend qu'il n'est pas ce qu'on attend de lui. On a une autre vue du problème: si Dan avait vécu dans un univers où la couleur de peau n'avait eu aucune importance, il n'aurait pas traversé toutes ses épreuves.

De la même façon, la violence utilisée est portée sur autre chose: il ne cherche pas à sauver quelqu'un ou à venger quelqu'un, non, il cherche à se sauver lui, à se préserver, et à éviter que son monde vole en éclats. Il existe moult exemples en littérature, au cinéma ou ailleurs de personnages qui, dos au mur, ne voient comme solution que la violence pour se tirer de cette galère.





Mon avis sur ce livre:
Depuis ma découverte de Boris Vian au lycée, j'ai lu énormément de livres de l'auteur. Cependant, les Morts ont toujours la même peau faisait partie de ceux que je n'avais pas encore ouverts, mais il fallait bien que je m'y mette un jour! Le livre m'intriguait vraiment, à cause de son titre plutôt particulier et qui fait écho à l'intrigue qui tourne autour de la couleur de peau. Qu'en ai-je donc pensé?



Globalement, j'ai plutôt bien aimé ce livre, qui cumule de nombreux points positifs. Le premier, c'est qu'on ne perd pas de temps: en quelques lignes, nous voilà déjà la tête dans l'intrigue, à la découverte de Dan et de son histoire. Je suis entrée facilement dans l'histoire, et j'ai été tenue en haleine jusqu'au bout. Il se passe beaucoup de choses dans ce court roman, il se lit vite, et je ne me suis pas ennuyée une seconde: j'étais curieuse de voir ce qu'il allait arriver à Dan, si il allait s'en sortir, ce qu'il allait lui arriver... Un bon point pour le livre: je ne me suis jamais ennuyée avec Boris Vian, et encore une fois, ce fut le cas! En plus de ça, le roman est plutôt court (environ 80 pages dans mon édition), donc si vous appréciez les histoires rapides, rythmées, vous risquez d'être séduits! A noter aussi, la fin, très réussie à mon goût!

Au niveau des autres points positifs, on retrouve les éléments importants qui faisaient l'originalité des autres livres de Vernon Sullivan, comme le sexe, la violence, le racisme, le passage de la première à la troisième personne... Tout en proposant un traitement légèrement différent! Ayant beaucoup aimé ces points dans les autres romans de Boris Vian/Vernon Sullivan, j'étais contente de les retrouver ici. Je pense que les Morts plaira aux lecteurs qui apprécient Boris Vian en général!

Je n'ai pas forcément de points négatifs à relever pour ce livre, même si je dois admettre, en toute honnêteté, que je me lasse un petit peu de retrouver ces histoires assez similaires. Je pense que c'est dû en grande partie au fait que j'ai lu beaucoup de Boris Vian les uns après les autres, et surtout des Vernon Sullivan. Pour la suite, je vais me tourner vers ses autres livres de me lancer dans le dernier Sullivan que je n'ai pas encore lu, à savoir Et on tuera tous les affreux (là encore, un titre qui intrigue). 

En bref, si vous aimez Boris Vian et que ce livre vous tente, n'hésitez pas! Il y a de grandes chances qu'il vous plaise!

Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui! On se retrouve la semaine prochaine avec deux nouveaux articles: l'un sur l'Argent de Zola pour le Challenge Rougon-Macquart, et le second concernera Lady Hunt, livre lu pour la rentrée littéraire de PriceMinister (à laquelle je participe pour la deuxième année consécutive). N'hésitez pas en attendant à me laisser vos commentaires, j'adore vous lire et vous répondre!

Prenez soin de vous!

AnGee Ersatz*


Si vous avez aimé...

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